Le conflit russo-ukrainien expliqué par le journaliste algérien Kamal Louadj

         Le 24 février vers 4 h du matin, le président russe Vladimir Poutine annonçait le début de « l’opération spéciale » en Ukraine. Les officiels et médias occidentaux parlent eux de guerre russe contre l’Ukraine.

 

Ce conflit aux relents de guerre froide, qui est différemment apprécié selon que l’on soit pro-occidental ou pro-russe, a engendré dans la foulée une guerre médiatique dans laquelle chaque partie défend ses positions et voue aux gémonies les arguments de l’autre et où l’on peine à distinguer le vrai du faux.

 

   L’image est brouillée. Qu’en est-il réellement ? Que faut-il retenir de la crise en Ukraine ? Le journaliste et animateur de la chaîne « Afrique2050 », Kamal Louadj, explique dans un documentaire vidéo d’une heure de façon méthodique et dénuée de parti pris les origines du conflit.

Il commence par rappeler que le 21 janvier 2022, le ministère russe de la Défense a fait part de l’existence de « plans d’attaque militaire ukrainiens en direction du Donbass et de la Crimée ».

C’est en février 2022 que la situation militaire « bascule », explique M. Louadj. Dès le 16 février, les observateurs de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, ndlr) ont noté dans leurs rapports quotidiens l’augmentation dramatique des bombardements d’artillerie sur les populations du Donbass, note-t-il.

« Alors que ni les médias, ni l’Union européenne, ni l’Otan, ni aucun gouvernement occidental n’a réagi non plus que dénoncé ces attaques, curieusement, le 17 février, le président des États-Unis, Joe Biden, annonce que la Russie allait attaquer l’Ukraine dans les prochains jours, mais sans donner à la presse la moindre précision sur l’origine de ces informations », fait observer le journaliste algérien qui a travaillé notamment pour le site russe Sputnik.

Le lendemain, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, affirmait au Conseil de sécurité de l’Onu que son pays était « certain » que la Russie allait attaquer l’Ukraine et qu’il était venu « non pas pour déclarer une guerre, mais pour empêcher qu’une guerre se déclenche ».

Réunification de l’Allemagne et extension de l’OTAN

 

Une semaine plus tard (le 22 février), le chef du Kremlin annonçait la reconnaissance par la Russie des deux Républiques du Donbass (Lougansk et Donetsk) et signait avec elles, le même jour un « traité d’assistance et d’entraide », ajoute Louadj.

Le 24 février, Vladimir Poutine annonce le début de « l’opération militaire spéciale » russe en Ukraine. Voici pour les faits. Mais l’origine des différends entre l’Occident et la Russie remontent à la période de la chute du mur de Berlin et de la réunification allemande, au tout début des années 1990, avant même le démembrement de l’URSS (Union soviétique), explique M. Louadj.

À l’époque, selon des documents déclassifiés, ajoute-t-il, la possibilité que les pays de l’Europe centrale ou de l’Est pourraient devenir un jour membres de l’Otan était exclue.

La diplomatie ouest-allemande a catégoriquement écarté cette possibilité, observe le journaliste. Le ministre des Affaires étrangères ouest-allemand de l’époque, Hans-Dietrich Genscher, avertissait que « toute tentative d’étendre les structures de l’Otan vers l’Est mènerait au blocage de la réunification allemande ».

Pour lui, « l’Otan doit évoluer vers un rôle beaucoup plus politique que militaire en Europe ». « Lorsque Genscher parlait de ne pas vouloir étendre l’Otan, cela s’appliquait à d’autres États en dehors de la RDA ». Les Américains et les Britanniques indiquent clairement qu’ils ne recherchent « aucun avantage unilatéral dans ce processus » de l’unification allemande, note Louadj.


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