Des voix politiques suggèrent la possibilité d’un report : Doutes sur la Présidentielle

Le siège de la Présidence à El Mouradia    Ph.DR

La scène politique nationale connaît des développements qui renforcent les incertitudes sur la tenue de la présidentielle dans les délais. Les initiatives politiques lancées ou relancées ces dernières semaines convergent sur le report de cette élection.

Après les rumeurs sur l’existence d’un plan caché relatif à un éventuel report de la présidentielle, voilà que le Mouvement de la société pour la paix (MSP) appelle au report de cette échéance électorale. Le président de Tadjamouâ Amel El Djazaïr, Amar Ghoul, qui fait partie de l’alliance présidentielle et qui appelle à «la continuité», vient de lancer un appel pour une conférence nationale politique pour un «projet consensuel».

Bien que vague, l’initiative de Amar Ghoul fait planer encore plus de doute sur la présidentielle, qui devra avoir lieu légalement en avril 2019. Appeler à une conférence nationale ouverte à toutes les forces politiques, pouvoir et opposition, pour un projet consensuel, c’est reconnaître implicitement l’existence d’une crise qu’il faudra régler par le dialogue et la concertation.

Or, le pouvoir a toujours rejeté toute idée de crise politique. Ayant été nourri à la mamelle du pouvoir, Amar Ghoul, fidèle au président Bouteflika, n’aurait pas pu lancer une telle initiative sans le consentement du cercle présidentiel. D’ailleurs, cette conférence politique qu’il propose sera placée sous l’égide du président de la République. Par son initiative, Amar Ghoul rajoute une couche d’incertitudes quant à la tenue de cette présidentielle.

Et il n’est pas le seul homme politique proche du président Bouteflika à lancer une initiative qui va dans le sens du report de cette échéance électorale. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a, de son côté, appelé à une Assemblée constituante. Au sein de l’opposition aussi on n’inscrit pas la présidentielle dans les priorités politiques.

Le FFS relance son projet d’une constituante pour l’avènement d’une deuxième République. Le RCD aussi milite pour une période de transition afin de baliser le terrain à un véritable exercice démocratique. Une transition réclamée par d’autres partis de l’opposition depuis des années. La nouveauté aujourd’hui est que des formations totalement acquises au pouvoir vont dans ce sens, à des nuances près.

Le report d’élections ne peut intervenir qu’en cas de guerre du point de vue constitutionnel. Ce qui n’est pas le cas de l’Algérie aujourd’hui. Mais il est possible d’aller vers une transition si l’ensemble des forces politiques, pouvoir et opposition, le décident, afin de se lancer dans un processus de construction d’un Etat démocratique.

Pourquoi travailler pour le report quand on peut tenir la présidentielle dans les délais ? Le pouvoir cherche-t-il un argument pour prolonger le mandat du président Bouteflika au nom de la «continuité» ? La situation politique à deux mois de la convocation du corps électoral renforce ce doute sur la présidentielle. Le fer de lance du 5e mandat, le FLN en l’occurrence, ne parle plus de cette élection.

Il s’échine, avec son nouveau directoire, à l’organisation de son congrès extraordinaire. Le MPA de Amara Benyounès se montre plus réservé par rapport à ce proche rendez-vous électoral, préférant attendre que le chef de l’Etat fasse connaître ses intentions. Le secrétaire général du RND et également Premier ministre, qu’on présente comme le joker du clan présidentiel, essuie des attaques de certains cercles du pouvoir mais aussi de l’opposition.

Autant de faits et d’indicateurs de la situation politique explosive que traverse le pays. C’est aussi la preuve de l’absence d’un consensus au sommet de l’Etat sur la proche échéance électorale. La poursuite de la dégradation de l’état de santé du chef de l’Etat, doublée de l’absence d’un successeur consensuel ouvre la voie aux scénarios les plus inattendus. 

/ El Watan  06.12.2018 /

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *