A quoi sert le pacte sur les migrations ?

A quoi sert le pacte mondial pour «des migrations sûres, ordonnées et régulières» qui vient d’être formellement approuvé, à Marrakech, par 150 pays réunis en conférence sous l’égide de l’ONU ?

Ce texte, qui doit être soumis à un ultime vote de ratification le 19 décembre à l’Assemblée générale des Nations unies, a déchaîné des hystéries, polarisé des mensonges autour de son contenu et suscité beaucoup de bruits pour rien. Les défenseurs des droits de l’homme regrettent que ce pacte ne soit absolument pas juridiquement contraignant, le document invoquant clairement la souveraineté nationale comme principe directeur. Ce texte qui ne constitue pas un traité, ne crée ni des obligations juridiques de droit international entre les Etats, ni encore moins des droits au bénéfice des migrants.

Le texte se contente juste d’inviter les responsables politiques à agir plutôt sur les causes de ces douloureuses migrations. Les 150 Etats signataires se sont engagés «à éliminer toutes les formes de discrimination» et à porter secours aux migrants empruntant des itinéraires dangereux. Mais les défenseurs des droits humains trouvent justement ce pacte insuffisant sur l’accès des migrants à l’aide humanitaire. Ses détracteurs, dont notamment les Etats-Unis de Trump, le voient comme un encouragement à un flux migratoire incontrôlé. En Europe, les partis d’extrême droite et les populistes brandissent ce pacte comme un épouvantail à l’approche des élections européennes de mai 2019.

Ce pacte a suscité un déferlement de propos haineux, voire «complotistes» en Occident. Une vaste campagne de désinformation agite les réseaux sociaux. Le document fait face à une grande manipulation, à une instrumentalisation et à une distorsion de ses objectifs. Les migrations sont devenues le bouc émissaire de tous les problèmes planétaires. Non, ce pacte n’est pas une promesse d’eldorado, ni une garantie de succès et d’accueil à bras ouverts des migrants. Ce texte de Marrakech ne met pas non plus les populations autochtones devant des crises sociales et ne constitue pas un quelconque moyen de pression politique, voire judiciaire sur les pays voulant restreindre l’immigration.

Ce pacte ne criminalise pas les critiques des politiques migratoires. Ce texte souligne simplement la nécessité «d’organiser la mobilité plutôt que de fermer les frontières», pour répondre aux besoins de main-d’œuvre dans les pays en voie de vieillissement démographique. Il y a beaucoup de bruits pour rien, alors qu’en réalité, les migrants ne constituent que 3,4% de la population mondiale et que plus de 80% des déplacements entre les pays se fait de façon légale. L’histoire retiendra que plus de 60 000 migrants clandestins sont morts pendant leur périple depuis 18 ans, selon les chiffres de l’ONU. Un drame humanitaire sans précédent dans l’histoire contemporaine. / Chérif LAHDIRI /

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