Emmanuel au pays des merveilles

Depuis le 26 août 2014, date à laquelle l’espoir français de la finance internationale a été nommé ministre de l’Économie et nous a pris en main, nous assistons au match titanesque qui oppose Macron et les nantis à 80% du peuple français.

Jusqu’en décembre 2018, notre petit marquis s’est pris pour Alice au pays des merveilles.

Tout lui a réussi. Somptueusement élu grâce à Marine le Pen, doté d’une introuvable majorité grâce à Sarkozy qui a modifié la Constitution pour que la Chambre soit élue dans la foulée de la présidentielle, il a fait absolument tout ce qu’il a voulu pendant 4 ans. Il n’a jamais douté que le peuple français se plierait à tous ses désirs de gré ou de force. Il s’est cru si invincible, si intouchable, qu’il nous a même nargués : « Venez me chercher ! » a-t-il clapi depuis sa tanière hautement sécurisée.

La première manche

Et donc, aussitôt arrivé à Bercy, le cœur du pouvoir, ce « symbole du virage social-libéral de l’exécutif » (mené par l’inodore et incolore Hollande et la girouette Valls) a fait passer la « loi Macron », avec le 49-3. Cette loi, vous vous en souvenez peut-être, assouplit le travail le dimanche et la nuit, les règles de licenciement et la justice prud’homale, et crée accessoirement des lignes de car pour amuser la galerie et détourner l’attention de la destruction des acquis sociaux.

C’était la première étape du Grand nettoyage à la Macron qui doit être, il en a la volonté fanatique et la certitude absolue, l’ultime nettoyage de la France, celui qui la délivrera enfin des archaïsmes qui l’empêche de rentrer triomphalement dans la mondialisation au son des trompettes de la finance spéculative. Ces archaïsmes, vous l’avez deviné, ce sont :

— notre modèle social trop couteux, trop redistributif, trop sécurisant,

— notre style de vie, trop latin, trop humain, trop indépendant.

Imaginez-vous la plupart des Français ne parlent même pas franglais !

Le 8 aout 2016, la loi travail, appelée hypocritement loi El Khomri, qui continue le travail de sape en s’attaquant au code du travail, est promulguée par un 3ième recours au 49-3. Elle suscite une opposition farouche et des manifestations incroyables et, pour la première fois depuis la guerre d’Algérie, une forte répression. Les coups de matraque et les tirs de flashball ne pleuvent pas encore, mais il devient presque impossible de se rendre sur le parcours des manifs, la police fermant tous les accès.

Puis aussitôt arrivé à la présidence, l’extrémiste libéral Macron assuré du pouvoir absolu par une majorité de playmobils largement achetés et la collusion des pouvoirs institutionnels et privés, impose une nouvelle « réforme » du Code du travail, cette fois par ordonnances. C’est plus simple !

Nous l’avons alors compris, Macron ne nous fera pas de quartier. Même si son discours change avec ses interlocuteurs, nous savons maintenant ce qu’il veut. Il veut que plus rien, plus aucun bien, aucun service, aucune opération n’échappe au marché soi-disant libre et non faussé (quelle imposture !), et donc au bout du compte à la finance, puisque toute l’économie est financiarisée. Pour cela, il faut détruire la Sécurité sociale, les retraites, l’assurance chômage, l’école publique et tout ce qui est mutuel, associatif, bénévole. Pour « s’adapter » à la mondialisation (comprendre : nourrir l’ogre Finance international), il faut tout privatiser : la santé, l’éducation, les retraites, l’eau, le vivant, bref tout ce qu’il est possible de s’approprier et de vendre. Il faut réduire le rôle de l’État à lever les impôts pour « subventionner » les entreprises privées, car il ne faut qu’un seul centime échappe à l’ogre Finance qui en a besoin pour spéculer.

C’est une réforme spoliatrice relativement bénigne, l’augmentation des taxes du diésel, sous couvert d’écologie, qui
provoquera la révolte des gueux, les Gilets jaunes. Elle durera six mois et sera sauvagement réprimée mais Macron aura si peur qu’en décembre 2018, il fera venir un hélicoptère à l’Élysée pour pouvoir s’enfuir au cas où les Gilets jaunes réussiraient à approcher de son palais.

Macron a perdu la première manche. Il est obligé de mettre de l’eau dans son vin. Il est profondément humilié, mais pas découragé. Il a perdu une bataille mais pas la guerre. Il change de stratégie et passe de l’attaque frontale à l’enfumage (grand débat, grand ci et grand ça), en attendant une opportunité. Et comme c’est un grand veinard et que la manipulation de masse n’a pas de secret pour lui, elle se présente bientôt : l’épidémie du Covid-19.

La seconde manche

Elle est en cours, mais le score n’est pas bon du tout pour nous. Nous voilà réduits à l’impuissance par toute une série de lois liberticides instaurant des états d’urgence, des couvre-feux, des assignations à résidence, de la surveillance généralisée et une répression hors de contrôle. Nous sommes totalement soumis aux pulsions totalitaires du potentat Macron. Nous vivons sous la menace perpétuelle de nouvelles interdictions. Nous ne pouvons quasiment plus bouger pendant que Macron détruit allégrement ce qui reste de notre richesse. Certes elle a été globalement mal acquise, à travers la spoliation et l’exploitation des colonies et la destruction de nombreuses civilisations d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie, mais ce n’est pas la raison pour laquelle Macron veut détruire notre économie.

Qui ? Comment ? Pourquoi ?

Devant chaque événement, surtout les plus surprenants, voilà les trois questions que l’on doit se poser. Notre époque, qui a tout sacrifié à la technologie, s’intéresse surtout au Comment et néglige souvent le Pourquoi.

Toutes les personnes qui ont un peu de jugeote se sont désormais rendu compte que l’épidémie était instrumentalisée pour atteindre des objectifs qui n’ont rien de sanitaire. Tous ceux que l’intérêt personnel ou l’apathie ne rendent pas sourds et aveugles ont constaté que les mesures prises étaient presque exactement le contraire de ce qu’il aurait fallu faire si on avait vraiment voulu combattre une épidémie. La logique sanitaire commandait d’améliorer la prévention et le traitement de la maladie ainsi que l’accueil des personnes âgées presque exclusivement visées par le virus, et de laisser tranquille le reste de la population qui ne risquait rien, mais Macron a fait tout autre chose.

Pourquoi et pour qui ?

J’ai commencé à répondre à ces questions dans la première partie de l’article. Macron, l’âme damnée de la Finance, veut lui faire don de la France, corps et âme. Mais pourquoi et comment est-il devenu possible de détruire notre économie pour réaliser ces objectifs, sans nuire à la Finance ?

C’est la question sur laquelle je butais comme Gilles Amiel de Ménard, et bien d’autres. D’accord, je me disais, Macron est prêt à tout, mais tout de même pas à scier la branche sur laquelle le Capital est assis, à savoir l’économie réelle. Mais si, justement, et c’est Gilles Amiel de Ménard qui nous l’explique le mieux dans une vidéo intitulée : Instrumentaliser la crise sanitaire. 3/3.

Une crise économique sans crise financière. En 2008, la crise des subprimes, venue des Etats-Unis, a tout fait voler en éclats. Elle a obligé les banques centrales à sortir la planche à billets pour empêcher le secteur financier de s’effondrer. Et, depuis, la planche à billets tourne à plein régime. Cet « argent magique » que les banques centrales injectent à grands flots, ne va pas dans l’économie réelle, il reste dans le secteur bancaire/boursier et alimente la spéculation. Le secteur financier s’est déconnecté totalement de l’économie réelle. Il fonctionne avec l’argent magique des Banques centrales.

Pour comprendre comment fonctionne la spéculation, on regardera avec profit la vidéo Gamestop : tout savoir sur l’armée Reddit qui a vaincu les fonds US dans laquelle le financier Julien Messias explique comment les petits porteurs ont contré les gros fonds de pension qui spéculaient à la baisse sur l’entreprise Gamestop. C’est passionnant ! Nous, Français, à la différence des Étatsuniens, ne nous intéressons pas à la finance car nos retraites ne sont pas capitalisées. Il est temps de s’y mettre…

Bref, désormais l’ogre Finance n’a plus besoin de l’économie réelle. Il a « piégé » les banques centrales qui sont obligées de le financer (amusant, non, de devoir financer la finance !) pour que le système ne s’effondre pas.

Macron peut donc, sans problème immédiat, détruire l’économie française, en maintenant fermés des secteurs entiers dans l’unique but de parachever ses « réformes » qui attendent sagement qu’il ait fini de transformer la France en une grande prison à ciel ouvert – c’est possible, les Israéliens l’ont fait en Palestine -, pour pouvoir les faire passer sans risque de révolte.

Tous les dirigeants occidentaux ont tenté d’instrumentaliser le Covid à divers degrés, mais nulle part, sauf en Belgique, notre alter ego, les mesures restrictives et répressives n’ont pris une telle ampleur. Au contraire, quand les peuples ont commencé à s’opposer à l’escalade sécuritaire, le pouvoir a dû céder et presque partout la vie a repris son cours normal, comme en témoigne cette vidéo tout à fait rafraichissante de Slobadan Despot. Il nous offre une délicieuse promenade à travers Belgrade. Tout est ouvert, même les bars et les restaurants et les gens circulent sans masque. Les dirigeants serbes ont réussi à imposer un premier confinement grâce à l’effet de surprise, mais quand ils ont voulu en décréter un second, les Serbes ont dit non.

Mais en France, Macron a la situation est bien en main et il avance ses pions. La loi d’urgence sera reconduite jusqu’à la réélection de Macron. D’ores et déjà, Marine le Pen se prépare à jouer son rôle de repoussoir ; les véritables opposants, même les petits, qui ont le vent en poupe, comme Asselineau depuis le Brexit, sont calomniés et traînés devant les tribunaux ; la loi séparation détourne habilement la colère des Français, terrorisés et désespérés, sur les malheureux musulmans et l’apparition vraiment providentielle de Didier Lemaire sur les médias permet à toute la classe politique, des socialistes à l’extrême-droite, en passant par l’extrême centre et la droite, de faire assaut d’islamophobie sur les plateaux TV ; les médias se préparent à assurer la réélection de Macron ; Google et les médias sociaux polissent leurs instruments de censure sacralisés par les progressistes depuis qu’ils ont permis de rendre Trump « discret » comme ils disent pudiquement ; la police et l’armée sont prêtes à intervenir en cas de révolte. Franchement, on ne voit pas ce qui pourrait mal tourner pour Macron.

C’est triste à dire, mais Emmanuel est à nouveau roi au pays des merveilles. Et gageons qu’il ne se contentera pas de faire couper quelques têtes comme la Reine rouge, non, quand il en aura fini avec nous, le sort des Grecs nous paraîtra enviable.

A moins que nous n’arrêtions de regarder passer les balles et que nous ne sortions tous dans la rue, comme les Tunisiens (mais il est vrai qu’en Tunisie on ne tire pas sur les manifestants), pour réclamer notre part de pouvoir et de richesses, avec, pour commencer – allez, soyons fous! – un Premier niveau de salaire inconditionnel (PNSI) équivalent au SMIC pour tous à partir de 18 ans. Un salaire inconditionnel qui serait pris en charge par la Sécurité sociale, comme les retraites, l’assurance chômage, les soins de santé, et les allocations familiales qui, en nous libérant de la peur du lendemain, ont été, après la guerre, le fondement de notre émancipation et de notre bonheur.

Dominique Muselet


Cet article a été publié initialement sur le site Salaire à Vie


Articles Par :Dominique Muselet

A propos :

Dominique Muselet a passé la première partie de sa vie dans le Nord de la France. Après des études universitaires, elle a enseigné quelques années en Collège, avant de passer dans le monde de l’entreprise, à différents postes de direction. Elle a vécu dans plusieurs pays étrangers : Cameroun, Canada, Inde, Palestine/Israël, Mexique. Ces séjours prolongés dans des pays pour beaucoup soumis à l’impérialisme occidental, l’ont aidée à mieux comprendre les rapports de force géopolitiques. La tragédie que vivent les Palestiniens et leur lutte pour la liberté l’ont particulièrement touchée. Depuis qu’elle est revenue s’installer en France à Paris, elle s’efforce de partager sa large expérience économique, politique, géopolitique et spirituelle à travers ses traductions et ses articles.


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