Actualités / AU FIL DES JOURS

Belkacem Ahcène-Djaballah

1/ Phrase de la semaine, celle de Abdelaziz Rahabi, lors de son passage (Al Hamdullah ! Alléluia !) à la radio chaîne III, dimanche 3 mars : «les gens s’approprient les réseaux sociaux pour pouvoir transmettre la réalité de la manifestation du terrain. Là, ils sont dans le réel ; ce sont les médias publics et privés qui sont dans le virtuel et cela crée des décalages». 

2/ Citations de la semaine : «le plus inquiétant en Algérie est que les dirigeants du pays sont devenus exclusivement algérois. Peu importe d’où ils viennent, ils sont aujourd’hui tous parents par alliance… Autre problème majeur : ils ne vivent pas au sein de la société qu’ils imposent aux autres. D’ailleurs, ils ne savent jamais ce qui s’y passe» (Lachichi Mohamed Chérif, «La faille». Roman (c) Editions L’Harmattan Algérie, Oran 2018) 

3/ «Nous sommes aussi inconstants que les oueds de notre pays, invisibles d’ordinaire et imprévisibles en leurs surgissements, capables de longues absences dociles avant de débouler en fureurs irrésistibles» (Ferhani Ameziane, « Les couffins de l’équinoxe». Recueil de nouvelles (c) Chihab Editions, Alger 2018) 

3/ Démission de Madassi Meriem, journaliste à Canal Algérie, n’ayant pas accepté qu’on l’empêche de lire une dépêche concernant le dépôt du dossier de candidature Ali Ghediri… alors qu’elle s’apprêtait à le faire… Et, tout cela à l’«oreillette». Ce qui prouve que c’est une décision (par qui ? c’est toujours là le problème de la décision en secteur public, le «petit» payant toujours pour le gros) prise en toute dernière minute et non en conférence de rédaction. Ce qui démontre que la gestion des organes du secteur public reste encore soumise bien plus aux humeurs (toujours verbales) des décideurs d’«en haut» qu’aux nécessités d’une info’ complète, exacte et crédible. Ce qui augmente les rejets et les colères… et la nécessité de réglementer (un texte législatif ?) l’exercice du «service public» (ou de l’intérêt général) assumé par la presse du secteur public. 

3/ Hamraoui Habib Chawki, ancien journaliste, Dg de l’Entv, ancien ministre et ex-ambassadeur, membre de la direction de campagne du candidat Bouteflika, a avoué sur «Echourouk News» (5 mars) qu’il soutient le président A. Bouteflika par «fidélité, et non par conviction». Et, il est même allé à dire qu’il souhaitait mourir le jour du décès du Président Bouteflika alors que le journaliste intervieweur ne lui demandait pas tant ! Ce n’est plus de la fidélité, ce n’est plus de l’allégeance, c’est… de la servitude. On savait que le pouvoir «rend fou». On savait que perdre le pouvoir pouvait «rendre encore plus fou». On savait, en Algérie, jusqu’ici, que l’on pouvait se sacrifier pour une cause… Mais pour un homme !… Y aurait-il autre chose ? 

4/ Grâce à la demande, déjà en elle-même tragi-comique, d’un 5ème mandat, par un homme présent-absent, on a pu découvrir, cette fois-ci, sur le plan mondial (surtout avec les Suisses des Hug (Genève) qui ont supporté un véritable harcèlement téléphonique concernant le président hospitalisé chez eux), le génie des Algériens s’est révélé comme étant le plus pacifique certes (à travers les manifestations), le plus joyeux malgré les difficultés quotidiennes et les menaces mais aussi le plus inventif en matière d’humour, toutes catégories et tous genres confondus. Ils ont su, aussi, «récupéré» assez vite, en Algérie, le fameux «cadre» (avec la photo du président) qui avait remplacé – depuis 2012 – lors des cérémonies officielles (et Dieu sait combien il y en a journellement depuis 1999) «fakhamatouhou», l’éternel absent-présent. Le 5 juillet 2018, le « cadre » avait fait une entrée plus que fracassante. Il a «paradé» de manière tout à fait officielle et en direct à la télévision au milieu de la garde républicaine, des officiels algériens et étrangers. Une scène surréaliste très commentée. 

Le « cadre » était donc partout. Il reçoit des cadeaux, des hommages, un cheval de race… Dans des cas extrêmes, le portrait de Bouteflika se voyait remettre un tableau, comme ce fut le cas lors de l’officialisation par le Fln de la candidature du président sortant à la Coupole. L’événement a été très médiatisé par les médias publics, comme d’ailleurs tous les événements où le « cadre » était présent… Des caricaturistes l’ont d’ailleurs nommé «Abdel-cadre». C’est d’ailleurs cet évènement particulier qui a semblé être le catalyseur des manifestations populaires actuelles 

L’illustration la plus tangible de l’échec de cette stratégie s’est manifestée dernièrement lorsque l’éditorial du «New York Times» a ironisé sur le fait que le Président Bouteflika soit désormais « connu comme étant ‘’le cadre » car il est en général visible en public seulement à travers des portraits encadrés ». Un cadre devenu la risée des médias internationaux. 

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