VIETNAM

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU VIETNAM

Importantes manifestations aux Vietnam : vers un « printemps Vietnamien » ?

Depuis dimanche, de nombreuses manifestations ont éclaté au Vietnam contre un projet de loi visant la création de trois Zones Economiques Spéciales -ZES- dans des territoires stratégiques du pays. Des ZES accusées de faire un peu plus le jeu de la République Populaire de Chine, dont l’expansionnisme au sein de la région est déjà largement contesté.

Avant cela, c’est un autre projet de loi concernant la réduction de la liberté d’expression qui avait poussé les Vietnamiens dans la rue.

Un vieux contentieux avec Pékin

Les contentieux entre la Chine et le Vietnam sont nombreux. S’il ne fallait en retenir qu’un, ce serait celui autour des revendications des eaux territoriales de la mer Orientale, riches en réserves halieutiques et pétrolières. Les neuf États revendiquant des Zones Économiques Exclusives -ZEE-, c’est à dire une ligne s’étendant en mer à partir des côtes de 370 kilomètres, voient leur ZEE « s’entrechoquer ». C’est d’autant plus problématique que la Chine, par la construction artificielle d’îlots, vient imposer des ZEE plus que contestables notamment au détriment du Vietnam.

Les deux États entretiennent des relations diplomatiques pour le moins tendues. Si pendant des siècles la Chine a tenté, et parfois réussi, à envahir le nord du Vietnam, le dernier affrontement sanglant remonte à 1979, en pleine « guerre froide ».

La réaction des Vietnamiens contre le projet de loi -finalement reporté à octobre- contre la création de trois nouvelles Zones Économiques Spéciales -ZES-, en plus des 18 déjà existantes, s’inscrit dans un processus historique.

Le gouvernement accusé de « brader » les terres

S’il avait voté la loi sur les ZES, le gouvernement aurait permis l’exploitation de celles-ci par un pays étranger pendant 99 ans. Les trois ZES sont le Bắc Vân Phong, un centre touristique et économique majeur, carrefour des routes commerciales maritimes de la mer Orientale, L’île de Phú Quốc, un site touristique ainsi qu’une réserve naturelle importante d’une superficie de 574 kilomètres carrés mais également un point de contrôle du Golfe de la Thaïlande, entre les océans Indien et Pacifique.

Mais c’est surtout la ZEZ de Vân Đồn qui fait débat. District insulaire, constitué de 600 îlots, il se trouve à la frontière chinoise. Si le Ministre en charge de la planification et de l’investissement Nguyen Chi Dung assure qu’il « n’y a pas de mot qui mentionne la Chine » le site « Fils Rouge Vietnam » écrit que « dans un contexte de forte méfiance envers la politique expansionniste du gouvernement chinois dans le sud-est asiatique, cette réforme est perçue par beaucoup comme une vente de ces terres aux intérêts du régime de Pékin. »

À l’origine, des manifestations contre une loi sur les données numériques

Néanmoins, pour Nguyen Phuong Linh, un spécialiste des conflits politiques, il faut voir dans les manifestations des Vietnamiens « une profonde frustration et un mécontentement contre le gouvernement, qui contrôle tout. Pas seulement une contestation contre la Chine.»

Le dernier projet de loi soutenu par le président du comité de la défense et de la sécurité, Vo Trong Viet, ne risque pas d’arranger une situation politique où la liberté d’expression du peuple Vietnamien est dans une large mesure restreinte. Face au nombre croissant d’utilisateurs d’internet -70% de la population- et de Facebook -57%- le gouvernement s’inquiète d’une vague de contestation qui pourrait mener à un « Vietnam spring » selon les mots du journaliste indépendant Pham Chi Dung.

Le projet de loi exige que les fournisseurs de service comme Facebook, Google ou Twitter, implantent leurs serveurs sur le territoire vietnamien, y stockent les données de leurs utilisateurs, et y retirent dans les 24 heures tout contenu jugé inapproprié. Parmi ces contenus inapproprié, un article stipule que « l’outrage à la nation, au drapeau, à l’hymne national, aux dirigeants, aux personnes remarquables et aux héros nationaux » relève du crime.

Pour Clare Algar, directrice des opérations global d’Amnesty International, « il n’y a maintenant plus d’endroit laissé libre où que les Vietnamiens puissent parler librement. »

Ces manifestations viennent rappeler que les tensions dans la région sont toujours présentes. Et compte tenu des enjeux économiques -ressources pétrolières, gazières, halieutiques, passage maritime- et provocations politiques, celles-ci ne risquent pas de retomber.

20.12.2018

Beaucoup à faire dans la guerre contre la pauvreté

HÀ NỘI – La pauvreté multidimensionnelle au Việt Nam a connu une baisse importante, passant de 15,9% en 2012 à 9,1% en 2016, avec environ six millions de personnes sortant de la pauvreté.

Cependant, les écarts entre les zones géographiques et les groupes de population constituent toujours un défi pour les citoyens et le gouvernement pour atteindre l’Objectif de développement durable (ODD) des Nations Unies visant à «éliminer la pauvreté dans tous ses aspects et partout».

La conclusion a été révélée mercredi dans un rapport intitulé « La pauvreté multidimensionnelle au Việt Nam: réduire la pauvreté dans toutes ses dimensions pour assurer une vie de qualité pour tous » par le ministère du Travail, des Invalides et des Affaires sociales (MOLISA) en collaboration avec l’Académie du Việt Nam sciences sociales (VASS), le Bureau des statistiques générales (GSO), l’Institut de recherche sur le développement du Mékong (IADM) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Reconnaissant que la qualité de vie ne se mesurait pas seulement au revenu, le gouvernement du Việt Nam a commencé à appliquer en 2015 un nouveau seuil de pauvreté qui prend en compte cinq services sociaux de base: soins de santé, éducation, logement, eau et assainissement et accès à l’information.

Ces besoins sont représentés par 10 indicateurs et un ménage privé de trois indicateurs ou plus est considéré comme pauvre.

Le rapport souligne les différences entre les mesures de la pauvreté par rapport aux régions géographiques. Par exemple, malgré les taux de pauvreté en revenus et en dépenses les plus élevés, la région des Midlands du Nord et les régions montagneuses affichaient un taux de pauvreté multidimensionnelle inférieur à celui des hauts plateaux et du delta du Mékong.

En tenant compte de trois mesures du revenu, des dépenses et de la pauvreté multidimensionnelle, seuls 2,7% de la population étaient pauvres.

Le renforcement de l’assurance maladie universelle et la popularité croissante des téléphones mobiles et d’Internet ont permis de lever les obstacles aux soins de santé et à l’accès à l’information.

Dans le même temps, les indicateurs relatifs aux latrines hygiéniques et à l’éducation des adultes doivent encore être améliorés.

Les groupes défavorisés ont fait un pas remarquable en matière de réduction de la pauvreté mais restent à la traîne, a noté le rapport.

Le plus grand défi pour les minorités ethniques de rattraper les groupes dominants Kinh et Hoa est la distance géographique et l’éloignement.

De plus, les ménages pauvres multidimensionnels comprenant des personnes handicapées ont toujours un accès limité à l’éducation et aux opportunités d’emploi.

Certaines recommandations ont également été formulées dans le rapport, notamment l’augmentation des revenus de tous les travailleurs en améliorant l’emploi productif, la qualité et la couverture des services sociaux et l’intensification des effets des programmes et des politiques de réduction de la pauvreté. 

Caitlin Wiesen, représentante résidente du PNUD au Việt Nam, a souligné l’importance du renforcement des capacités des minorités ethniques pour un meilleur accès au financement, à la création de sociétés et aux marchés pour réduire les écarts de pauvreté entre les régions géographiques et les groupes de population. 

«Le succès futur du Việt Nam dans la réduction de la pauvreté dépendra en grande partie de la capacité du pays à assurer une croissance inclusive qui générera plus d’emplois décents, ainsi qu’un soutien dédié à ceux qui sont les plus laissés pour compte», a-t-elle déclaré. –   /VNS/ 

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