«Inadmissible atteinte» : Alger condamne l’utilisation supposée de Pegasus contre ses ressortissants

Un garde républicain algérien au premier plan d’une vue de la capitale algérienne, décembre 2017 (image d’illustration).                                                                                                                                                  © LUDOVIC MARIN Source: AFP

 

Evoquant la surveillance supposée de responsables algériens par le Maroc et d’autres pays, via le logiciel Pegasus, l’Algérie «condamne vigoureusement» et prévient qu’elle «se réserve le droit de mettre en œuvre sa stratégie de riposte».

Alger a exprimé le 22 juillet sa «profonde préoccupation» après les révélations d’un consortium de 17 médias selon lesquelles des «responsables et citoyens algériens» auraient fait partie des cibles potentielles proposées par plusieurs pays dont le Maroc, pour une mise sur écoute via le logiciel espion israélien Pegasus.

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Cette pratique illégale, malvenue et dangereuse, met en péril le climat de confiance qui doit présider aux échanges et interactions entre les responsables et représentants des Etats «L’Algérie exprime sa profonde préoccupation suite aux révélations […] faisant état de l’utilisation à large échelle par les autorités de certains pays, et tout particulièrement par le Royaume du Maroc, d’un logiciel d’espionnage dénommé « Pegasus » contre des responsables et citoyens algériens», affirme le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Selon une enquête du consortium Forbidden stories et Amnesty international, des milliers de numéros de téléphone algériens – dont certains appartenant à des hauts responsables politiques et militaires – ont été recensés comme cibles potentielles du logiciel Pegasus, commercialisé par l’entreprise israélienne NSO, affirment le quotidien français Le Monde et le site d’information francophone algérien Tout sur l’Algérie (TSA). En réaction, le Maroc a nié toute implication et décidé d’attaquer en diffamation Amnesty et Forbidden stories devant le tribunal correctionnel de Paris.

Les relations entre Alger et Rabat déjà envenimées par les sujets du Sahara occidental et de la Kabylie

«L’Algérie condamne vigoureusement cette inadmissible atteinte systématique aux droits de l’Homme et libertés fondamentales qui constitue également une violation flagrante des principes et normes régissant les relations internationales», ajoute le ministère, estimant que «cette pratique illégale, malvenue et dangereuse, met en péril le climat de confiance qui doit présider aux échanges et interactions entre les responsables et représentants des Etats».

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«Etant directement concernée par ces attaques, l’Algérie se réserve le droit de mettre en œuvre sa stratégie de riposte et se tient prête à participer à tout effort international destiné à établir collectivement les faits et à faire la lumière sur la matérialité et l’ampleur de ces crimes qui menacent la paix et la sécurité internationales, ainsi que la sécurité humaine», met encore en garde le texte. «Toute impunité constituerait un précédent extrêmement dommageable à la conduite de relations amicales et de coopération entre les Etats conformément au droit international», conclut-il. Le parquet général d’Alger avait auparavant a ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire. Cette affaire survient au moment où les relations entre l’Algérie et le Maroc sont au plus bas en raison, notamment, du contentieux portant sur le Sahara occidental. Le ton est d’ailleurs encore monté d’un cran entre les deux voisins maghrébins le 18 juillet après que le Maroc a affirmé son soutien au «droit à l’autodétermination du peuple kabyle», en réaction semble-t-il à une récente remarque de la diplomatie algérienne sur le Sahara occidental. Alger a alors rappelé son ambassadeur à Rabat «pour consultations» et dit se réserver le droit de prendre «d’autres mesures» si nécessaire.

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