Merkel : la fin d’une époque

Angela Merkel a été une référence politique non seulement en Allemagne, mais aussi dans l’Union européenne. Depuis 2005, Merkel occupe la chancellerie allemande et a fait preuve d’un leadership important sur tout le continent. Durant ses années au pouvoir, elle a vécu des événements qui ont profondément marqué la société européenne et qui font désormais partie de l’histoire du vieux continent. Des événements tels que la grande crise économique, l’exode des réfugiés, la montée des partis d’extrême droite et populistes, la crise climatique ou l’actuelle pandémie de coronavirus.

Alors que dans d’autres pays, ces défis ont été relevés par différents dirigeants, Merkel a été le visage visible de l’Allemagne pendant toutes ces difficultés. En outre, dans la plupart des cas, elle est sortie victorieuse des difficultés, gagnant ainsi un prestige international.

Lors de son dernier discours devant le parlement allemand en juin, elle a appelé à l’unité et à la coordination de l’UE face aux menaces et aux défis extérieurs, tels que les relations avec la Chine, la Russie et la Turquie. Dans le cas de Pékin, il a appelé Bruxelles à adopter une position fondée sur les « valeurs européennes communes » et à présenter à la communauté internationale une « meilleure » offre que celle du géant asiatique.

. Avec Moscou, il a plaidé pour un rôle indépendant de celui des Etats-Unis afin de faire face aux « provocations ». D’autre part, il a exprimé son désir de poursuivre les discussions avec Ankara sur les questions de migration, bien qu’il ait également souligné les « sérieuses différences », notamment dans le domaine de la protection des droits de l’homme.

Les politiques d’asile, l’une des mesures les plus caractéristiques de Merkel, étaient également présentes dans sa dernière déclaration au Bundestag. La chancelière allemande a rappelé la nécessité de coopérer avec les pays d’origine et les pays de transit.

À partir de 2015, une crise des réfugiés a commencé en Europe en provenance de pays en conflit comme la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan ou d’autres États africains. Cet exode a constitué la pire crise de réfugiés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et a provoqué de grandes divisions entre les États européens. Alors que certains pays ont fermé leurs portes aux milliers de personnes fuyant la guerre, l’Allemagne, sous l’impulsion de Merkel, a ouvert ses frontières au plus grand déplacement de personnes depuis 1945 pour des « raisons humanitaires ». Entre 2015 et 2016, plus d’un million de demandeurs d’asile sont arrivés dans le pays. « Si l’Europe échoue sur la question des réfugiés, elle ne sera pas l’Europe que nous voulons », a déclaré Merkel en exhortant les autres partenaires européens à élaborer des politiques d’asile communes.

Mais cette décision lui a non seulement coûté des critiques en Europe, notamment de la part de pays comme la Hongrie et la Pologne, mais elle a également dû faire face à une faction au sein de son propre parti politique, le CDU chrétien-démocrate. Certains de ses électeurs ont rejoint les rangs de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), un parti d’extrême droite et eurosceptique qui a gagné du soutien en exploitant la crise des réfugiés.

Malheureusement, la vague populiste a déferlé sur plusieurs pays européens, donnant du pouvoir aux politiciens qui sont traditionnellement contre les politiques sociales fixées par Bruxelles. « Il y a de graves problèmes en Hongrie et en Pologne, et nous devons continuer à y faire face », a déclaré Merkel lors du dernier sommet de l’UE consacré à l’économie post-pandémie. Le dirigeant allemand faisait référence au recul des droits des LGBT+ dans ces pays par le biais de mesures élaborées par les gouvernements.

Sur les questions sociales, l’Allemagne de Merkel a fait un grand pas en avant. En 2017, il a approuvé le mariage entre personnes de même sexe et a également entériné le principe de la parité hommes-femmes dans les organes gouvernementaux.

Sur la question du climat, elle a également développé des mesures importantes. Dans l’une de ses dernières apparitions, il a exprimé le souhait que le futur gouvernement allemand continue à s’éloigner de l’énergie nucléaire. « L’énergie nucléaire n’est pas viable à long terme », a-t-elle fait valoir.

Angela Merkel s’est rendue aux États-Unis pour trouver un accord avec le président américain Joe Biden sur le gazoduc russe Nord Stream 2. Biden a autorisé la réalisation de l’infrastructure en échange d’un soutien à l’Ukraine. Les deux pays ont également convenu de la possibilité d’imposer des sanctions à la Russie si elle utilise l’énergie comme arme politique pour faire pression sur l’Europe.

Cette réunion était également le dernier voyage officiel de Merkel en tant que chancelière allemande. Après les années Donald Trump, avec qui Merkel avait une relation tendue et difficile, l’administration Biden était devenue un grand allié de Berlin. « Je sais que le partenariat entre l’Allemagne et les États-Unis continuera à se renforcer sur la base que vous avez contribué à construire. Sur une note personnelle, je dois vous dire que je manquerai de vous voir aux prochains sommets », a déclaré Biden.

Après 16 ans à la tête d’une nation et l’un des principaux dirigeants de l’Europe, Merkel se retirera du pouvoir après les élections du 26 septembre. À 67 ans, elle met fin à sa longue carrière politique, laissant derrière elle des mesures qui ont renforcé l’Europe, faisant d’elle un continent plus uni, solidaire et libre.