LIBAN

REPUBLIQUE DU LIBAN

Le Président de la République s’exprime à l’occasion de la 75ème commémoration de l’Indépendance du Liban

Le président Michel Aoun s’est adressé à la nation mercredi soir à la veille du 75ème anniversaire de l’Indépendance du Liban et a appelé à la formation rapide du prochain gouvernement. Il a également rappelé les menaces pesant sur le Pays des Cèdres avec notamment les répercutions de la crise syrienne. 

Nous publions l’intégralité du discours du Président de la République, le Général Michel Aoun.

Mes chers Libanais, Mesdames et Messieurs, nous célébrons le 75ème anniversaire de L’indépendance de notre pays.         

Au cours de ces 75 années, le Liban a connu des moments difficiles, des guerres, des occupations et tutelles étrangères, et notre indépendance a subi des revers qui nous ont presque fait perdre notre Pays, Mais il a également connu des moments glorieux dont nous sommes fiers, à travers  les sacrifices consentis par notre peuple et notre armée pour sauvegarder la souveraineté, la liberté et l’indépendance du Liban.                                  Cela fait 75 ans que le Liban célèbre l’indépendance le 22 novembre de chaque année. Cependant, l’indépendance n’est pas une simple célébration et elle ne peut être ni réduite à une date ni réduite à une fête,bien que nous célébrions et dont nous nous réjouissions.                                               

Être un pays indépendant, c’est avoir une décision souveraine. Être un pays indépendant, c’est avoir la souveraineté sur ses territoires. Être un pays indépendant signifie probablement être capable de dire « oui» et «non» dans tout ce qui le concerne ou qui le concerne.

Je vous adresse donc mes remarques, chers Libanais, en disant: vous avez beaucoup payé pour obtenir une véritable indépendance et créer un pays doté d’une décision souveraine. Il nous incombe à tous de préserver cette indépendance, et la première des garanties consiste à maintenir notre unité nationale et notre volonté de coexistence dans le cadre de valeurs humaines et sociales plus fortes que toutes les lois, qui lient et unissent nous, sachant que chaque faute ici ouvre la voie à une faute différente. Rappelez-vous toujours que les ingérences externes nous fait perdre la liberté de décision, gaspillant ainsi l’essence de l’indépendance et mettant également en péril la souveraineté. N’oubliez pas non plus que l’indépendance et la souveraineté de la Nation doivent rester en dehors de l’équation loyauté et de l’opposition du champ de la lutte pour le pouvoir, car les différends ne doivent pas porter atteinte à la nation, mais rester dans la sphère politique. Ils sont acceptés tant que leur plafond reste en dessous de celui de la nation et de son intérêt supérieur.

L’appel que j’adresse aujourd’hui à tous les responsables, partis, mouvements et confessions, en cette occasion nationale qui enflamme notre cœur de fierté et de gloire, est de rejeter nos différences, de mettre de côté nos intérêts personnels pour faire preuve d’un sens des responsabilités envers ceux qui nous ont confié leurs responsabilités. Le destin, leurs moyens de subsistance, la dignité de leur existence et le bien-être de leurs familles;envers le peuple libanais qui en a marre des promesses et qui est presque désespéré par les intérêts personnels. Il est fatigué de l’indifférence des décideurs face à leurs préoccupations, au chômage, à leurs droits et à leurs rêves brisés. Il est de notre devoir de les rassurer sur leur avenir et de s’entendre au Parlement et au gouvernement, en s’efforçant jour et nuit de planifier, de travailler au sauvetage de notre pays sur les plans économique,social, environnemental et éthique … oui, éthiquement; parce que les mots empoisonnés lancés les uns contre les autres, tels que des flèches dans les médias et les médias sociaux, indiquent clairement la faille, celle de l’éthique qui a été atteinte, et le manque d’authenticité et d’humanité qui caractérisent depuis toujours notre peuple. Avec un tel déclin, il n’y a pas de résurrection pour la nation.

Chers Libanais, le Liban traverse aujourd’hui une crise dans la formation du gouvernement. Il est vrai que ce n’est pas unique, comme nous l’avons déjà expérimenté ces dernières années. Cela s’est également produit et se produit dans des États dotés d’un héritage démocratique et des civilisations de longue date. Cela nous fait perdre irréversiblement du temps et bloque notre capacité à produire et à suivre les intérêts et les affaires du pays et des citoyens, en particulier pour faire face à la situation économique. Au cours de la période écoulée, la priorité a été donnée à la garantie de la stabilité de la sécurité et à l’éloignement du Liban des crises environnantes.

Aujourd’hui, après avoir atteint cet objectif, il est indispensable de s’attaquer à la situation économique pressante ainsi qu’aux préoccupations des citoyens et à leurs moyens de subsistance. Il n’est plus possible de se contenter de traitements instantanés locaux et de reporter la réforme souhaitée à tous les niveaux, en particulier parce que le plan économique national est devenu urgent et attend l’adoption de ses projets et de ses décisions par le Cabinet et le Parlement. En effet, la force réelle des nations ne se mesure pas à leurs capacités militaires, mais à leur économie réelle, à son développement durable et à son adaptation à l’évolution et à la modernisation de son économie. L’indépendance ne peut être complète et la souveraineté nationale ne prend toute sa dimension que si son économie est transformée en une économie productive en activant le processus de productivité dans les divers secteurs et dans tout le pays. L’économie libanaise souffre de problèmes structurels et financiers qui se sont aggravés au cours des 28 dernières années et ont abouti au résultat auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, alors que la croissance réelle est restée faible et incapable de générer suffisamment d’emplois pour les jeunes, les travailleurs et les hommes d’affaires. La consommation privée et publique globale dépasse le PIB…et comme dit le proverbe: «Dommage que le pays porte un vêtement qu’il ne tisse pas, mange un pain qu’il ne récolte pas et boit un vin qui ne découle pas de son propre pressoir à vin. «  Le Liban est un petit pays mais qui dispose de grandes capacités. Investir correctement dans ces capacités et ces potentiels nécessite une approche sérieuse de l’économie nationale, une perspective moderne de la production dans les différents secteurs et un engagement total de la société et de l’État dans cette direction, permettant ainsi au Liban de bâtir une économie productive et performante aux aspirations de notre peuple et encourage nos jeunes à travailler dans leur pays pour obtenir une valeur ajoutée qui augmente la richesse nationale et assure une prospérité permanente et solide, consolidant ainsi les fondements de l’indépendance, promouvant la souveraineté et donnant la liberté – la liberté de la citoyen en plus de la liberté de la nation – sa véritable signification qui est étroitement liée à la dignité humaine, au bien-être.

Malgré toutes les difficultés actuelles, et bien que certains pensent que les horizons sont fermés et que l’avenir est sombre et sombre, je dis avec confiance et responsabilité : nous ne laisserons pas le pays souffrir plus longtemps. Nous ne serons pas indulgents dans la lutte contre la corruption. , et nous ne reculerons pas sur les promesses de réforme, de développement durable et de recherche d’emplois pour nos jeunes. Je travaillerai personnellement de tout mon pouvoir et de toutes les prérogatives qui me sont dévolues en tant que Président de la République, en collaboration avec le Président du Parlement et le Premier ministre, afin de faire progresser l’économie, de rationaliser les dépenses, de réduire le gaspillage et d’améliorer les services et les infrastructures, qui font partie des droits les plus fondamentaux des citoyens. Je suis déterminé à continuer à travailler personnellement et quotidiennement au suivi des dossiers de corruption – qu’ils soient petits ou grands – avec les acteurs concernés du système judiciaire, des agences de contrôle et des organes de sécurité et d’administration, afin que les citoyens aient le sentiment que quelque chose est en train de changer. Leur vie quotidienne et le fait que lutter contre la corruption et le corrompu n’est pas un simple slogan, mais plutôt une action continue et deviendra tangible.

Mes chers Libanais, nous sommes confrontés à un autre problème, imposé par la guerre de voisinage, qui pèse sur notre économie, notre société et notre sécurité, notamment la situation des réfugiés syriens qui vivent dans des camps de misère, dans des tentes qui ne les protègent pas de la chaleur ni du froid. L’un de leurs droits les plus fondamentaux est de retourner chez eux et sur leur terre, en particulier après la fin de la guerre et le danger dans la plupart des régions syriennes. Cependant, certains empêchent ce retour pour des motifs cachés, que ce soit en évoquant le retour volontaire en utilisant tous les moyens d’encouragement et d’intimidation pour inciter les réfugiés à choisir de rester où ils se trouvent, ou en essayant de lier le retour à la solution politique. Ces deux moyens causent un grave préjudice au Liban, qui s’efforce de résoudre ses problèmes accumulés et ne peut jamais supporter de charges supplémentaires.Bien que la guerre ait éclaté dans la région, nous avons reçu la plus grande part de ses répercussions depuis des années et elle a aujourd’hui dépassé nos capacités dans tous les domaines. Nous travaillons donc tous les jours pour encourager le retour des réfugiés syriens et pour faciliter ce retour et en assurer le respect.

Chers amis libanais, l’expérience nous a appris qu’il est plus facile de conquérir une indépendance, aussi difficile soit-elle onéreuse,que de la préserver, en particulier dans un monde régi par les intérêts et la force, un monde où l’éthique et la justice sont absentes, et nous en sommes conscients. L’expérience nous a également appris que l’indépendance peut se transformer en une simple commémoration et en une célébration folklorique,sans contenu ni essence. Accordons la priorité à la préservation de notre véritable indépendance, car c’est la pierre angulaire sur laquelle reposent la stabilité, la liberté, la sécurité, la paix et la prospérité du pays. Vive le Liban !


Aoun à la veille de l’Indépendance : Une « nation indépendante signifie une liberté de décision »

Le chef de l’Etat libanais a appelé à « asseoir l’entente au sein du gouvernement (….) pour sauver notre pays sur les plans économique, social, environnemental et moral », lors d’un discours télévisé.  

Le président libanais, Michel Aoun, a mis en garde mercredi, à la veille du 75e anniversaire de l’Indépendance du Liban, contre « l’ingérence étrangère (qui) nous prive de la liberté de prise de décision » et a appelé à « asseoir l’entente au sein du gouvernement (….) pour sauver notre pays sur les plans économique, social, environnemental et moral », tout en soulignant que « le Liban n’a plus le luxe de prendre son temps ».

Affirmant qu’une « nation indépendante signifie une liberté de décision », M. Aoun a appelé les Libanais, dans un discours télévisé retransmis à 20h sur toutes les chaînes locales, à « préserver en priorité l’unité nationale et la volonté de vivre ensemble ». « Tout manquement à la cohésion nationale ouvrirait la voie aux dangers, a-t-il mis en garde. L’ingérence étrangère nous prive de la liberté de prise de décision mettant notre souveraineté en péril et faisant perdre tout son sens à l’indépendance ».

Cérémonie au Ministère de la défense à Yarzé, 21 Nov. 2018 / Ph.: Dalati et Nohra

« L’indépendance et la souveraineté du pays doivent rester à l’écart du tandem partisans-opposants et à l’abri de toute lutte pour le pouvoir », a-t-il encore dit affirmant que son appel « s’adresse aujourd’hui à tous les responsables, à tous les partis et courants politiques ainsi qu’aux différentes communautés confessionnelles ». « Les querelles doivent porter sur la politique et non pas sur la nation. Elles restent acceptables tant qu’elles ne portent pas atteinte à la nation », a poursuivi le président.

Il a ainsi appelé les responsables « à rejeter tous les différends, à mettre de côté tous les intérêts personnels pour faire preuve de responsabilité à l’égard de ceux qui nous ont confié leur destin ». « Les Libanais n’en peuvent plus des promesses non tenues et des guerres d’intérêts, a-t-il lancé. Il est de notre devoir de les rassurer sur leur avenir, d’asseoir l’entente au sein du Parlement et du gouvernement, d’œuvrer et de planifier, de jour comme de nuit, pour sauver notre pays sur les plans économique, social, environnemental et moral ». » Oui, moral, parce que les mots empoisonnés lancés comme des flèches par le biais des médias et des réseaux sociaux reflètent clairement une décadence morale et le déclin des valeurs qui sont des caractéristiques intrinsèques aux Libanais », a souligné le chef de l’Etat.

Ces derniers mois, les convocations par les autorités de journalistes et d’activistes se sont multipliées au Liban pour des écrits sur les réseaux sociaux critiquant certains responsables politiques ou tournant en dérision des symboles religieux. L’organisation internationale de défense des Droits de l’Homme,

 Human Rights Watch, a appelé début novembre le Liban à réformer ses lois en matière de diffamation.

Toujours au sujet de la crise du gouvernement, M. Aoun a affirmé que « le Liban en a vu d’autres » mais que « nous sommes en train de perdre un temps précieux et irrécupérable nous empêchant d’atteindre notre potentiel de production et de redresser notre économie ». « Si vous voulez construire un État, rappelez-vous que le Liban n’a plus le luxe de prendre son temps », a-t-il ajouté.

Le Liban ne s’est toujours pas doté de gouvernement depuis mai dernier, date des dernières élections législatives. La mise sur pied du cabinet bute sur la revendication de six députés sunnites prosyriens, soutenus par le Hezbollah, qui réclament un portefeuille ministériel, ce que Saad Hariri refuse, accusant le parti chiite d’utiliser cette revendication pour bloquer la naissance du gouvernement.

(Pour mémoire :  Aoun dénonce les agissements israéliens visant à « créer des tensions au Liban-Sud »)

« Un plan économique national »

M. Aoun a ensuite indiqué qu’après avoir « apporté et maintenu la sécurité au Liban », son objectif est désormais de « redresser la situation économique ». « A cet égard, un plan économique national a été finalisé et attend son adoption par le Conseil des ministres et le Parlement », a-t-il dit.

« L’économie libanaise souffre de problèmes structurels et financiers qui se sont exacerbés au cours des 28 dernières années et qui ont abouti aux résultats que nous subissons aujourd’hui, a indiqué le chef de l’Etat. La croissance réelle reste faible et incapable de créer des emplois adéquats pour les jeunes, qu’ils soient travailleurs ou entrepreneurs. Notre consommation privée et publique dépasse la valeur totale du PIB ».

« En dépit des difficultés actuelles et du sentiment qu’éprouvent certains d’être dans l’impasse, trouvant l’avenir sombre et obscur, je leur affirme en toute confiance et responsabilité que nous ne laisserons pas le pays souffrir davantage, a promis M. Aoun. Nous stopperons la corruption et les corrompus, nous tiendrons nos promesses de réforme, de développement durable et de création d’emplois pour nos jeunes ». « Je m’engage à poursuivre les dossiers de la corruption, qu’ils soient petits ou grands avec tous les responsables concernés : la justice, les organismes de contrôle, les responsables de sécurité, les administrations… « , a-t-il ajouté.

Le retour des réfugiés, un droit fondamental

Abordant le dossier des réfugiés, M. Aoun a indiqué que le Liban subit « un fardeau économique, social et sécuritaire important occasionné par la situation des déplacés syriens ». « Leur retour dans leur pays constitue leur droit le plus fondamental », a-t-il affirmé en accusant « certains de continuer à entraver ce retour en utilisant tous les moyens d’intimidation pour pousser les déplacés à rester là où ils se trouvent, liant leur retour à une solution politique et exigeant qu’il soit volontaire ». « Il s’agit là d’un grave préjudice porté au Liban, a-t-il dénoncé. La situation actuelle dépasse nos capacités à tous les niveaux ».

Le Liban accueille quelque 1,3 million de réfugiés syriens ayant fui le conflit qui ravage leur pays depuis 2011, selon le directeur général de la SG, le général Abbas Ibrahim. Selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR), un peu plus de 970.000 y sont enregistrés. Fin septembre, le général Ibrahim avait affirmé à l’agence Reuters que 50.000 Syriens avaient pu regagner leur pays depuis le début de l’année, estimant qu’à ce rythme, le nombre de rapatriements pourrait atteindre 200.000 d’ici à un an.

« Nous savons mieux que personne que l’indépendance peut devenir une commémoration et une célébration folklorique de façade, vide de sens. Faisons en sorte que notre priorité soit la sauvegarde et le maintien d’une véritable indépendance qui représente le pilier de la stabilité, de la liberté, de la sécurité, de la paix et de la prospérité de notre pays. Vive le Liban », a conclu le président.

Plus tôt dans la journée, le commandant en chef de l’armée libanaise, Joseph Aoun, avait appelé les militaires à « rester en alerte » face à Israël et à être préparés à d’éventuelles répercussions de la situation régionale sur le pays. Le général Aoun s’est ensuite joint au ministère de la Défense, à Yarzé, au chef de l’Etat, au Premier ministre désigné, Saad Hariri, et au président de la Chambre, Nabih Berry, pour une cérémonie au cours de laquelle a été inaugurée une statue en hommage à l’Indépendance. A cette occasion, Joseph Aoun s’est adressé dans un discours au président de la République. « Votre mandat doit assumer de lourdes responsabilités, a-t-il déclaré. Malgré toutes les pressions sur notre Etat, il est parvenu à s’imposer comme un modèle social développé », a-t-il souligné.

Le directeur général de la Sûreté générale libanaise, Abbas Ibrahim, a, lui, affirmé aujourd’hui, dans son ordre du jour aux militaires, que la première priorité de la SG reste de « mettre en échec le terrorisme et lutter contre les cellules établies par Israël au Liban ».



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