France / Actualité des médias : violences policières, agressions de journalistes, menaces sur l’internet indépendant…

ACRIMED / par Benjamin LaguesJérémie Fabre,  09.01.2019

Avec cette vingt-deuxième édition revenant sur le mois de décembre 2018, nous poursuivons notre série d’information mensuelle sur l’actualité des médias [1].

Du côté des journalistes, des médiacrates et de leurs œuvres

– Multiplication des agressions de journalistes par la police – Les journalistes sont aussi victimes des violences policières. À l’occasion des manifestations des gilets jaunes, de nombreux journalistes sont agressés et parfois blessés par la police. Par exemple le samedi 8 décembre 2018, « deux photographes du Parisien ont été touchés par des tirs de flash-ball sur les Champs-Elysées, l’un à la nuque et l’autre au genou » rapporte le quotidien. Et de citer deux autres cas le même jour : « un troisième photographe, d’un autre titre de presse cette fois, avait été évacué plus tôt dans la matinée. Et un quatrième journaliste, de l’agence de presse A2PRL, a publié sur Twitter une photo d’une blessure due, elle aussi, à un tir de flash-ball. »

Lors de la même manifestation du 8 décembre, Le Journal du dimanche relate lui aussi des violences policières contre ses journalistes : l’un de ses photographes a ainsi, d’après le journal, été « frappé à deux reprises par un CRS lors d’une échauffourée entre forces de l’ordre et gilets jaunes ». Un journaliste d’Explicite rapporte quant à lui avoir été victime d’un tir de flashball dans le dos, tandis qu’un journaliste de RT témoigne avoir été « blessé au visage par un tir de police. » De son côté, l’AFP relate qu’au Puy-en-Velay, « un photographe de l’AFP a témoigné avoir été légèrement touché au bras par un tir tendu de grenade lacrymogène, alors qu’il s’avançait, absolument seul, vers un cordon des forces de l’ordre. »

Libération rapporte également avoir été victime des violences de la part de la police : « Plusieurs photographes travaillant pour Libé racontent des faits semblables. Touché au visage, Nicolas Descottes a été hospitalisé. Yann Castanier a été “obligé de se coucher derrière des murs”, alors qu’il se déplaçait sur l’avenue des Champs-Elysées avec un groupe de confrères. Deux autres, Stéphane Lagoutte et Cyril Zannettacci, ont été mis en joue par des LBD. » Le quotidien relate aussi d’autres violences contre la presse : le directeur de l’agence Hans Lucas, Wilfrid Estève, précise à Libération qu’« une quinzaine de journalistes [de Hans Lucas, ndlr] ont été pris pour cible par les forces de police, soit qu’ils ont été visés par des tirs de flash-ball ou de grenade ou qu’ils se sont vu confisquer leur matériel de protection. » La web radio Là-bas évoque également une agression de ses journalistes lors de la manifestation du 8 décembre de la part de la Brigade anti-criminalité.

Ces violences répétées de la part de la police ont fait réagir les syndicats de journalistes SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes et SGJ-FO. Dans un communiqué commun relayé par Le Monde [2], ces syndicats ont exigé « des explications de la préfecture de police, du ministère de l’intérieur et du gouvernement sur les consignes qui ont été données pour en arriver à cette situation », ajoutant qu’il est « totalement inacceptable, dans un pays démocratique et dans un État de droit, que les pouvoirs publics ne garantissent pas la liberté d’informer. » Le 15 décembre 2018, plusieurs plaintes ont été déposées par vingt-quatre photographes et journalistes rapporte Le Monde.

– Maltraitances médiatiques des violences policières – Malgré toutes ces violences policières, y compris contre les journalistes, les agressions de la part de la police sont minorées par les médias dominants. Comme l’a constaté Arrêt sur images, les images de violences policières sont « vues des millions de fois sur Facebook et Twitter [mais ces] images n’apparaissent qu’à la marge dans les grands médias – à la différence des images d’origine policière, largement diffusées et rediffusées. » Ainsi, poursuit Arrêt sur images, « dans la plupart des médias traditionnels, on ne s’est pas précipité sur les vidéos, pourtant nombreuses, montrant la brutalité des forces de l’ordre durant les manifestations parisiennes ou lors des blocages de lycées qui ont commencé le 3 décembre. Au 20 heures de France 2, par exemple, on utilise volontiers les images amateur, voire celles fournies par la police, pour mettre en lumière les violences des Gilets jaunes (dégradations de monuments, violence à l’égard de la police) ou des lycéens. Jamais pour montrer la violence des forces de l’ordre envers les manifestants. »

Par ailleurs, les voix critiques sont tues, même quand elles sont sollicitées. Invité au JT de 20h de France 2, David Dufresne (journaliste indépendant) confie à Arrêt sur Images [3] que « ses propos critiques « sont passés à la trappe » », en particulier concernant la militarisation du maintien de l’ordre qui débouche sur de graves blessures. « Ils n’ont gardé que mon propos sur les casseurs qui ne sont pas nécessairement des casseurs professionnels mais aussi des Gilets jaunes en colère. Et quand je leur ai demandé pourquoi ils ne passaient pas les vidéos de violences policières dans les JT, on m’a répondu par un silence poli. » » Dont acte : le 7 janvier, le même David Dufresne faisait valoir publiquement à BFM-TV son refus de participer à leurs émissions :

Sur ce sujet, on pourra également visionner l’interview de David Dufresne réalisée par Le Média. Si l’entretien est généralement consacré aux violences policières comme phénomène politique, une partie est dédiée à leur (mauvais) traitement par les médias dominants.

– Une enquête sur un proche de Manuel Valls censurée au JDD– Une enquête compromettante pour le maire d’Évry Francis Chouat a été écartée au dernier moment par Hervé Gattegno, directeur de la rédaction du Journal du dimanche (JDD). D’après Marianne, ce dernier aurait reçu des SMS de l’ancien Premier ministre Manuel Valls l’exhortant à renoncer à la publication de l’enquête. Cette censure intervient dans un contexte politique très tendu : au moment où devait initialement paraître cette enquête sur Francis Chouat (enquête qui dénonçait l’occupation immorale d’un HLM parisien par sa femme), ce dernier concourait au second tour de l’élection législative partielle, alors opposé à une candidate France insoumise (FI). Marianne conclut : « Si l’affaire avait été révélée avant le scrutin, nul doute que la France insoumise, également au second tour, aurait su l’utiliser… […] Le JDD, dans le passé, ne s’était pas privé de relayer les différentes révélations sur l’occupation par des membres de la France insoumise (Raquel Garrido, Danielle Simonnet, Alexis Corbière) de logements gérés eux aussi par la RIVP. Des situations qui paraissent analogues : rien d’illégal, mais moralement contestable… Alors, la direction du JDD aurait-elle une morale à géométrie variable, selon que l’on soit membre de la France insoumise ou proche de Manuel Valls ? » Suite à cette censure grossière, le journaliste auteur de l’enquête aurait définitivement quitté le journal. Notons que ce n’est pas la première fois qu’Hervé Gattegno est visé pour ses connivences avec le pouvoir. En 2016, Mediapart avait pointé le rôle qu’il avait joué « pour orchestrer les démentis ou les contre-offensives médiatiques de l’affaire des financements libyens de Nicolas Sarkozy » [4].

– Julien Brygo renvoyé avec fracas du Média – Julien Brygo, journaliste embauché au Média en septembre 2018, a annoncé début décembre son licenciement. Depuis, les versions s’opposent entre la direction de la web télévision et Julien Brygo. Ce dernier soutenait sur son blog avoir été « viré du jour au lendemain, sans aucune discussion préalable, sans aucun avertissement. » Julien Brygo explique ensuite que, bien qu’accusé de harcèlement pour justifier son licenciement, « la vraie raison de fond [dudit licenciement], c’est que je demandais des jours de montage (pour préparer, dérusher, monter et trouver des archives à un entretien, je prenais jusqu’à 5, voire 6 jours, ce qui aurait été normal partout ailleurs). Et aussi : je demandais des moyens pour réaliser des reportages, notamment pour réaliser le documentaire Happy meal & Lutte des classes. Et ces moyens m’ont été refusés. » Par ailleurs, le journaliste affirme que son licenciement « est intervenu deux semaines après une réunion de création d’une section syndicale CGT, initiative dans laquelle je m’étais personnellement impliqué. Avec d’autres camarades de travail, j’estimais en effet que dans une entreprise de trente salarié.e.s, en proie à une ambiance délétère, à des rythmes de travail effrénés et à d’obscures guerres de clans, l’absence de représentation syndicale constituait un sérieux obstacle à la capacité du personnel à faire valoir ses droits. » La section CGT du Média considère de son côté que « les derniers événements donnent l’impression que Julien Brygo est devenu un bouc émissaire pour envoyer un signal aux salariés qui souhaitent s’organiser syndicalement. » Côté direction, Aude Lancelin a affirmé sur sa page Facebook qu’elle « ne rencontrait pas de problèmes personnels particuliers avec ce journaliste, mais beaucoup en avaient chez nous, beaucoup trop. Surtout dans les équipes techniques, « le petit personnel » apparemment, que certains mégalomanes à carte de presse trouvent normal de rudoyer. » Un des rédacteurs en chef, Mathias Enthoven, a de son côté publié un texte (non public) justifiant le renvoi de Julien Brygo et l’accusant notamment de harcèlement. En réponse, Julien Brygo n’exclurait pas de son côté une action en justice pour diffamation.

– Le JT de France 3 masque grossièrement une pancarte anti-Macron – L’affaire a fait grand bruit sur les réseaux sociaux : le journal télévisé de France 3 du samedi 15 décembre a montré en direct la photo d’une manifestation de gilets jaunes à Paris. Problème : le contenu d’une pancarte d’un manifestant a été censuré. « Macron dégage », que l’on peut clairement lire sur le cliché original de l’AFP, est devenu « Macron » tout court. La chaîne publique a finalement présenté ses excuses à l’antenne, et plaidé l’« erreur humaine ». Une « erreur » qui en dit long sur l’ambiance qui règne au sein de l’audiovisuel public…

– Plusieurs médias ciblés par les gilets jaunes – À Nantes en fin décembre, l’imprimerie du groupe Ouest-France a été bloquée par des gilets jaunes. D’après Le Monde, la direction de Ouest-France entendrait porter plainte contre cette action qui selon elle « porte gravement atteinte à la liberté de la presse et à la démocratie ». À Paris, d’après France Info, lors de « l’acte VII » de la mobilisation des gilets jaunes fin décembre, « des centaines de manifestants se sont rassemblés à la mi-journée au pied du siège de la chaîne BFMTV, pour dénoncer la « désinformation » véhiculée, selon eux, par la chaîne d’information en continu. Des heurts ont éclaté avec les forces de l’ordre, qui ont procédé à plusieurs interpellations. Les « gilets jaunes » ont ensuite pris la direction du siège de France Télévisions. » L’occasion de rappeler l’existence de notre dossier sur le traitement médiatique de la mobilisation des gilets jaunes, et de nommer les (nombreuses) raisons qu’ils peuvent avoir d’être critiques du traitement que leur réservent les médias dominants.

– Le Monde dépassé sur sa droite par ses lecteurs – La couverture du numéro de fin décembre de M le magazine du Monde a fait polémique parmi ses lecteurs. Ces derniers ont massivement reproché à l’attrape-publicité du Monde d’avoir représenté le Président de la République Emmanuel Macron sur un fond blanc et rouge, ce qui rappellerait le graphisme de la propagande nazie. Après des lamentations publiques du président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, Le Mondea publié non pas un mais deux textes se confondant en excuses. Plus inquiétant pour la critique des médias que nous pratiquons : un grand nombre de lecteurs ont affirmé en commentaire sur le site web du Monde et sur les réseaux sociaux leur volonté de se désabonner du Monde. La raison affichée ? L’hostilité systématique que vouerait le quotidien à Emmanuel Macron ! Une affirmation dont nous nous permettons toutefois de douter légèrement [5] !…

Du côté des entreprises médiatiques et de leurs propriétaires

– Au nom de la lutte anti-terroriste, un projet de règlement européen pourrait tuer l’internet indépendant – La France et l’Allemagne sont en pointe pour briser l’internet indépendant. C’est ce que révèle Bastamag, en relatant que « suite à une demande des gouvernements allemand et français, la Commission européenne a déposé un projet de règlement pour la « prévention de la diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne” ». Ledit projet prévoit de confier encore plus de responsabilités aux grandes plateformes numériques (Facebook, Google…) et aux fournisseurs d’accès à Internet (SFR, Orange, Free, Bouygues Télécom…). Ces acteurs du numériques deviendraient alors, de facto, des forces de police privées puisqu’ils devront, selon le projet de la Commission européenne, « détecter » et « identifier » les « contenus à caractère terroriste ». Pire : « ce sont les autorités nationales, pas forcément des juges, qui décideraient des contenus à supprimer ». Aussi, toujours selon Bastamag, « des abus sont[-ils] à craindre de la part des autorités nationales chargées d’ordonner les blocages de contenus. »

– Vincent Bolloré exige 750 000 euros d’un journaliste – Nouvel épisode de la bataille acharnée du milliardaire breton Vincent Bolloré contre tous ceux qui osent enquêter sur ses affaires à Canal+ et en Afrique [6]. C’est cette fois un des deux auteurs du livre Vincent tout-puissant (janvier 2018), Nicolas Vescovacci, qui est attaqué en justice pour « dénigrement », « négligence fautive » et « harcèlement »… À propos de l’audience, L’Obs rapporte :

Me Vianney Bouvet-Lanselle, l’avocat de Vivendi, a accusé [Nicolas Vescovacci] de vouloir « prendre les armes », de « se faire justice » ou encore de se dire « je me vais me le faire ! » au sujet de Vincent Bolloré, pointant des propos qui auraient eu pour but de « détourner les téléspectateurs de Canal+ » et, pour conséquences de « déstabiliser le groupe » et même d’ « influencer le cours de ses actions en Bourse. »

Beaucoup pour un seul homme… En juste réparation, Vincent Bolloré demanderait la somme effrayante de 750 000 euros ; de quoi faire réfléchir à deux fois ceux qui souhaitent enquêter sur le propriétaire de Vivendi. À noter qu’il ne s’agit pas du premier mauvais coup de Vincent Bolloré contre l’auteur du livre incriminé, Nicolas Vescovacci. Ce dernier était en effet le co-auteur d’un documentaire sur le Crédit Mutuel, partenaire financier de Bolloré, dont la déprogrammation sur Canal+ avait été décidée autoritairement par… Vincent Bolloré.

– Lobbying payant pour chaînes télé et radio – « Les Sénateurs viennent de supprimer discrètement, le 27 novembre, trois taxes pesant sur les stations de radio et les chaînes de télévision » relate Le Parisien. Selon le journal, « ce cadeau fiscal intervient alors que les chaînes comme M6 et TF1, fortement concurrencées par Netflix et Amazon qui, eux, paient peu d’impôts, exercent un fort lobbying pour remettre à plat leur réglementation. Elles demandent, par exemple, la levée de l’interdiction de diffuser des pubs pour des films de cinéma… »

– Google poursuit son lobbying contre la directive droit d’auteur – Pour manifester son désaccord avec la directive sur le droit d’auteur, actuellement en cours de négociation au niveau européen, Google menace de fermer son moteur de recherche d’actualités Google news. L’article 11 de cette directive pose en effet un problème très concret à Google : « son objectif est d’obliger les plateformes à payer les éditeurs pour les extraits d’articles qui apparaissent lorsqu’un lien est partagé » notamment sur les moteurs de recherche, explique Euractiv. Pour tenter de faire plier l’UE, Google a soutenu que « la possibilité que nous fermions le service Google Actualités dans l’UE est réelle », faisant référence à un précédent de 2014 en Espagne suite au vote de la majorité d’alors d’une loi similaire. En France, le combat pour la directive avait été activement mené en septembre dernier. Les patrons de presse étaient alors particulièrement montés au créneau. À tel point que nous avions souligné l’hypocrisie de leurs propos : « Moins qu’un noble combat, c’est plutôt à un numéro de tartuffes auquel les citoyens ont assisté. Que défendent, en effet, ces médiacrates via cette directive européenne : le principe d’une presse forte et pluraliste, d’un journalisme indépendant et d’une information de qualité… ou leur boutique ? Car où sont ces mêmes dirigeants de presse lorsqu’il s’agit de défendre d’autres propositions de soutien à la presse, comme par exemple la création d’un service public de l’information et de la culture ? Où sont-ils, ces chevaliers blancs de la démocratie, lorsqu’il s’agit de lutter contre des plans sociaux tous azimuts qui détruisent la presse ? Où sont-ils, ces valeureux combattants pour une presse forte, à l’heure de la précarisation croissante du métier ? Où sont-ils, enfin, quand il s’agit d’assurer un minimum de pluralisme sur des questions politiques de premier plan (traités européens, élections locales et nationales, etc.) ? » La directive, actuellement en négociation entre la Commission, le Conseil européen et le Parlement, n’a pas encore abouti. Une poursuite des discussions aura lieu en janvier 2019.

– Nice Matin en danger en raison d’un retrait possible d’un actionnaire – Nethys, le groupe belge actionnaire principal du journal, aurait, selon Le Monde, l’intention de revendre ses parts, ce qui mettrait en péril le quotidien : « Entré au capital du quotidien en 2016, Nethys est censé devenir majoritaire le 31 décembre prochain, en portant sa participation à 51 %, comme le prévoit le pacte d’actionnaires. Or, selon l’hebdomadaire belge Le Vif, son conseil d’administration a voté le 20 novembre le principe d’un retrait de la société liégeoise des quotidiens Nice Matin et de La Provence ». Un projet qui inquiète les salariés du journal : selon Jean-François Roubaud, le président du conseil de surveillance du titre, « on est dans un flou total. Sans cet actionnaire, on est incapable de provisionner notre budget en 2019. » Derrière le projet de revente des parts de Nethys, une plus-value immobilière pour le nouvel actionnaire serait l’enjeu réel. « Au-delà de l’identité de l’éventuel futur actionnaire, c’est surtout ses motivations que l’on redoute en interne. Car Nice-Matin dispose avec son siège d’une parcelle de 2 hectares, au cœur de la dernière zone constructible de la métropole niçoise. Achetés pour 1 million d’euros par les salariés, le bâtiment et son terrain en vaudraient aujourd’hui trente » rapporte ainsi Le Monde. Un des représentants du Syndicat national des journalistes (SNJ), M. Maksymowycz, craint ainsi « une opération immobilière plus qu’un véritable projet dans un groupe de presse ».

– Le licenciement de Mathieu Gallet confirmé par le Conseil d’État – Le Conseil d’État a rejeté mi-décembre le recours de l’ancien directeur de Radio France Mathieu Gallet contre son limogeage en mars 2018 par le CSA [7]. Cette révocation faisait suite à la condamnation de Mathieu Gallet à un an de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende pour favoritisme dans les contrats de l’INA, dont il assurait la présidence entre 2010 et 2014. Mais qu’on se rassure, tout va bien pour lui : d’après Le Canard enchaîné du 19 décembre, Mathieu Gallet s’est reconverti dans le privé et lève des millions d’euros pour le lancement d’une plateforme de podcasts financée par « Jacques Veyrat (ancien du groupe Louis-Dreyfus), Fabrice Larue (ex de Newen) et Xavier Niel », patron de Free et copropriétaire du Groupe Le Monde.

– France Télévisions condamnée pour le fichage de ses salariés – Lors d’un procès aux prud’hommes fin décembre, France Télévisions a été condamné à verser plus de 170 000 euros à cinq journalistes de France 3 Auvergne. D’après Le Canard enchaîné du 26 décembre, « parallèlement à l’entretien d’évaluation annuel, légal et réalisé en toute transparence avec les salariés, France Télés avait mis au point un second système de notation, secret et illégal, celui-là : les “manageurs” des différentes chaînes étaient priés de remplir des fiches sur leurs subordonnés. » Ces fiches ont par la suite été utilisées pour brimer et discriminer des salariés, en particulier des journalistes guyanais ou d’origine maghrébine. Une travailleuse handicapée a de son côté subi un licenciement sans cause réelle et sérieuse. D’après Le Canard enchaîné, France Télévisions a fait appel de cette condamnation.

Jérémie Fabre, et Benjamin Lagues, grâce au travail d’observation collective des adhérent.es d’Acrimed

Notes

[1] Lire le numéro 21 revenant sur le mois de novembre 2018.

[2] Et sur notre site.

[3] Toujours selon l’article précédemment cité.

[4] Hervé Gattegno s’était fendu d’un droit de réponse lors de la publication de l’article de Mediapart, ainsi qu’en octobre 2017, au lendemain d’une émission de L’Instant M, dans laquelle Sonia Devillers recevait Fabrice Arfi et Karl Laske de Mediapart.

[5] À ce sujet, lire notamment « Avant le premier tour, Le Monde n’aurait pas roulé pour Macron ? La complainte du médiateur » et « Le Monde d’Arnaud Leparmentier macronise la démocratie ».

[6] À ce sujet, lire la tribune de Bastamag publiée sur notre site en janvier 2018.

[7] CSA qui dans un accès subit d’indépendance vis-à-vis du gouvernement… suivit les consignes de la ministre de la Culture Françoise Nyssen.

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