Arménie : la révolution de velours a porté ses fruits

Pachinian, alors leader de l’opposition, lors d’un meeting à Erevan le 1er mai. Photo Gleb Garanich. Reuters

Huit mois après son arrivée au pouvoir, la liste menée par le Premier ministre Nikol Pachinian a largement remporté les élections législatives de dimanche.

  •   Arménie : la révolution de velours a porté ses fruits

Pari gagné pour Nikol Pachinian. Huit mois après une «révolution de velours» qui avait porté cet ancien journaliste de 43 ans à la tête du gouvernement, la transition politique est confirmée en Arménie. La liste «Mon Pas» de Pachinian a obtenu 70,45% des votes, devançant très largement ses concurrentes. Le parti Arménie prospère est arrivé en deuxième position avec 8,37% des suffrages. Quant au Parti républicain, l’ancien parti au pouvoir, qui a dominé le Parlement ces dix dernières années, il n’a obtenu que 4,7% des suffrages, échouant à dépasser le seuil de 5% nécessaire pour entrer à l’Assemblée. 

Au printemps dernier Nikol Pachinian a connu une ascension politique fulgurante, en quelques semaines seulement, de député coriace d’un petit parti d’opposition avec neuf sièges au Parlement en héros national, rassembleur de foules et incarnation de tous les espoirs de renouveau politique et économique. Pendant des semaines il a arpenté le pays, puis mené des manifestations aussi massives que pacifiques à Erevan, contre un gouvernement qui n’avait pas changé depuis plus de dix ans. 

À LIRE AUSSI  Révolution arménienne : à Gyumri, les premiers pas de velours

Après un premier tour de force, l’éviction du présumé indéboulonnable président Serge Sarkissian, Nikol Pachinian, qui galvanisait les foules à chacunes de ses apparitions et a fini par faire l’objet d’un véritable culte populaire, a dû affronter pendant huit mois un Parlement hostile, encore largement acquis au Parti républicain de l’ex-président. Pour ne pas attendre les législatives de 2022 et enclencher son programme de réformes, le nouveau Premier ministre s’était engagé à organiser des élections anticipées. Mi-octobre, Pachinian a réussi une manœuvre politique en annonçant sa démission, puis en se mettant d’accord avec les députés pour qu’ils échouent deux fois consécutivement à élire un nouveau chef de gouvernement : un prétexte pour la dissolution du Parlement et la convocation d’élections législatives anticipées.

Dimanche, les Arméniens ont participé avec enthousiasme à un scrutin qu’ils considèrent comme le premier véritablement démocratique et «post-soviétique». S’il jouit toujours d’une grande popularité, Nikol Pachinian et sa majorité doivent désormais mettre en œuvre les promesses des derniers mois, et surtout la «révolution économique», si attendue, dans un pays rongé par la corruption où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.  Veronika Dorman

Liberation / 10.12.2018

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *