Qatar, Le Livre Noir

«Qatar, Le Livre Noir», est un ouvrage du Centre Euro arabe pour combattre l’extrémisme (CEACE), dont l’adaptation en version française a été confiée à www.madaniya.info

Qatar, le livre noir (1/4)

“Le journalisme est un métier qui ne consiste pas à faire plaisir, non plus de faire tort, mais de porter la plume dans la plaie (Albert Londres) en ce que le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti.” (Albert Camus)

De même la Liberté d’informer s’arrête là où commence l’intoxication de l’opinion. Se pose de manière sous jacente la question de la pertinence de confier à des propagandistes patentés, dans des journaux jadis réputés pour leur sérieux, la charge de commenter l’information sur l’un des conflits majeurs de l’époque contemporaine.

Loin de la fébrilité digitaliste du monde interlope de la djihadologie, ce dossier présente les faits dans toute leur simplicité, comme autant de camouflets à des islamophilistes gaillardement qui assumèrent le rôle d’«idiots utiles» du terrorisme islamique, dans la séquence de la contre révolution arabe initiée par les pétromonarchies du Golfe en concertation avec l’Alliance atlantique.

Un groupe de démocrates de divers pays du Moyen Orient (Égypte, Iran, Liban Libye, Tunisie, Turquie, Yémen, des pays du Golfe et d’Europe) a veillé à le mettre en œuvre ce principe cardinal d’une profession, par ailleurs si décriée par sa connivence avec les puissances d’argent et sa révérence avec la puissance politique.

Il a veillé à le mettre en œuvre par une étude exhaustive sur la séquence dite du «printemps arabe», notamment le rôle des principaux bailleurs de fonds, la contribution des pétromonarchies à dévier le cours d’un soulèvement au départ authentiquement populaire et son instrumentalisation au bénéfice d’une stratégie régionale en vue de la propulsion au pouvoir de la Confrérie des Frères Musulmans dans les pays arabes en proie à l’agitation.

«Qatar: Le Livre Noir» comporte une importante annexe documentaire destinée à conforter les affirmations avancées dans le texte, ainsi que des révélations sur la «cellule de Doha», les donneurs d’ordre, la liste nominative des convoyeurs de fonds des groupements djihadistes avec les variations de leurs noms patronymiques, parfois les numéros de téléphones dont ils faisaient usage et des précisions sur leurs documents de voyage.

Le Centre Euro arabe pour combattre l’extrémisme (CEACE) ambitionne via son ouvrage “Qatar: Le Livre Noir” de dévoiler le rapport entre les gouvernements du Proche-Orient et l’extrémisme.

Sa première publication intervient alors qu’un conflit frontal oppose quatre pays arabes (Arabie Saoudite, Bahreïn, Égypte et Émirats Arabes Unis) au Qatar. Mise à part la question du “blocus” qui frappe le Qatar, dont le centre récuse l’usage du terme qu’il considère comme inapproprié, le rapport se concentre sur le soutien gouvernemental du Qatar aux groupements extrémistes.

Le Centre a décidé de maintenir dans l’anonymat l’identité des chercheurs de ce groupe de travail pour d’évidentes raisons de sécurité, en raison notamment de la forte connexion existant, au niveau européen, entre les états parrains du terrorisme et de l’extrémisme et les services de renseignements des pays européens. Un anonymat d’autant plus nécessaire que ce groupe de chercheurs travaille sur des sujets sensibles.

Le CEACE se veut un centre d’études et de recherches contre l’extrémisme. Il est animé d’un programme vaste et ambitieux. Son champ d’investigation englobe le Moyen Orient et l’Afrique du Nord.

Un groupe de chercheurs et de chercheuses a d’ores et déjà entamé son travail sur la Turquie, l’Iran et les six pays membres du Conseil de Coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats Arabes Unis, Koweït, Qatar et Sultanat d’Oman).

La guerre menée par les services de renseignements occidentaux et arabes, la décennie écoulée, contre bon nombre d’organisations arabes des Droits de l’Homme et les centes de recherche a été sans répit.

Un facteur qui a conduit le CECEA à faire preuve de prudence et de s’abstenir de d’annoncer publiquement le lancement de ses travaux, et de reporter à une date ultérieure la divulgation de l’identité des organisations participant au projet; une précaution d’autant plus nécessaire que bon nombre de chercheurs opèrent déjà sur le terrain dans les zones de conflit.

Le CECEA s’appuie sur l’assistance d’associations arabes. A l’instar des associations participantes, le CECEA est un organisme bénévole. Il refuse l’assistance de nature gouvernementale ou l’assistance de toute ONG régionale ou Internationale. Tous les membres du CECEA sont des volontaires.

Les inédits du livre

Pour la première fois, le dossier contient une description détaillée du processus de mise sur pied depuis un pays arabe, allié des pays occidentaux, en l’occurrence le Qatar, d’une cellule d’Al Qaida, en charge de la coordination et des contacts pour le compte de ce groupement à l’échelon régional. La cellule est basée à Doha, donnant par extrapolation sa dénomination de “Cellule de Doha”.

Un chapitre du livre est consacré aux connexions établies depuis cette cellule entre les divers groupements (Abou Mouss’ab Zarkaoui-Irak, Al Athamena et Ayman Zawahiri (Qaida Afghanistan), de même que la division du travail entre l’axe Yémen-Arabie Saoudite, d’une part, le Koweït, le Qatar, la Somalie, l’Irak et la Syrie d’autre part. Il mentionne les rapports entre Jabhat An Nosra et Jound al Aqsa, ainsi que le rôle de Qatar dans le financement, direct ou indirect de la branche syrienne d’Al Qaida et d’autres groupements extrémistes au Liban, en Irak et en Syrie.

Dans ce cadre, le livre a volontairement mis de côté les réseaux parallèles non directement liés à Al Qaida, mais qui ont adopté, au regard de la guerre de Syrie, la même approche concernant la nécessité de «soutenir militairement un Islam sunnite opprimé contre les sectes hérétiques minoritaires qui contrôle l’armée et l’État dans le pays». Ces réseaux extrémistes sont multiples et peuvent être pistés au Qatar, en Arabie Saoudite et au Koweït.

«La grande campagne de Koweït pour préparer 12.000 djihadistes envahisseurs au nom d’Allah» en constitue une parfaite illustration. Voir à ce propos la photo y afférente contenue dans le livre). 19 personnalités y figurent sur les affiches avec des oulémas et des députés.
Il traite également de la campagne de mobilisation médiatique menée par des chaînes à caractère confessionnel telles Safa ou Wisal, en collaboration avec des Syriens (Adnan Al Ar’our et Hamed Khalifa), des Koweïtiens (Uthman al Khamis (surnommé le Lion d’Al Sunna) et le député koweïtien Walid Tabtabai, les qataris Shaqr al Shahwani et Jasem al Jaber.

Le Centre dispose des preuves irréfutables de leurs soutiens aux extrémistes et organisations inscrites par l’ONU sur la liste du terrorisme.

La deuxième partie de l’ouvrage est consacrée aux Islamistes. Elle nous éclaire sur le rapport de parenté idéologique entre les Frères Musulmans et les mouvements djihadistes. Le Centre a tiré profit de l’étude publiée par le Scandinavian Institut for Human Rights et adapté en version française par www.madaniya.infosur le rapport entre les groupes djihadistes et les Frères Musulmans afin de mieux cerner leur rapport sur le terrain.

Le dossier relate enfin les conditions qui ont présidé à la décision de sceller une alliance entre les djihadistes et les Frères Musulmans pour déclarer le Djihad en Syrie. Une décision prise par 500 oulémas, réunis au Caire en présence du Président islamiste Mohamad Morsi.

Un congrès qui s’est tenue avec des participants des pétromonarchies du Golfe (Qatar, Arabie Saoudite, Koweït, Bahreïn) ainsi que de l’Égypte, du Yémen et de la Tunisie.

Financement abusif

Mais le dossier pêche par certaines omissions, notamment le contrat conclu entre le Hezbollah libanais et Jabhat Tahrir al Sham (ex Al Nosra). Un accord qui a permis à Jabhat An Nosra de bénéficier d’un transfert de 100 millions de dollars, ainsi que le signale un membre de la Choura de Jabhat Tahrir al Sham: Housam Ibrahim al Atrash.

Le rapport se borne à mentionner la somme d’un milliard de dollars payée à des groupes chiites ravisseurs de qataris en Irak, dont des membres de la famille princière.

Un point faible concerne la complicité de Qatar Airways dans le transfert des djihadistes d’Asie vers la Turquie. Les preuves présentées manquent de pertinence. La question se pose de savoir s’il existe de preuves complémentaires que le Centre s’est abstenu de publier
Au delà de ces imperfections, il n’en demeure pas moins que “Qatar: Le dossier Noir” constitue une référence de premier plan sur l’implication des deux Hamad (l’Émir Hamad Ben Khalifa et son ancien premier ministre Hamad Ben Jassem, dans la montée de l’extrémisme dans le Monde arabe.

L’extrémisme : Produit d’exportation !!

Tout au long de cette séquence, l’État de Qatar a bénéficié d’une grande couverture médiatique faisant valoir les efforts de “modernisation” de la principauté, les “bonds enregistrés dans l’édification de l’État de droit et des institutions” et “l’établissement d’une constitution permanente».

Quid de la réalité? De la relation entre le discours politique et la réalité vécue sur le terrain, notamment la place de la société et sa pleine participation à la vie politique de la principauté?

Le terme “progrès” est-il approprié au Qatar en matière de circulation des idées, de concertation et de communication entre les gouvernants et les gouvernés? La séparation des pouvoirs est-elle vraiment ancrée dans la pratique, telle qu’elle est prescrite par la constitution? La citoyenneté a-t-elle vraiment droit de cité, alors que la Constitution, votée en avril 2003, n’a jamais été mise en exécution?

In fine, notons la poursuite la déchéance arbitraire de nationalité, au mépris du Droit International, qui proscrit les apatrides, concernant près de 5.000 membres d’un même clan familial, le Clan Al Mari, l’extension du domaine du mercenariat au domaine diplomatique international ainsi que les détentions arbitraires.

Pour la déchéance collective de nationalité

Pour l’extension du mercenariat au domaine diplomatique

A signaler que sur les 9 détenus donc les noms figurent dans les listes du groupe de travail sur la détention arbitraire du HCDH à Genève, quatre sont membres de la cellule Doha, selon le livre noir. Mais aucun n’a été traduit devant la justice dans le cadre de la loi antiterroriste?

  1. Salem Hassan Khalifa Rached Al Kawari
  2. Mansour Rashid al-Mansouri
  3. Abdallah Latif Ben Abdallah Al Kawari
  4. Ibrahim Issa Hajji Mohamad Al Baqer
  5. Hamad Issa al-Bakir
  6. Khalid Saeed al-Bu’nein
  7. Tariq Abdullah al-Mansouri
  8. Khalid Ali al-Hammadi
  9. Abdullah Muhammad Suwaidan
  10. Ahmad Yusuf Hakim

Indice complémentaire de duplicité: Les autorités qataries avaient donné à l’époque l’impression aux chancelleries occidentales l’impression de maîtriser la situation, alors qu’elles négociaient parallèlement une coopération future avec la cellule d’Al-Qaïda.

Tables des matières

Prologue
Chapitre I: La mégalomanie et la cécité en état de gémellité.
Chapitre 2: La rupture des relations, les sanctions et le mensonge du blocus.
Chapitre 3: La cellule de Doha
Chapitre 4: La liste des 27 principaux membres de la cellule de Doha.
Chapitre 5: La banalité du mal.
Chapitre 6: Les racines confrériques de l’extrémisme
Chapitre 7: La stratégie du lobby qatari dans les Médias arabes et Occidentaux.
Chapitre 8: Amis et Ennemis des Peuples
Chapitre 9: Chapitre 9: La légitimation du financement du terrorisme
ou la «campagne menée sous le mot d’ordre «Mann jahhaza ghazziyan faqqad Ghaza». -Celui qui offre l’équipement militaire à un djihadiste est considéré comme lui- Hadith

Les Frères Musulmans, un mauvais choix sur un mauvais pari (livre noir 2/4)

Qaradawi-Khanfar-Maudaudi
«Qatar, Le Livre Noir», est un ouvrage du Centre Euro arabe pour combattre l’extrémisme (CEACE), dont l’adaptation en version française a été confiée à www.madaniya.info

«Le concept de la Charia est un terme général, jamais utilisé par le prophète ni par ses premiers successeurs. Il fera son apparition au début du II me siècle de l’hégire».

Plus d’un mois avant que la crise entre l’Arabie saoudite et le Qatar, n’éclate, le 5 juin 2017, l’équipe de chercheurs du «Centre euro-arabe contre l’extrémisme» s’était penchée sur l’analyse des facteurs ayant conduit à l’émergence et à l’amplification de l’extrémisme ainsi que sur les gigantesques moyens mis en œuvre en vue de neutraliser et de marginaliser le Courant Démocratique Arabe à la faveur de l’anarchie qui s’est instaurée en Libye dans la foulée de l’intervention de l’OTAN, de la militarisation du mouvement populaire en Syrie et de la prise de Sana’a par les Houthistes à la faveur de la paralysie politique régnant au Yémen.

-Le peuple syrien s’est il révolté pour instaurer un califat de type taliban?
-Existe-t-il vraiment un environnement populaire propice à l’éclosion et au développement de l’extrémisme dans le Monde arabe?.
-Al Qaida et Daech auraient ils pu se déployer aussi largement sans le soutien direct et considérable des puissances régionales et internationales?

Pour répondre à cette question, le groupe de travail du Centre Euro-arabe a entrepris un travail d’enquête, de prospection, de documentation et de compilation. L’étude porte sur les cas de plusieurs gouvernements complices et partenaires de l’émergence de l’extrémisme et du terrorisme dans la zone.

Le Centre a décidé de consacrer son premier dossier au Qatar en raison du rôle prééminent de la principauté dans la contre révolution arabe. Extraits.

Un conflit latent sur fond de procès en légitimité de la gouvernance de la lignée Hamad Ben Khalifa

Telle une tumeur pernicieuse, le différend était latent. S’il a éclaté au grand jour, en juin 2017, il remontait en fait à la fin de l’occupation du Koweït et de l’Afghanistan, dans la décennie 1990. Il s’est développé plus précisément avec le coup de tonnerre constitué par le coup d’état du Cheikh Hamad contre son propre père Khalifa, en juin 1995.

Craignant l’effet de contagion, le Royaume saoudien considérait que le coup d’état d’un fils contre un père constituait un précédent dangereux au sein des sociétés des pays du Golfe en ce que le coup d’état au sein d’une famille régnante pouvait ouvrir la voie à des coups d’état au sein des familles, comme la forme locale des coups d’état militaire dont ont pâti bon nombre de pays arabes et du tiers monde.

Le leadership du Qatar s’est appuyé sur des non nationaux pour la mise en place de son projet. Pour ce faire, il a mis sur pied «L’Union des Oulémas
Musulmans» en tant que structure rivale de la prestigieuse université d’Al Azhar (Le Caire), sous la direction d’un membre de la confrérie des Frères Musulmans, l’égyptien Youssef Al Qaradawi, par ailleurs Mufti du Qatar.

S’investissant à plein dans le domaine de la communication via Al Jazeera, à la suite du retrait de la BBC du service arabe dont la chaîne anglaise en avait été l’initiatrice, le Qatar a offert l’hospitalité à quiconque souhaitait se placer dans son giron: Frères Musulmans, Salafistes, Djihadistes.

Il établira de contacts avec Israël parallèlement avec le Hamas, la branche palestinienne des Frères Musulmans, dont l’autorité s’exerce dans l’enclave de Gaza, autorisant, dans le même temps, l’aménagement d’une base américaine sur son sol, la plus importante base militaire américaine hors des États Unis.

Al Jazeera

Pour ce premier projet trans frontière arabe, chronologiquement parlant, les deux HAMAD (l’Émir Hamad Ben Khalifa et son premier ministre Hamad Ben Jassem) se sont engagés dans une politique d’ouverture apportant toute garantie tant aux États Unis qu’à Israël, tout en offrant une tribune médiatique à des voix discordantes ou protestataires arabes, dont ils en étaient privés auparavant. Mais, dans le même temps, Al Jazeera sera la première chaîne arabe à accueillir des commentateurs et personnalités politiques israéliens.

Al Jazeera-Al Qaida

Le Qatar est passé maître dans l’art de gérer les contradictions: «Tout document qui parvenait à Al Jazira d’Al Qaida est aussitôt transmis à l’ambassade américaine pour visionnage avant diffusion. A réception de l’accord de l’ambassade, la chaîne diffusait le document». L’internet n’était pas développé en ces temps là. La matière parvenait à la chaîne via DHL Pakistan.

Al Jazeera sous l’ère Waddah Khanfar

Al Jazeera sous l’ère de Waddah Khanfar a été une chaîne sous l’influence de Youssef Al Qaradawi et des Frérots. Les Frères Musulmans avaient ordonné la dissolution la section qatarie de la confrérie, en 1999, arguant du fait que les conditions d’une bonne gouvernance islamique étaient réunies au Qatar; que «La Loi de Dieu» s’y appliquait; que le Qatar était une terre de bienfait. Dans ces conditions, il leur suffisait de tirer profit des bienfaits de son prince au bénéfice de la confrérie.

(((NDLR Lauréat 20011 de la revue «Foreign Policy», au même titre que Rached Ghannouhi et Bernard Henry Lévy, le parcours de Waddah Khanfar résume à lui seul la confusion mentale arabe et la duplicité du Qatar. Ancien journaliste de la chaine gouvernementale américaine «Voice of America», ce palestinien natif de Djénine, en Cisjordanie occupée, était parent par alliance de l’ancien premier ministre jordanien Wasfi Tall, surnommé le «boucher d’Amman» pour sa répression des Palestiniens lors du septembre noir jordanien (1970), dont il a épouse la nièce. Cet Islamiste notoire était aussi un interlocuteur des services de renseignements de l’US Army. Une opacité typique du comportement du Qatar.

Deux reproches ont pesé sur sa gestion de huit ans à la tête d’Al Jazira (2003-2011): sa volonté d’imposer un code vestimentaire ultra strict aux présentatrices de la chaîne, en conformité avec l’orthodoxie musulmane la plus rigoureuse, ce qui a entraîné la démission de cinq journalistes femmes, ainsi que sa publication des documents confidentiels sur les pourparlers israélo palestiniens «The Palestine Paper», discréditant les négociateurs palestiniens; ce qui a conduit le chef des négociateurs palestiniens, Saeb Oureikate, à réclamer sa démission, de même que l’Arabie saoudite effrayée par la crainte que la large couverture des soulèvements arabes par la chaîne du Qatar n’ait des répercussions sur la stabilité des pétromonarchies.

Propulsé à la direction de la chaîne Al Jazeera par son ami libyen, Mohammad Jibril. Il sera remercié de la chaîne, en 2011, au terme de l’épisode libyen, mais gratifié de la distinction américaine. Maigre consolation. L’homme a quitté la scène publique, avec de substantielles indemnités, sans bruits, emportant avec lui ses secrets et sa part d’ombre, les raisons de sa gloire et de sa disgrâce. Il dirige désormais l’édition arabe du Huffington Post ))).

Qatar-Tunisie: Le Qatar a carbonisé le parcours historique militant de Mouncef Marzouki, premier président post dictature tunisienne.

An Nahda s’est engagé dans la vie politique tunisienne propulsé par un important flux financier. Ce qui lui a permis d’ouvrir des permanences aux quatre coins du pays, dont certaines à structure microscopique familiale, dirigées par un homme, son épouse et ses enfants.

Du Jour au lendemain, les dirigeants d’An Nahda ont troqué leur modeste logis pour des appartements somptueux, achetant à tour de bras des biens fonciers et des établissements économiques à des propriétaires désireux de s’en débarrasser afin d’éviter les poursuites judiciaires pour leur accointance avec le régime de Ben Ali.

En Tunisie, le Qatar a placé la politique de la Troika sous son contrôle en désignant Rafik Abdel Salam, «le camarade Abdel Salam», un salarié d’Al Jazeera, ministre des Affaires étrangères tunisien, carbonisant au passage le parcours historique du militant Mouncef Marzouki, le contraignant à accueillir à Tunis, la «Conférence des Amis de la Tunisie».

Qatar-Hamas

Qatar a fait pression sur Khaled Mecha’al pour dégager le Hamas de Syrie, rendant la branche palestinienne des Frères Musulmans captive de la seule volonté du Qatar, la subordonnant à la politique de Doha à l’égard de la Syrie. L’impulsivité et la précipitation du Qatar a affaibli le Hamas, réduit désormais à quêter un nouvel abri.

Qatar-Syrie: En tandem avec la France, le pari sur les Frères Musulmans, un mauvais pari sur un mauvais partenaire.

Qatar était impliqué dans le dossier syrien «jusqu’à la moelle». Il a contribué à dévier un mouvement animé par des revendications populaires vers un conflit entre le régime syrien et des «djihadistes sans frontières», secondés par des «frérots», otages jusqu’à l’obsession d’une stratégie de conquête de pouvoir.

En concertation avec la Turquie, le Qatar a mis au point un plan visant à changer le régime en Syrie, en garantissant la mise du Conseil National Syrien sous tutelle des Frères Musulmans. Et, dans l’hypothèse de l’échec de cette structure, de favoriser la militarisation du soulèvement populaire, au départ un mouvement civil de contestation, par la démultiplication des formations combattantes et la légitimation du Jihad mondial en Syrie.

Mais en Syrie, le Qatar a fait un mauvais pari sur un mauvais partenaire en ce que la confrérie jouissait d’une faible adhésion populaire contrairement à la branche égyptienne. Nonobstant notre position à l’égard de la nature criminelle et répressive du régime syrien, il nous importe de rappeler les faits suivants:

-La Syrie a refusé de souscrire aux requêtes américaines concernant la fermeture des bureaux de représentations du Hamas et du Jihad Islamique Palestinien, installés à Damas. Ce refus a été signifié par Farouk Al Chareh, à l’époque ministre syrien des Affaires étrangères à son homologue américain Colin Powel. Ce refus a servi de déclencheur à la mise en route de la procédure législative visant à l’adoption de la «Syrian Accountability Act» et à la détérioration conséquente des relations ente la Syrie et les États-Unis.

Il est de notoriété publique que la Syrie avait aménagé à l’intention du Hamas et d’autres organisations populaires des camps d’entraînement militaires et des bureaux de représentation politique.

Le Qatar s’est mis à se comporter comme une grande puissance régionale, collaborant avec l’OTAN pour provoquer la chute du Colonel Mouammar Kadhafi, soutenant par tout moyen les Frères Musulmans d’Égypte pour succéder à Hosni Moubarak, mettant à la disposition du parti An Nahda, la branche tunisienne de la confrérie, d’importants moyens financiers, propulsant directement ses membres de la prison au parlement.

Youssef Al Qaradawi

Cheikh Youssef Al Qaradawi est le meilleur exemple de cette symbiose entre Frères Musulmans et extrémisme.

Le jour de la chute de Mossoul aux mains de Daech, le Mufti du Qatar a signé clairement une déclaration, affirmant notamment: «L’effondrement complet des forces armées et des forces de sécurité irakiennes de même que la police ne résultent pas d’un vide. Ils sont le produit d’une révolution populaire». Puis réagissant au discours d’Abou Bakr Al Baghdadi, se proclamant Calife Ibrahim, Qaradawi s’est ressaisi, estimant que les conditions du califat n’étaient pas remplies.

Qaradawi a émis des Fatwas rendant licite les opérations suicide et l’intervention de l’OTAN en Libye à une époque où pas un groupement djihadiste n’avait encore cautionné l’intervention d’une force étrangère contre un pays musulman.

Il a émis une Fatwa pour l’exécution de Kadhafi; une 2 me pour le djihad en Syrie; une 3 me pour le mariage de confort (Zawaj al Mit’ha). Joignant le geste à la parole, il tenta de nouer un mariage de confort avec Asma Ben Qada dès leur première rencontre. La dame de nationalité algérienne rabroua le religieux, lui enjoignant de respecter les convenances. Il l’épousa alors dans les formes et en divorcera.

L’Institut de bienfaisance «Eid Al Thani» du Qatar, le repaire des Arabes afghans.

L’Institut a longtemps fait office de position de repli et abri sûr pour les anciens d’Afghanistan, rejoints au début du XXI me siècle par des Libanais fuyant la justice des mouvements salafistes «Taqfir wa Hijra» (Anathème et Migration) de Dinnyeh (Nord-Liban). Arabes Afghans et Libanais serviront ainsi de courroie de transmission entre les associations caritatives du Qatar et leur pays d’origine.

L’instrumentalisation par les Frères Musulmans et les Takfiristes de l’humanitaire à des fins politiques et militaires a atteint son paroxysme au cours de la 2me décennie du XXI siècle.

Durant la guerre d’Afghanistan (1980-1989), aucune organisation de bienfaisance islamique n’a consenti à œuvrer sous la tutelle d’un groupement armé. Le grand crime du Qatar, des Frères Musulmans et d’Al Qaida a été de considérer les organisations de bienfaisance comme le meilleur courroie de transmission pour les transferts des fonds et des armes dans les zones de conflit, pour la mise en œuvre de la corruption politique par l’achat des consciences, l’achat des voix électorales lors des consultations populaires et la rémunération des «fiers à bras» (Shabihha) dans les phases de transition politique.

En 2005, selon des témoignages recueillis par les auteurs de ce rapport, confortés par une étude d’un universitaire américain, Robert G. Rabil, professeur des Études du Moyen Orient à l’Université de Floride, -dans son ouvrage intitulé «Salafism In Lebanon, From apoliticism to transnational Jihadism- Le salafisme au Liban» (Georgetown University Press 2014), de nombreuses concertations ont eu lieu entre l’Arabie saoudite, le Koweït et le Qatar visant à soutenir le mouvement salafiste djihadiste au Liban dans le cadre du financement des élections législatives libanaises de 2005, qui ont suivi l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri.

Les groupements salafistes du Qatar et du Koweït ont mis à profit la campagne électorale libanaise pour transférer d’importantes sommes d’argent à leurs confrères libanais via «l’Institut de bienfaisance Eid Al Thani» du Qatar et «l’Association pour la Renaissance du Patrimoine islamique» du Koweït.

Liban: Al Mostaqbal et l’armement de l’Armée Syrienne Libre (ASL) via le député chiite libanais pro Hariri Okab Sakr

La grande majorité des membres du parti libanais «Al Mostaqbal», le parti du premier ministre Saad Hariri, réprouvait le soutien multiforme accordé par les pétromonarchies du Golfe aux groupements extrémistes, à l’exception des quelques députés du Nord du Liban réputés pour entretenir des rapports d’intérêts mutuels avec eux (relation de parenté, connivence électoraliste, instrument de pression etc..).

Saad Hariri, lui même, considérait que le soutien aux groupes extrémistes affaiblirait le courant sunnite modéré, et en contournant l’allégeance historique de Rafic Hariri, le chef du clan assassiné, à l’Arabie saoudite, y portait atteinte. Conscients des réticences du chef de file du clan saoudien au Liban, les groupements djihadistes n’ont pas hésité à l’attaquer frontalement.

Saad Hariri et son parti Al Mostaqbal ont ainsi été conduits à fermer l’œil sur les cargaison d’armes déversés au Liban et à l’afflux d’importants capitaux du Qatar et du Koweït dès le début de la militarisation de la guerre en Syrie et la Bataille de Bab Amro, février 2012, dans le secteur périphérique de Homs en Syrie.

La section d’information des Forces de Sécurité Intérieure libanaise (FSI), commandée par le général Wissam Hassan, homme lige de Saad Hariri, avait recommandé que le transit des armes se fasse par la Turquie en raison de la précarité de la situation libanaise. En dépit de ces réserves, il n’en demeure pas moins qu’il a effectivement participé au financement des achats d’armes et à l’équipement de l’Armée Syrienne Libre (ASL), via le députe chiite libanais pro-Hariri Okab Saqr.

Selon un rapport documenté de «l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme -SIHR», basé à Genève, portant sur «Les mouvements salafistes en Syrie”, sept personnalités du Golfe se sont rendues au Proche Orient porteurs d’importantes sommes d’argent en vue de financer l’achat d’armes et l’équipement des protestataires pacifiques de Syrie, avant de sombrer dans le trafic d’armes.

Voici la liste de ces personnalités:

  • Mohamad Ben Abdallah Al Hadba
  • Abdel Rahim Ben Rachid Al Wahibi
  • Mohamad Al Arifi
  • Abdallah Ben Hamoud Al Toueijiry
  • Ihsan al Outeiby
  • Walid Tabatba’î
  • Abdel Rahim Ben Omeir Al Neiamy

Dès le début du siège de Bab Amro, en Février 2012, le contact s’est établi via Abou Ahmad de la Brigade Al Farouk pour ravitailler cette formation en armes et en argent, en prenant pour couverture politique la branche d’Al Qaida de Tripoli (Nord-Liban).

Abdel Aziz Al-Attyah, proche de Khaled Al Attyah, ministre d’état pour les Affaires étrangères qatari, a été chargé du suivi de l’opération, en tandem avec le directeur général de «l’Institut de Bienfaisance Eid Al Thani» du Qatar et ancien directeur financier d’Al Jazeera, Ali Al Souweidy.

Abdel Aziz a été intercepté par les autorités libanaises, qui l’ont aussitôt remis à l’ambassade du Qatar à Beyrouth, à la suite de pressions du gouvernement de Doha, menaçant d’expulser tous les ressortissants libanais vivant dans la principauté.

Les contacts se sont poursuivis via la filière des notables sunnites de Tripoli connus pour leur sympathies salafistes djihadistes, notamment Bilal Dakmaq, le prédicateur islamiste Daï al Islam Chahhal, père de Jaafar Chahhal, un combattant de Jabhat An Nosra, arrêté en 2014 sous cette accusation.

Les racines confrériques de l’extrémisme

Sayyid Abul Ala Maududi (Pakistan) et Sayyed Qotb (Égypte) font incontestablement figure de pionniers dans la théorisation du Jihad.
«L’inclinaison au totalitarisme au sein des mouvements relevant de l’Islam politique, dans ses deux versions sunnites et chiites, est imputable au premier chef au pakistanais Abu Al Ala’ Al Maududi, premier islamiste du XX me siècle à prôner le retour au Jihad,
«Ce théologien fondamentaliste, fondateur du parti pakistanais Jamaat-e-islami, a envisagé la création d’un État Islamique Uni, fondé sur l’application rigoureuse de la loi religieuse (Charia). Dans sa conception, un tel état devait être hégémonique, totalitaire sur les divers aspects de la vie. La Gouvernance d’Allah (Al Hakimiya) au Pakistan relevait de Dieu, le gouvernement se devant d’être fidèle à la Charia.

Une transposition du schéma soviétique à l’Islam.

«En fait Maududi s’est inspiré du modèle stalinien en vigueur en Union Soviétique, substituant l’idéologie islamique à l’idéologie marxiste, le parti de Dieu (Hezbollah) au parti communiste, de même que le califat en guise de substitut au Secrétaire général du PC.
«Le concept de la Charia est un terme général, jamais utilisé par le prophète ni par ses premiers successeurs. Il fera son apparition au début du II me siècle de l’hégire. Il ne saurait être comparé au Talmud des Juifs, ni à la Constitution de l’époque contemporaine. Il reste sujet à débat.
«Les Frères Musulmans ont adopté la conception totalitaire du stalinisme pour l’appliquer à la religion musulmane. Hassan Al Banna, fondateur de la confrérie, répétait, tel un perroquet, les prescriptions de Maududi, affirmant que l’Islam est une soumission à Dieu, une obéissance au gouverneur, un livre saint, une épée. (CF.Hassan al Banna, «Mémoires de la prédication et du prédicateur», page 173.

L’apport doctrinal de Youssef Qaradawi

Qaradawi n’a apporté aucune novation doctrinale dans son livre «La Religion et la Politique» édité à Dublin en 2007 par le Conseil Européen de la Jurisprudence, se bornant à récupérer l’idéologie diffusée par le tandem sunnite Maudaudi-Qotb, 80 ans après son lancement par le Pakistanais, un demi siècle après sa reprise par l’égyptien.

Le Mufti du Qatar se pose comme le défenseur du totalitarisme, niant les données de l’évolution historique de l’idéologie, mettant l’accent sur sa propre signification de l’Islam: L’Islam n’est que politique, le guide de la vie, une loi, une soumission, une religion, une politique, une prédication. La charia s’impose à quiconque en charge d’une responsabilité. Rien n’y échappe».

Une position conforme à celle de tous les fondamentalistes de toutes confessions pour lesquels l’État en Islam est un état idéologique qui se rattache à la religion, dont la tâche première est la consolidation de la religion.

Et les critiques de Mouncef Marzouki à l’égard du Mufti du Qatar.

Mouncef Marzouki (Tunisie) fera parvenir ses critiques via un message poste à Al Jazeera.net: «La science de Qaradawi est en fait un ensemble des vérités assénées par les prédicateurs et savants depuis des siècles dans les mosquées des provinces les les plus reculées, comme depuis les plus hautes tribunes médiatiques, de plus en plus nombreuses ces temps-ci. De telles vérités n’ont pas empêché notre nation de connaître la décadence morale, ni la régression intellectuelle, ni la sauvagerie politique. Des données propagées avec un talent oratoire par ce cheikh savant, qui veut nous enseigner ce que l’on doit savoir sur notre religion et notre univers.

M. Marzouki conclut son texte en des termes empreints d’une grande ironie: Qaradawi se pose, de ce fait, en boussole, un guide. Un monde d’obéissance au tuteur, ceux-là même qui nous ont conduit des siècles durant sur le chemin de la liberté, qui ont fait de nous «La meilleure nation offerte au Monde (kaiyrou ommaten ounjibat lil Nass».

Rached Ghannouchi, le chef du parti tunisien An Nahda, intervint alors auprès de son compatriote tunisien pour lui demander de retirer son texte.

L’ancien opposant à la dictature de Zine El Abdedine Ben Ali, soucieux de ne pas rompre ni avec la branche tunisienne des Frères Musulmans, ni avec leur parrain, le Qatar, qui nourrissait par ailleurs ses propres calculs politiques obtempéra: Il sera le premier président de la Tunisie post dictature, avec le soutien d’An Nahda.

Un vieux compagnon de lutte de M. Marzouki, Haytham Manna, doyen de l’opposition démocratique syrienne, pris alors la relève de la critique de la pensée de Qaradawi. De nouveau An Nahda a demandé à l’opposant syrien de retirer son texte, ce qu’il refusa. Rached Ghannouchi dut voler au secours du Mufti du Qatar, publiant un texte intitulé «Nous sommes tous des Qaradawi».

Abdel Razzak Eid, écrivain syrien, s’est appliqué, lui, à déconstruire le discours de Qaradawi, mettant en garde contre la propagation des thèses fondamentalistes via Al Jazeera, alors que le poète Adonis dénonçait la liaison entre le djihadisme tafkfiriste et l’idéologie totalitariste qu’il prône.
Ces débats ont apporté la preuve que la confrérie des FM n’avait aucun rapport avec des termes tels que modération ou centrisme. Les habits de Qaradawi masquaient en fait un programme d’arbitraire et ne se différenciant guère de la mentalité prévalant au sein des mouvements djihadistes takfiristes.

La duplicité des Frères Musulmans

Les Frères Musulmans se présentent comme un projet médian, centriste ou moderne. Mais depuis 1928, toutes ses critiques révèlent un projet extrémiste, violent que cela soit au sein de l’appareil privé ou sa structure clandestine en Égypte et en Syrie, via sa structure militaire clandestine «At Taliha Al Mouqatilla».

Son discours emprunte à l’art de la dissimulation, marqué du sceau de la duplicité à travers duquel, la confrérie a gagné la sympathie de l’Occident et Musulmans y vivant. Il repose sur le principe de se taire jusqu’à être intégré».

Nasr Hamed Abou Zeid, frappé d’apostasie en Égypte pour avoir dénoncé les turpitudes des FM, a visé juste, dénonçant publiquement la confrérie comme étant la plus importante formation du Monde à pratiquer la dissimulation.

  • https://www.renenaba.com/le-syndrome-egyptien/
  • https://www.renenaba.com/egypte-deces-de-lintellectuel-critique-hamed-nasr-abou-zeid/

DAECH ou la surenchère d’Abou Bakr Al Baghdadi, aka Calife Ibrahim.

Abou Bakr al Baghdadi a subverti le mouvement des islamistes traditionnels. Cet homme obscur réussira néanmoins à capitaliser le ressentiment d’une population soumise à fortes pressions tant de la part de régimes autoritaires, que de la surenchère permanente des fondamentalistes et du courant salafiste, dont la propagande imputait la tragédie du Monde arabe et musulman à l’abandon de la religion, au fait d’avoir combattu le califat ottoman, une institution musulmane, d’avoir été pris au piège des valeurs occidentalistes, frappées du sceau de l’ignorance, de s’être appropriés enfin des notions telles que modernisation et changement.

«L’État Islamique» a ainsi bénéficié de financement de la part de certains pays du Golfe, bien qu’il n’en fût pas tributaire. Mais l’ambition personnelle de certains princes a constitué le motif principal de ce financement car il permettait aux donateurs de s’en servir comme moyen de pression contre leur propre gouvernement.

La multiplicité des parrains étrangers, les divergences sur les objectifs et les méthodes ont souvent dégénéré en affrontements armés au sein des groupements djihadistes.

La guerre de Syrie a favorisé l’afflux de djihadistes de tous pays, y compris des pays du Golfe, suscitant les craintes que l’instabilité syrienne ne se répercute sur le Golfe, notamment lors de leur retour dans leur pays.

L’État du Califat porte en lui les germes de sa propre disparition: Une force haineuse et agressive dans son essence, propulsée par un besoin d’expansion sur le plan interne et externe, un besoin d’obéissance inconditionnelle des personne sous son autorité, doublés d’un mépris de nature raciste à leur égard et d’une volonté de surenchère envers l’ensemble des musulmans.

Pour aller plus loin
  1. https://www.renenaba.com/qatar-un-rebut-de-luxe-pour-recyclage-haut-de-gamme/
  2. https://www.renenaba.com/lhomme-de-lannee-2011/
  3. https://www.renenaba.com/le-qatar-une-metaphore-de-la-france-en-phase-de-collapsus/
  4. https://www.renenaba.com/la-fin-sans-gloire-du-deus-ex-machina-de-la-revolution-arabe/
  5. http://www.madaniya.info/2016/03/29/al-jazeera-la-fin-d-une-legende/
  6. http://www.madaniya.info/2017/06/08/arabie-saoudite-qatar-guerre-freres-ennemis-wahhabisme-guerre-de-defausse/

La Cellule de Doha, vecteur d’influence du Qatar au sein du courant salafiste. (livre noir  3/4)

abdullah-al-muhaysini 
«Qatar, Le Livre Noir», est un ouvrage du Centre Euro arabe pour combattre l’extrémisme (CEACE), dont l’adaptation en version française a été confiée à www.madaniya.info

La Cellule de Doha a servi de courroie de réhabilitation des «Arabes Afghans» et de vecteur d’influence du Qatar au sein du courant salafiste.

Après le retrait soviétique d’Afghanistan, le groupement qatari des «arabes afghans» a décidé de retourner au pays, alors que les autres cadres arabes, notamment saoudiens, égyptiens, syriens et ceux originaires des pays du Maghreb décidaient de se diriger vers l’Europe, la Tchétchénie et l’ancienne Yougoslavie.

En raison des liens tissés dans la guerre d’Afghanistan, au sein de l’alliance occidentale, ces divers groupements arabes ne rencontrèrent guère de difficultés à s’installer et à opérer dans des pays qui considéraient les «arabes afghans» comme de «Moujahidine de la liberté», des combattants de la liberté.

Sur ce lien, un témoignage de cette époque par l’ancien messager d’Oussama Ben Laden, notamment sur les avatars des arabes afghans en Bosnie.

Bon nombre d’afghans qataris étaient sous étroite surveillance. Pour tromper la surveillance microscopique dont ils étaient l’objet, Al Qaida a mis en avant une vitrine salafiste, dont les membres n’avaient pas participé à la guerre d’Afghanistan.
Pour la constitution d’une «Cellule de Doha», le choix s’est porté sur Cheikh Abdel Rahman Ben Oumeir Al Noueimy, qui venait de purger trois ans de prison. Professeur d’Université, il fonda à cette occasion le «Centre Arabe d’Études et de Recherches», qui fera office de paravent à la cellule de Doha.
En collaboration avec des Cheikhs d’Arabie Saoudite, du Koweït, de Bahreïn et des Émirats Arabes Unis, –tels, pour ce citer que des exemples, Safr Al Hawali, Salmane Al Awdah, Hamed Al Ali et Walid Tabatbaï–, ce centre a entrepris la réhabilitation des arabes afghans afin de leur confier la «mission du redressement de la nation islamique».

La Cellule de Doha a servi de vecteur d’influence du Qatar au sein du courant salafiste

Un opposant qatari a bien résumé la répartition des rôles dans la cellule et le pouvoir: «La cellule de Doha a fait office de courroie de réhabilitation et les 2 Hamad (le souverain Hamad Ben Khalifa et le premier ministre Hamad Ben Jassem) se chargeaient de les affecter à la satisfaction de leurs objectifs».

Le cercle décisionnaire du Qatar estimait nécessaire de disposer de plusieurs relais afin de ne pas dépendre exclusivement du binôme confrérique Frères Musulmans-Youssef Al Qaradawi.

Ainsi le Qatar a offert l’hospitalité à Cheikh Mohamad Srour Zine Al Abidine, chef du mouvement Al Sourouryah et à Abbasi Madani, Chef du Front Islamique du Salut (FIS), un mouvement algérien en guerre contre la branche algérienne des Frères Musulmans.
Il a soutenu plusieurs groupements sunnites d’Irak situés hors orbite du Parti Islamique Irakien, la branche irakienne des Frères Musulmans, parallèlement à son soutien aux FM de Libye et à d’autres groupements djihadistes et salafistes.

En Syrie, dès le début de la militarisation du soulèvement populaire, le Qatar a établi des contacts directs avec Al Qaida et le mouvement «Ahrar As Sham» et d’autres groupuscules afin de ne pas dépendre d’un seul groupe et à maîtriser la situation.
La liste des 27 principaux membres de la cellule de Doha:

1- Abdel Rahman Ben Omeir Al Nouaimy, alias Abou Oumeir, intermédiaire de la libération contre rançon des journalistes européens otages des mouvements sunnites en Irak

Fiche signalétique

  • Date de naissance: 1954
  • Passeport du Qatar: N° 00868774
  • Date d’expiration de sa validité: 27 Août 2014
  • Carte National d’Identité (Qatar): N° 25463 401 704
  • Date d’expiration de la CNI-Qatar: 06 Décembre 2019

Camarade de classe de Hamad Ben Jassem, Abou Oumeir détestait l’appétence du futur premier ministre pour l’argent et son mépris pour les valeurs morales et la religion.

Il a compensé son absence du champ de bataille d’Afghanistan par son fanatisme et sa raideur doctrinale au sein de la jeunesse salafiste du Qatar. Doté d’une grande capacité d’organisation, il a réussi à s’emparer de la direction du mouvement de la jeunesse salafiste au Qatar, grâce à sa parfaite maîtrise de l’art de la dissimulation.

L’homme est l’un des grands intermédiaires de la libération contre rançon des journalistes européens otages des mouvements sunnites en Irak.

Dynamo de la cellule de Doha, Abou Oumeir a participé personnellement au transfert de des combattants d’Al Qaida vers le Yémen et à la réorganisation des anciens de Guantanamo. Il a mis sur pied un réseau de financement d’Al Qaida en Somalie, via le Soudan et le Yémen et apporté son soutien aux salafistes à Gaza, fondant des cellules dans le désert du Sinai. La décision de rattacher les «Shababs de Somalie» au mouvement Al Qaida lui revient.

Via les salafistes de Tripoli (Nord Liban), il a été contact direct avec la Brigade Farouk, tristement célèbre lors de la bataille de Bab Amro, en Février 2012. Face à son échec à opérer une percée vers la ville de Douma, il a compensé en mobilisant les Palestiniens des camps de Yarmouk et de Hajjar al Assouad.

Après 2011, date du déclenchement du soulèvement syrien, Abou Oumeir s’est livré à toutes sortes d’activités en pleine connaissance des services de renseignement du Qatar, dans la mesure où elles se situaient dans le prolongement de la stratégie des 2 Hamad visant à la chute du régime syrien et à la prise de contrôle des zones de conflit.

Les services de renseignements américains étaient eux aussi au courant de son activisme, mais ils s’imaginaient pouvoir l’instrumentaliser pour provoquer la chuté du régime

Une fois l’administration américaine convaincue de l’impossibilité de provoquer la chute du régime, via les Frères Musulmans et les groupements djihadistes, Abdel Rahman Oumeir Al Nouaimy a été inscrit sur la liste des sanctions américaines, en Décembre 2014 sous le chef d’accusation de soutien financier à des groupements terroristes.

Le trésor américain a qualifié Abou Oumeir Al Noueimy de l’homme ayant fourni plusieurs millions de dollars à des membres d’Al Qaida en Syrie, aux Shababs en Somalie et à Al Qaida pour la Péninsule Arabique.

2- Khalifa Ben Mohamad Rabbane, alias Abou Mohamad.

Natif du Qatar en 1959, d’une famille aisée, ce fils préféré de son père et ancien d’Afghanistan sera un des premiers adhérents à la cellule de Doha, son premier bailleur de fonds avant que les hommes d’affaires salafistes koweïtiens, saoudiens et qataris, de même que les services de renseignements de la principauté ne prennent le relais.

Il financera les activités de la cellule de Doha dans le Golfe et en Europe, bailleur de fonds de «l’Institut Al Karama pour les Droits de l’Homme» dont il était un membre de son conseil de surveillance.

3- Mohamad Youssef Ousmane Al Athaymina, alias Abou Abel Aziz Al Qatari, porteur de valises pour Al Qaida-Syrie pour le compte du Qatar

Natif d’Irak en 1956, dans le quartier Al Fadl, dans le centre de Bagdad, Abou Abdel Aziz Al Qatari est originaire du village d’Ein El Ghazal, au sud de Haïfa en Palestine.

Engagé volontaire en Afghanistan, il y fit la connaissance des principaux dirigeants du djihad: Abdallah Azzam, Oussama ben Laden et Ayman Al Zawahiri. D’Afghanistan, il se transporta en Tchétchénie pour y combattre les Russes.

De retour à Bagdad, à la fin de la décennie 1990, il fonde une cellule djihadiste ciblant principalement des objectifs civils, conformément à l’idéologie d’Al Qaida: Des débits de boissons appartenant à des chrétiens irakiens, le cinéma Sémiramis à Bagdad.

La cellule a été démantelée, ses membres pendus, et Abou Abdel Aziz condamné à la prison à perpétuité.

Libéré par Saddam Hussein et placé en résidence surveillée à la veille de l’invasion américaine de l’Irak, en 2003, il entre alors en contact avec Abou Mouss’ab Al Zarkaoui, qui le désignera chef de l’unité «Unification et Djihad». Avec son frère Abel Hakim, il occupe d’importantes fonctions au sein de «l’État islamique d’Irak», aux côtés d’Abou Hamza Al Mouhajjer et Abou Omar Al Baghdadi.

Pourchassé, il se réfugie au Qatar en compagnie de ses trois fils Abdel Malek, Achraf et Abdel Rahman, laissant sur place en Irak son frère Abdel Hakim. Il intègre la cellule de Doha et se met en rapport avec les services de renseignements qataris.

Le Qatar pose comme condition que cet homme dont la famille est originaire de Haïfa ne se livre à aucune activité en relation avec la Palestine.

En 2011, Abou Bakr Al Baghdadi, futur calife Ibrahim, décide d’expédier en Syrie des djihadistes grossir les rangs de Jabhat An Nosra. Sous l’autorité d’Abou Mohamad Al Joulani, Al Assamina est chargé de recruter des Palestiniens et des Arabes pour le compte de la banche syrienne d’Al Qaida. Ses deux fils, Achraf et Abdel Malek, prenant en charge les transferts de fonds.

En Syrie, il constitue «Les compagnies d’Al Qods», un détachement relevant d’Al Qaida. Via des intermédiaires du Qatar et du Koweït, avec l’aide de ses deux enfants, il assurera le financement de Jabhat An Nosra par les deux principautés.

Il se détachera de Jabhat An Nosra pour fonder «les soldats d’Al Aqsa», refusant le combat entre Daech et Jabhat an Nosra, validant les principes édictés par Abou Mohamad Al Joulani devant guider les combats en Syrie, notamment:

  1. Restauration du Califat et application de la charia
  2. Changement du système de gouvernement en Syrie et sa transformation en territoire régi par «La Loi de Dieu» applicable dans les pays islamiques.
  3. Chute du régime Assad par les armes.
  4. Encourager les sunnites syriens à s’engager dans la guerre contre le gouvernement syrien.
  5. Édifier un état islamique sur toute parcelle du territoire libéré et Aménager une sphère d’influence s’étendant de la province irakienne d’Al Anbar à la province orientale du désert syrien, plaçant tout ce secteur sous l’autorité d’une administration islamique.

Al Athaymina a été tué par un membre de l’Armée syrienne libre (ASL). Le frère du meurtrier a été tué en riposte par des soldats d’Al Qods, son cadavre jeté dans un puits ne sera retrouvé que dix mois plus tard, en Mai 2014.

Après le décès d’Al Athaymina, la cellule de Doha a poursuivi son soutien financier à sa formation, les soldats d’Al Aqsa, via Al Najdi Al Harithi, alias Abou Zir al Najdi, et un officier algérien dissident, Said Arif, alias Omar Ghraib, placé par les États Unis sur la liste des grands terroristes internationaux en Août 2014. L’algérien a été tué en Mai 2015 par un raid de la coalition.

Ci joint les divers pseudonymes qu’il a empruntés au cours de sa carrière: Hakim Al Qanass (le sniper) en Afghanistan, Abdel Ali Al Baghdadi en Irak, Abdallah Azzam Al Cham en Syrie, Abou Omar al Koukazi en Tchétchénie.

4- Khalifa Mohamad Turki Al Subaie, en charge de la coordination avec Al Qaida-Pakistan

Fiche signalétique

  • Khalifa Mohd Turki al Subaie
  • Date de naissance 1 er janvier 1965
  • Nationalité qatari
  • Passeport: N° 00 68 58 68
  • Carte d’Identité Nationale: N° 265 634 00 140

En charge depuis le Qatar de la coordination avec le commandement d’Al Qaida au Pakistan, au vu et au su des services du renseignement de la principauté, en dépit des sanctions américaines qui le frappe depuis 2008, il répercutait à l’organisation d’Oussama Ben Laden les consignes de la cellule de Doha, parallèlement à son rôle de convoyeurs de fonds.

Le trésor américain a relevé qu’Al Sibaie avait transféré à Al Qaida, au Pakistan en 2012, plusieurs centaines de milliers de dollars et d’euros. Ce chiffre ne tient pas compte de l’argent liquide acheminé par des mallettes.

Il n’a pas été possible d’établir si la valise diplomatique du Qatar a été utilisée pour ce genre d’opérations. Mais il semble que la corruption a joué un grand rôle dans la lubrification des rouages du du trafic.

Les autorités aéroportuaires de Doha détournait le regard lors des passages ds mallettes et leurs collègues pakistanais se laissaient convaincre par des arguments sonnants et trébuchants.

En 2013, à la demande d’Abou Ali Al Joulani, Al Sibaie a participé à la campagne de levée de fonds en faveur des combattants de Syrie. Cette campagne était dirigée par Saad Al Kaabi et Abdel Latif Ben Abdallah Al Kawari, deux bailleurs de fonds qataris d’Al Qaida.

La cellule de Doha a subi de lourdes pertes humaines en Syrie: Abou Khaled Al Soury, Abel Aziz Al Qatari, Abou Azzam Al Koweïti, Abou Tourab Al Mouhajer. Al Sibaie a favorisé la propulsion du saoudien Abdallah Mohamad Ben Souleymane Al Mouheissiny au poste de Mufti de Jaych Al Fatah (l’armée du Fatah) du fait de son statut de gros contributeurs du Jabhat An Nosra et des groupements relevant de Jaych Al Fatah.

Du fait de ses fonctions bancaires antérieures, Al Sibaie a mis son expérience dans ce domaine pour des opérations de blanchiment d’argent et de camouflage de virement.

5- Abdel Malek Mohamad Youssef Abdel Salam

Fiche signalétique

  • ‘Ab al- Malik Muhammad Yusif ‘Abd-al-Salam
  • Pseudonyme: Omar le Qatari, Abou Omar le Qatari, Omar Al Tayyar (l’aviateur).
  • Nationalité jordanienne
  • Date de naissance: 13 Juillet 1981.
  • Passeport Jordanien: N° K 47 5336
  • Date d’émission: 21 Août 2009
  • Date d’expiration: 30 Août 2014
  • Carte d’Identité Nationale du QATAR: N° 289 40 00 602

Abdel Malek a atterri au Qatar en 2004 en compagnie de son père Mohamad Youssef Al Assamina en application de la décision d’Al Qaida de les mettre à l’abri à la suite de l’assassinat de deux dirigeants de l’organisation en Irak.

Sous le pseudonyme d’Abou Omar Al Qatari, il fera office d’assistant d’El Sibaie et d’Ibrahim Issa Al Bakri. Il reçut alors instruction de se diriger vers la Syrie, via le territoire libanais, en vue de prendre en charge les transferts de fonds. Il sera intercepté par les services de sécurité libanais le 2 Mai 2012.

Condamné pour transfert de fonds, il fut emprisonné à la prison de Roumiyeh. Sa peine purgée, le Liban prolongera sa détention car entre temps, son nom avait été inscrit sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU, le 23 janvier 2015, dans le prolongement des sanctions américaines.

Le 27 Février 2016, Abdel Malek a été expulsé vers la Jordanie.

Dans ses aveux à la justice libanaise, l’homme indiquera s’être rallie à Al Qaida, via son père, alors qu’il était à Doha. Il suivra un entraînement militaire avant de se rendre en Afghanistan pour rejoindre les combattants islamiques. Il précisera avoir transité par l’Iran pour se rendre vers les régions frontalières du Pakistan et de l’Afghanistan.

Au terme d’une nouvelle session d’entraînement au tir au fusils et aux armes de poings, il se rendit en Mai 2001 en compagnie d’un groupe d’Al Qaida à Zabel (Afghanistan) pour se livrer à des opérations armées contre les patrouilles de l’armée américaine. De Zabel, il se transporta vers le camp de Bourraych, toujours en Afghanistan.

Blessé lors de l’opération, il a dû se faire amputer des doigts de la main droite. Cet accident a modifié radicalement sa position au sein d’Al Qaida. De combattant, il sera déplacé vers le secteur logistique. Avec pour pour mission la collecte de fonds des personnes fortunées d’Arabie Saoudite, du Qatar, du Koweït. La quête se faisait via internet, d’une manière hermétique et cloisonnée, sans la moindre connaissance des donateurs les uns des autres, assisté de collaborateurs du Liban, de Syrie, de Jordanie, et du Koweït.

Il a révélé avoir convoyé des fonds dans divers pays de la Péninsule arabique, précisant le montant de ces transferts:

  • -50.000 euros via l’Iran en Novembre et Décembre 2011
  • -10.000 euros en Mars 2012
  • -180.000 euros et 200.000 ryals qataris, 4 jumelles à vision nocturne, du matériel de transmission, ainsi que des armes et munitions à des combattants d’Al Qaida à Antioche (Turquie).

6- Achraf Mohamad Youssef Ousmane Abdel Salam

Fiche signalétique

  • Ashraf Muhammad Yusif ‘Uthman ‘ Abed -al-Salam
  • Pseudonyme: Khattab, Ibn Al Khattab
  • Date de naissance: 1984
  • Lieu de naissance: Irak
  • Passeport Jordanien: N° K 048 787
  • Passeport jordanien additif: N 486 298
  • Carte d’Identité Nationale du QATAR: N°284 400 00 526

L’homme figure sur la liste des sanctions de l’ONU et des États Unis pour son soutien à Al Qaida en Irak, en Syrie et au Pakistan.

Le 20 juillet 2010, Achraf est intercepté par les services jordaniens qui lui retirent son passeport à son passage de la frontière irako jordanienne et officiellement arrêté, une semaine plus tard, le 28 juillet 2010. Le 28 septembre 2010, soit deux mois plu tard, il a été libéré et expulsé vers Bahreïn et le Qatar.

Le 25 septembre 2012, il est de nouveau arrêté cette fois par la police de Bahreïn, qui avait opéré une descente à son domicile situé dans le quartier de ‘Arrad, dans le district d’Al Mahraq. Deux ans plus tard, il est expulsé vers une destination inconnue et sa trace se perd. Il sera identifié par des combattants de l’Armée Syrienne Libre, dans la région d’Idlib, servant en tant que combattant d’Al Qaida.

Achraf dispose d’une carte de résidence du Qatar. Il a collaboré avec El Sibaie, qui est, lui, de nationalité qatari, à des transferts de fonds vers Al Qaida- Pakistan, en 2012, selon le trésor américain.

Depuis 2004, Achraf a facilité les contacts et le soutien financier à Al Qaida Irak, le précurseur de l’État Islamique (Daech). Depuis 2012, il était chargé du transfert des fonds et des combattants vers Al Qaida Syrie.

7- Ibrahim Issa Hajji Mohamad Al Baqer, un des premiers adhérents à la Cellule de Doha.

Fiche signalétique

  • Pseudonyme: Abou Khalil
  • Nationalité: qatari
  • Date de naissance: 12 juillet 1977
  • Lieu de naissance: Qatar
  • Passeport qatari N° 01 01 66 46

L’un des premiers adhérents au cercle de Doha, Abou Khalil sera aussi l’un des premiers démasqués.

Chargé des transferts de fonds à Al Qaida Pakistan depuis les attentats anti américains du 11 septembre 2001, il a été arrêté par les autorités qataries et libéré conte l’engagement de s’abstenir de toute activité sur le territoire national, notamment la collecte de fonds et le recrutement de combattants qataris pour les zones de conflit.

Abou Khalil sera inscrit sur la liste des sanctions des États Unis en septembre 2014 puis de l’ONU, en 2015 pour son soutien financier à Al Qaida. Abou Khalil n’a pas plus été inquiété depuis lors, respectant scrupuleusement ses engagements prises auprès des autorités qataries.

Depuis novembre 2014, il est fonctionnaire à l’Office Général des Travaux Publics du Qatar.

8- Abdel Aziz Ben Khalifa Al Attyah: Le Joker de la cellule de Doha, le propre frère du Conseiller spécial du Prince Tamim

Fiche signalétique

  • Abdelaziz al-Attiyah
  • Nationalité: qatari.
  • Passeport: passeport diplomatique délivré par le gouvernement du Qatar.

Les informations le concernant sont disponibles auprès des services de renseignements américains qui étaient au courant de sa mission, de même qu’auprès de la sûreté libanaise.

La sûreté libanaise ne s’imaginait pas un seul instant que le groupe qu’elle avait intercepté au Liban, en 2012, était dirigé par le propre frère du conseiller spécial du prince héritier Tamim, Hamad Ben Khalifa Al Attiyah, et le cousin de deux autres personnalités du régime: Hamad Ben Ali Al Attiyah, conseiller de Tamim pour la défense et de Khaled Ben Mohamad Al Attiyah, à l’époque ministre d’État pour les Affaires étrangères, désormais en charge de la défense.

Inculpé de financement du terrorisme, Abdel Aziz était en fait le joker de la cellule de Doha, l’officier de liaison entre le leadership politique et les services de renseignements qataris d’une part, la cellule de Doha, d’autre part.

Le message était clair et ferme: Si ce fils de la nomenklatura qatarie n’était pas libéré sur le champ, la totalité de la communauté libanaise du Qatar serait dégagée sur le champ, expulsée vers son pays d’origine.

Pour camoufler l’implication du Qatar dans cette affaire, un jordanien (Omar Al Qatari) a été sacrifié, bouc émissaire de la transaction, jugé et condamné à une peine de prison.

Démasqué, Abdel Aziz n’en a pas moins continué à faire preuve d’activisme au Qatar, participant à de nombreuses campagnes de collecte de fonds pour les combattants d’Al Qaida. En 2013, il lancera une campagne publique de fonds s’adressant aux donateurs via les réseaux sociaux, avec l’aide de deux collaborateurs d’Al Qaida: Saad Ben Saad Al Kaabi et Abdel Latif Ben Aballah Al Kawari avec le soutien d’Al Sibaie. Tous trois figurent sur la liste des sanctions des États Unis et de l’ONU.

Abel Aziz proclamera publiquement son soutien à Oussama Ben Laden, Ayman Al Zawahiri et à la guerre que mène Al Qaida en Syrie.

Membre de la fédération du Billard du Qatar, Abdel Aziz a été nommé par le souverain du Qatar, Tamim Ben Hamad, membre du comité olympique national qatari.

9- Salem Hassan Khalifa Rached Al Kawari, ancien fonctionnaire au ministère de l’Intérieur du Qatar.

Fiche signalétique:

  • Salim Hassan Khalifa al Kuwari
  • Date de naissance: approximativement entre 1978 et 1979.

Inscrit sur la liste des sanctions américaines en Juillet 2011, pour son soutien logistique et financier à Al Qaida, via des collaborateurs d’Al Qaida en Iran, Kawari a fourni plusieurs centaines de milliers de dollars à Al Qaida, fournissant un soutien logistique à ses opérations.

Il a contribué à la libération de deux dirigeants d’Al Qaida détenus en Iran, et muni de leur habilitation, il a facilité le transfert des combattants de l’organisation vers les zones de conflit. Kawari officiait au ministère de l’intérieur du Qatar, en 2011, avant son inscription sur la liste des sanctions américaines.

10- Abdallah Ghanem Mouslem Al Kawar, en charge des transmissions et du soutien logistique.

Fiche signalétique

  • Abdallah Ghaleb Mahfuz Muslim al-Khawar
  • Date de naissance: 17 Août 1981
  • Passeport: N° 281 634 022 96

Il figure sur la liste des sanctions américaines depuis juillet 2011 pour sa collaboration avec Kawari dans divers domaines au bénéfice d’Al Qaida, notamment dans le secteur des transmissions et du soutien logistique et financier.

Durant sa présence au Qatar, il a coopéré avec Kawari au ministère de l’intérieur pour le transfert des combattants d’Al Qaida vers l’Afghanistan et contribué à régulariser le séjour au Qatar des membres de la cellule de Doha.

11- Saad Ben Saad Mohamad Al Kaabi ou l’instrumentalisation des associations caritatives musulmanes au Royaume Uni

Fiche signalétique

  • Sa’d al-Sharya ‘Al-Ka’bi
  • Pseudonyme: Omar Al Afghani
  • Date de naissance: 15 Février 1972
  • Nationalité: qatarie
  • Compte bancaire: Qatar Islamic
  • Account *2000 720 76 Hazza Saad Sad Al Kaabi Bank QI SB QA QA

Inscrit sur la liste des sanctions américaines en Août 2015, sur celle de l’ONU un mois plus tard en Septembre 2015 pour avoir collecté des fonds pour le compte d’Al Qaida en Syrie. Saad a demandé publiquement aux donateurs de virer leurs contributions directement à son compte bancaire, dont il avait communiqué les références .

Dans sa collecte, il a bénéficié de l’aide d’une parente qui travaillait au sein d’une association caritative au Royaume Uni, elle même créée par une autre membre de sa famille.

12- Abdallah Latif Ben Abdallah Al Kawari

Fiche signalétique

  • ‘Abd -al-Latif ‘Abdallah, al-Kawari
  • Pseudonyme: Abou Ali Al Kawari
  • Date de naissance: 28 Septembre 1973
  • Lieu de naissance: Qatar
  • Passeport: 010 208 02
  • Passeport additif (2): 00 75 48 33
  • Date d’émission: 20 Mai 2007
  • Passeport additif (1): 00 490 327
  • Date d’émission: 28 Juillet 2001
  • Carte Nationale d’Identité/ Qatar: 2736 34 00 684

Inscrit sur la liste des sanctions américaines en Août 2015, sur celle de l’ONU en Septembre 2015 sous une double accusation: Collecte de fonds et officier de sécurité d’Al Qaida. Sa coopération avec l’organisation d’Oussama Ben Laden remonte au début du XXI me siècle lorsqu’il s’est occupé de la venue au Qatar d’un dirigeant d’Al Qaida.

13- Mohamad Said Ben Halouane Al Saqatri

Mohamad Saeed ‘al- saqatri

Ancien ingénieur auprès de la compagnie des télécommunications du Qatar «QTEL», puis fondateur de A3L, basée à Doha, une société spécialisée dans les prestations de service dans le domaine de l’internet, ce fournisseur de prestations technologiques a mis ses connaissances dans ce domaine auprès de la mouvance djihadiste.

Il a, parallèlement, offert son aide à la collecte de fonds auprès de Saad al Kaabi et d’Abdel Latif Al Kawari, deux personnes figurant sur la liste des sanctions américaines et de l’ONU. Al Saqatri assistait en outre les djihadistes pour leur départ vers la Syrie.

14- Abdel Wahab Mohamad Abdel Rahman Al Houmayani, homme de liaison avec Al Qaida pour la Péninsule Arabique

Fiche signalétique

  • Abd al-Wahab Muhamad ‘abd al-Rahman al- Humayqani
  • Pseudonyme: Abou ‘Ayed
  • Date de naissance:4 Août 1972
  • Lieu de naissance: Zahra, district Al Bayda-Yémen
  • Passeport: yéménite N° 0 390 24 09
  • Date d’émission: 13 juillet 2010
  • Date d’expiration: 13 Juin 2016
  • Passeport additif 01 77 22 81
  • Carte Nationale d’Identité 198 73 53

Abou Ayed figure sur la liste des sanctions américaines depuis 2013 pour son soutien financier à Al Qaida pour la Péninsule Arabique, selon les motivations du Trésor américain. Les virements étaient effectués via une association de bienfaisance, dont il était le propriétaire au Yémen.

Proche des dirigeants d’Al Qaida-Péninsule Arabique, il a participé à la planification des opérations d’APA dans la zone. Il a coordonné ses activités dans ce domaine avec Abdel Majid Al Zandani, un soutien d’Al Qaida qui figure à lui aussi sur la liste des sanctions américaines.

Rattaché à la cellule de Doha alors qu’il était employé au ministère des Biens Religieux (Waqf), il a bénéficié du soutien de l’Institut de bienfaisance «Eid Al Thani» et d’autres associations caritatives. Membre du Conseil de surveillance de l’Institut Al Karama, en compagnie d’Abdel Rahman al Noueimy, il sera par la suite représentant d’Al Karama au Yémen.

15 – Abdallah Ben Khaled Al Thani, l’hôte de Khaled Cheikh Mohamad

Fiche signalétique:

  • Abdullah bin Khalid bin Hamad bin Abdullah al-Thani
  • Date de naissance: 1955
  • Lieu de naissance: Rayan (Qatar)
  • Nationalité: qatarie

Ancien ministre de l’intérieur, ancien ministre des Biens Religieux (Waqf), Abdallah Ben Khaled est un des doyens de la dynastie Al Thani, membre du «Conseil de famille» de la famille régnante.

Il est considéré comme la courroie de transmission de la cellule de Doha, principalement pour aménager des bases de repli sécurisés aux dirigeants d’Al Qaida depuis le début de la décennie 1990. A son initiative, des dirigeants d’Al Qaida ont trouvé emploi auprès de l’Office Général de l’Électricité et de l’Eau.

Il a aussi offert l’hospitalité à son domicile à Doha à Khaled Cheikh Mohamad, le cerveau des attentats anti-américains du 11 septembre 2001.

Entre 1992 et 1996, Khaled Cheikh Mohamad a mis à profit son emploi au sein de l’administration du Qatar pour virer d’importantes sommes d’argent à des activistes d’Al Qaida en vue de planifier des attentats anti-américains, notamment le premier attentat contre le World Trade Center, en 1993, organisé en compagnie de son neveu Ramzi Youssef.

En 1996, les autorités américaines se sont lancés à la traque de Khaled Cheikh Mohamad dans un complexe immobilier situé dans la banlieue de Doha et propriété d’Abdallah Ben Khaled Al Thani. Les autorités qataries ont alerté le fugitif et assuré son exfiltration en lui délivrant un passeport du gouvernement du Qatar.

Abdallah a continué a occupé des postes importants au sein du gouvernement y compris le poste de ministre d’état pour les affaires intérieures, puis ministre de l’intérieur. Des fausses informations ont fait état de son placement en résidence surveillée. Il n’en est rien. Il continue à vaquer à ses occupations en toute liberté.

Féru de voyages, il se déplace à bord d’un avion privé mis à sa disposition par le gouvernement du Qatar. En Octobre 2014, des photos ont paru le montrant en compagnie de l’ancien Émir du Qatar Cheikh Hamad Ben Khalifa, à Paris.

16- Abdel Rahman Ahmad Al Haram

  • Pseudonyme: Abou Abdallah
  • Proche collaborateur d’Abdallah Ben Khaled Al Thani depuis 2013, il accompagne son mentor dans tous ses déplacements à l’étranger

Il est chargé des contacts avec le gouvernement du Qatar et ses services de renseignements pour le compte de l’ancien protecteur de Khaled Cheikh Mohamad. Ainsi en Novembre 2015, Abdel Rahman a rencontré le général Ghanem Ben Chahine, chef d’état major des Forces Armées qataries.

17- Moubarak Mohamad Al Ajji

  • Qatar: Phone 974 555 669 46 / 974 777 973 30

De nationalité qatarie, il a adhéré tardivement à la cellule de Doha après la découverte des membres fondateurs. Du fait de ses rapports étroits avec Al Qaida, il sera chargé de collecter des fonds en faveur de cette organisation Qaida, via des ONG, mais avec la caution des services de sécurité qataris.

Il a mené ses campagnes avec l’aide du koweïtien Hajjaje Ben Fahd Al Ajami, inscrit sur la liste des sanctions américaines et de l’ONU pour son soutien financier à Al Qaida.

En 2013, le tandem a levé des fonds pour des achats d’armes aux combattants en Syrie. Al Ijji et Jaber Al Mary étaient coordonnateurs et officiers de liaison du Qatar dans cette campagne.

Via les réseaux sociaux, Moubarak Al Ijji a lancé des campagnes de soutien à Oussama Ben Laden, se félicitant des attentats anti-américains du 11 septembre 2001.

En 2012, à l’initiative du ministère des Biens Religieux du Qatar, il a animé un colloque de soutien au Djihad en Syrie. En Août 2013, il rendit publique une lettre d’un dirigeant d’Al Qaida en Syrie remerciant les qataris pour leur contribution au financement des djihadistes en Syrie.

Un mois plus tard, en septembre 2013, Moubarak a voyagé en compagnie de Hajaje Al Ajami, l’expert financier d’Al Qaida, qui figure sur la liste des sanctions américaines et de l’ONU. A son retour à Doha il a intégré les forces armés du Qatar pou y effectuer son service national.

Moubarak al Ijji est à l’origine de la jonction entre Hajaje Al Ajami et les donateurs du Qatar, notamment Moubarak Ben Ali Mohamad Al Attiyah, proche parent de l’ancien ministre des Affaires étrangères et actuel ministre d’état pour la défense.

Depuis 2015, Moubarak Al Ijji est responsable du centre Ar Rawda (jardin d’enfants), qui accueille parmi ses conférenciers des extrémistes sympathisants d’Al Qaida

18- Jaber Ben Moubarak Al Mari

De nationalité qatarie, né le 30 juillet 1981, il appartenait à la section de soutien au sein de la cellule de Doha. De ce fait, il a été chargé de participer à la campagne publique de collecte de fonds, alors que d’autres étaient instrumentalisés au sein d’Al Jazeera pour diffuser les informations propres à Al Qaida.

Il a été coordinateur ds campagnes de collecte de fonds dirigées par Hajaje Al Ajami, inscrit sur la liste des sanctions des États Unis et de l’ONU. Pour stimuler la générosité des donateurs, il publiait les attestations de versement d’or, de biens fonciers, recueillis après des qataris. Jaber Al Mari est désormais Rédacteur en chef du journal Al Arab, édité à Doha.

19- Mohamad Jassem Al Sulaiti

  • Pseudonyme ABU Jassem al-Sulaiti

Membre de la cellule de Doha, en charge du ravitaillement des combattants en Syrie en collaboration avec des sympathisants d’Al Qaida, les précités Kaabi et Kawari, tous deux figurant sur la liste des sanctions américaines et de l’ONU.

En Septembre 2014, il a supervisé une campagne de levée de fonds au Qatar pour le ravitaillement des djihadistes d’Al Qaida en Syrie.

Depuis juillet 2017, Sulaiti est présenté comme responsable du secteur caritatif, coordinateur des aides destinées à financer des oeuvres de bienfaisance en Syrie. En fait, Sulaiti est le collaborateur de Khalifa Ben Turki El Sibaie, l’expert financier d’Al Qaida, inscrit sur la liste de sanctions américaines et de l’ONU.

20- Ali Ben Abdallah Al Suwaidi, premier responsable financier d’Al Jazeera

De nationalité qatarie, Ali Ben Abdallah Al Suwaidi figure parmi les premiers adhérents à la cellule de Doha, qui réussit à la placer très tôt à un poste sensible à Al Jazeera, en sa qualité de responsable financier de la chaîne.

A la prise de fonction de l’islamiste confrérique Waddah Khanfar à la direction générale de la chaîne, Ali Ben Abdallah a cessé ses activités à Al Jazeera pour prendre la direction générale de «l’Institut de bienfaisance Eid Al Thani». Ce poste lui permettait de gérer le budget de cette institution caritative et d’en fixer le programme d’action, notamment la supervision de la collaboration avec des institutions en rapport avec Al Qaida.

Ali Ben Abdallah était en fait l’homme de confiance de Cheikh Abdel Rahman Al Noueimy qui lui confiait les missions difficiles.

21- Hachen Saleh Aballah Al Awadi: L’assistant du bailleur de fonds d’Al Qaida

Officiellement en fonction à l’Institut de bienfaisance Eid Al Thani, il était en fait l’assistant du bailleur de fonds d’Al Qaida, inscrit sur la liste des sanctions américaines et de l’ONU, Abdel Rahman Al Neaimi.

Le fils de Awadi, Mohamad, ralliera Daech et sera tué en 2015 lors d’un raid de la coalition contre les positions de l’État Islamique en Syrie. Avant son décès, il avait participé à une campagne de collectes de fonds en compagnie de deux membres de Daech, Salah Faraj Al Mary et Moutlaq Ben Mohamad Al Hajiri, ux aussi tués.

Depuis 2016, Hachem Al Awadi est président exécutif de la compagnie qatarie RITAGE pour la gestion et la commercialisation des projets, dont les copropriétaires à hauteur de 20 pour cent chacun, sont le ministère des Biens religieux et l’Institut de bienfaisance Eid Al Thani.

Le président de Ritage Ahmad Ben Eid Al Thani cumule depuis 2017 ces fonctions avec celle de chef de la section financière, l’office de contrôle de la Banque centrale du Qatar chargé de la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent.

Son adresse est la suivante: 236, Rue Mohamad Ben Thani, Ben Omrane- Doha

22- Mohamad Ben Issa Al Fatees Al Mary: L’officier de liaison du Qatar avec Abdel Hakim Belhadj, chef des groupements islamiques de Libye.

Officier des forces spéciales qataries, il a été dépêché en Libye en 2011 pour la coordination des activités du Qatar avec les groupements islamistes libyens dans la guerre contre Mouammar Kadhafi.

Depuis lors il a pris en main la coordination des relations avec le chef des groupements combattants islamistes libyens Abdel Hakim Bekhadj et Mehdi Al Harathi, dans l’ouest de la Libye.

En Août 2011, l’officier qatari a été pris en photo en compagnie d’Abdel Hakim Belhadj, lors d’un entretien en direct sur la chaîne Al Jazeera dans l’enceinte même de la caserne Bab al Azizyah, la résidence à l’ancien dirigeant libyen, après son occupation par les groupements islamistes.

La même année toujours, le colonel Mohamad Al Fatees Al Mary a été également pris photo commandant un groupe de combattants à proximité de Tripoli en vue de la réouverture de l’ambassade du Qatar dans la capitale libyenne.

Depuis Mars 2017, Mohamad Al Fatees a été promu Général, commandant des forces spéciales du Qatar.L’officier supérieur qatari n’avait jamais eu auparavant de contacts avec la cellule de Doha. Il n’a noué contact avec la cellule qu’à le venue des radicaux libyens au Qatar.

23 – Hamad Ben Abdallah Ahmad Ali: Chef du mouvement salafiste koweïtien.

Fiche signalétique:

  • Hamad Ben Abdallah Ahmad Al Ali
  • Pseudonyme: Abu Salim
  • Date et lieu Naissance 20 janvier 1960. au Koweït.

Son étoile a commencé à briller à son accession en 2002 au poste de Secrétaire général du Mouvement salafiste koweïtien, d’où il a engagé sans retard des contacts avec des Cheikhs d’Arabie saoudite, de Bahreïn et du Koweït de la mouvance salafiste en vue de créer une «Union Générale du Mouvement salafiste du Golfe».

Sa forte relation avec Al Qaida et d’éléments extrémistes l’ont privé de la possibilité de persévérer dans ce projet.

Lors de l’invasion de l’Irak, en 2003, il considérera qu’Abou Mouss’ab Al Zarkaoui comme le meilleur interprète et avocat de sa pensée. Invoquant le «danger iranien», il se joindra à Zarkaoui pour déclarer apostat les schismatiques chiites «Ar Rafida», considérant que toute action provoquant la mort de chiites est un acte de djihad.

Lors d’un colloque au Koweït, il a considéré que l’attentat contre le dirigeant chiite irakien Mohamad Baqer Al Hakim, le 29 Août 2003, à la ville sainte chiite de Najaf comme étant des opérations qui relevaient du «martyr». 80 personnes ont été tuées- avaient été au cours de cet attentat. Il en a été de même des les attentats en série commis à l’occasion de la commémoration religieuse de la cérémonie chiite d’Al Achoura -dont le bilan s’est élevé à 271 tués et plusieurs centaines de blessés.

Il a, à cette occasion, fustigé la distinction établie en Occident entre civils et militaires, refusant qu’une attaque d’une tour de contrôle d’un aéroport civil comme relevant d’un acte terroriste. L’homme a connu une certaine célébrité fugace lors du panégyrique qu’il a prononcé à la mort de Zarkaoui:

«Le chef Zarkaoui est tombé en martyr, victorieux. Prenant sa relève, Abou Hamza est notre nouveau porte étendard et s’il venait à tomber en martyr, un autre prendra la relève et notre étendard ne tombera jamais», proclama-t-il.

La relation de Hamad Ben Abdallah avec la cellule de Doha était aléatoire, irrégulière. Si elle a facilité ses contacts avec de nombreux dirigeants djihadistes, elle était toutefois empreinte d’une certaine réserve en raison de «l’hypertrophie de son moi», qui l’incitait à se considérer comme le plus compétent dans le domaine de la doctrine et de la jurisprudence islamique.

Il a de même amplifié sur les réseau sociaux le «Faire Part» du décès d’un dirigeant d’Al Qaida Youssef Ben Saleh Ben Fahd Al Ayiri, fondateur d’Al Qaida en Arabie saoudite, «tombé en martyr des mains des bourreaux de la Péninsule Arabique». Faire part daté de la nuit de samedi à dimanche 30/03/1424 -2 Juin 2003. La cellule l’a utilisé là où bon lui semblait. Il a été conduit de ce fait à concentrer ses relations avec Al Qaida-Irak puis avec l’État Islamique d’Irak.

Selon le témoignage d’un dissident de Daech, Hamad Ben Abdallah jouissait au départ du respect des combattants non irakiens. Il a pris de l’importance avec son enrôlement de volontaires d’Arabie saoudite et du Koweït, mais s’est réduit avec l’«Irakisation» du commandement, c’est à dire l’installation d’Irakiens aux postes importants du mouvement.

Les Irakiens particulièrement les officiers de l’armée de Saddam Hussein ne nourrissaient aucun respect à son égard, considérant les Koweïtiens comme des «suiveurs».

En 2008, L’ONU a admis que Hamad Ben Abdallah était le financier d’une cellule terroriste au Koweït qui a planifié des attentats contre des objectifs aux États Unis et au Koweït. Il a été inscrit sur la liste des sanctions américaines en 2006, et deux ans plus tard, en 2008, sur la liste des sanctions de l’ONU pour son rôle dans la préparation des attentats au Koweït et en Irak.

En dépit de son inscription sur la liste des sanctions, le chef des salafistes koweïtiens a poursuivi ses activités sans encombre. En 2012, Hamad a pris la parole à la grande mosquée du Qatar à l’invitation du ministère des biens religieux de la principauté, multipliant les appels au soutien d’Al Qaida et de Daech en Syrie, participant aux collectes de fonds au Koweït. Il n’hésitera pas à mobiliser les députes salafiste du Koweït leur enjoignant de se rendre sur le terrain en Syrie pour apporter leur soutien aux combattants.

Les collectes étaient présentées comme étant destinées à l’Armée Syrienne Libre (ASL), elles étaient en fait déviées vers les groupements djihadistes takfiristes.

En 2012, il a publié un communiqué de soutien à Al Qaida à la suite de l’inscription par les États Unis de ce mouvement sur la liste sur la liste des organisations terroristes.

En Mai 2012, lors de sa prêche du vendredi à la Mosquée Imam Mohamad Ben Abdel Wahab du Qatar, Hamad a enjoint aux associations de bienfaisance d’apporter leur soutien en armes et en argent.

«Votre argent, ils le réclament. Mettez le à leur disposition pour qu’ils puissent protéger leur poitrine des balles de la lâcheté tirées par cette communauté perfide et maudite. Associations caritatives, plantez vos tentes aux frontières de la Jordanie, du Liban, de la Syrie et d’ailleurs et faites passer l’argent les armes à ce peuple».

Un universitaire koweïtien nous a exposé les raisons de la discrétion du son gouvernement: «Le gouvernement craint de soulever cette question sensible. Le contenu de la prêche reflète la tonalité générale des interventions publiques durant les premières années de la guerre de Syrie. Au Koweït, le sujet est sensible. Il y a un fort courant chiite, un courant salafiste et au dessus de nos têtes, le danger iranien. Difficile d’opter pour la fermeté, car des personnalités salafistes seront visées, ce qui suscitera des troubles. Le gouvernement préfère privilégier le compromis plutôt que de mettre en œuvre l’arsenal sécuritaire juridique et sécuritaire dont il dispose».

Ci Joint la déclaration de Hamad Ben Abdallah à propos du Blocus imposé au Qatar par quatre pays arabes:

Remarques préliminaires, le prédicateur s’exprime, au nom de la religion, en tant que Mufti et législateur. Il traite du blocus, alors que ce terme et impropre au regard du Droit international.

«Que dire d’un blocus qui frappe un peuple entier, qui inflige des dégâts à des centaines de milliers de musulmans, à leurs intérêts leur condition de vie, qui leur coupe la voie au retour dans leur pays. Une telle perturbation frappe la totalité du monde.

«Il importe d’interdire ce blocus vilain et odieux, qui frappe la population du Qatar. L’homme qui garde le silence est un diable muet, qui sera frappé des prescriptions concernant le silence sur la vérité. Un tel blocus a été imposé au Qatar en raison du complot ourdi avec l’ennemi de la nation, l’Iran.

«Une plainte n’est valable que si elle est confortée par des preuves. A supposer que l’accusation soit fondée, c’est au lâche d’ assumer sa traîtrise et non le peuple dans sa totalité».

Il est patent qu’Al Jazeera défend les sunnites d’Irak, de Syrie, du Liban et d’ailleurs. Elle prend la défense des causes de la nation musulmane, de ses peuples persécutés d’une manière plus efficace que toute autre chaîne satellitaire».

Hamad Ben Abdallah Ahmad Al Ali 10 Ramadan 1438

24- Hajaje Ben Fahd Hajaje Mohamad Al Ajami

Fiche signalétique:

  • Hajjaj bin-Fahad- al-Ajami
  • Date et lieu de naissance: Koweït, 10 Août 1987
  • Nationalité: Koweïtienne
  • Phone: 965 660 66 414

Membre exécutif de la cellule de Doha, chargé de la mobilisation, son adhésion à cette structure s’est faite par l’entremise de Moubarak Al Ijji et Jaber Al Mari.
Ressortissant koweïtien, il a été inscrit sur la liste des sanctions américaines, en 2014, pou son soutien à Al Qaida en Syrie. Hajjaj s’est rendu régulièrement en Syrie pour y convoyer des fonds à Al Qaida.

En 2012, à l’invitation du ministère des biens religieux du Qatar, il a participé à un colloque lançant depuis la tribune un appel au Djihad.

En 2013, il a dirigé la campagne de collecte dont les fonds étaient affectés à l’achat d’armes pour les combattants de Syrie. Dans cette campagne, il était assisté de Moubarak Al Ijji et Jaber Al mary, deux officiers de liaison qataris, chargés de la coordination de la levée de fonds auprès des donateurs pour le compte de Hajjaj.

25 – Abdallah Mohamad Ben Sleimane Al Mouhaysin: D’Imam à la Mecque à Mufti de Jaych Al Fatah en Syrie

Fiche signalétique

  • Al-Muhaysin-,al-Abdallah
  • Date et lieu de naissance: 30 octobre 1987 à Al Qassem- Arabie saoudite.
  • Passeport saoudien N°/ K. 163 255
  • Date d’émission: 11 juin 2011
  • Date d’expiration: 16 avril 2016

La cellule de Doha a pris contact avec Abdallah al Muhaysin alors qu’il était Imam de la mosquée qatarie de La Mecque. De retour à Doha, il a participé en 2012 au 2me congrès de la «Ligue des Oulémas Musulmans», un collectif d’oulémas salafistes. La décision d’accélérer la mise en route d’une telle structure a résulté de la décision des salafistes locaux de créer des partis salafistes dans les pays arabes en proie aux troubles du printemps arabe, afin d’être présent dans la carte politique de ces pays.

Le 25 Mai 2012, Al Muhayssin et Nasser Al Omr sont apparus à Doha en compagnie de Tayssir Allouni, journaliste vedette d’Al Jazeera, en photo n marge d’un colloque.

En Août 2013 un an après le congrès salafiste, l’Imam rejoint les rangs des combattants de Jabhat an Nosra, après avoir participé à plusieurs campagnes de collecte de fonds sur son compte tweeter.

La cellule de Doha avait perdu un de ses plus importants responsables en Syrie et avait un besoin urgent d’un homme de confiance à la veille de la constitution de Jaych Al Fateh en prévision de l’offensive djihadiste contre le secteur d’Idlib.

D’importantes injections de liquidités propulseront Al Muhayssini au rang de Mufti de Jaych al Islam, ayant autorité sur Jabhat An Nosra, Jound Al Aqsa et Ahrar As Sham.

De 2013 à 2015, Al Muhayssin a mené une intense campagne de collecte de fonds pour doter Jabhat An Nosra d’une artillerie efficace et d’armes sophistiquées. Par la suite, il équipera aussi Hayat Ahrar As Sham.

Parrain du désengagement de Jabhat An Nosra de son organisation mère, Al Qaida, sa suffisance et son imprévoyance contribueront néanmoins à démasquer ses connexions avec les services de renseignements qataris et la cellule de Doha.

Le fait que ses collectes de fonds aient été faites en compagnie de Khalifa Ben Hamad Al Sibaie, inscrit sur la liste des sanctions américaines, se superposant à un tweet ravageur contribueront à sa disgrâce.

Dans son tweet, publié à l’occasion des sanctions prises contre le Qatar par 4 pays arabes, il proclamait notamment:

«Les peuples musulmans refusent le blocus d’un peuple musulman.
A nos frères du Qatar, il vous suffit de avoir que les miracles qui se produisent au pays du levant nous interpellent. C’est un message qui se rangent du côté de l’oppression».

Al Muhayssin a été inscrit en Novembre 2016 sur la liste des sanctions américaines pour son soutien à Jabhat An Nosra et à Al Qaida.

27- Hakim Oubeyssane Al Hamidi al Mutari

Fiche signalétique

  • Hakim al Mutari
  • De nationalité koweïtienne, né le 7 Novembre 1964 au Koweït.

Collecteur de fonds pour le compte de djihadistes de Syrie, notamment Jabhat An Nosra, Jound Al Aqsa et Liwa Al Oumma, il était depuis 2012 l’assistant de Hajjaj, un homme inscrit sur la liste des sanctions américaines. Il était en même temps proche d’un dirigeant d’Al Qaida, Mohamad Youssef Abdel Salam (aka Abdel Aziz Al Qatari) et du financier de cette organisation, Abdel Rahman Ben Oumeir Al Neaimy, lui aussi figurant sur la liste des sanctions américaines.

En 2004, il a été l’un des membres fondateurs de l’Institut Al Karama, dont la vitrine est basée à Genève. En 2014 et 2016, Matari a été pris en photo en compagnie d’El Neaimy, alors que ce dernier figurait déjà sur la liste des sanctions américaines.

Depuis 2016, Matari officie comme membre du Conseil de Surveillance de la «Campagne Mondiale pour la Résistance à l’Agression», une structure présidée par ce même Al-Neaimy.

En 2011, à la mort d’Oussama Ben Laden, il a adressé un message de d’hommage à titre posthume au chef d’Al Qaida le félicitant pour son «Djihad contre l’Occident».

Des membres exécutifs

La cellule de Doha comprenait d’autres membres que nous sommes parvenus à identifier. Certains étaient affectés à des tâches d’exécution, notamment des transferts d’argent via des associations caritatives, à l’instar de Khaled Said Al Fadl, Rached al Bouaynayne, Khamis Al Chahwati, Chaqer Jouma’a, Saleh Ahmad Ghanem ainsi que des étudiats de l’Université du Qatar ou du ministère des biens religieux du Qatar.

Certains d’entre eux ont quitté la cellule, soit qu’ils réprouvaient ses liens avec Al Qaida ou qu’ils désapprouvaient sa connexion avec les services de renseignements qataris, voire même avec les autorités de Doha.

La stratégie du lobby du Qatar dans les médias arabes et occidentaux. (livre noir 4/4)

Azmi Bishara 
«Qatar, Le Livre Noir», est un ouvrage du Centre Euro arabe pour combattre l’extrémisme (CEACE), dont l’adaptation en version française a été confiée à www.madaniya.info

Sur fond d’une campagne de presse menée par la chaîne saoudienne «Al Arabiya» et la chaîne d’Abou Dhabi «Sky News Arabic», la cellule de crise du Qatar a pris la décision d’activer la «soft power» de la principauté pour lancer la contre attaque s’articulant sur 4 axes:

  1. Cibler Abou Dhabi, notamment le Prince héritier
  2. Amplifier les divergences entre l’Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis, en ménageant le Roi Salmane et en vantant sa sagesse et son souci de ne pas tomber dans le piège d’Abou Dhabi.
  3. Accentuer les critiques contre l’Égypte
  4. Développer le thème suivant: Le différend est un mal. La réconciliation un devoir. Celui qui attise le mal ne saurait bénéficier de l’appui de quiconque.

Le Centre a recensé près de 250 sites, journaux et hashtag, certains réactualisés dès le début de la crise du Qatar avec le quatuor, d’autres plus anciens auparavant exclusivement consacrés aux questions de jurisprudence et de bienfaisance, d’autres enfin appartenant à des personnes en poste dans le lobby Qatar. Tous ont été mobilisés pour la bataille médiatique tirant à boulets rouges sur le quatuor, ciblant plus particulièrement «Arabiya» (Arabie saoudite) et «Sky News Arabic» (Abou Dhabi).

  • Le site anglais al-bab.com, pro Qatar, incarnera le mieux cette politique.
  • Le Canal HIWAR (Dialogue), basé au Royaume Uni, lancera une attaque frontale contre les 4 pays arabes anti Qatar, les accusant d’être hostiles à l’Islam, au Hamas, et à la Palestine.
  • Le site NOUN diffusera, de son côté, des vidéos sur les violations des droits de l’homme aux Émirats Arabes Unis, accompagnant ses attaques contre la chaîne saoudienne MBC et son directeur général Turki Ad Dakhil, le menaçant de dévoiler les documents concernant sa corruption par la famille Al Nahyane, famille régnante à Abou Dhabi. NOUN mettra ses menaces à exécution, publiant ces documents quelques jours plus tard.

Dernier, mais non le moindre, l’usage fait à grande échelle des valises diplomatiques à grande contenance pour stimuler l’argumentaire l’effort des faiseurs d’opinion en Europe et aux États-Unis.

1- Le site al-bab.com: Brian Whitaker et le torpillage de GNRD.

Fondé par Brian Whitaker, un doctorant dont la thèse portait sur le Yémen, ce thésard longue durée a abandonné ses recherches universitaires pour se lancer dans le journalisme.

Après un passage au quotidien britannique Guardian, nullement concluant, il se rend au Qatar en quête d’un financement pour son site dédié, dans un premier temps au Yémen, qu’il étendra à l’ensemble du Monde arabe après son séjour à Doha.

En 2014, sur instructions des services des renseignements du Qatar, il a mené campagne contre les institutions des Émirats Arabes Unis et contre ceux qui étaient en accord avec la politique hostile d’Abou Dhabi à l’encontre des Frères Musulmans et du mouvement salafiste.

Pour ce faire, il a été en contact avec des activistes du Hamas et des Frères Musulmans chargés de alimenter en informations sa campagne, tels Azzam Tamimi, Directeur exécutif de la Chaîne «Al Hiwar» de Londres, Waddah Khanfar, le frère de ce dernier, chef du Hamas à Jenine (Cisjordanie).

Waddah Khanfar, ancien directeur d’Al Jazeera, au déclenchement du «printemps arabe» s’installera à Tunis, à la demande du Qatar, pour lancer le projet de «Davos Arabe» un forum économique annuel consacré au Monde arabe qu’il avait mis en place sous le régime post dictature.

Mais l’éviction du tandem Mouncef Marzouki, premier président de la république Tunisienne post dictature et Rached Ghannouchi, son mentor néo islamiste, a fait capoter le projet, conduisant Waddah Khanfar à prendre la direction du Huffington Post en langue arabe, recrutant une équipe à la sensibilité confrérique marquée, piochée dans le vivier d’Al Arabiya, à l’instar d’Abdel Rahman Rached, ou Hakam Al Baba.

Brian Whiteker a été en outre chargé de mener campagne contre GNRD. En étroite collaboration avec l’ambassade du Qatar en Norvège, le lobby pro-israélien du pays et les services de renseignements du Qatar, Whitker a réussi à torpiller cette organisation non gouvernementale, qui avait eu l’outrecuidance de vouloir enquêter sur les conditions de vie de travail des immigrés népalais sur le chantier du Mundial. Un crime de lèse majesté impardonnable.

Les deux activistes anglais chargés d’enquêter sur cette affaire pour le compte du GNRD avaient été arrêtés à Doha, et, fort de son butin de guerre, le Qatar a réussi à démanteler le GNRD par des moyens non juridiques à la faveur d’une transaction entre le Qatar et la Norvège.

Alternative aux prescripteurs occidentaux, le GNRD (GLOBAL NETWORK FOR RIGHTS AND DEVELOPMENT) se posait en émule de Human Right Watch et d’Amnesty International.

Fondé en 2008, GNRD disposait d’une importante infrastructure avec son siège central à Stavanger (Norvège), de deux sièges européens, le premier à Genève (Suisse), la pépinière des ONG, le deuxième à Bruxelles, siège des institutions européennes ainsi qu’à Valence (Espagne) et des bureaux régionaux au Moyen Orient, à Amman (Jordanie) et à Doubaï (Émirats Arabes Unis). Le tout secondé par une armée d’activistes volontaires, d’informateurs et de bénévoles.

Pour aller plus loin sur cette affaire GNRD versus Qatar sur ce lien :

Le succès de Whiteker dans l’affaire GNRD, -une ONG qui bénéficiait pourtant du statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC)-, sa parfaite synchronisation avec l’ambassade du Qatar en vue de susciter des problèmes au GNRD devant la justice économique le destinait tout naturellement à occuper une place de choix au sein du lobby Qatar pour commander la stratégie visant à l’affrontement avec le quatuor sur le théâtre européen.

Cf à ce propos en annexe documentaire en arabe, le fax simili du courrier adressé par Hamad Al Khalifa, Ambassadeur du Qatar en Suède, en charge de la Norvège, à Ali Ben Fahd Al Hajery adjoint du ministre pour les Affaires étrangères au ministère qatari des Affaires étrangères, dans lequel le diplomate se félicite de sa parfaite entente avec la Chef de l’Unité de renseignements du Norvège et la parfaite compréhension de cette dernière à l’égard des doléances du Qatar, demandant à son interlocuteur diplomatique de veiller à déclencher une campagne médiatique contre le GNRD lors du lancement de la procédure judiciaire afin de lui assurer une couverture médiatique.

En compagnie d’Al Jazeera et la chaîne Hiwar, Brian Whiteker a été chargé en outre de mener campagne contre des écrivains et personnalités arabes critiques à l’égard du Qatar et de son Mufti Qaradawi, propageant des écrits hostiles aux Émirats Arabes Unis.

Le propagandiste anglais du Qatar passe pour entretenir des contacts suivis avec les services de renseignements britanniques, qui ferment l’œil sur les sommes considérables qu’il reçoit du Qatar.

2- Académie de changement: objectif jeunesse en vue d’une transformation radicale de la société dans un sens islamiste.

Il était évident que l’impact de Qaradawi et de l’Union Mondiale des Oulémas Musulmans» avait des effets limités sur la jeunesse. Le Mufti du Qatar a donc chargé son gendre, Hicham Morsi, de mener une action auprès de la jeunesse en fondant pour ce faire à Londres, en 2006, l’«Académie du Changement». L’académie déménagera vers le Qatar en 2014.

Disposant d’un budget substantiel, l’académie a embauché des dizaines de jeunes notamment Saad Bahar, Ahmad Abdel Hakim et Wael Adel (Égypte), procédant à la formation de dizaines de jeunes des pays arabes: Arabie saoudite, Émirats Arabes Unis, Égypte, Libye, Syrie, ainsi que des pétromonarchies du Golfe.

Bras administratif et intellectuel de la révolution arabe, bon nombre de cadres de l’académie ont pris part à la séquence dite du «Printemps arabe» en Janvier 2011. Sous des termes vagues, l’Académie visait, non la réforme de la société ou son changement, mais la destruction des sociétés en vue de leur substituer ds sociétés reposant sur des fondements islamiques de tendance confrérique. Autrement dit, former une jeune génération formatée par l’idéologie des Frères Musulmans.

3- L’Institut Al Karama. Un staff figurant sur la liste d’Interpol ou la liste international du terrorisme.

Présidée par Abdel Rahim Ben Omeir Al Neaimi, l’Institut Al Karama a été fondé en 2004 à Genève, sous le régime juridique de l’association, transformée aussitôt après en Institut privé. L’Institut compte parmi ses membres plusieurs Algériens, tel l’avocat Rachid Moussali, et des adhérents au parti islamiste algérien FIS (Front Islamique du Salut), figurant la liste Interpol à la demande de l’Algérie, mais qui bénéficient néanmoins du droit d’asile en Suisse.

Moussali a promu deux de ses compatriotes, Mourad Déhina au poste de directeur exécutif et Abbas Arwa au titre de superviseur du programme de travail de l’Institut. Abbas Arwa a été par la suite missionné à Doha pour prendre la direction du Centre des Études d’Al Jazeera durant la mandature de Waddah Khanfar, avant de retourner en Suisse en 2012

Khalifa Ben Rabbane (Qatar) préside le Conseil de surveillance de l’Institut. Ancien d’Afghanistan, il a hérité de son père un lot d’écoles privées et de biens fonds religieux. Rabbane a servi de couverture bancaire aux activités salafistes djihadistes du président de l’Institut avant que n’établisse une liaison directe entre Al Karama et les services de renseignements du Qatar via le cabinet princier à Doha.

Hamad Ben Thamer, en quête d’un responsable financier fiable pour la gestion du budget d’Al Jazeera, s’était adressé au président de l’Institut Al Kkarama pour lui dénicher cette perle rare.

Le nom d’un jeune salafiste a été proposé: Ali Souweidi. Ali a officié de nombreuses années à la tête des finances de la chaîne avant d’être propulsé à la tête de la direction générale de «l’Institut de bienfaisance Eid Al Thani».

Le Conseil Économique et Social, organisme de l’ONU habilité à conférer ce genre d’accréditation, a refusé à l’Institut Al Karama le statut d’ONG Consultative. Pour participer aux sessions du Conseil des Droits de l’Homme, Al Karama achète les badges de participation aux ONG accréditées.

Al Karama concentre ses activités sur les domaines qui n’entrent pas en contradiction avec une grille de lecture salafiste et djihadiste des Droits de l’Homme: Les arrestations arbitraires,les enlèvements forcés, la torture, les assassinats extra judiciaires.

L’Institut évite d’aborder les sujets ayant trait à la liberté de croyance, la liberté religieuse, la peine de mort, l’égalité entre les sexes, l’égalité entre les musulmans et les non musulmans, considérant ces thèmes comme en contradiction avec la grille de lecture salafiste de son président et bailleur de fonds.

L’Institut Al Karama a ainsi soulevé la question des Droits de l’Homme en Arabie Saoudite. D’une manière ponctuelle et sur demande express de ses parrains, menant une guerre ouverte contre l’Égypte et les Émirats Arabes Unis considérant ces deux pays comme des ennemis de l’Islam et du Salafisme.

Qatar a abondé la trésorerie de l’Institut de manière à étoffer son staff en recrutant des collaborateurs de diverses nationalités afin de lui donner un aspect pluraliste et de diluer ainsi la prééminence au sein de la structure.

Al Karama et la défense du terrorisme

Al Karama a ainsi réussi à mobiliser le comité ad hoc chargé de la détention arbitraire en le conduisant à adopter le cas de plusieurs personnes ayant commis des crimes terroristes, de même que le rapporteur spécial sur la torture.

Il peut ne pas paraître étrange que le Président de l’Institut et un membre de son conseil de surveillance figurent sur la Liste Internationale du Terrorisme. Mais ce qui peut paraître extrêmement étrange est le fait que l’Institut continue de recevoir une assistance financière de donateurs terroristes connus, lui permettent ainsi de poursuivre ses activités, en toute quiétude, dans le Grand Saconnex, dans la banlieue de Genève.

4 – Brookings Institution de Doha

L’un des centres de recherche parmi les plus influents au sein du cercle décisionnaire du pouvoir américain, aux fortes attaches avec les services américains, Brookings Institution a porté son choix sur Doha comme base de son déploiement régional.

En partenariat avec le ministère des Affaires étrangères du Qatar, Brookings Doha Center a eu pour mission de rassembler des intellectuels et des personnalités de Syrie et Égypte, principalement, des ressortissants du Golfe à un degré moindre. Sous la supervision de son premier directeur, le pakistanais Salmane Al Cheikh, a multiplié colloques et recherches sur la Syrie.

Brookings Doha Center a été financé principalement par le Qatar, mais cette prééminence du financement qatari a été occultée par des contributions de la Suède et la Norvège, avec les encouragements et la bienveillance des États Unis, afin de conférer une certaine crédibilité à ses travaux.

Dans le choix de ses intervenants, Brookings Doha a privilégié l’opposition islamique et les membres de la confrérie des Frères Musulmans, invitant des personnalités syriennes résidant dans les Émirats Arabes Unis, veillant soigneusement à écarter de ses débats les démocrates syriens.

Sentant un virage des Etats Unis à l’égard des Frères Musulmans, le directeur pakistanais a démissionné de la direction de Brookings Doha Center pour fonder un centre similaire poursuivant des recherches sur ces thèmes de prédilection la Syrie, le courant confrérique.

Brookings Doha a concentré l’essentiel de ses recherches sur la Syrie et l’Égypte, à un degré infiniment moindre les autres pays arabes. Une des publications du Doha Center a eu pour thème principal l’armée égyptienne et ses implications dans la vie politique et économique du pays.

Brookings Doha Center a accompagné la bataille constitutionnelle en Égypte qui s’est déroulée sous le mandat du président néo islamiste Mohamad Morsi, de même qu’il a adopté une position critique à l’égard des modifications constitutionnelles intervenues après la chute des Frères Musulmans en Égypte.

Pour aller plus loin sur ce sujet

5- AZMI BISHARA: Agréger les milieux laïcs arabes aux «Frères Musulmans», au service du Qatar.

Azmi Bishara est venu à Doha à la demande de l’Émir Hamad Ben Thani pour exercer les fonctions de conseiller du Prince Hamad et de son héritier Tamim. Ce palestinien chrétien a accepté l’offre sous réserve qu’il puisse disposer d’un centre d’études doté de gros moyens. Ce qui fut fait.

Le Centre Arabe pour les Recherches et les Études Politiques, fondé à Doha en 2010 par Azmi Bishara avait pour vocation de se consacrer aux sciences sociales, aux sciences sociales appliquées, l’Histoire régionale et la géo stratégie.

(((Originaire de la Palestine dans les frontières de 1948, diplômé de l’École baptiste de Nazareth et de l’Université Hébraïque de Jérusalem, Azmi Bishara est en outre titulaire d’un doctorat en philosophie de l’Université Humboldt de Berlin. A la fin de ses études, il devint à son retour coordinateur au Van Leer Institute à Jérusalem Ouest, un institut israélien pluridisciplinaire. Fondateur du «Rassemblement National Démocratique, il a été élu à 4 reprises à la Knesset pour le compte de ce parti ))).

La mission d’Azmi Bishara au Qatar

Sa mission première était d’attirer et de rapprocher les démocrates arabes du Qatar, afin de ménager un espace de liberté et de secouer le joug imposé par les Frères Musulmans dans les domaines de l’éducation et de l’information sur les institutions du pays et au sein même d’Al Jazeera.

La feuille de route assignait la mise sur pied d’un pôle en tandem avec les Frères Musulmans en vue d’agréger à la politique du Qatar les milieux laïcs arabes.

Azmi a été admis dans le cercle ultra de «La Chambre noire» d’Al Jazeera, contribuant à définir la stratégie médiatique de la chaîne. L’homme a réussi à rallier au bon nombre d’intellectuels arabes, dans le but de témoigner de la politique d’ouverture du Qatar aux réformes et aux changement dans le Monde arabe.

Azmi Bishara a été chargé en 2011 par L’Émir Hamad d’attirer vers Doha l’opposition syrienne en vue de constituer un pôle contre le régime syrien. Avisé de l’existence d’une concertation entre la Turquie et les États Unis en vue de la mise sur pied d’un Conseil National selon le schéma libyen, Azmi s’empressa d’appâter d’opposants syriens au sein du Conseil, tels Bourhane Ghalioune, Hazem Nahar et les Frères Musulmans, regroupés au sein du «Forum Syrien» afin de constituer un bloc pro Qatar au sein du Conseil National Syrien.

Pour aller plus loin à propos de Bourhane Ghalioune sur ce lien

L’influence d’Azmi Bhishara a pâti de la décision de l’Émir du Qatar et de son premier ministre HBJ de prendre directement en main la gestion du dossier Syrie.Il a été affecté à Londres pour prendre en charge l’animation du dispositif média du Qatar en vue de faire la promotion des groupements et personnalités non musulmanes, mais évoluant dans la sphère financière du Qatar.

Via le «Centre Hermon» à Doha, il a fédéré bon nombre d’opposants syriens émargeant sur le budget du Qatar et n’appartenant pas à la confrérie, jouant un rôle notable dans le ralliement de dissidents syriens, mais également parmi les opposants de Libye et d’Égypte, non membres des Frères Musulmans.

Azmi Bishara a été le premier défenseur de la thèse selon laquelle le choix des armes de la Révolution doit être respecté: Les révolutionnaires sont maîtres de leur décision. S’ils optent pour la militarisation de la révolution et l’intervention de l’Otan, il importe de respecter leur choix, soutiendra-t-il.

Principal conseiller de Tamim, Azmi Bishara a veillé à doter la principauté de solides structures au service du Qatar, via «Al Arab Al Jadid» (Les Nouveaux Arabes), et la chaîne Arabi 21, deux vecteurs considérés comme relevant de la soft power du Qatar.

6- Le Projet An Nahda

Lancé de manière rudimentaire par un médecin qatari, Jassem Sultan, fondateur de la première cellule des Frères Musulmans au Qatar, le projet An Nahd était géré au départ par la fille du fondateur, de manière rudimentaire. Bénéficiant de la caution du pouvoir, il connaîtra une expansion substantielle en 2000.

Sans établir le moindre lien de causalité, Jassem Sultani admettra publiquement avoir ordonné la dissolution de la branche FM du Qatar pour la simple raison que l’État assumait ses obligations religieuses. Sultani a fait cet aveu sur la chaîne saoudienne Al Arabiya dans le cadre du programme «Éclairages» présenté par le directeur de la station Turki Ad Dakhil.

Le projet An Nahda se consacre à la prédication sur des thèmes portant sur la renaissance de l’Islam dans le Monde arabe. An Nahda compte deux publications à son actif: «Du sursaut au réveil» et «Les règles du Nahda».

Il anime des sessions de formation des cadres d’An Nahda. Son fondateur met l’accent sur le caractère islamiste mais non confrérique de son projet. Son action porte sur la formation au raisonnement, à la réflexion et à la maîtrise de la théorie.

An Nahda ne procède pas de manière directe et frontale, mais par attaque oblique, allusive, avec des expressions telles que «la plupart des régimes», «un pays du golfe» ou encore «les régimes en place».

7- La chaîne satellitaire Al Hiwar (le dialogue), fer de lance de la guerre de Libye, d’Égypte et de Syrie.

Diverses versions circulent quant aux conditions du lancement de la chaîne satellitaire Hiwar en 2006.

Dans une conversation enregistrée avec le colonel libyen Mouamar Kadhafi, l’émir Hamad du Qatar assume la décision de son lancement. «Une initiative personnelle destinée à repartir les tâches entre les divers vecteurs de la principauté».

Un des fondateurs de la chaîne soutient que le capital était varié: Le FPLP (Front Populaire Pour la Libération de la Palestine) avait acquis un droit d’émission de plusieurs sur la chaîne, de même que le parti tunisien An Nahda, la branche tunisienne des Frères Musulmans, le bureau international de la confrérie, ainsi que le Comité Arabe des Droits de l’Homme, qui, li avait acquis les droits de diffusion de ses programmes pour une heure hebdomadaire.

Abdel Rahman Abou Diyyeh, un palestinien résidant au Royaume Uni et proche du Hamas, était soucieux d’aménager un espace d’expression non affilié à des courants islamistes. Il était soutenu dans sa démarche par Zaher Al Birani, membre de la confrérie et directeur de la programmation.

En revanche, Azzam Tamimi, directeur exécutif et responsable financier de la station, y était résolument hostile. S’employant à minimiser l’influence des participants non affiliés à la confrérie, il veillait à maîtriser les circuits de décision de la station pour en faire une tribune des courants islamistes, confrériques et salafistes. Faisant office de substitut d’Al Jazerra, il programmait les émissions que la chaîne vedette du Qatar ne pouvait diffuser de crainte de complications régionales.

Al Hiwar et ses démêlés avec le Comité Arabe des Droits de l’Homme

Le Comité Arabe a été le premier adhérent au Hiwar. Il sera le premier à l’abandonner par suite d’un différend éditorial. Se rendant compte que le projet était d’inspiration confrérique sous contrôle du Qatar, sa participation était destinée à accréditer l’idée d’une station pluraliste, ce qu’elle n’était de toute évidence pas.

La crise a éclaté lorsque Violette Dagher, présidente du Comité Arabe avait préparé un documentaire sur les «Bidouns du Qatar», ces apatrides frappés de la déchéance de leur nationalité, au nombre de 5.000 de la tribu al Mari, ayant fait l’objet de cette sanction.

Azzam Tamimi est intervenu directement pour s’opposer à la diffusion de l’émission, faisant valoir que la station ne pouvait «ni de près ni de loin» déplaire au Qatar qui constituait le ballon d’oxygène du Hiwar. Le Comité Arabe décida sur la champ d’interrompre sa participation aux programmes de la chaîne.

Désormais sous l’emprise complète et totale du Qatar et des Frères Musulmans, Hiwar a été le fer de lance de la guerre de Libye, d’Égypte et de Syrie. Un canal complémentaire a été spécialement activé depuis Doha pour accompagner le soulèvement libyen en superposition à la couverture d’Al Jazeera. Il en a été de même pour l’Égypte dotée elle aussi d’un canal complémentaire.

Hiwar a été le premier média à proposer le recours aux armes en Syrie pour combattre le régime, puis le jihad au Levant. Hiwar est en outre la plus importante chaîne satellitaire vouée à la promotion au Royaume Uni et dans l’espace européen aux groupements qualifiés de terroristes.

Le Qatar a doté Hiwar d’un important budget; un flux financier qui s’est poursuivi sous Tamim. Son rôle est central dans la riposte du Qatar à l’offensive du quatuor arabe (Arabie saoudite, Bahreïn, Égypte et Koweït). Hiwar, Al Jazeera et les autres vecteurs du Qatar se repartissent les rôles, Hiwar et Al Jazeera se concentrant plus particulièrement sur l’Égypte et l’Arabie saoudite.

8-Des sites à la demande

Des dizaines de sites électroniques subventionnés par le Qatar ont émergé dans la blogosphère à l’occasion de l’épreuve de force entre la principauté et ses 4 rivaux. Ses sites bénéficient de subsides dans le cadre du financement des activités médiatiques des Frères Musulmans et de leurs alliés.

ASRAR ARABIA (Secrets arabes)
http://hournews.net

Secrets arabes qui publie ce que les autres sites n’ont pas le courage de dire.
http://noonpost.org

Le dispositif médiatique anti Qatar s’est débattu dans la confusion en l’absence de coordination entre les 4 adversaires de la principauté. Cette confusion a été accentuée par la faiblesse des preuves contre le Qatar soumises à l’opinion publique et la méconnaissance de son réseau relationnel.

Les médias de l’ombre du Qatar.

Il n’est pas indifférent de noter à ce propos le travail du quotidien saoudien Oukaze, révélateur de l’ambiance régnant au Royaume face à la pieuvre qatari. Oukaze a procédé à une recension des médias soutenant le Qatar, dans une enquête intitulée «Les médias de l’ombre du Qatar», déplorant de n’avoir réussi à mettre à jour la face immergée de l’Iceberg.

Sur le plan diplomatique, le Qatar a joué la carte de la «victimisation».

Le ministre des Affaires étrangères multiplié les démarches en vue de gagner la sympathie des capitales occidentales à la cause du Qatar. Une campagne diplomatique orchestrée par le lobby financé par la principauté pour inciter ses interlocuteurs à prendre position contre le blocus et les sanctions y afférentes (fermeture des frontières, suspension des liaisons aériennes).

Dans un geste de bonne volonté, le Qatar a proposé une coopération dans le domaine sécuritaire, ouvrant ses archives à ses interlocuteurs occidentaux.

Le Lobby pro Qatar vit une véritable épreuve en Europe.

L’ami français François Hollande a lamentablement échoué. Les dernières élections législatives, en juin 2017, ont mis fin au rôle moteur du Parti Socialiste dans la vie politique en France.

Des voix s’élèvent réclamant la fin des privilèges accordés au Qatar dans les domaines fonciers et financiers, considérés comme des arrangements inégalitaires.

Le Royaume Uni, qui traverse une profonde crise économique, cherche via le rôle de composition de son ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, de glaner en contrepartie de son agitation des contrats et des facilités du Qatar.

L’Allemagne, qui ploie sous le poids de l’afflux des immigrés du Moyen orient, a obtenu ce qu’elle recherchait: les archives des groupements islamistes dont elle redoute les actions sur son territoire

Quant à Donald Trump, il ne nourrit, lui, aucune sympathie particulière pour le Qatar.

Source : En point de mire

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