Quand l’Afrique s’éveillera …

        par El-Houari Dilmi

Face à la concurrence de la Chine et de la Russie, les Américains se tournent vers l’Afrique.

Pour le président US Joe Biden, tenter de revitaliser les relations avec le continent noir est un pari risqué, tant le binôme Russie-Chine a gagné beaucoup de terrain dans cette partie du monde grâce à une realpolitik qui a déjà donné ses fruits. Si le président américain a déjà également annoncé que son pays renforcerait sa présence militaire en Europe, la question à poser est celle de savoir s’il nourrit la même ambition pour l’Afrique. Il serait inintelligent de croire que Russes et Chinois d’un côté et Américains de l’autre s’opposent sur le seul terrain économique.

Washington a exprimé ouvertement sa «préoccupation particulière» concernant le «partenariat approfondi» de la Chine et de la Russie et les «tentatives de renforcement mutuel visant à saper les normes internationales». Présenté comme le «chantre du multilatéralisme», Joe Biden, contrairement à son prédécesseur républicain, veut placer l’Afrique au cœur de la diplomatie mondiale, ou plutôt au centre des nouveaux enjeux du nouvel ordre mondial. Il faut dire que l’appel du pied du président US est séduisant : un siège pour l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU et un statut de membre permanent pour l’Union africaine au G20. Il semble, néanmoins, prématuré de parler de l’adhésion de l’Union africaine (UA) en qualité de membre permanent du G20 dès l’année prochaine, selon des experts. En cause, l’absence d’un marché unique en Afrique et d’une économie continentale intégrée entre autres facteurs qui ne plaident pas en faveur du continent noir.

Avec près de 20% de la population mondiale et des perspectives économiques des plus optimistes, il ne faut pas perdre de vue que l’Afrique compte au moins trois puissances émergentes que sont l’Afrique du Sud, l’Algérie et le Nigeria. Le continent noir ne doit pas rester cette icône de la pauvreté éternelle mais comme une nouvelle frontière du monde émergent. Quand l’Afrique s’éveillera, plus personne ne pourra la renvoyer se recoucher…


                Benabderrahmane plaide la cause de l’Afrique à Washington

                                   «Les intérêts du continent sont nos priorités»

Le Premier ministre a annoncé, l’organisation à Alger, d’une conférence avec le partenariat des Etats-Unis, axée sur la lutte contre le terrorisme en Afrique.

L’Afrique est une priorité pour l’Algérie. Quatrième puissance économique, première en terme d’indice de développement humain et leader historique des indépendances dans tout le continent, place naturellement «les intérêts du continent africain, de ses États et de l’Union africaine (UA) parmi ses principales priorités», a affirmé, ce jeudi, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, dans son allocution lors des travaux du Sommet Etats-Unis/Afrique.

Représentant le président de la République, Benabderrahmane a exprimé la fierté de l’Algérie de compter dans l’espace africain, plaçant «les intérêts du continent africain, de ses États et de l’Union africaine parmi ses principales priorités». Cette posture ne relève pas de la symbolique, puisque l’Algérie a été de tous les combats du continent, dira le Premier ministre, citant son effort pour la promotion du «développement intégré en vue de réaliser la prospérité commune, d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) et de consolider la paix et la sécurité en Afrique». L’engagement de l’Algérie en faveur de l’Afrique s’est déjà traduit par la «formation du capital humain dans divers domaines, et à de nombreuses initiatives de solidarité et de coopération fructueuse avec les pays africains, notamment les pays voisins».

Insistant sur l’ambitieux projet commun à l’Afrique à travers l’Agenda de l’UA 2063, le Premier ministre a saisi l’occasion du Sommet USA-Afrique pour évoquer les avancées déjà réalisées par l’Algérie, dans ce cadre justement, notant «les rapports nationaux (1 et 2) ayant permis de mettre en exergue les mesures nationales importantes mises en place par l’Algérie pour contribuer à la concrétisation de l’Agenda continental».
Aïmene Benaderrahmane a, par ailleurs, salué les premiers résultats de la grande rencontre de Washington, relevant que le partenariat afro-américain connaît «un bond qualitatif depuis le premier Sommet abrité par les Etats-Unis en août 2014». Un constat qui renvoie à un certain nombre d’initiatives américaines en direction de l’Afrique. Le Premier ministre a cité, entre autres secteurs, ceux de l’énergie, de l’alimentation et de l’enseignement supérieur. Constatant «la volonté manifestée par les autorités américaines pour intensifier la concertation politique avec les pays africains autour des principales questions régionales et internationales d’intérêt commun», Benabderrahmane a estimé nécessaire d’«oeuvrer ensemble à formuler de véritables solutions». Une manière de dire aux Américains que le partenariat engage deux parties. En cela les Africains ont toute la compétence de «créer de nouveaux mécanismes permettant de prévenir les crises potentielles et de favoriser le règlement des conflits». Cela dans le strict respect «de la légalité internationale et du multilatéralisme». Deux concepts qui peuvent déplaire à Washington, mais qui constituent des leviers nécessaires pour l’émergence économique du continent. Car, un cadre pareil garantit «les droits et les intérêts de tous», a précisé le Premier ministre.

Cela dit, l’Afrique doit prioritairement régler les fléaux qui la rongent, à savoir «le terrorisme et l’extrémisme violent». C’est une condition sine qua non pour se réserver aux «effets des changements climatiques ayant coûté aux peuples africains des pertes humaines, en plus de plonger le continent dans l’extrême pauvreté», soutient le Premier ministre qui cite l’enchaînement de cause à effet qui a «entraîné des crises alimentaires et sanitaires, et des millions de migrants», signale-t-il.
Qualifiant, à juste titre, cette situation d’«extrêmement inquiétante à l’origine de l’instabilité de la région», Benabderrahmane a plaidé en faveur d’«un engagement plus important et l’établissement d’«une coopération étroite pour relever ces défis». Le Sommet USA-UA pourrait apporter quelques pistes pour sortir du cercle vicieux de la violence, le réchauffement climatique et la sous-alimentation. À ce propos et évoquant la coopération entre la première puissance mondiale et le continent africain, le Premier ministre a annoncé, l’organisation à Alger, d’une conférence avec le partenariat des Etats-Unis, axée sur la lutte contre le terrorisme en Afrique.


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