Algérie / Le phénomène de la » harga » prend des allures phénoménales : SOS, jeunesse en danger !

Les autorités algériennes semblent impuissantes face au phénomène de l’émigration clandestine, et ce malgré toutes les mesures entreprises pour y faire face. Ce dernier prend de plus en plus des proportions alarmantes. Aujourd’hui, des centaines de candidats à l’émigration clandestine prennent chaque jour le chemin de l’inconnu. Cette fuite incontrôlable des algériens a suscité la lassitude des pays européens face à l’arrivée incessante d’immigrés clandestins algériens sur leur sol. Pourquoi cette fuite ? Probablement le désespoir et l’absence de perspective de vie dans un pays qui a failli à sa mission de prendre en charge cette importante frange de la population. Pas plus qu’avant-hier, la cellule de communication de la gendarmerie nationale a fait état de la mise en échec, de six tentatives d’émigration clandestine, par les éléments du groupement territorial de la gendarmerie nationale, ces trois derniers jours à travers la wilaya de Mostaganem. Selon la même source, au total, ce sont 27 candidats à l’émigration clandestine qui ont été interceptés au moment où ils s’apprêtaient à prendre la mer en direction des côtes espagnoles. Ces personnes ont été arrêtées près des plages des localités de Stidia, (Est de Mostaganem), Sedaoua (Sidi Lakhdar), Hadjadj et Ouled Tahar. Des embarcations pneumatiques, des bidons de carburant ainsi qu’un véhicule léger ont été saisis. Après l’achèvement des procédures règlementaires, ces personnes seront déférées devant la justice pour tentative d’émigration clandestine. Idem au large des côtes d’Ain El Turck, où les unités du groupement territorial des garde-côtes d’Oran ont mis en échec vendredi au large des côtes d’Aïn El Turck une tentative d’émigration clandestine de 45 personnes, lors de deux opérations distinctes. Selon la cellule de communication de ce corps de sécurité, le premier groupe est formé de 27 personnes dont cinq femmes, huit mineurs et un bébé se trouvant à bord d’une embarcation pneumatique. Selon la même source, Il a été intercepté à 5h30 par les garde-côtes à 2, 5 miles, au nord de Cap Falcon (Aïn El Turck). Le second groupe, formé de 18 personnes parmi lesquelles se trouvaient deux femmes et deux bébés également à bord d’un pneumatique, a été intercepté à 8h30, à 6,5 miles au nord de l’Ile Plane (Aïn El Turck). Ces 45 candidats à l’émigration clandestine ont tenté de rallier par mer les côtes espagnoles, a-t-on expliqué, ajoutant que les mis en cause, après les procédures d’usage, ont été remis à la Gendarmerie nationale pour être présentés ensuite devant la justice. Un autre drame est survenu le 5 décembre à Tizi Ouzou et un autre a été évité de justesse à Mostaganem. Trois jeunes ont trouvé la mort au large de Tigzirt, dans la wilaya de Tizi Ouzou et 11 autres, ont été secourus par les gardes-côtes au large de Mostaganem. Dans les deux cas, il y a eu une avarie du moteur. La jeunesse algérienne continue de périr en mer. Les corps de trois jeunes ont été repêchés par les gardes-côtes au large de Tigzirt alors que cinq autres rescapés ont pu être sauvés. Tous sont atteints de blessures l’un d’eux est très gravement blessé. Des sources locales ont fait savoir que l’opération de sauvetage menée par les garde-côtes et la protection civile ne s’est pas interrompue jusque tard dans la nuit de mardi. Le bilan des pertes humaines pourrait s’alourdir. Un drame similaire a été évité de justesse dans la wilaya de Mostaganem où 11 harraga dont trois mineurs, ont été secourus par les gardes-côtes à 15 miles au Nord de la commune de Ben Abdelmalek. Là aussi, ces jeunes candidats à l’émigration clandestine ont fait face à une avarie du moteur. On peut estimer que les 11 rescapés ont eu de la chance, car la patrouille de gardescôtes les a repérés par hasard lors d’une rotation. Ces harraga ont été acheminés vers le port commercial de Mostaganem ou ils ont subi une visite médicale, avant d’être interpellés et présentés devant le procureur de la république. Peut -on compter sur la chance la prochaine fois ? Négatif. Les faits parlent d’eux même. Des morts, des blessés, des corps repêchés. Jusqu’à quant nous continuerons à compter nos morts ? Depuis le début de l’été, de plus en plus d’adolescents et d’enfants accompagnés ou non de leurs parents se retrouvent sur des embarcations de fortune devant les conduire sur les rives nord de la méditerranée. Le 6 octobre dernier, parmi les quarante-quatre Algériens arrivés sur les côtes espagnoles, treize étaient mineurs. Au total 339 mineurs algériens isolés ont été recensés sur le territoire espagnol par les autorités du pays au 30 septembre dernier, selon un rapport officiel. L’Espagne n’est pas le seul pays européen concerné par le phénomène. En France, les médias évoquent régulièrement ces derniers la présence de mineurs algériens. Difficile à quantifier en l’absence de statistiques officielles, le phénomène serait en très forte hausse. Selon des chiffres diffusés par l’agence pour les réfugiés de l’ONU, 173 personnes ont trouvé la mort en tentant la traversée depuis l’Afrique du nord depuis début 2018. On comprend sans peine le désespoir de ces migrants qui font des milliers de km pour venir, pour certains, du fond de l’Afrique, mourir d’une façon tragique, noyés et restant sans sépulture ou encore enterrés d’une façon anonyme parce que rejetés sur une plage. On peut dire que ce sujet a suscité l’intérêt de plusieurs personnes notamment l’avocate Fathma- Zohra Benbraham qui estime que le jugement des harraga est illégal. Lors d’une conférence sur le thème des harraga, elle a jugé « scandaleux » le fait de condamner les jeunes harraga à des peines de prison ferme. Le phénomène des harraga n’est pas correctement pris en charge. « Quel crime ont-ils commis? Au lieu de sanctionner, il faudrait essayer de comprendre les sources du mal », estime Me Benbraham. Les harraga devraient, selon elle, être considérés comme des victimes et non pas des criminels. « Cet enfant qui avait 10 ans en 1992, qu’a-t-il vu, qu’a-t-il entendu? La politique de l’enseignement n’a pas été convenablement orientée. La fermeture d’usines a entraîné le chômage. Nous sommes en pleine phase de paupérisation. Et quand on devient très pauvre, tout est permis pour survivre », affirme-t-elle. Et d’ajouter: « Pour ces jeunes, il y a généralement trois options. Ils ont le choix entre le terrorisme, le crime organisé et la prostitution. Mais il y a des jeunes qui, malgré la misère, préfèrent garder leur honneur. Pour prétendre à une vie meilleure, ils ont choisi la harga. Ils n’ont fait aucun mal à leur pays ».
Samia AcherTribunelecteurs 08.12.2018

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