L’année 2020, son Covid, ses conflits, ses tragédies, son terrorisme Une page sombre de l’Histoire

   

L’année 2020 aura été une année de plomb, avec des crises diverses et plusieurs tragédies de par le monde. Au premier rang des dures épreuves traversées, il y a, bien sûr, la pandémie du nouveau coronavirus qui a ébranlé l’économie mondiale et plongé la majorité des pays dans un climat de grande inquiétude et de confinement conjugué.

L’aviation civile, comme bien d’autres modes de transport, a subi de plein fouet les conséquences du Covid-19. Cependant, la pandémie n’a pas mis entre parenthèses les enjeux et les coups habituels que se livrent les pays en fonction de leurs intérêts et de leurs stratégies. En Irak où les Etats-Unis de Donald Trump n’ont pas hésité à assassiner le général iranien Kassem Souleimani, au Yémen où l’ONU s’est efforcé de crier sans cesse au drame humanitaire, en Afrique où les affrontements interethniques se sont multipliés tant en volume qu’en atrocités, s’ajoutant à la braise grandissante du terrorisme transfrontalier, en Syrie où les attentats se succèdent et les attaques israéliennes se poursuivent presque au quotidien, l’année 2020 aura sans conteste revêtu la dimension d’une catastrophe ininterrompue.

En Palestine, l’administration du président américain sortant, Donald Trump, incarnée par son gendre et conseiller Jared Kushner, champion affiché de l’expansionnisme sioniste et de l’implantation accélérée de colonies israéliennes dans les territoires illégalement occupés, aura gravement compromis les chances d’une paix véritable dans la région du Moyen-Orient. Par leur soutien outrageusement affiché à l’Etat hébreu, Trump et son clan ont cherché, en apparence, à s’assurer du vote des fondamentalistes chrétiens. Si ces derniers sont également des sionistes notoires, le vrai but de l’administration Trump a consisté à apporter sur un plateau à leur ami Benjamin Netanyahu le couronnement de son rêve d’un grand Israël, salué par les émirs et leurs Etats environnants. Du même coup, la Ligue arabe a été mise à mal, ses divisions révélées au grand jour, ainsi que son impuissance.

Le pire, c’est que les sionistes chrétiens, indispensables aux futures candidatures du clan Trump, valident, consciemment, la judéïsation d’El Qods et d’autres localités, dont Beithléhem (Bethléem), Israël s’employant à faire disparaître toute trace des vestiges sacrés de l’Islam et de la chrétienté afin d’imposer sa griffe de manière indélébile. Ainsi, sont-ils les complices assumés d’une mystification sioniste dont sont victimes les deux religions les plus répandues à travers le monde! Si Trump et son clan, avaient eu un moyen de chantage auprès du Vatican, ils n’auraient pas hésité à exiger la bénédiction de ce forfait préjudiciable aux Palestiniens et à tous les autres peuples concernés par la sacralité de ces lieux.

Face à tous ces tristes évènements, l’ONU aura oeuvré, tant bien que mal, à garder le cap d’un multilatéralisme que l’administration Trump a également malmené, au plus haut point. Arc-boutée aux résolutions du Conseil de sécurité, ultimes et platoniques références des relations internationales, elle a eu bien du mal à surmonter bon nombre de secousses, comme le procès injuste et injustifiable subi par l’Organisation mondiale de la santé. Il faut espérer qu’en 2021, lesdites résolutions passeront du stade théorique à celui de l’action concrète, de manière à en finir avec la dernière colonie an Afrique, où le peuple sahraoui attend, depuis cinq décennies, son droit à l’autodétermination.


Chaabane BENSACI

       L’année de la peste

par Reinaldo Spitaletta.

La peste de l’année bissextile 2020 n’a pas amélioré l’humanité, comme le croyaient certains optimistes. Elle l’a montrée dans sa dimension réelle : d’un côté des d’êtres puissants, propriétaires du monde, et de l’autre, ceux qui, en plus d’être liés aux chaînes de consommation, aux manques et aux inégalités dans la distribution des richesses, ont été plongés dans la peur et le caractère péremptoire de l’isolement. Ou, comme l’historien Jean Delumeau l’a déjà dit il y a longtemps, « le temps de la peste est le temps de la solitude forcée ».

Et il y a des solitudes de solitudes. Celles des plus pauvres, des oubliés, sont ingrates. Douloureuses. Ce n’est pas la même chose d’être enfermé dans une sorte de taudis, un espace carcéral, que dans un petit palais ou une maison avec tout le confort. La peste a rendu l’existence de ceux qui n’ont rien plus douloureuse. Et plus encore, celle de ceux qui, dans un moment de crise due à la faim, ont mis les drapeaux rouges de la défaite à leurs fenêtres – peut-être avec honte.

Banlieue populaire de Medellin, 2020

La peste a fait croire à certains que le néolibéralisme, ce grand producteur de pauvres et promoteur des fortunes d’une minorité de riches extravagants, allait entrer en crise. Rien de tout cela. Il semble qu’il en soit ressorti plus fort, du moins dans des pays comme le nôtre (la Colombie), appauvri dans les campagnes, désindustrialisé, où une lumpen-bourgeoisie s’en donne à cœur joie, se partage le trésor public, se moque de la loi (qu’elle fait elle-même) et méprise les travailleurs de manière infâme, dont elle se moque avec un salaire minimum qui pue.

Cette année dystopique, qui a commencé sous d’autres latitudes avec des gens qui chantaient sur les balcons, avec des messages édulcorés disant que tout irait mieux après, avec des conneries du genre « une fois la peste passée, on va tous s’embrasser », fortifiant ainsi le pouvoir établi. Il y a eu aussi ceux qui, dans des attaques d’animosité et de confiance, ont prédit qu’il y aurait une sorte de renaissance de l’État providence et que le capitalisme subirait des fissures irréparables. Et bien que la peste ne soit pas terminée, un an après son apparition, le nouvel ordre est celui de la peur, de la surveillance et du contrôle.

La peste a transformé la planète en un panoptique dans lequel le pouvoir exerce sa domination à volonté. Les transnationales continuent de régner. Les magnats de la banque sourient aux profits, tandis que les plus démunis sombrent dans diverses formes de désespoir et de détresse. La seule assurance pour des millions de personnes dépossédées a été l’incertitude. Le bissextil nous a enfermés, mis en quarantaine, confinés. Et depuis le confinement, on a pu constater que ce pouvoir, cette entité concrète et répugnante, chevauchait sur les épaules des condamnés à l’appauvrissement.

Ou n’est-ce pas ce qui s’est passé, par exemple, aux USA, en particulier dans des villes comme New York, où des milliers de travailleurs ont péri, ceux qui doivent accomplir les tâches les plus difficiles, les Noirs, les immigrants, ceux qui savent en fait ce qu’est le « rêve américain » : un cauchemar. Le même que celui que le coronavirus a propulsé à des niveaux terrifiants.

Ce fut une année de découragement pour presque tout le monde. Elle n’a pas (plus) été celle de l’humanité partagée, bien qu’il y ait eu des milliers de cas de solidarité, d’attention aux autres, d’amour et d’aide pour l’autre qui était dans une situation pire. Au contraire, surtout dans des pays comme la Colombie, les énormes différences entre les classes sociales ont été constatées. Avec un gouvernement antipopulaire qui favorise quelques privilégiés, dans ce pays d’injustices, le fossé des inégalités s’est encore creusé.

Alors qu’à la fin de l’année 2019, en Colombie, il y avait eu une vague retentissante de protestations des paysans, des étudiants, des travailleurs, des chômeurs et d’autres secteurs populaires, avec des grèves et des marches, la pandémie a produit un reflux dans les expressions massives de résistance contre un régime d’une bêtise sans limites. Cependant, dans un contexte d’isolement et de souci d’éviter la contagion, 2020 a également vu des manifestations de mécontentement dans le pays contre les abus officiels.

L’année de la peste, 2020, a prouvé que la pandémie universelle, dans des pays comme le nôtre, a accru les différences sociales abyssales et le malheur d’avoir un modèle économique qui favorise la pauvreté pour beaucoup et l’enrichissement pour quelques-uns. Il a également montré comment la détresse et la misère se sont accrues pour les classes inférieures et moyennes, pour les petits et moyens entrepreneurs, pour les agriculteurs et, bien sûr, pour une masse énorme de chômeurs.

La pandémie a eu quelques avantages, par exemple, celui de nous ramener (enfin, cela concerne une minorité) à Thucydide, Boccace, Daniel Defoe, Poe, Camus, Mann, et d’autres écrivains et historiens qui ont raconté les pestes et les maladies. Ce bissextil de la peste et de la mort a de toute façon été une année de tristesse. Et d’images douloureuses comme celles des drapeaux de la faim défraîchis accrochés à certaines fenêtres.

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illustration : 40 000 personnes – la moitié de la population de la ville – sont mortes de la peste à Marseille en 1720. Peinture de Michel Serre (né Miquel Serra i Arbós dans la ville catalane de Tarragone) représentant le Cours Belsunce pendant l’épidémie

traduit par Fausto Giudice

source : http://www.tlaxcala-int.org


 

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