Algérie / Contre un 5e mandat et pour le changement: Des milliers d’étudiants dans la rue

par Z. Mehdaoui, Houari Barti et A. Zerzouri

Après plusieurs manifestations contre un cinquième mandat du président de la République, c’était au tour des étudiants de se mobiliser, hier mardi 26 février. 

Ils étaient en effet des milliers d’étudiants à se rassembler devant l’ensemble des universités d’Alger, ainsi que dans d’autres wilayas, pour protester contre le cinquième mandat du président de la République. 

A Alger, des rassemblements ont eu lieu à la Fac centrale, l’université de Saïd Hamdine, l’université de droit de Ben Aknoun, ainsi que l’USTHB de Bab Ezzouar. Outre la contestation contre le cinquième mandat, les manifestants ont appelé au changement. 

Au centre-ville d’Alger où se trouve la faculté centrale, un important dispositif sécuritaire, mis en place depuis vendredi 22 février, a été renforcé. 

En plus des camions anti-émeute stationnés boulevard Mohamed V, des véhicules tout-terrain de la police ont pris position rue Didouche Mourad, à proximité de l’université. Une forte présence de policiers, en uniforme et en civil, était également visible, selon des témoignages sur place. 

A Oran, les étudiants de plusieurs facultés et écoles nationales de la wilaya ont investi, hier, la rue pour exprimer leur refus du 5e mandat. Les étudiants de l’Ecole nationale polytechnique d’Oran (ENPO), «Maurice Audin», étaient en effet les premiers à battre le pavé aux environs de 10h du matin avant d’être rejoints par leurs camarades du campus Taleb Mourad (ex-IGMO) de l’université Oran 1, puis par leurs collègues de l’USTO. Des sources concordantes affirment, par ailleurs, que les étudiants de l’université Oran 2 «Mohammed Benahmed» de Belgaïd ont fait leur marche à l’intérieur même de l’enceinte universitaire. Difficile donc d’estimer avec plus ou moins de précision le nombre de participants à cette marche, la deuxième à Oran sous le slogan du «Non au 5e mandat» depuis celle de vendredi dernier. Une première marche qui a eu le mérite, faut-il le souligner, de briser le mur du silence et de la peur parmi les jeunes. Encadrée de très près par les forces de l’ordre, la marche a d’abord emprunté l’itinéraire du tramway, du moins une partie du tracé, depuis l’IGMO jusqu’au niveau du commissariat central sur le boulevard de l’ANP, où le flux des marcheurs a été canalisé vers l’avenue Cheikh Abdelkader (ex-Yougoslavie) pour rejoindre la place du 1er Novembre (place d’Armes) via le boulevard Ahmed Zabana. Une fois au centre-ville, c’est le circuit habituel le long de la rue Larbi Ben M’hidi jusqu’au lycée Lotfi puis retour à la place d’Armes en empruntant le boulevard de l’ALN (Front de mer). 

A Constantine, tous les campus ont vibré hier aux cris scandés par des milliers de voix, «Non au 5e mandat». Difficile d’évaluer leur nombre, mais ils sont des milliers à avoir déserté les salles de TP et les amphithéâtres pour suivre ce mouvement qui répond à des appels partagés sur Facebook ces derniers jours. Les mêmes slogans, ponctués par les youyous des étudiantes, s’entendaient d’un campus à un autre, «la takhrib, la taksir, matalibouna ettaghyir» (ni saccage, ni casse, le changement est notre revendication), «la nourid ouhda khamissa» (on ne veut pas d’un 5e mandat), ou encore «barakat, barakat, Bouteflika rahou mat» (ça suffit, ça suffit, Bouteflika est mort), «la nourid, la nourid, Bouteflika wa Saïd» (on ne veut ni de Bouteflika ni de Saïd). D’autres étudiants n’ont pas manqué de chanter d’une même voix l’hymne national ‘Kassaman’. Dans l’ensemble, les manifestations se sont déroulées dans le calme et au sein des campus, sans déborder dans la rue, sauf au niveau de l’université des Frères Mentouri Constantine ‘1′, où les étudiants ont tenté de marcher hors 

du campus, arrivant jusqu’à proximité de l’hôtel, mais ils ont été bloqués par un cordon sécuritaire à ce niveau. Le dispositif sécuritaire déployé à travers la ville de Constantine a été maintenu jusque dans l’après-midi. 

Les manifestations des étudiants ont également été enregistrées dans plusieurs autres wilayas du pays, à l’exemple de l’université Mohand-Oulhadj de Bouira, où un sit-in a été organisé pour réitérer le refus du cinquième mandat. Le collectif des étudiants qui a organisé cette journée de contestation a appelé à une marche hier, à partir du campus universitaire. 

En fait, depuis quelques jours, un appel à se réunir à 10 heures dans l’ensemble des universités a été lancé sur les réseaux sociaux, en vue de manifester. 

Enfin, Selon une déclaration signée par 29 universitaires et qui a circulé lundi 25 février, il est clairement souligné que: «Nous devons nous engager à fournir les moyens politiques qui empêcheront que s’installe le vide qui permettra la reproduction d’un système politique usé. Notre responsabilité est de paver le chemin de la société qui trace sa voie vers la liberté et la justice, qui mettront fin, définitivement, à un système qui a produit violence et corruption». 

Les contestations déclenchées depuis le 22 février dernier réussiront-elles à ébranler un pouvoir ? 

Les étudiants rejoignent la contestation : « l’Algérie est une République et non pas une monarchie »

Les étudiants sont sortis, aujourd’hui mardi, dans les rues de plusieurs villes du pays pour dire non à la candidature du président Bouteflika et exiger un changement du régime politique. Alger, Sétif, Boumerdès, Oum El Bouaghi, Béjaia, Oran…, les universités sont en ébullition.

Ce matin à Alger, les étudiants de la faculté des sciences  de l’information et ceux de la faculté de médecine sont sortis en grand nombre pour protester contre la candidature du président sortant qui dirige le pays depuis 1999.

« Djemhouria machi mamelaka (une République et non pas une  monarchie », ont scandé des centaines d’étudiants à Ben aknoune, sur les hauteurs d’Alger. A la FAC centrale, au cœur de la capitale, les étudiants, empêchés de sortir, ont chanté « écarter Bouteflika, nous serions satisfaits ».

A Sétif, des centaines d’étudiants ont manifesté en criant « Makach elkhamsa ya Bouteflika (il n’y aura pas de 5e mandat). Une marche grandiose a été organisée également ce matin à Boumerdès. Les jeunes manifestants ont crié « Makach cachir à Boumerdès, ( pas de cachir chez nous).

Comme de coutume, les étudiants de Béjaia ont manifesté en force pour exiger le départ du pouvoir en place. A  l’université d’Oum El Bouaghi, à l’est du pays, et à Tiaret, dans l’ouest, des milliers d’étudiants ont scandé également « Bouteflika, il n’y aura pas de 5e mandat ».

Des marches similaires sont en cours, à l’heure où nous mettons en ligne, dans d’autres wilayas du pays.  Ces manifestations constituent une réponse cinglante à la dernière sortie du premier ministre Ahmed Ouyahia qui a affirmé que la candidature de Bouteflika sera maintenue


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