Au Soudan, la mobilisation contre le président Al-Bashir continue

Lundi matin, les manifestants soudanais étaient dans les rues de Khartoum pour réclamer le départ du président Omar al-Bashir.

Ils étaient quelques milliers au rendez-vous dans les rues de Khartoum, pour manifester leur mécontentement et leur hostilité envers le gouvernement d’Omar al-Bashir. Ils ont été dispersés, près du quartier général de l’armée à Khartoum, par des tirs de gaz lacrymogène d’après des témoignages rapportés par l’AFP.

Ces événements s’inscrivent dans un contexte de mouvement de protestation qui dure depuis maintenant plus de 100 jours, depuis le 19 décembre, et qui a atteint son apogée ce samedi 6 avril 2019. Après presque 4 mois de manifestations fortement réprimées par les forces de sécurité, les organisateurs, réunis dans la clandestinité au sein de l’Association des professionnels du Soudan, avaient lancé samedi, un appel à la mobilisation et la marche vers le QG de l’armée, dans le centre de Khartoum, pour demander aux forces armées de rejoindre le mouvement qui a pour revendications, le départ du “dictateur al-Bashir” et l’instauration d’un régime de transition.

Au Soudan, la mobilisation contre le président Al-Bashir
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L’élément déclencheur : le prix du pain

Le mouvement de protestation a été initié le 19 décembre dernier. A la tête de ce pays au bord de la crise économique, le gouvernement et son chef Omar al-Bashir, le président de la République, avaient décidé de tripler le prix du pain. Cela donna lieu à des manifestations puis très rapidement à des mouvements de contestation contre le président al-Bashir en personne. Ce mouvement compte de nombreuses victimes de la répression du gouvernement.

Selon les autorités soudanaises, 32 personnes sont mortes, un chiffre réfuté par Human Rights Watch qui en dénombre beaucoup plus. En raison des troubles et des victimes causées, Omar al-Bashir avait promulgué l’état d’urgence, donnant lieu à une baisse significative de la mobilisation autour du mouvement de contestation là où la répression avait échoué.  

Le regain de la mobilisation

Avec l’état d’urgence et les paroles d’Omar al-Bashir qui qualifie de “légitimes” les revendications du peuple soudanais, la mobilisation avait perdu de l’allant. Mais ce samedi elle a battu des records comme l’indique, à RFI, l’écrivain et journaliste soudanais Faisal Saleh: “Je pense que cette manifestation a dépassé tout ce qui avait été prévu par les organisateurs. Ce grand cortège et toutes ces voitures qui sont partis vers le ministère de la Défense, c’est du jamais vu ici. Pour moi, c’est sans précédent depuis que les manifestations ont commencé, il y a 3 ou 4 mois. Ils étaient des milliers et des milliers les manifestants et même si j’ai parcouru plusieurs rues et avenues, c’est difficile de donner un nombre précis. Il faut dire qu’au début du cortège, la police avait placé des obstacles et elle a essayé d’empêcher les gens d’avancer mais comme ils étaient si nombreux, ils ont réussi à passer et surtout à arriver jusqu’au ministère de la Défense. Pendant le parcours, il y a eu quelques moments de forte tension entre les policiers et les manifestants mais au final, je pense que les manifestants ont réussi à délivrer leur message à l’armée, qu’ils ne veulent pas que ce régime reste en place”.

Au Soudan, la mobilisation contre le président Al-Bashir
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Une manifestation de masse surprenante mais pas anodine compte tenu de la date choisie par les organisateurs. La date de la manifestation représentait un symbole car elle marque l’anniversaire la révolte du 6 avril 1985, qui avait permis de renverser le régime du président Jaafar al-Nimeiri.


Adel Jaouni   
Journaliste Stagiaire au HuffPost Tunisie

Photo mise en avant : STRINGER VIA GETTY IMAGE

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