Coopération : Le président hongrois décore deux Algériens

par Ghania Oukazi

«Les relations amicales entre la Hongrie et l’Algérie ont des racines profondes, se perpétuent selon les traditions déjà historiques et ont un potentiel extraordinaire mais qui n’est pas pleinement exploité».

Le propos est de Madame Helga Katalin Pritz, ambassadrice de Hongrie en Algérie. Il est dans son discours rétrospectif de relations bilatérales qui ont connu des périodes spectaculaires où nos opinions publiques se sont particulièrement ouvertes, les unes vers les autres ; des moments qui nous enseignent à quel point nous devons puiser davantage de ce potentiel, à quel point nous pouvons apprendre l’un de l’autre et à quel point cette amitié peut être fertile, mutuellement bénéfique». La diplomate convoque l’histoire ou «l’occasion où l’équipe de football emblématique du FLN a joué en Hongrie avant l’indépendance, malgré l’interdiction de la FIFA». Autre fait historique, «la radio de l’Algérie libre a émis depuis Budapest pendant la Révolution» et «les décennies de coopération technique intense, les milliers de familles d’experts hongrois qui ont vécu, travaillé ici et sont retournés en Hongrie avec une amitié particulière pour ce magnifique pays de l’Afrique du Nord».

Elle rappelle la visite officielle, en Algérie, en 2008, de Laszlo Sólyom alors président de la République qui a tenu à visiter Biskra, lieu où «en 1913, un de nos plus grands compositeurs, BélaBartók, a enregistré les chants folkloriques, marquant à jamais l’histoire de la musicologie internationale ». Elle mentionne aussi «la réouverture de la ligne aérienne directe entre nos deux capitales, en septembre 2016, après 25 ans de pause ».

Logique géopolitique et nécessité de l’histoire

A ceux qui «pendant des décennies ont œuvré pour la naissance de nouveaux liens et le renforcement de cette amitié», elle estime leur devoir «une reconnaissance parce qu’ils aident à ouvrir nos yeux sur la culture de l’autre, le potentiel d’une attache qui ne provient pas d’une logique géopolitique rendue évidente par les nécessités de l’histoire ou de la proximité géographique (…)».

Le président du Comité olympique et sportif algérien (COA), Mustapha Berraf, a été décoré mercredi à Alger de l’Ordre du mérite de Hongrie, une distinction qui «vient en reconnaissance de sa contribution à la promotion des échanges entre la Hongrie et l’Algérie dans le domaine sportif» a mis en avant l’ambassadrice de Hongrie en Algérie, Mme Helga Katalin Pritz, lors de la remise de la distinction.

En début de soirée du mercredi dernier où il pleuvait à torrent, l’ambassadrice a prononcé ce discours dans l’ambiance chaleureusement amicale qui régnait dans sa résidence à Alger où elle a reçu anciens ministres, anciens hauts cadres et d’autres en fonction dans divers domaines, anciens et nouveaux ambassadeurs dont Ali Mokrani, l’ex directeur ‘Europe’ au ministère des Affaires étrangères fraîchement nommé à Budapest.

«Aujourd’hui, nos relations dans l’agriculture et le sport seront à l’honneur, deux domaines porteurs, qui visiblement ou invisiblement influencent constamment nos vies,» a-t-elle dit. Elle nomme «deux illustres personnalités qui ont déjà contribué, d’une manière importante, au développement de leur patrie, ensuite au développement de notre amitié». L’Ambassadrice remettait ce soir-là à Rachid Benaïssa et à Mustapha Berraf «la décoration de l’Ordre de Mérite» décernée par le président de la République hongrois, János Ader.

R. Benaïssa est, souligne-t-elle, «un acteur incontournable de nos relations bilatérales depuis des décennies». Elle fait savoir qu’«il a élaboré et soutenu des projets porteurs, des projets qui ont souligné le caractère structurant de nos échanges dans le domaine agricole et agroalimentaire». Pour ceux qui ne se rappellent pas de cet ancien ministre de l’Agriculture et du développement rural, l’ambassadrice revient sur son parcours, en notant qu’il a terminé ses études à l’Université des Sciences Vétérinaires de Budapest, en 1975.

Coopération et programmes de bourses

De retour en Algérie, de directeur des Services vétérinaires à Annaba jusqu’en 1981 jusqu’au ministre de l’Agriculture et du Développement rural qu’il a été de 2002 à 2013, en passant par de nombreuses hautes fonctions de l’Etat, dans le même secteur, Dr Benaïssa a, dit-elle «marqué l’histoire du secteur avec une longévité ministérielle exceptionnelle, au service de onze gouvernements». Elle considère qu’ainsi «il connait parfaitement les mondes agraires et ruraux de nos deux pays – non seulement les conditions naturelles et l’expertise en détail, mais aussi les sensibilités humaines et culturelles ainsi que les enjeux sociaux que ces mondes représentent en Algérie et en Hongrie». Aujourd’hui, «nous devons travailler dur pour construire des échanges économiques afin de profiter de cette base déjà établie (…)», avoue-t-elle. Elle note au passage que l’ancien ministre continue «de participer à la promotion de la coopération entre nos deux pays, dans le domaine de l’enseignement supérieur et à attirer de nouveaux étudiants et doctorants algériens pour profiter de nos programmes de bourses».

Le médaillé de l’Ordre hongrois du Mérite notera entre autres souvenirs, «pendant mon séjour en Hongrie, c’est-à-dire de 1968 jusqu’au début de l’année 1976, il n’y avait pas encore d’ambassade algérienne à Budapest et en ma qualité de président élu de l’Association des étudiants et stagiaires algériens, et pendant une période de président de l’Association des étudiants étrangers en Hongrie, je me trouvais souvent dans des situations où j’intervenais déjà, au nom de la République Algérienne Démocratique et Populaire pour le renforcement des relations bilatérales et des amitiés entre les peuples et la consolidation de la paix dans le Monde».

Ma conviction, dit Dr Benaïssa, est toujours là, tout simplement, parce qu’elle a été construite dans le respect réciproque et au plus près des bases populaires et intellectuelles des deux pays». Il estime que, ceux qui ont étudié ou séjourné en Hongrie, ce sont plus des patriotes ouverts sur le monde, encourageant la liberté d’entreprendre tout en étant jaloux de leur indépendance et de la souveraineté de leur pays…»

L’Algérie et la diplomatie sportive

Un état de fait qu’il lie „en grande partie à l’analyse de l’évolution de la Hongrie à travers les siècles.» Sinon, interroge-t-il, «comment expliquer qu’un pays au centre de l’Europe, traversé tout le long de sa longue Histoire par des courants de tous genres en provenance de l’Asie, de l’Europe du Nord, de l’Ouest, de l’Est et du Sud, à la confluence de différentes civilisations, sans grandes ressources naturelles , ait pu se maintenir et résister à toutes ces influences et agressions, préserver une langue unique, une culture d’une grande richesse et un peuple uni et fort de ses diversités ?»

L’ambassadrice de Hongrie présente cette fois Mustapha Berraf qui, dit-elle, «est un ancien joueur emblématique de basketball national et international (…), (et qui de) haut responsable pendant 12 ans au sein de l’Office National et du Conseil National du lait, (devient) directeur général du Complexe olympique entre 1992-1994, de la Résidence d’Etat entre 1994-1996 et inspecteur général au ministère du Tourisme entre 1996-2001. Il se consacrera à la politique en étant élu à deux reprises député à l’Assemblée Populaire Nationale entre 2002 et 2012». Elle souligne au passage que Berraf est «à son cinquième mandat de président du Comité Olympique et Sportif Algérien (…)». Il a été élu président de l’Association des Comités Olympiques Africains et donc vice-président du Comité International Olympique en décembre 2018, ensuite membre du Comité International Olympique en juin 2019. C’est par de tels résultats, dit-elle, que «l’Algérie devient un facteur incontournable dans le monde de la diplomatie sportive globale, convoitée par de multiples partenaires». C’est «à l’initiative» de Berraf que Pal Schmit, ancien président de la République de Hongrie, ancien champion olympique et membre du Comité International Olympique s’est rendu à deux reprises, en Algérie, «dans le cadre de la diplomatie sportive».

Egalement à son invitation que Kristian Kulcsár, président du Comité Olympique de Hongrie a effectué une visite officielle, en Algérie «lors de laquelle la salle de compétition nationale de la Fédération Algérienne de l’Escrime a été inauguré et qui porte désormais le nom de Rudolf Karpati, un grand escrimeur hongrois, 7 fois champion olympique et 6 fois champion du monde».



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