Actualités / AU FIL DES JOURS

23.05.2019

Par Belkacem Ahcène-Djaballah

1/ Selon Abdelkader Boumarouf, président de la Cour des comptes, l’institution n’a jamais publié ses rapports annuels pendant les 20 années de règne de Bouteflika. Invité à une émission de la radio nationale chaîne 3, A. Boumarouf a confirmé que son institution n’a jamais publié ses rapports annuels sous l’ère de l’ex-président de la République, soit depuis 1999. 

Les rapports annuels qui «synthétisent les principaux constats et recommandations» en matière de gestion de deniers publics, «doivent être publiés» comme le stipule «l’article 16 de l’ordonnance portant création de la Cour des comptes», affirme son président. «Ce rapport annuel n’a été rendu public que deux fois dans l’histoire de la Cour des comptes», sous la présidence de Liamine Zeroual. 

Selon A. Benmarouf, la non-publication des rapports annuels de la Cour des comptes de 1999 à 2018 (date d’élaboration du dernier rapport), «relève de la décision politique». Une décision qu’il s’abstient de commenter. «Mais je regrette que les rapports annuels n’ont pas été rendus publics. Car c’est un problème fondamental de transparence», a-t-il ajouté, confirmant avoir demandé «à deux reprises» les raisons de leur non-publication, mais «sans obtenir de réponse». 

Il rappelle que les rapports annuels contiennent des «appréciations sur la gestion des deniers publics par des entités publiques». «Le rapport est d’ailleurs contradictoire, car il contient aussi bien les appréciations de la Cour des comptes que les réponses des responsables qui défendent leur gestion», affirme encore Abdelkader Boumarouf. 

La meilleure preuve que pourraient donner de leur bonne foi en matière de transparence et de lutte contre la corruption, les décideurs actuels c’est de publier tous, je dis bien tous, les rapports non publiés jusqu’ici. L’Anep ou l’Enag, éditeurs publics, pourraient bien faire cet effort après s’être donné tant de mal pour publier des dizaines d’ouvrages obsolètes préfacés (sic !) par qui vous savez. 

1. Le Mouvement populaire du 22 février ou Hirak a libéré l’expression de la plupart des professions qui se sont mises à déclarer publiquement (soit par voie de communiqués, soit sur les plateaux de télé, soit en manifestant dans la rue…) leur désir de voir «dégagé» le «système» et donc de ne plus subir d’interventions ou de pressions surtout de la part des appareils d’Etat et de leurs protégés. Donc, on a eu des avocats, des magistrats, des maires, des syndicalistes, des enseignants du primaire, du secondaire, des universitaires, des lycéens, des collégiens, des étudiants, des médecins, des pharmaciens, des commerçants, des industriels, des militaires, des experts en tous genres, des constitutionnalistes à la pelle… et, bien sûr, les citoyens, femmes et enfants y compris. Mais nous n’avons vu aucun… notaire. Etonnant, non ? Alors qu’ils sont les carrefours incontournables des transactions liées au transfert et à la propriété des biens. Y aurait-il des inquiétudes quelque part ? 

2. Selon une étude (rapportée par la BBC et aussi par Tin Hinan El Kadi in «Marcher», ouvrage collectif, Chihab Editions, 2019… qui sera présenté la semaine prochaine) sur les différents mouvements populaires à travers de nombreux pays, dont l’Algérie, le nouveau concept de la révolution non violente doit répondre à un certain nombre de critères pour «réussir» à renverser le régime. Un de ces critères consiste à réunir 3,5% de la population autour d’une action dans ce sens pour que le «succès» soit «inévitable». Une bonne nouvelle pour le Hirak national… le mouvement algérien regroupant au moins une fois par semaine, déjà depuis le 22 février, un très fort pourcentage de la population. Jusqu’à 20 à 25 millions dit-on, et pas moins de 17. Toujours p.a.c.i.f.i.q.u.e.m.e.n.t. 

3. Au Maroc, sur les 892 journaux électroniques ayant déposé la déclaration de leur publication jusqu’au 9 mai, quelque 372 se sont conformés aux dispositions du Code de la presse et de l’édition. Ce qui garantit les conditions de l’exercice du journalisme conformément aux dispositions du Code de la presse et de l’édition. Le nombre des journaux dirigés par des directrices de publication a atteint 48 au terme du mois de mai 2019, soit 13% de l’ensemble des établissements de la presse. 

En Algérie, les journaux électroniques d’information sont toujours en «attente». Jusqu’à quand une telle situation qui commence à friser le ridicule et empêche la profession d’évoluer normalement dans un cadre réglementaire ? Il est vrai que jusqu’ici, le «cadre réglementaire» (à l’image de la Constitution actuelle, fruit de mille et une triturations de conjonctures et d’humeurs) s’est conjugué à l’aune des caprices et des calculs des décideurs du moment que cela donne une salade immangeable… et des contestations à n’en plus finir. 

4. France Télévision a diffusé le Concours Eurovision 2019 tenu, du 14 au 18 mai, en Israël, à Tel Aviv, dans le quartier de Ramat Aviv, sur les ruines du village de Sheikh Muwannis qui, comme le rappelle l’ONG israélienne «Zochrot» («elles se souviennent» en hébreu), est l’un des centaines de villages palestiniens vidés de leurs habitants et détruits en 1948, lors de la création de l’Etat d’Israël. 

Plus de 100 artistes français ont annoncé qu’ils «n’iront pas à Tel Aviv blanchir le système de discriminations légales et d’exclusion qui y sévit contre les Palestiniens, et (appellent) France Télévision et la délégation française à ne pas servir de caution au régime» israélien. Pour eux, «un divertissement qui se respecte ne se joue pas en terre d’Apartheid. Nous ne l’aurions pas accepté pour l’Afrique du Sud, nous ne l’accepterons pas pour Israël». Trop occupés par le Hirak national, nos artistes n’ont émis aucune remarque digne d’être notée. Heureusement que pour sauver l’honneur, le drapeau palestinien a flotté sur les foules tous les vendredis. 

5. Citations de la semaine : – «La reconstruction de Nuremberg en Allemagne après sa destruction totale durant la Deuxième Guerre mondiale n’a pas coûté autant d’argent et de temps que ce qui a été dépensé pour la Casbah. Cependant, je me permets de garder une note d’optimisme, en reprenant la parole d’un Algérien qui me disait que l’Algérie est le pays des miracles où rien ne va et tout va en n’allant pas » (Un expert allemand, «Réunion d’ experts internationaux et algériens sur la sauvegarde de la Casbah d’Alger, 20-23 janvier 2018». Compte-rendu © El Watan, mardi 30 janvier 2018). 

– «Le pays se réveille aveuglé par la colère et plein de pressentiments ; une force confuse monte en lui doucement. Il est tout effrayé encore mais bientôt il en aura pleinement conscience. Alors, il s’en servira et demandera des comptes à ceux qui ont prolongé son sommeil » (Mouloud Feraoun, «Journal». Mémoires © Enag Editions, Alger 2011). 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *