Energie nucléaire : 40 ans de coopération sino-française stratégique

Par Xu Tian et Tang Ji

PARIS (Xinhua) – En 1978, la Chine a annoncé qu’elle construirait des centrales nucléaires de grande puissance. Suite à cela, la Chine et la France ont bâti ensemble leur première centrale nucléaire commerciale à Daya Bay, dans la province du Guangdong (sud de la Chine), entamant une longue histoire de coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire.

La coopération sino-française dans l’énergie nucléaire s’est déroulée en trois étapes importantes : « la partie française est le pilier, la partie chinoise le complément », « la partie chinoise est le pilier et la partie française apporte son soutien », et finalement « la conception commune et la construction commune » entre les deux pays.

De Daya Bay et Taishan (Guangdong) en Chine au projet Hinkley Point C au Royaume-Uni, l’énergie nucléaire est devenue un domaine stratégique dans lequel la Chine et la France n’ont cessé d’approfondir leur coopération.

DAYA BAY, UN POINT DE DEPART

En 1978, après sa rencontre avec le ministre français du Commerce extérieur de l’époque Jean-François Deniau, l’ancien dirigeant chinois Deng Xiaoping a annoncé l’introduction de deux centrales nucléaires de technologie française en Chine.

Dans les années 1980, le groupe China General Nuclear Power Corporation (CGN) a assimilé la technologie des réacteurs ainsi que le modèle de gestion étrangers. Il a acheté les équipements principaux à des fournisseurs français et britanniques, bâti la centrale nucléaire de Daya Bay avec une équipe internationale et est ainsi devenu le premier opérateur nucléaire de l’histoire de la Chine.

La construction de Daya Bay a nécessité un total de 4 milliards de dollars d’investissements, ce qui en a fait la plus grande coentreprise de la Chine à l’aube de sa réforme économique. C’était un projet phare, un « point de départ ».

Dans les années 1990, se basant sur l’expérience de la centrale nucléaire de Daya Bay, le groupe CGN a poursuivi sa coopération avec la France avec la construction du réacteur Ling Ao-1, un projet où le taux de production d’équipements chinois s’est élevé à 30% contre 1% seulement à Daya Bay.

TAISHAN, LE PREMIER REACTEUR EPR EN SERVICE AU MONDE

Au début du 21e siècle, le groupe CGN s’est associé de nouveau avec Electricité de France (EDF) pour construire main dans la main les réacteurs nucléaires de 3e génération : les EPR (réacteur pressurisé européen, ou European Pressurized Reactor) de technologie française.

Citons notamment la centrale nucléaire de Taishan 1 qui compte deux réacteurs à eau pressurisée EPR de 3e génération d’une capacité installée de 1,75 GW chacun et qui constitue le parc nucléaire à la plus grande puissance par unité de production au monde.

Le projet Taishan 1 est également la plus grande coentreprise sino-française. Sa construction et son exploitation sont assurées par une coentreprise qui bénéficie des investissements provenant des groupes CGN, EDF et Guangdong Yudean.

Sur le site nucléaire de Taishan, la technologie de réacteur de 3e génération adoptée est celle développée par EDF et Framatome, cette dernière étant récemment devenue une filiale d’EDF. Ce modèle de réacteur est le fruit de prouesses industrielles et d’un retour d’expérience cumulée sur 357 réacteurs à eau pressurisée à travers le monde, dont certains sont en exploitation depuis 40 ans, le tout correspondant à des milliers d’années d’exploitation. Cette maturité technologique permet ainsi à ce modèle de répondre à la fois aux standards de sécurité vis-à-vis des consommateurs, aux normes imposées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et aux exigences de sûreté dictées par la loi chinoise sur l’énergie atomique.

Selon He Yu, président du groupe CGN, le réacteur n° 1 de Taishan a bénéficié de toute l’expérience acquise en matière de construction et d’exploitation de CGN cumulée en l’espace de 30 ans entre la Chine et la France.

Le choix de la technologie EPR pour la construction de Taishan a marqué une étape historique dans la coopération sino-française dans le domaine de l’énergie. En 2018, le président chinois Xi Jinping et son homologue français Emmanuel Macron ont assisté à Beijing à l’inauguration du réacteur n° 1 de la centrale nucléaire de Taishan, qui est alors officiellement devenu le « premier réacteur EPR en service dans le monde ».

HINKLEY POINT C, UN PROJET PHARE HISTORIQUE

Ces dernières années, les groupes CGN et EDF ont approfondi leur coopération en signant en 2015, en présence du président chinois et du Premier ministre britannique de l’époque David Cameron, un accord sur la construction d’une centrale nucléaire à Hinkley Point C. Située dans le sud-ouest de l’Angleterre, la centrale devrait commencer à fonctionner en 2025 avec une capacité totale de 3,3 GW et deviendra ainsi la centrale avec le plus grand rendement au Royaume-Uni.

Dans le cadre de cet accord, de nouveaux projets sont en cours. Par exemple, le projet Hinkley Point C et celui de Sizewell C (qui n’a pas encore débuté) utilisent l’EPR de 3e génération de technologie française. Avec un actionnariat d’EDF et de CGN, ainsi que la participation à la construction de CGN, le projet Bradwell B utilisera quant à lui le réacteur de 3e génération de technologie chinoise, le Hualong 1.

He Yu a indiqué qu’au cours des 40 années d’ouverture de son économie, la Chine a progressivement intensifié et approfondi ses échanges avec la France dans le domaine de l’énergie nucléaire. Aujourd’hui, l’énergie nucléaire chinoise joue un rôle de plus en plus important sur le marché mondial, offrant ainsi de nouvelles opportunités et de nouvelles plate-formes pour la coopération entre la Chine et la France qui devraient permettre de développer conjointement les marchés tiers pour les entreprises des deux pays. 

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