Actualités / AU FIL DES JOURS

Par Belkacem Ahcene-Djaballah

1. Un slogan publicitaire commercial fait rage actuellement, plus efficace encore que les slogans du Hirak puisqu’il participe à un matraquage intensif des citoyens au sein même de la famille : «Internet, Aïch la vie» … Il est produit par un opérateur de téléphonie mobile. Il nous rappelle le premier slogan dans le domaine, produit aussi par un autre opérateur de téléphonie mobile et qui mettait donc l’accent sur le côté «jouissif», «consumériste» et «ludique» de l’ appareil (sic !). De côté, donc, tout l’aspect utilitaire que l’on trouve, en général, dans les publicités des pays développés. Vivement que l’on règle cet autre très gros problème d’une loi sur la «publicité commerciale»… afin d’introduire un contrôle et une régulation absolument nécessaires. Son absence a bien arrangé le système en place jusque-là, mais cela ne saurait perdurer. Autre «mauvais» choix en direction des automobilistes surpris en route en fin de journée : «Kasser ( !?!?) Ramadhan»… qui, habituellement, est utilisé à l’encontre de ceux qui ne «font» pas le Ramadhan. 

Mais, ne pas trop s’inquiéter, car nous sommes en plein «Hirak»… facilité, ici, par la gestion calamiteuse… et intéressée, du secteur de la com’ durant les trois dernières décennies. On se souvient de cet ancien responsable d’un opérateur de téléphonie mobile étranger qui avait menacé publiquement, clairement, en Algérie, et devant tout un parterre de décideurs (Pas de Pub’ !), les entreprises de presse qui… s’en prendraient au pouvoir en place… et à… Qatar ! Pourquoi ? Un journal avait dénoncé son «affairisme» parallèle… très personnel. 

2/ Corrompu par-ci, corrompu par-là ! Emprunté (extraits) sur les réseaux sociaux avec l’aimable autorisation de son auteur (anonyme). 

. Aux fonctionnaires qui vendent des rames de papier aux cybers du coin. 

• Aux enseignants qui habitent les logements de fonction dans des primaires et qui branchent leurs machines à laver à partir d’une prise électrique d’une classe (beaucoup de logement sont alimentés directement du compteur de l’établissement). 

• A cet ouvrier qui vend des moteurs qu’il déclare défectueux à l’usine. 

• Un bonsoir à cette employée qui revend les enveloppes timbrées retirées des dossiers administratifs des citoyens. 

• Au sapeur-pompier qui a mis la sirène pour acheter du lait. 

• A celui qui ouvre les offres (soumissions cachetées) des entreprises en mettant les enveloppes au frigo et qui communique ensuite les sommes à son ami. 

• Sans oublier le gynécologue de l’EPH qui fait tout pour que sa patiente accouche par césarienne à la clinique privée de son ami. 

• A cet agent d’ordre qui aime les billets de 2000 dinars oubliés à l’intérieur des permis de conduire. 

• A cet enseignant qui gonfle les notes des élèves qui suivent des cours particuliers chez lui. 

• A cet ingénieur en urbanisme qui signe le nombre des étages selon le nombre de cadeaux. 

• A ce technicien du contrôle technique automobile qui ne signale aucune réserve pour un sandwich offert. 

• Aux postiers et banquiers qui fond des comptes-à-comptes en prenant des crédits sans intérêts. 

• Aux avocats qui font les courtiers des juges corrompus. 

• A cet élu qui signe un certificat de vie à un proche d’une vieille retraitée de la caisse de retraite française, morte depuis trois ans. 

• A ce journaliste qui fait les portraits des artistes à 10 000 dinars. 

• Bonjour l’employée qui vend des produits de beauté dans les couloirs de l’administration. 

• Salut l’étudiant – membre du comité de cité U – qui choisit lui-même les fournisseurs de produits alimentaires. 

• Coucou la greffière qui joue à la représentante commerciale en faisant de la pub pour certains avocats. 

• On a failli oublier ce douanier qui fait passer les voitures des immigrés à 50 €. 

• A ce cuisinier d’une cantine scolaire dont l’épouse ne cuisine que pendant les vacances. 

• A ce caissier de la Sonelgaz qui se fait des dizaines de millions chaque trimestre rien qu’en disant aux clients qu’il manque de petites monnaies. 

• Aux militants des droits de l’homme qui font du tourisme et qui bouffent les budgets et subventions. 

• Toutes nos excuses pour les personnes omises. 

Rajouts : 

. A ce DG qui favorise les membres du syndicat-maison (congés spéciaux, logements, crédits multiples, bons d’essence…) pour qu’ils fassent moins de vagues 

. A ce responsable du personnel qui recrute les enfants des amis avant les enfants de ceux qu’il ne connaît pas… même s’ils sont incompétents 

. A cet élu communal qui favorise l’attribution de lots de terrain à bâtir (et de travaux divers) aux gens de sa région ou de sa tribu ou de son parti 

. A ces universitaires qui «monnayent» des notes et des chercheurs qui font de la recherche «sous les cocotiers» 

La liste peut être continuée à l’infini… montrant seulement l’ampleur du mal et la difficulté de la tâche qui attend les futurs gouvernants. Bien sûr, il y a les contrôles («yatrakbou gaa3» !) et les sanctions («yathassbou gaa3 !»)… mais auparavant, c’est toute une révolution politique à mener et, surtout, une révolution morale et culturelle. Mais attention, ici, le prêche du vendredi à la mosquée ou à la télé n’est ni suffisant, ni convaincant. En fait, il n’y a que l’école et l’éducation civique… et, surtout, les exemples dans sa propre famille et de ceux «d’en haut». 

A lire avec modération ! 

3. Citations : 

– De même qu’il ne faut qu’un grain pourri dans un tas de blé pour le gâter entièrement, de même il ne faut qu’un homme corrompu pour entraîner au mal tous ceux qu’il fréquente et qui l’entourent (Khodja Hamdan, «Le Miroir. Aperçu historique sur la Régence d’Alger», Essai © Tafat éditions, Alger 2015 (ouvrage écrit par l’auteur en 1833) 

– Le grand malheur de l’Algérie, c’est la corruption. Il n’y a pas que la corruption financière, il y a aussi la corruption morale. Certains intellectuels sont corrompus. Et, je crois que c’est cette corruption qui atteint la famille, qui s’est répandue partout. C’est le grand mal (Mekbel Said, « Une mort à la lettre. Entretiens» © Editions Frantz Fanon, Tizi Ouzou 2015 (Dar al-Jadeed, Beyrouth, 2010 et Téraèdre, Paris 2008) 

4. Archives brûlantes : 

Samedi 29 mars 2014 : – Le colonel à la retraite Ahmed Bencherif tient une conférence de presse à Alger. Pour lui, Bouteflika « n’arrive même pas à parler au téléphone. Il est complètement inconscient… Un Avc ne pardonne pas. Ses séquelles sont irréversibles». Il accuse Saïd Bouteflika d’être «à la tête d’une mafia politico-financière». Pour lui, «ce sont Saïd Bouteflika et ses sbires qui ont squatté le pouvoir depuis la maladie de mon ami Bouteflika»… Il précise que «Bouteflika n’avait passé que 7 jours au maquis et a terminé le reste de la guerre de libération à Oujda… je vous assure qu’il n’a pas tiré sur un moineau ». 

Mercredi 2 avril 2014 : – La presse révèle, reprenant le journal Echourouk, que «des hommes d’affaires algériens (dont bien des membres du FCE) ont mis à la disposition du candidat A. Bouteflika 750 milliards de centimes pour financer sa campagne électorale… et 180 milliards ont été avancés pour le lancement d’une chaîne d’informations satellitaire baptisée Wiam Tv dont les animateurs seront des journalistes transfuges provisoires de la chaîne publique, grassement payés». 

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