mardi, 16 avril 2024

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Les forces d’Haftar en « état d’alerte » pour les premiers incidents à Syrte

    La Turquie a déjà préparé « un plan diplomatique et militaire » pour répondre au cas où l’Égypte déploierait ses troupes dans le pays
Miembros del LNA en ruta hacia Sirte, en Bengasi
Les membres de la LNA en route pour Syrte à Benghazi.  PHOTO/AFP

 

Le porte-parole de l’Armée de libération nationale (LNA, par son acronyme en anglais), Ahmed al-Mismari, a déclaré cette semaine que les unités militaires sont entrées en « état d’alerte maximale » compte tenu des derniers développements dans l’enclave géostratégique de Syrte, située sur la côte nord du pays. Comme il l’a expliqué, le commandement général a « restructuré sa salle des opérations et les lignes de front », et les troupes qui y sont déployées ont reçu « des armes modernes, des radars et des défenses aériennes – modèle S-300 – pour contrecarrer toute tentative de prise de la ville ». Le chef du cabinet des opérations navales du LNA, le général Faraj Al-Mahdawi, a également déclaré que l’armée Haftar a maintenant « la capacité de détruire tout navire jusqu’à 100 kilomètres de la côte libyenne », selon Al-Arabiya, en référence implicite aux navires de guerre turcs, qui sont devenus la cible principale du LNA. Tous ces mouvements ont eu lieu dans l’intention de « libérer le pays des milices, des terroristes et de l’ingérence étrangère », a souligné Al-Mismari.

Il convient de rappeler à ce stade que la guerre civile libyenne s’est déplacée le mois dernier vers Syrte, en premier lieu, et Al-Jufra, au centre du territoire où se trouve la plus grande base aérienne libyenne, en second lieu. Les deux enclaves sont sous le contrôle du LNA, mais la faction rivale, le gouvernement d’unité nationale (GNA, par son acronyme en anglais), dirigé par le Premier ministre Fayez Sarraj, a annoncé son intention de les conquérir. Pour ce faire, elle bénéficie du soutien de son précieux allié, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, qui a envoyé des armes et du matériel militaire ainsi que des dizaines de milliers de mercenaires syriens, yéménites, tunisiens, soudanais et marocains en Libye au cours de l’année dernière pour gonfler les rangs du GNA. De même, elle a déployé des membres de son armée dans la nation nord-africaine, principalement des officiers et des ingénieurs pour préparer l’offensive contre Syrte et Al-Jufra. Face à la détermination turque, l’un des principaux bastions du maréchal Haftar, l’Egypte d’Abdel Fattah al-Sisi a menacé d’intervenir militairement en Libye pour défendre les enclaves, ce qui a déjà été autorisé à la fois par le Parlement libyen à Tobrouk – la filiale du LNA – et par le Parlement égyptien lui-même. Le ton élevé de la rhétorique égyptienne, ainsi que la conduite d’exercices militaires massifs à la frontière avec la Libye avaient réussi à ouvrir une période de temps mort, dans laquelle ni Ankara ni le Caire n’avaient osé faire le premier pas.

Mais les premières escarmouches entre les deux parties ont commencé. Jeudi, le LNA a annoncé qu’elle avait abattu un drone turc qui effectuait une mission de reconnaissance au-dessus de Syrte. Cependant, l’analyste d’Al-Marsad Mohamed Mansour pense que cela a été planifié par la Turquie, ce qui serait « essayer de mesurer les défenses aériennes du LNA ». Quelques heures auparavant, l’armée de Haftar effectuait des manœuvres navales militaires au large de la ville, a révélé Mansour, impliquant entre autres des patrouilleurs et des canots pneumatiques à coque rigide.

La Turquie a également déployé au moins deux frégates sur la côte libyenne, plus précisément au large de Misrata, à environ 250 kilomètres de Syrte, où Ankara a installé son centre d’opérations pour l’offensive contre cette enclave.

De plus, la nation eurasienne a de nouveau insisté sur le fait que si le LNA ne se retire pas de ses positions, « l’option militaire devra être utilisée ». Il convient de rappeler qu’au début de cette semaine, la Turquie et la Russie ont convenu « de continuer à faire pression pour un cessez-le-feu en Libye » et la création d’un groupe de travail visant à établir une cessation des hostilités, mais avec une condition immuable imposée par Ankara : que les forces de Haftar quittent Syrte et Al-Jufra, et retournent sur leurs lignes de front d’ici 2015, limitées à l’est du territoire, ce que ni le maréchal ni ses alliés, comme l’Égypte, ne semblent prêts à accepter. 

Face à ce scénario, dans lequel aucune des deux parties ne renoncera à ses positions, la Turquie a déjà préparé « un plan militaire et diplomatique », selon des sources anonymes du quotidien Zaman. De même, Ankara « est prête à répondre à toute attaque contre ses forces présentes en Libye, quel que soit le parti qui a mené l’attaque », rapporte le journal. Les sources ont également fait référence à l’éventuel déploiement de troupes par l’Egypte pour renforcer les défenses du LNA à Syrte, une opération qui a été approuvée à la fois par le parlement du pays et par son homologue à Tobrouk, qui est proche de Haftar. « Si l’Egypte envoie des forces militaires en Libye, la Turquie a un plan pour augmenter ses forces et son équipement militaire en Libye pour faire face aux forces égyptiennes », ont-ils déclaré.


 

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