Libye / Risque d’une guerre par procuration entre puissances occidentales

par Carole KOUASSI  

Depuis quelques semaines, la Libye a renoué avec un cycle de violence qui fait craindre d’un retour à la guerre civile. Mais c’est surtout l’implication des puissances occidentales dans cette guerre aux enjeux immenses qui inquiète l’ONU.

Les divisions s’ancrent dans une Libye polarisée depuis la révolution de 2011 qui a vu la mort du dirigeant Mouammar Kadhafi. D’un côté, le gouvernement d’union nationale emmené par Fayez el-Sarraj et soutenu par la communauté internationale. De l’autre, l’Armée nationale libyenne qui détient de larges étendues du territoire du pays et que tient d’une main de fer le maréchal Haftar.

Debut avril, ce dernier a entrepris de mener une offensive sur Tripoli, siège du pouvoir du gouvernement d’union nationale. L’initiative a toutefois rencontré la résistance des autorités basées à Tripoli qui mènent depuis une contre-offensive. L’escalade a déjà fait plus de 100 morts et encouragé de nombreux déplacements, a confié Ghassan Salamé, l’envoyé des Nations unies en Libye.

Mais, pour le diplomate, la situation pourrait davantage empirer si les protagonistes s’entêtent à jouer la carte militaire plutôt que l’option politique comme recommandée par l’Union africaine et les Nations unies. La situation est d’autant plus inquiétante que désormais, les puissances étrangères sont directement impliquées avec des armes plus sophistiquées.

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Influences étrangères

En fin de semaine dernière, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi n’a pas hésité à afficher son soutien au maréchal Haftar qu’il a reçu au palais présidentiel, sous le crépitement des flashs des journalistes. Haftar compte également parmi ses alliés plusieurs pays arabes ainsi que la France. Paris a même bloqué une résolution de l’Union européenne qui visait à condamner l’homme fort de l’Est libyen, marquant les divisions au sein de l’Europe. Quant au gouvernement d’union nationale, il reçoit le soutien militaire de pays tels que la Turquie, l’Italie et le Qatar.

Un jeu d’alliances qui est devenu le reflet d’un chassé-croisé géopolitique sur lequel s’appuient des puissances occidentales. Possession du pétrole libyen, amenuisement de l’influence rivale (entre la Turquie et le Qatar d’un côté et l’Arabie saoudite et l’Egypte de l’autre), lutte contre les groupes extrémistes, accroissement de la vente d’armes… La guerre en Libye va bien au-delà d’une simple guerre de clans dont entendent bien se servir les supposés soutiens des principaux protagonistes libyen. Et chacun y va de son intérêt.

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