Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur de France en Tunisie: « La Tunisie est totalement libre de ses choix »


Concernant les déclarations de Noureddine Taboubi, qui avait affirmé qu’un ambassadeur, ivre, avait fait fièrement affirmé que la colonisation sera de retour en Tunisie: « Ce sont des choses inimaginables, épouvantables, horribles et surtout absurdes! »

L’ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre d’Arvor, était invité, vendredi, sur les ondes d’Express FM et est revenu sur plusieurs dossiers chauds touchant aux relations entre les deux pays, notamment la question de l’extradition du genre de Ben Ali, Belhassen Trabelsi.

“Trabelsi a été interpellé le 12 mars 2019. Il a été mis en examen par la France pour faux et usage de faux, recel, séjour irrégulier et blanchiment aggravé puis placé en détention” a expliqué Olivier Poivre d’Arvor affirmant que ce dossier sera jugé en France “puisqu’il a été arrêté avec semble-t-il de faux papiers (…) Il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire le 29 mars (…)”.

Cependant, “une demande d’arrestation tunisienne a été envoyée par le canal Interpol, et donc nous avons placé sous écrou extraditionnel, avant sa demande de remise en liberté, Belhassen Trabelsi” dit-il, ce qui explique le refus de la Cour d’Appel d’Aix en Provence la demande de remise en liberté faite par Belhassen Trabelsi, le 10 avril dernier.

“Aujourd’hui, le dossier d’extradition tunisien est en cours d’acheminement pour parvenir aux autorités judiciaires françaises via les ministères des Affaires étrangères. Ça prendra du temps, peut-être plusieurs mois car Belhassen Trabelsi devra être d’abord jugé pour l’affaire qui lui est reprochée en France”.

“Nous veillerons à ce que toutes les procédures soient respectées, de telle manière à ce que (…) au terme de la procédure française, il puisse venir s’expliquer devant les juges tunisiens de ce dont il est accusé”.

La Tunisie, toujours indépendante? 

Interrogé sur la remise en cause de certains tunisiens de l’indépendance du pays vis-à-vis notamment de pays et organisations internationales étrangers, l’ambassadeur de France appelle les Tunisiens à être fiers: “Soyez fiers de vous. Nous sommes, nous européens, fiers de vous. Il y a, comme partout, des difficultés notamment économiques qui sont évidentes, mais vous avez vaincu le terrorisme (…) le pays est sûr, les touristes viennent, les Tunisiens créés et la jeunesse s’exprime”.

“Dans certains moments, la Tunisie doute de son indépendance (…) ce que j’aime dans ce pays c’est qu’il est fier, souverain et indépendant. Ne laissez pas les uns et les autres entretenir le doute là-dessus” a-t-il poursuivi avant d’expliquer le rôle joué par la France et les pays européens en Tunisie:  “Nous, si nous sommes ici (…) c’est pour appuyer ce pays dans sa marche vers la construction démocratique et vers son redressement économique”.

Interrogé sur les récents propos du secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, qui avait affirmé qu’un ambassadeur, ivre, avait fait fièrement affirmé que la colonisation sera de retour en Tunisie, Olivier Poivre d’Arvor nie être la personne visée: “On a vis-à-vis des forces syndicales et politiques, le plus grand respect et la plus grande distance”.

“S’agissant de la déclaration que vous citez, cela ne me concerne pas puisque je ne bois pas. Je ne suis donc pas en situation de dire des choses de ce genre. Ce sont des choses inimaginables, épouvantables, horribles et surtout absurdes!” a-t-il fustigé.

“La Tunisie est indépendante depuis 1956. Une indépendance, cela prend du temps dans les faits, dans les textes, dans l’économie et dans les têtes. Il n’y a rien de plus beau qu’un pays fier, souverain et indépendant et c’est ce que nous aimons en Tunisie”

“Aujourd’hui, dans un contexte globalisé, mondial, avec une économie assez fragile en Tunisie, certains peuvent avoir le sentiment de dépendance. Mais vous ne dépendez de personnes, car c’est vous qui construisez et les faits sont là (…) C’est vous qui êtes totalement maîtres de votre destin” a expliqué l’ambassadeur de France en Tunisie.

Concernant le poids du du FMI sur l’économie tunisienne, il estime qu’il s’agit “d’une forme d’échanges d’expertises économiques, mais le gouvernement prend ses propres mesures. Tous les gouvernement ont pris leurs propres mesures en fonction de la situation du pays (…) ils la connaissent mieux que quiconque”.

Selon lui, il y a autour de la Tunisie, une bonne volonté de la part de l’Union Européenne mais surtout de la France: “Ce n’est en aucun cas une envie de vouloir influencer la politique (…) Oui, la Tunisie est totalement libre de ses choix”.

L’Algérie force l’admiration

Quant au contexte régional qui entoure la Tunisie entre d’un côté, la transition politique en Algérie et la situation chaotique en Libye, Olivier Poivre d’Arvor a d’abord estimé qu’avec le départ de Bouteflika, “c’est une page importante de l’histoire de l’Algérie qui a été tournée. Le peuple algérien a montré (…) par une mobilisation digne et pacifique qu’il était déterminé à faire entendre sa voix” indiquant être “confiant dans la capacité des algériens à suivre cette transition démocratique. Cet esprit de calme et de responsabilité force l’admiration”.

Quant à la situation libyenne, il indique que celle-ci “est plus critique”. “Je suis sensible au risque de déstabilisation durable et prolongée que la situation en Libye pourrait représenter pour les Tunisiens”, notamment à travers l’accueil de réfugiés, qui “pourrait représenter une nouvelle épreuve” pour la Tunisie. 

Selon lui, il y a aujourd’hui, 3 engagements à prendre pour résoudre le conflit libyen: “Aboutir à un cessez-le-feu le plus vite possible (…), la reprise du dialogue (…) et enfin il faut une perspective de règlement politique (…) à travers des élections”

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