France / Lettre ouverte à François Asselineau, en date du 5 juillet 2022

       par Thierry SALADIN

François Asselineau (FA) est l’un des rares hommes d’État que compte actuellement la France.
Encore méconnu de beaucoup trop de Français — du fait d’une véritable conjuration à son encontre puisqu’il soutient une thèse, déclarée taboue par le pouvoir établi — il fut d’ailleurs, et pour cela, éliminé dans la course aux parrainages par le sieur Bayrou, l’autoproclamé « banquier des parrainages ». En effet, sa présence durant la phase finale de la campagne présidentielle aurait quelque peu contrarié le ronron officiel souhaité en haut lieu. Et de fait, cette campagne restera dans les annales comme ayant porté absolument sur tout, sauf sur les sujets importants : autrement dit tout ce qui attend la France et les Français pour les cinq années qui viennent. Et aussi pour les suivantes.

Il s’agit de la thèse selon laquelle notre pays doit absolument sortir de l’Union Européenne (UE) au risque de disparaître purement et simplement.

En effet, pour qui a pris la peine d’étudier l’histoire contemporaine, telle est la finalité de ce projet né aux EUA à la fin des années quarante : la disparition des États nations, et ce au profit d’euro-régions.
Mais FA n’est pas le seul à défendre cette thèse. Citons Fadi Kassem et Georges Gastaud (PRCF), Michèle Dessenne et Jacques Nikonoff (Pardem), Jacques Cheminade et Karel Vereycken (Solidarité et Progrès), Charles-Henri Gallois (Génération Frexit), Florian Philippot (Les Patriotes), et aussi les dirigeants du POID. Et même Georges Kuzmanovic — l’ancien porte-parole de Mélenchon en 2017 et fondateur en 2019 de République Souveraine — n’est pas très loin de cette position.

Tous les autres sans exception inondent les plateaux télé, du fait qu’ils sont pour « une autre Europe » ou bien pour la changer. Feignant de croire que l’UE serait réformable, ou bien ayant compris que sorti de ce discours, on est interdit de séjour sur les ondes.

C’est ainsi que le 5 juillet 2022, j’adressais la lettre suivante à François Asselineau, et notamment l’informais que cette lettre serait ouverte.
La voici donc, au seul bénéfice des lecteurs d’AgoraVox.

Asselineau et ses collaborateurs {JPEG}

Le 5 juillet 2022,

Bonjour Monsieur Asselineau,

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance qu’en tant que défenseur de la langue française depuis de longues années, je ne vous ai découvert qu’en mai 2013 : à l’occasion précisément de la pétition que l’Union Populaire Républicaine (UPR) venait de lancer, sur Internet, contre la loi Fioraso.

Au cours de l’été à venir, s’ensuivit pour moi une étude approfondie de tout ce qu’il y avait sur le site de l’UPR. C’est ainsi que je regardais toutes vos conférences, lisais tous vos articles et autres documents. Et le résultat fut le suivant : vous m’ouvrîtes les yeux, donc me convainquîtes que les graves difficultés que rencontraient tant notre pays que le peuple français étaient bel et bien en lien direct avec notre appartenance à l’Union Européenne (UE) et à notre soumission à l’euro.

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Pour finir, j’eus aussi l’occasion d’assister à la conférence que vous fîtes l’année suivante à Chauvigny, en septembre 2014. De tout cela il découla que depuis les régionales de 2014 j’ai cessé de voter pour Mélenchon au profit de l’UPR. Et sans retour.

Or, je vous avoue que très vite je me suis interrogé sur la stratégie politique que suivait l’UPR, une stratégie qui jusqu’à présent — hélas, trois fois hélas ! — a abouti à votre exclusion de la course aux parrainages en 2022 et ce d’une manière scandaleuse. Non pas que vous en fussiez directement responsable — bien au contraire vous fûtes victime d’une opération malhonnête dirigée contre vous — néanmoins quand bien même vous eussiez obtenu les 500 parrainages nécessaires, qu’eussiez vous pu espérer obtenir le 10 avril au soir, sinon 1 à 2%, voire 3% au grand maximum ?

Or, vous n’ignorez pas que tant qu’on ne dépasse pas les 5%, et largement, on ne compte pas pour le second tour. Autrement dit nous eussions été bien avancés ! Déjà vous personnellement, mais aussi l’ensemble des Français qui vous soutiennent. Et ce n’est pas vous manquer de respect que de citer de tels chiffres, lesquels sont raisonnables compte tenu de la constante mise au placard dont vous êtes victime et ce de la part du pouvoir établi. Ce dernier étant parvenu à ses fins, il va évidemment continuer : au nom du principe bien connu qu’on ne change pas une méthode qui marche.

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Envisageons maintenant l’avenir : dans votre vidéo du 16 mai 2022, vous nous faites part de votre intention d’adresser une lettre aux autres formations politiques qui sont, tout comme l’UPR, favorables à la triple sortie. Et ce en vue des élections européennes de 2024.

Permettez-moi de les citer ici : le PRCF, le Pardem, S&P, le POID, Génération Frexit, Les Patriotes et, dans une moindre mesure, peut-être aussi République souveraine, récemment créée par Georges Kuzmanovic.

Je pense que votre idée est excellente, mais il faudrait qu’auparavant vous eussiez invité ces formations politiques, toutes sans exception, à une table de négociation, en vue non pas de viser stricto sensu les européennes de 2024 mais de préparer ce qui prime absolument : la signature de ce que je vais appeler ainsi « un programme commun de gouvernement de la France, ou plus précisément un programme de libération nationale. » En somme, parvenir, tout comme nos anciens le firent en leur temps, à la création d’un nouveau Conseil national de la Résistance : un CNR bis, et disons-le sans aucune retenue un CNR du XXIe siècle.

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C‘est peut-être ce que vous aviez l’intention de faire, en tout cas cela me semble le passage obligé. Les européennes en elles-mêmes étant selon moi un objectif secondaire.

Je crois que vous devriez faire cela sans attendre, c’est-à-dire dès la rentrée de septembre 2022. Autrement dit écrire une lettre, comme vous souhaitiez le faire, à chacune des formations citées, lesquelles je le répète sont favorables à la triple sortie (UE, Euro, OTAN) — et exclusivement à celles-là.

Inutile en effet de perdre du temps avec les adeptes d’une autre Europe ou avec ceux qui prétendent vouloir la changer. Vous connaissez la ritournelle qu’ils nous serinent depuis des décennies…

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Je pense sincèrement, et depuis plusieurs années que c’est la seule voie pour arriver à contourner cette mise au placard que les médias vous imposent : à vous, comme aux autres que j’ai cités.

En effet, la rédaction d’un tel accord avec toutes les formations que je viens de citer, non seulement sera un événement de portée nationale, mais il permettra avec l’ensemble de ces forces de progrès de constituer grâce à leur signature — n’ayons pas peur des mots ! — un quatrième bloc politique en France.

Ce qui sous-entend qu’à l’UPR on soit prêt à faire des concessions, bien entendu. Par exemple, peut-être que vous devrez agir ainsi s’agissant de l’article 50 auquel vous semblez très attaché.

En effet, vous n‘êtes pas sans savoir que d’autres formations politiques estiment que la légitimité des 54,5% du NON au référendum du 29 mai 2005 est bien suffisante pour quitter l’UE et l’euro. N’oublions pas non plus que les négociations du Brexit durèrent trois bonnes années, sans compter le fait que nous sommes dans la zone euro — ce qui n’était pas le cas de la Grande-Bretagne qui avait conservé sa monnaie nationale, la Livre Sterling…

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Donc des concessions : mais bien entendu de la part de chacune des parties. Il n’ y a en effet aucune raison justifiant que seule l’UPR devrait être dans ce cas.

Je viens de parler d’un événement de portée nationale. Pour peu que toute cette affaire ait été envisagée dès son origine comme une œuvre organisée de manière commune, ce qui sous-tend une concertation entre les parties, eh bien il pourrait l’être, grâce à son inévitable médiatisation consécutive à sa signature finale (déjà par Internet et les réseaux sociaux, et aussi par nombre d’intellectuels qui salueront cette initiative).

Je pourrais développer, mais je vais m’en tenir pour l’instant à un seul point.

Une fois cette étape franchie, la frontière politique sera désormais claire en France. Oserais-je dire : « enfin ! » D’un côté il y aura la gôche (LFI, PCF, EELV et PS) qui aura rejoint la droite et le RN, pour former le camp des européistes, et de l’autre des forces de progrès (UPR, S&P, GF, etc.) toutes unies à la vraie gauche (Pardem, PRCF, etc.), dans ce CNR bis afin de parvenir à une libération nationale. Lesquelles formeront ensemble un bloc politique à part entière : le quatrième bloc politique en France.

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Et ce bloc devra aller ensemble — donc tous unis sous une seule et même bannière — aux européennes de 2024. Et je vous fiche mon billet qu’il dépassera largement les 5%. Donc il aura au moins un élu au Parlement européen. Ce qui sous-entend plein d’avantages, et notamment des financements publics… Je m’arrête là : comme précisé plus haut.

Or, dans la même vidéo vous précisez que vous rendriez publics les noms des formations invitées qui refuseraient de venir, et là je vous rejoins absolument. Qu’elles soient même stigmatisées : en effet, honte à leurs dirigeants s’ils osaient adopter une politique de la chaise vide pour je ne sais quelle raison ! Surtout — et j’insiste sur ce point — si votre lettre d’invitation met bien en évidence votre détermination pleine et entière pour tout faire afin de parvenir à un accord, et ce dans un cadre organisé en commun — je le répète là aussi — et non par l’UPR toute seule. L’UPR devant apparaître dans cette affaire comme l’initiatrice et rien de plus.

 Pourquoi revient-il à vous, François Asselineau, et à vous seul, de tendre la main aux dites formations politiques ?

D’abord parce que vous êtes à la tête de la formation la plus importante, numériquement parlant.

Ensuite, parce que, tout comme Jacques Cheminade, vous avez été candidat jusqu’à la phase finale de la présidentielle de 2017. Et les Français s’en souviennent. Ce qui ne fut pas le cas, cette année-là, pour Jacques Nikonoff, héros malheureux dans cette fichue course aux 500 parrainages.

Enfin, en agissant ainsi : en surmontant les éventuelles susceptibilités toujours possibles et notamment en tenant compte de ce que vous écrivait Jacques Nikonoff, déjà nommé, dans sa lettre du 26 janvier 2020, vous emprunterez les pas d’un grand homme, et même d’un véritable homme d’État appartenant désormais à l’Histoire puisqu’il ne s’agit — excusez du peu — rien de moins que de Jean Moulin. Votre mission est quasiment la même. Je crois qu’elle vous revient, oserais-je dire qu’elle vous revient de droit, pour les motifs que je viens de rappeler ?

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Je vous crois capable de le faire. C’est possible. C’est souhaitable. C’est même indispensable pour la France.

Il va de soi que si les instances supérieures de l’UPR — je ne pense pas du tout aux militants, qui eux approuveront cette démarche, j’en suis certain — vous convainquaient de ne pas aller dans cette voie, ou d’en différer sa mise en œuvre, autrement dit si vous étiez mis en minorité au sein de l’appareil UPR, eh bien tous ces gens-là seraient alors comptables des suites qu’inévitablement la France et les Français subiront.

Il est temps de conclure.

Croyez bien, Monsieur Asselineau, en mon plus profond respect à votre endroit et au grand espoir que je mets en quelqu’un comme vous. Et ce au nom de la France.

 

Vive la République ! Vive la France !

 

Thierry Saladin

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