Algérie / Migrants / Les chiffres de la délinquance

Les pouvoirs publics algériens affirment faire actuellement face à une forte hausse de criminalité liée à la remontée de la délinquance en provenance du Sahel et de pays africains en proie à la misère ou des conflits. Un bilan établi par le ministère de la Justice offre un large aperçu de la situation.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Le sujet semble avoir été passé longtemps sous silence, «mais l’évolution de la courbe de la criminalité et du banditisme dans les milieux des migrants devient aujourd’hui une grande préoccupation dans le pays», affirment les responsables en charge de la situation. Explications : «Longtemps, Alger s’est abstenue d’évoquer le sujet pour éviter toute nouvelle polémique, des malentendus, des interprétations erronées des données mais aussi pour éviter de jeter le discrédit sur une population désemparée qui commençait à parvenir progressivement vers le territoire national où elle pouvait enfin se trouver en sécurité. Pas seulement physique, mais aussi alimentaire, sanitaire, autant d’aspects primordiaux ayant presque ou complètement disparu dans les pays d’origine. Force est de constater que parmi le lot de ces malheureux, des personnes malintentionnées ont profité de la situation pour se mêler aux réfugiés.
D’autres se sont retrouvées face à la réalité, celle d’un quotidien essentiellement fait pour les personnes qui travaillent, en quête permanente de subsistance, mais l’absence de formation, leur mode culturel, leurs habitudes en fait les empêchaient de prendre le train en marche. Ils ont viré dans la délinquance ou ils en étaient prédisposés. Un bilan établi par le ministère de la Justice «montre que la courbe est ascendante», poursuit la même source. Les chiffres que nous avons pu obtenir se basent sur des statistiques établies par la justice et s’étalant sur les huit dernières années, soit de 2010 à 2018. Durant cette période, la justice a condamné 71 447 migrants pour des motifs différents. 70 589 ont été condamnés pour délits et 859 pour crimes, précisent les mêmes statistiques. Elles démontrent aussi que seize nationalités sont concernées : Mali, Niger, Nigeria, Guinée, Cameroun, Côte d’Ivoire, Soudan, Bénin, Burkina Faso, Sénégal, Ghana, Liberia, Tchad, Gambie, Djibouti, Gabon.
En tête de liste, s’affichent les Maliens et Nigériens avec un taux de 62,59% (44.725 crimes et délits) du total des migrants condamnés. Ils sont suivis du Nigeria, Guinée, Cameroun et Côte d’Ivoire. Le bilan établi par le ministère de la Justice classifie ensuite les crimes et délits commis selon leur ordre d’importance. Constitution de groupes de contrebande, falsification de monnaie, trafic de drogue, mais aussi apologie pour les groupes terroristes. Avec le Cameroun, les migrants en provenance du Mali, du Niger et du Nigeria viennent en tête de liste. Selon le degré de gravité, le bilan présente ensuite la nature des délits ayant mené à des condamnations. La liste s’avère longue.
Le vol, la possession de drogue, la «possession de matériel de falsification» sont signalés aux côtés d’autres délits tels que «la falsification de documents administratifs» et l’usurpation d’identité. «Le phénomène est connu, de très nombreux migrants préfèrent brouiller les pistes et se débarrassent donc de leurs papiers avant leur entrée sur le territoire national. D’autres se font faire de faux papiers, et, globalement, on ne sait plus à qui on a affaire. 
Tous affirment fuir la misère, la guerre, mais tous ne viennent pas aussi avec la même intention. Est-il acceptable d’accueillir sur son territoire des personnes dont on ne sait rien, même pas le nom véritable ou la nationalité ? demande notre interlocuteur. Cette situation pose aussi un grand problème de sécurité. Cela demande aussi un grand travail de recherche, une mobilisation de tout instant. Ces mêmes personnes tentent ensuite de travailler ou de se faire embaucher, mais c’est au noir, et d’autres problèmes peuvent encore en découler. C’est un autre délit pour lequel plusieurs personnes ont été condamnées», indiquent nos sources. Sur les 14 types de délits recensés, le ministère de la Justice évoque aussi celui de la résistance et refus d’obtempérer aux décisions émanant des tribunaux. «Il est très fréquent de voir des migrants refuser d’être expulsés, reconduits aux frontières, ces derniers prennent la fuite et s’évanouissent dans la nature avec on ne sait quelle intention. 
Il s’ensuit des recherches et une nouvelle fois mobilisation des services de sécurité. La remontée de la délinquance subsaharienne vers l’Algérie est une réalité et l’une des raisons pour laquelle toute forme de migration illégale sera empêchée et punie», concluent nos interlocuteurs.
A. C. / le 16.01.2019

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