Actualités / AU FIL DES JOURS

Belkacem Ahcène-Djaballah

1. On nous prend vraiment pour des cons ! Ou, pour des ignares. En raison de violences, d’insultes imbéciles et d’actes antisémites (comme celles émises par certains «Gilets jaunes» mettant violemment, verbalement, en cause le philosophe Alain Finkielkraut… un islamophobe, arabophobe et homophobe bien connu) l’émotion générale – en France – est, pour certains, une occasion de faire accepter l’amalgame entre critique du sionisme et antisémitisme. On oublie que le sionisme est une doctrine politique qui, tout comme le gaullisme, le communisme ou le macronisme, s’expose aux débats et aux critiques. Faire l’amalgame avec une des pires formes du racisme qu’est le sionisme – tel qu’appliqué par le gouvernement israélien actuel – est une hypocrisie qui revient à banaliser l’antisémitisme… et, surtout, à faire «passer» pour inattaquable tout ce qui est «israélien» et tout ce que commet Israël. Certains députés français (et même leur président s’y met) demandent même une pénalisation de l’antisionisme au même titre que l’antisémitisme. La boucle sera bouclée. Par ailleurs, on oublie toujours de préciser que l’immense majorité des Juifs jusqu’à la Seconde Guerre mondiale… et bien après, était (est) antisioniste. Croire le contraire, c’est laisser penser aussi que tous les musulmans sont des islamistes. Voilà qui arrange tous les antisémites, surtout les arabophobes et les islamophobes. L’histoire montre que c’est au sein de telles configurations sociales et politiques, où la question de l’identité devient obsessionnelle (on n’a pas l’air d’y échapper), que l’antisémitisme (à l’encontre des juifs et des musulmans surtout, mais aussi, contre tous ceux qui ne sont pas «nous»), la version la plus exacerbée et la plus dangereuse de l’essentialisme se développe le plus facilement. 

2. Facebook est qualifié de «gangster numérique»… dans un récent rapport (de 100 pages) de parlementaires britanniques qui ont appelé à renforcer la régulation s’appliquant aux réseaux sociaux pour les empêcher de diffuser de fausses informations. Pour eux, «les droits des citoyens doivent être établis légalement en exigeant des compagnies technologiques d’adhérer à un code de conduite inscrit dans la loi par le Parlement et supervisé par un régulateur indépendant».C’est la suite logique d’une enquête sur le phénomène des «fake news» et son impact sur les récents scrutins au Royaume-Uni, dont le référendum sur le Brexit en juin 2016. Bigre ! il a fallu que le pays frôle la catastrophe (et ce n’est pas fini avec la sortie de l’Ue) pour que les politiques prennent enfin conscience du danger… Il est vrai qu’en politique il n‘est jamais trop tard pour vouloir bien faire ; tout dépendant des intérêts en jeu et du sens du vent. 

3. Montages, fake news… A l’approche d’élections, il y a toujours de quoi s’inquiéter des campagnes de désinformation susceptibles d’influencer l’opinion publique. Mais d’abord, avant de se mettre à contrôler et à sanctionner, il faut d’abord s’interroger : la désinformation, qu’est-ce que c’est ? Quelles sont les techniques employées ? Vient ,à la fin, la question des moyens de la contrer. Grande oubliée du dicton populaire, l’information a – de tout temps – constitué le nerf de la guerre, au même titre que l’argent. Malgré toutes les accusations,.. contre la Russie, la Corée du Nord, la Chine, Israël, le Maroc, la franc-maçonnerie, le néo-impérialisme et je ne sais quoi encore… ne sont pas les seuls joueurs de champ. En témoignent les multiples fausses nouvelles (ou «fake news», selon le terme consacré en anglais) propagées par des internautes des pays les plus transparents, en particulier européens et leurs responsables politiques eux-mêmes. 

Ainsi, «selon les informations disponibles, plus de 30 pays recourent à des activités de désinformation et d’influence sous diverses formes, y compris sur leur propre territoire», relèvent les institutions européennes. 

Fausses nouvelles, montages photo et vidéo, falsification de documents piratés, ciblage de publicité sur internet… Qu’elles soient utilisées par des acteurs étatiques ou non, les méthodes de manipulation de l’opinion sont variées. Il y a les «trolls» : Ce sont des internautes (humains) qui s’organisent pour inonder de manière coordonnée, à partir de faux comptes, les réseaux sociaux et les commentaires des sites d’information. Des «bots», ou comptes automatiques pilotés par des logiciels, peuvent jouer le même rôle. 

En 2016, le vote sur le Brexit aurait lui aussi été influencé via les réseaux sociaux. Durant les mois qui avaient précédé le scrutin, la société Cambridge Analytica, enregistrée aux Etats-Unis et basée à Londres (jusqu’à sa fermeture en 2018), s’était procuré les données Facebook de dizaines de millions d’utilisateurs, sans leur consentement. Des articles orientés de manière plus ou moins discrète peuvent aussi être publiés sur des sites d’actualité d’apparence neutre, mais pilotés par des organes officiels. Enfin, des responsables politiques n’hésitent plus à détourner eux-mêmes l’information, ou propager de fausses nouvelles (désormais appelées «infox»), pour semer le doute dans l’opinion. 

Quoi faire ? Non de l’interdiction mais de la régulation (réglementée)… dans la transparence et dans le respect des libertés individuelles liées à l’expression et à l’information. 

4. Le sénateur américain démocrate Bernie Sanders, 77 ans, vient d’annoncer sa candidature pour 2020. Il aura alors 78 ans et terminera, si Dieu lui prête vie, son premier mandat à 82 ans… et un éventuel second mandat à 86 ans. Tout dépendant de sa santé physique et mentale… car de bien plus jeunes que lui… ont vraiment l’air d’avoir perdu la tête, la raison et la santé. 

5. Ali Ghediri, candidat à la candidature pour la prochaine élection présidentielle vient d’être «lâché» par son tout nouveau chargé de la com ‘. Une mésaventure somme toute naturelle quand on sait que l’actuel président de la République a changé en quatre mandats, huit (8) fois ou plus de directeur de l’Information… Un poste sensible, nécessitant une compétence avérée (dans la com’ et pas seulement dans le journalisme) et une fonction stressante nécessitant de l’endurance . En fait, le problème réside moins dans le «départ» (volontaire ou limogeage) du «spécialiste» que dans ses déclarations… allant toutes dans le sens qui lui est le plus favorable. Professionnellement parlant… A nous de deviner le sens politique… toujours caché. 

6. Citation de la semaine : se servir de la peur fait, le plus souvent, partie (lors de campagnes électorales) des techniques de manipulation que de l’influence (Didier Heiderich, politologue «Entretien. Extrait», © El Watan, mercredi 16 avril 2014). 

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