COREE DU SUD

REPUBLIQUE DE COREE
19.12.2018

 Algérie / Leçon de Corée

L’Algérie a raté plusieurs virages politiques et commis des erreurs de stratégie économique, dans l’industrie, les finances et l’agriculture. C’est un fait aujourd’hui avéré. Mais, quand le passé rattrape le présent, il ne faut plus s’en inquiéter, mais faire son autocritique. Lundi à Alger, le représentant de l’une des cinq puissances industrielles mondiales, en particulier dans les TIC et les technologies innovantes, a en quelque sorte «tiré les oreilles» aux responsables algériens en rappelant qu’en 2006 l’Algérie «était le seul pays d’Afrique avec lequel la République de Corée avait signé un accord de partenariat stratégique». Un rappel, au vu du contexte économique actuel inquiétant pour les trois prochaines années avec une érosion accélérée des réserves de change, un prix du baril à oublier et un pays incapable de produire ce qu’il consomme, qui fait mal à entendre. 

Les regrets sont forts et rappellent les erreurs qui font mal. Car le Premier ministre sud-coréen a mis le doigt là où cela fait mal : «les deux pays n’ont pas échangé suffisamment pour être à la hauteur de leur partenariat stratégique». Et, surtout, ce que les deux pays auraient pu réaliser depuis 2006. Or, cette phrase lancée avec malice et beaucoup de reproches par le Premier ministre sud-coréen à son homologue algérien Ahmed Ouyahia renferme la conviction qu’il y a eu tant d’occasions ratées pour aider l’Algérie à se développer, réellement, sur le plan industriel et au premier plan les TIC. Et il ne manquera pas de lancer une autre invitation aux responsables algériens pour rattraper le temps perdu, les occasions ratées, en exposant toutes les opportunités de coopération et de partenariat qui s’offrent aux deux pays dans des domaines industriels de pointe, mais surtout dans l’industrie manufacturière. Et il s’en vante, car il rappellera à ses interlocuteurs algériens que la Corée du Sud est sortie du sous-développement et est devenue un géant industriel grâce à la petite industrie manufacturière, les entreprises familiales, de petites unités de production qui, rassemblées, constituent un important tissu industriel qui fait vivre des centaines de milliers de familles, qui produit ce que le pays consomme et exporte le surplus. 

C’est cet esprit simple d’entrepreneuriat à la limite familial, du compter sur soi appuyé sur des stratégies publiques à long terme et sans interférences malsaines du politique sur l’économique que le Premier ministre sud-coréen a vanté à Alger. Autrement, la Corée du Sud avait montré son intérêt pour l’Algérie, qui n’a pas su anticiper ce geste, à un moment économique important, juste avant la crise financière internationale des «subprimes», de la baisse des prix pétroliers de 2009, à un moment où politiquement il aurait fallu effectuer un virage économique courageux en libérant davantage le secteur manufacturier et ouvrir les portes aux IDE. La réaction de l’Algérie en 2009 avec une baisse de plus de 60% de ses recettes pétrolières (de 75 mds de dollars à moins de 40 mds de dollars) a été de mettre en place des verrous bancaires et financiers aux entreprises privées et, surtout, de fermer la porte aux investisseurs et entrepreneurs étrangers avec la fameuse règle 51/49% et le droit de préemption sur les entreprises. C’était alors le chant du cygne et les prémices de la crise économique qui s’annonçait pour le pays qui a raté tant de virages économiques depuis la crise financière de 1994. Jusqu’à quand ?   Mahdi BOUKHALFA

28.03.2017


Accords France – Corée : une coopération rapprochée dans les arts et la recherche

130 ans après l’établissement des relations diplomatiques entre Séoul et Paris, l’Année France-Corée a été une réussite. Après une première phase à travers la France en 2015, elle s’est déplacée en Corée, et ce jusqu’en décembre 2016. Cela n’empêche pas la collaboration de persister dans l’Hexagone, avec la venue de Park Geun-hye à Paris en juin 2016 dans le cadre du KCON, dont nous vous parlions il y a peu.
Le Président de l’Année France-Corée 2015 – 2016, Henri Loyrette, annonçait lors du lancement de l’année qu’elle « doit porter ses fruits bien au-delà de 2016, poser les bases et les principes de collaborations durables, susciter des accords structurants, encourager les échanges et les résidences, favoriser le tourisme en faisant connaître notre pays dans la diversité de ses territoires. »

En clair, cela signifie une coopération accrue dans de nombreux domaines, tels que les arts, l’innovation technologique, le sport et le tourisme, la diplomatie et l’environnement. Aujourd’hui, nous vous présentons le volet culturel.

Une culture partagée

Park Geun-hye et François Hollande ont présenté une Déclaration conjointe soulignant les grands axes de la collaboration entre les deux pays, en particulier dans les domaines des industries créatives et de l’enrichissement culturel. Par là, il faut entendre un développement de l’innovation et des arts en premier lieu.

Suite à un nombre de manifestations mettant en valeur chacun des pays chez son homologue depuis le début des années croisées, il va sans dire que la culture obtient la part du lion dans le cadre des accords France-Corée. Néanmoins, il est important de noter que certaines institutions, telles que le Centre National de la Cinématographie (CNC) et le Korean Film Council(KOFIC, en coréen 영화진횽위원회, yeonghwa jinhyong wiweonhwe) disposent d’accords préexistants. Ceux-ci permettent aux œuvres conjointes d’être considérées comme locales sur les deux marchés, et de bénéficier de financements et de promotion au même titre que les productions locales.

Si le domaine du cinéma dispose déjà d’accords avantageux, les arts de la scène ne sont pas en reste. Ainsi, la compagnie française Karnavires, combinant art plastique, musique et théâtre, a-t-elle passé un accord formelavec la compagnie Hwarang (ensemble de feu, 화랑) en Corée, afin de mettre en place un spectacle pyrotechnique qui sera présenté en Corée au mois d’octobre (1er à Séoul, 6 à Goyan) suite à une première présentation lors du festival Vivacité à Sotteville les Rouens le 25 juin.

Les nouveaux accords France-Corée ont aussi trait aux échanges culturels et universitaires, en commençant par l’enseignement du coréen et du français dans les deux pays et les échanges entre chercheurs dans de nombreux domaines liés aux deux pays. Les rapprochements universitaires ont déjà débuté, la Study in France expo ayant clôturé cette première phase de rapprochement à Séoul le 6 juin dernier.

La gastronomie, quoique moins ostentatoire, bénéficie aussi de son accord. En octobre dernier, l’école Ferrandi a signé un mémorandum d’entente (MOU) sur la collaboration bilatérale en matière d’échanges culinaires franco-coréens avec la fondation coréenne MIR, que nous avons couvert il y a quelques mois. La KCON a su mettre en avant la nouvelle cuisine coréenne, raffinée et basée sur des ingrédients naturels dans la péninsule, réaffirmant les principes de l’accord entre l’école réputée et la fondation cherchant à valoriser la cuisine du pays du matin calme.

Tous ces aspects démontrent une volonté de rapprocher les industries créatives des deux pays. Pourtant, le KCON s’est avant tout révélé une occasion hors pair pour le gouvernement coréen de remettre en valeur la hallyu, cette vague coréenne qui englobe gastronomie populaire, K-pop, k-dramas, k-beauty et mode traditionnelle. La créatrice Lee Young-hee a ainsi présenté un défilé de hanbok rehaussé de Réalité Virtuelle pour une ambiance décalée mêlant tradition et modernité de façon purement coréenne.

Choi Bo-geun, Directeur du Contenu lors de l’événement, résume sa porté en ces mots : « L’organisation réussie du KCON démontre à la fois la valeur de l’offre culturelle coréenne, mais aussi le potentiel de développement de divers domaines alliant tradition et modernité, mais aussi la signature de mémorandum d’entente entre la France et la Corée dans le domaine des start-ups, qui promet une collaboration active entre les deux pays. »

Dans un prochain article, nous reviendrons sur l’évolution des rapports économiques, notamment en termes d’innovation, entre la France et la Corée.

Crédits photos :
Image à la Une : Karnavires
François Hollande et Park Geun-hye : diplomatie.fr
Gastronomie : Diffusion par © CJ E&M

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