Algérie / MASTER CLASS ANIMÉ PAR THIERRY MICHEL : LE DOCUMENTAIRE D’INVESTIGATION EN QUESTION

 Le réalisateur belge Thierry Michel

La salle Frantz Fanon de Riafh El Feth de la capitale a été le cadre d’un master class animé par le réalisateur belge Thierry Michel. Dans une salle comble où la présence des étudiants se fait remarquer, Thierry Michel indiquera d’emblée que si un projet de documentaire n’a pas de message à transmettre, il vaut mieux s’abstenir de le réaliser tout en ajoutant que tout projet dans ce sens nécessite une préparation et une connaissance du public auquel le documentaire est destiné. Il est évident, notera-il, que le documentaire d’investigation passe par un exposé des motifs, le développement du sujet ou de la question posée et doit se terminer avec une synthèse ; comprendre qu’il y a des règles à respecter et que le réalisateur doit avoir la qualité de dramaturge. L’émotion est une notion qu’il faut privilégier dans le documentaire d’investigation et celle-ci se dégage par la mise en place d’une dramaturgie. Il y a aussi l’élément de beauté qu’il faut intégrer dans la réalisation d’un film comme je l’ai fait pour L’homme qui réparait les femmes en filmant le luxuriant paysage.
Thierry Michel entamera ensuite son cours avec la projection du documentaire L’homme de sable, film qui retrace son parcours de cinéaste et qui a été réalisé par un de ses anciens élèves. «C’est un regard extérieur, un portrait. Sur ce point, je n’ai aucune implication, je redeviens spectateur et le laisse toute la latitude au réalisateur d’accomplir son travail», souligne-t-il.
À la fin de la projection Thierry Michel souligne à propos de son documentaire
«L’homme qui réparait les femmes », film primé au Festival international d’Alger et dans plusieurs autres festivals avant de se faire attribuer le Nobel de la paix 2018, au gynécologue militant des droits de l’homme congolais qui a crée un cadre juridique aux femmes violées, qu’«il ne fait pas partie de l’histoire et qu’il ne fait que passer», à propos de ses films.
«La réalisation du documentaire L’homme qui réparait les femmes a été une expérience éprouvante», dira Thierry Michel avec les menaces d’assassinat qui pesaient sur nous et sur le docteur Denis Mukwege.
Le film documentaire d’investigation «reste un acte militant, c’est un engagement», conclut Thierry Michel avant d’entamer une autre séance, celle des questions-réponses.
Il a été notamment question de l’autre dans la réalisation des sujets, comprendre que par exemple la dénonciation des femmes violées en Afrique devrait être une réoccupation des cinéastes africains. Thierry Michel s’insurge et affirme qu’il n’y a aucune exclusivité et que cette notion du regard «paternaliste ou de l’autre» doit être bannie pour le bienfait des luttes pour les droits de l’homme.
Abdelkrim Tazaroute  /  El Moudjahid  08.12.2018

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