«100 milliards d’euros» : un universitaire algérien estime les réparations dues par la France

Drapeau algérien déroulé durant une manifestation à Alger le 31 mai 2019 (image d’illustration).            © RYAD KRAMDI Source: AFP 

 

Un rapport confié à l’historien Benjamin Stora et Abdelmadjid Chikhi sur le travail mémoriel lié à la colonisation de l’Algérie sera prêt en janvier. Un universitaire algérien préconise une indemnisation d’au moins 100 milliards d’euros. Emmanuel Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune ont pu communiquer par téléphone le 19 décembre 2020. Comme le rapporte Jeune Afrique, l’Elysée et un communiqué de la présidence algérienne informent que «lors de leur entretien, Emmanuel Macron a informé […] le président Tebboune que le rapport sur le dossier de la Mémoire, confié à M. Benjamin Stora, sera fin prêt en janvier prochain».

Un rapport attendu sur le sujet des réparations, qu’un universitaire algérien estime devoir être de «100 milliards d’euros».  Emmanuel Macron a confié à l’historien la mission de «dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie». L’Algérie a pour sa part choisi le Conseiller chargé des archives et de la mémoire auprès de la présidence Abdelmadjid Chikhi pour travailler sur le sujet. Dans son interview accordée à Brut le 4 décembre, Emmanuel Macron a rappelé qu’il était nécessaire de «réconcilier les mémoires» de la Guerre d’Algérie (1954-1962). «On a à finir le travail historique sur l’Algérie», a souligné le chef de l’Etat.

100 milliards d’euros de réparations demandées par Seddik Larkèche

A propos de ce processus mémoriel, l’universitaire et expert en gestion des risques algérien Seddik Larkèche a adressé une lettre à Emmanuel Macron, publiée dans le quotidien El Watan le 19 décembre. Il salue les propos du président français qui en 2017 – alors candidat à l’élection – qualifiait la colonisation de «crime contre l’humanité». «Cette affirmation vous honore, car c’est une avancée incontestable qui met en lumière l’imprescriptibilité de ces crimes ignobles commis par la France en Algérie.» Il estime que cette reconnaissance ne peut se passer de «réparations des préjudices subis […] C’est une question de dignité et d’identité des Algériens qui ne s’effacera jamais de la mémoire collective de cette nation».

In Ecker, près d’Ain Meguel, à environ 170 km de la ville de Tamanrasset, dans le sud de l’Algérie, le 25 février 2010. Sur ce mur est écrit : « emplacement des essais nucléaires de l’occupant français entre 1960 et 1967 – Attention danger de mort »     © Zohra Bensemra Source: Reuters

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Selon Seddik Larkèche, «la France ne pourra échapper à son obligation de réparer financièrement les crimes et les dommages coloniaux qu’elle a commis en Algérie». Il évalue le montant de la réparation «à 100 milliards d’euros». La somme précise devra, pour le chercheur, être «précisé[e] par les futures commissions de spécialistes» en considérant «le vol du trésor du Dey d’Alger (près de 4 milliards d’euros), les crimes de 1830 à 1962 de plusieurs centaines de milliers de personnes, la spoliation de millions d’hectares de terres, l’analphabétisation de la quasi totalité de la population, les conséquences dramatiques sur les vies humaines et sur la nature suite aux effets des essais nucléaires et chimiques pratiqués par la France jusqu’en 1978 en Algérie».

Il estime que la France devra «suivre le chemin parcouru par les grandes nations démocratiques» à l’instar de l’Italie qui en 2008 a indemnisé la Libye à hauteur de 3,4 milliards d’euros, le Royaume-Uni qui a indemnisé le Kenya, les Etats-Unis et le Canada les Amérindiens et l’Australie les Aborigènes. «La France elle-même s’est fait indemniser de l’occupation allemande durant la première et seconde guerre mondiale à hauteur de plusieurs milliards d’euros», ajoute-t-il.

 

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