Gaz : L’équation de sayyed Nasrallah réduit la marge de manœuvre d’«Israël»

       

 

Par Samer Zoughaib

La nouvelle équation imposée par le chef du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, menaçant «Israël» d’une guerre s’il exploitait le champ de Karish tout en privant le Liban de ses droits, a considérablement réduit la marge de manœuvre de l’entité sioniste. 

En dépit des incohérences des dirigeants libanais au sujet des négociations indirectes avec «Israël» sur le tracé de la frontière maritime, des dissensions internes et des surenchères stériles autour de la même question et du soutien occidental sans limites à l’entité sioniste, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a imposé son tempo.

Le leader de la Résistance a saisi le timing adéquat pour formuler une nouvelle équation dans le but de permettre au Liban d’obtenir ses droits dans l’exploitation de ses ressources en hydrocarbures, otages depuis des années des ambitions «israéliennes» et du chantage des Etats-Unis avec la complicité de pays occidentaux soi-disant «amis» du Liban.

Sayyed Nasrallah a décidé de miser sur l’atout de la dissuasion en menaçant explicitement «Israël» d’une guerre s’il allait de l’avant dans ses plans d’extraction du gaz dès septembre du champ de Karish. L’équation formulée par le chef du Hezbollah est simple : L’entité sioniste ne pourra pas exploiter ses champs gaziers si le Liban n’est pas autorisé à en faire de même.

L’option de la force un atout pour les négociateurs libanais

Cette équation n’est pas nouvelle mais c’est la première fois que sayyed Nasrallah met explicitement sur la table l’option de la force pour empêcher «Israël» d’atteindre ses objectifs.

Ces menaces ne sont pas que des mots. Elles ont été précédées d’actions, comme le survol de la plateforme de Karish par trois drones de reconnaissance de la Résistance, et suivies de deux messages forts : le premier est la diffusion d’une vidéo montrant des rampes de lancement de missiles terre-mer et des images en infrarouge des infrastructures gazières et des navires de production et d’extraction déployés autour des sites. Le deuxième est une marche de combattants de la Résistance, en tenues kakis mais sans armes, le long de la frontière, à quelques mètres de véhicules militaires ennemis.

Tout en mettant en avant l’atout de la force et de la dissuasion représenté par la Résistance, sayyed Nasrallah s’est gardé d’entrer dans les détails du tracé de la frontière maritime ou des négociations indirectes avec l’ennemi, rappelant que ces questions sont du ressort et de la responsabilité des dirigeants du pays. Il a cependant invité ces derniers à tirer pleinement profit de la nouvelle équation, qui prend en compte le contexte régional et international.

Les Etats-Unis et les pays européens, engagés dans une vaste confrontation avec la Russie, tentent en effet de trouver un substitut au gaz russe, que Moscou a réussi à transformer en arme d’une grande efficacité. Les ressources gazières de la Méditerranée orientale sont une carte majeure dans la stratégie occidentale, et la stabilité dans la région est une condition nécessaire pour déployer cette stratégie.

Un timing régional et international idéal

Sayyed Nasrallah a donc choisi un timing idéal pour imposer son rythme. Et son pari a prouvé qu’il est gagnant jusqu’à présent.

Les médias et les experts «israéliens» ont montré des signes de malaises, soulignant la nécessité de prendre au sérieux les menaces du leader de la Résistance, qui a prouvé par le passé une totale adéquation entre les paroles et les actes.

Sayyed Nasrallah a clairement dit que si le Liban était privé de ses droits alors qu’«Israël» exploitait ses ressources, la Résistance prendrait pour cible toute l’infrastructure gazière de l’entité sioniste, réduisant à néant des années d’efforts dans la prospection, le forage, la production et l’extraction, et détruisant les ambitions de l’ennemi de faire son entrée dans le club des producteurs et des pourvoyeurs d’hydrocarbures.

Le médiateur américain Amos Hochstein, qui n’était plus venu dans la région depuis octobre 2021, laissant à «Israël» le temps d’achever ses préparatifs pour l’extraction du gaz et imposer, de la sorte, un fait accompli, s’est dépêché de reprendre sa médiation.

Même si les pourparlers entre ce diplomate américain possédant la nationalité «israélienne» et les dirigeants libanais sont entourés d’un grand secret, on sait que le Liban a réussi à arracher quelques concessions. «Israël» a ainsi abandonné ses exigences d’une compensation financière en contrepartie de l’obtention de la totalité du champ gazier prometteur de Qana. Il a aussi laissé tomber ses demandes de projets communs d’extraction et de transports du gaz avec le Liban, un premier pas vers une normalisation de facto entre les deux pays.

L’arme du temps ne joue pas en faveur d’«Israël»

Cependant, il semble que l’entité sioniste ait posé de nouvelles conditions, portant essentiellement sur l’obtention de concessions territoriales maritimes dans le bloc libanais numéro 8.

La stratégie israélo-américaine semble être de gagner du temps en entraînant le Liban dans un nouveau cycle de négociations stériles en faisant miroiter des concessions et des solutions médianes compensées par de nouvelles exigences, en essayant de créer dans le même temps un fait accompli pour l’extraction du gaz.

Sayyed Nasrallah a toutefois été très clair dans un de ses dernier discours, dont une phrase a été reprise dans la vidéo adressée à l’ennemi : «La perte de temps n’est pas utile».

«Israël» doit faire son choix dans les deux semaines à venir : soit il cède aux demandes légitimes du Liban d’exploiter ses ressources gazières, soit il prend la voie d’une guerre qu’il appréhende plus que tout et dont les pays occidentaux ne veulent pas à ce stade.

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