Djibouti dans la nasse chinoise…

Source : Proche & Moyen-Orient 01.04.2019
Par Richard Labévière

En mer entre Djibouti et le Mozambique, 28 mars 2019.

Comme chaque année depuis 2016, une partie de la rédaction de prochetmoyen-orient.ch a appareillé de Djibouti pour l’océan Indien. Cette opportunité nous permet, notamment de mesurer l’évolution du « grand jeu djiboutien » qui se déploie au beau milieu d’un axe stratégique vital pour la défense et la sécurité de la France : Méditerranée/mer Rouge/océan Indien.

Dernièrement sur la route de l’Ethiopie et du Kenya, le président de la République a fait halte dans l’Etat portuaire afin d’y transmettre essentiellement trois messages : la France dispose toujours à Djibouti de sa plus grande base militaire à l’étranger et elle y remplit pleinement les obligations de ses accords de défense dans une région en bouillonnement constant ; elle veille aussi à questionner – autant que faire se peut – le clanisme et l’opacité d’un régime autoritaire ; enfin, il s’agissait aussi de prendre la mesure des évolutions économiques de ce « hub stratégique », maillon important du collier de perles chinois et des routes de la soie.

UNE TACTIQUE D’ENDETTEMENT SYSTEMIQUE

Afin de conforter ses intérêts économiques en Ethiopie, Pékin vient de restaurer la vieille ligne du chemin de fer français reliant Djibouti à Addis-Abeba. Cette rénovation a été exclusivement menée par une main-d’œuvre chinoise, sachant que Djibouti connaît un taux de chômage de 60%. Coût de l’opération : 500 millions de dollars pour un tronçon de moins d’une centaine de kilomètres, avec un emprunt à un taux de 6% ! Pékin a aussi construit un aqueduc pour un montant de 350 millions de dollars acheminant d’Ethiopie 8000 m3 d’eau par jour, eau certainement la plus chère d’Afrique.

Sur le front des infrastructures routières et portuaires, Pékin poursuit la même tactique d’endettement systémique de son partenaire djiboutien : des prêts à des taux délirants pour réaliser des infrastructures de qualité souvent contestable. Les cinquante hectares du port de Doraleh, qui devaient se transformer en une zone franche commerciale ouverte et susceptible de profiter aux investisseurs djiboutiens, n’ont rien de très « francs », laissant actuellement place à un no man’s land dont personne ne connaît la réelle destinée. Djibouti achète à l’Ethiopie de l’énergie électrique estimée à 6 centimes le Kw/heure. Ce flux transite par un opérateur chinois qui facture le même Kw/heure à 60 centimes, soit en faisant dix fois la bascule par rapport au prix éthiopien initial. Au final, Djibouti consomme l’une des électricités les plus onéreuses d’Afrique. Par ailleurs, les sept câbles sous-marins qui relient l’Asie et l’Europe transitent par la région : quelle chance ! Néanmoins en matière de télécoms, Djibouti est – là-aussi – le deuxième pays le plus cher du monde. Encore merci Pékin !

Enfin, et pour renforcer le contrôle social de la population djiboutienne, Pékin cherche à vendre au président Ismaïl Omar Guelleh (IOG) un système numérique de reconnaissance facial, le même qui fait tellement de miracles en Chine en matière de restriction orwellienne des libertés civiles et politiques. Quel progrès ! Toujours est-il que l’endettement de Djibouti a doublé en trois ans et qu’il représente aujourd’hui 95% du produit intérieur brut… au profit exclusif de Pékin, qui fait plus fort que toutes les anciennes puissances coloniales.

Dans ce contexte économique des plus asymétriques, la société française Colas a tenté, à plusieurs reprises, de répondre à des appels d’offres lancés par Djibouti en matière de terrassement et de travaux publics. A chaque reprise, elle s’est fait laminer par une concurrence chinoise des plus opaques et déloyales. L’un des messages d’Emmanuel Macron aux autorités djiboutiennes a été des plus clairs : on a besoin de règles équitables et respectées s’appliquant aussi aux sociétés chinoises !

Cette tactique chinoise d’endettement systémique des pays d’accueil engrange d’autant plus de succès à Djibouti que son système politique repose sur de savants équilibres claniques qui ne se résume pas au seul clivage ancestral Afars/Issas. On l’a dit : avec un chômage qui frappe 60% de la population active, les bons connaisseurs de Djibouti estiment que plus d’un tiers des postes de la fonction publique sont des « emplois fictifs » distribués en fonction d’un système d’allégeances strictement destiné à la reproduction de l’actuel pouvoir d’IOG et de sa clientèle.

En définitive, et comme dans d’autres régions d’Afrique, la stratégie chinoise – d’abord le civil, ensuite le militaire – aboutit à une série de perte sèche de souveraineté et d’indépendance nationales. L’endettement de pays d’accueil comme Djibouti atteint des seuils qui rendent vite toute espèce de remboursement impossible. Structurellement débiteurs, ces mêmes pays deviennent ainsi les vassaux d’une Chine suzeraine et impériale qui ne manque pourtant jamais une occasion de prétendre qu’elle ne cherche nullement à occuper une position mondiale hégémonique.

Afin d’éviter de prendre les enfants du bon Dieu pour des canards laqués, gardons en mémoire le discours du président chinois Xi Jinping en juin 2017, lors de l’inauguration de la première base militaire chinoise à l’étranger – en l’occurrence à… Djibouti : « en 2049, pour le centième anniversaire de la République populaire, la Chine s’imposera comme la première hyper-puissance mondiale ». On ne peut être plus clair dans la pratique du double langage et de l’enfumage version Sun Tzu : gagner la guerre sans la faire…

ETHIOPIE / ERYTHREE : LA DRÔLE DE PAIX

Dans cette perspective de domination chinoise masquée, que faut-il attendre de l’amorce de paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée survenue au cours de l’été 2018 ? L’Erythrée s’est séparée de l’Ethiopie à l’issue d’une guerre de libération nationale de trente ans (1961 – 1991), avant de reprendre les hostilités de 1998 à 2000, ayant adopté depuis, une posture « ni guerre, ni paix ». Historiquement, le régime d’Issayas s’est entièrement construit contre l’Ethiopie qui a toujours servi d’alibi à la reproduction d’un régime totalitaire. S’adossant à la menace existentielle éthiopienne, Issayas pouvait ainsi justifier nombre de mesures liberticides, comme un service militaire à durée indéterminée qui a contribué à faire fuir une bonne partie de la jeunesse. Coup de théâtre l’été dernier : en l’espace de quelques mois, les frères ennemis se sont réconciliés, signant un accord de paix, jurant « appartenir à un même peuple ».

L’Ethiopie pourra tirer des intérêts multiples de cette paix, si elle perdure. L’arrivée au pouvoir en 2018 du jeune Abiy Ahmed (42 ans) – de père oromo et de mère amhara – change complètement la donne jusque-là dominée par le Front populaire de libération du Tigré (FPLT) de Meles. Un intérêt économique d’abord : moins pour l’accès au marché érythréen qui reste modeste que pour l’accès à ses ports. Cette « détente » permet à Addis-Abeba de soulager la pression non seulement militaire mais aussi politique d’une posture défensive lourde sur le front nord, pour se concentrer sur les autres enjeux régionaux, à commencer par la Somalie.

C’est du même coup un moyen de distandre l’alliance de l’Erythrée et de l’Egypte qui commençait à devenir préoccupante pour l’Ethiopie. D’autre part, en faisant la paix avec Asmara, Addis-Abeba se donne le beau rôle alors qu’il occupait illégalement une partie du territoire érythréen. Surtout, Abiy Ahmed incite le régime d’Issayas à évoluer en le privant de l’alibi de la « menace éthiopienne », le jeune Premier ministre éthiopien affaiblissant du même coup son opposition, l’armée et les services éthiopiens de renseignement, traditionnellement dominés par les Tigréens.

Cette spectaculaire détente a été favorisée par trois parrains, à commencer par les Emirats arabes unies (EAU) en train d’achever la construction de différentes installations militaires dans le port érythréen d’Assab. Contrôlant déjà une partie des ports de la région, les Emiriens cherchent à affaiblir celui de Djibouti dont ils ont été chassés. Le terminal du port de Doraleh, qui était concédé à DP World (l’opérateur portuaire émirien), a été nationalisé par Djibouti en septembre 2018. Soutenir le rapprochement Ethiopie-Erythrée revient – de fait – à affaiblir la situation monopolistique du port de Djibouti.

L’Arabie saoudite est un autre acteur de ce rapprochement. La monarchie wahhabite reste l’allié principal des EAU dans la confrontation avec le Qatar, exclu du Conseil de coopération du Golfe (CCG) depuis juin 2017 en raison de sa proximité économique avec l’Iran et de sa bienveillance politique à l’égard des Frères musulmans. Deux axes – Qatar/Turquie d’un côté et Arabie/EAU/Egypte de l’autre – s’affirment désormais. Enfin, Washington a aussi œuvré pour la détente Asmara/Addis-Abeba, la première motivation américaine étant de contrer les ambitions chinoises dans la région. La méfiance des Etats-Unis à l’égard du gouvernement djiboutien s’est accrue à mesure que Pékin confortait son emprise en faisant tomber l’Etat-portuaire dans le piège de l’endettement systémique. Un repli américain en direction du Somaliland est toujours possible si la cohabitation avec les autres forces armées installées à Djibouti devenait intenable…

La réconciliation entre l’Ethiopie et l’Erythrée s’est accompagnée aussi d’un rapprochement entre l’Ethiopie et la Somalie d’une part (la liaison aérienne entre Addis-Abeba et Mogadiscio qui était gelée depuis 41 ans a été rétablie et Abiy a fait une visite d’Etat dans la capitale somalienne concluant notamment un accord pour développer quatre ports somaliens) et entre l’Erythrée et la Somalie d’autre part. Mogadiscio a longtemps accusé Asmara de soutenir des groupes armés islamistes actifs sur son territoire : les Tribunaux islamiques, puis les Chebabs. Aujourd’hui, ce soutien logistique ne serait plus de mise.

Au final, cette drôle de paix, « alliance de la carpe et du lapin », pour reprendre les termes du chercheur Gérard Prunier (l’un des meilleurs experts de la zone), n’est pas une bonne affaire pour Djibouti. Mais ce revers doit être relativisé : les ports d’Assab et de Massawa ne sont pas prêts de rassembler les qualités pour constituer, à moyen terme, une alternative sérieuse à Djibouti. En outre, la croissance éthiopienne (plus de 8% par an) pourrait absorber de nouveaux débouchés sans nécessairement desservir Djibouti qui conservera toujours sa position stratégique de gardien du détroit de Bab al-Mandeb, la si bien nommée « porte des larmes ».

BRISURE ARABIE SAOUDITE / EMIRATS ARABES UNIS

Un autre développement s’avère nettement plus intéressant à souligner, pouvant à terme générer d’autres tensions, sinon un nouveau conflit dans la zone de la péninsule arabique : au Yémen et dans sa sous-région maritime, les objectifs de l’Arabie saoudite et des EAU se révèlent parfaitement contradictoires.

Avec la généralisation de la guerre au Yémen depuis 2015, les EAU parachèvent leur enveloppement maritime de la péninsule arabique entre les détroits d’Ormuz et de Bal Al-Mandeb. Ils ont transformé l’île yéménite de Socotra en porte-avions, aménageant aussi des points d’appui militaire dans les ports du Puntland et du Somaliland, notamment à Berbera (seul port en eaux profondes du nord de la Somalie), ainsi qu’à Bossaso. Profitant de cette détente Ethiopie/Erythrée, les Emiriens ont également développé des infrastructures militaires dans le port d’Assab (Erythrée) et, dans une moindre mesure, à Massawa. Dans l’archipel des Hanish – véritable porte du détroit de Bab al-Maneb – les Emiriens ont, également installé un véritable état-major de coordination de leur dispositif maritime régional.

Depuis toujours les EAU veillent à ce que Dubaï – leur « Cité entrepôt » – conserve sa position portuaire prédominante entre l’Afrique de l’Est et l’Asie la plus lointaine. Il est clair que le bras de fer engagé avec Djibouti est une illustration de cette stratégie portuaire qui pourrait, à terme, l’opposer à son allié et parrain saoudien. Autant Riyad cherche à promouvoir un Yémen unitaire et compact dirigé par un petit roitelet à sa botte, autant les EAU travaillent activement à une fragmentation, un éclatement, une partition du Yémen en deux, ou plutôt en trois morceaux. Cette volonté de casse d’un Yémen unitaire concerne les zones portuaires de Mukallah (à proximité du sultanat d’Oman), d’Aden qui marque l’entrée de la mer Rouge et d’Hodeïda, port stratégique où transite l’essentiel des importations et des exportations du Yémen.

Par ailleurs, les EAU cherchent – dans le conflit yéménite et dans d’autres dossiers stratégiques – à se dissocier, de plus en plus nettement, du parrain saoudien. A Riyad, la révolution de palais en cours, cherchant à porter le jeune prince héritier Mohammad Ben Salman au pouvoir suprême, est loin d’être aboutie. Elle pourrait même dégénérer gravement, sinon entraîner la monarchie wahhabite dans une crise interne qui pourrait avoir de lourdes conséquences régionales. Les EAU suivent cette évolution comme le lait sur le feu et ne veulent en aucun cas risquer d’être embarquer dans un éclatement toujours possible de l’Arabie saoudite.

Ce différend émiro-saoudien est porteur d’une nouvelle brisure potentielle d’un monde sunnite déjà fracturé par l’axe des pays du CCG allié à l’Egypte face à celui constitué par le Qatar, la Turquie et les Frères musulmans. L’annonce de la réouverture de l’ambassade des EAU à Damas s’est faite avec l’aval de Riyad qui cherche ainsi à endiguer – de toutes les façons possibles – les prétentions hégémoniques sur l’Islam sunnite d’une Turquie alliée au Qatar et prête à jouer de tous les leviers internationaux, voire terroristes de la Confrérie des Frères musulmans.

Non contente d’avoir installé un centre de formation militaire à Mogadiscio, la Turquie entend jouer la carte du soft power et de l’influence religieuse dans la Corne. A Djibouti, derrière l’Institut français, elle achève la construction d’une grande mosquée dont l’inauguration a été plusieurs fois reportée. Ankara dépense aussi beaucoup d’argent dans l’entretien de madrassas (écoles coraniques) dont les autorités djiboutiennes prétendent qu’elles contrôlent les enseignements. A voir… Un peu plus au nord en mer Rouge, la Turquie aménage, avec l’aide du Qatar, un port militaire dans la presqu’île de Suakin, c’est-à-dire juste en face du port saoudien de Djeddah… Ambiance !

A terme, et c’est sans doute l’une des conclusions à tirer du passage du président de la République à Djibouti, les différents bouillonnements de la Corne de l’Afrique nécessiteraient une consolidation de la présence française dans l’Etat portuaire, ainsi qu’un redéploiement des moyens attribués à notre base d’Abu Dhabi. Installée dans une zone d’influence anglosaxonne et à deux cents kilomètres des côtes iraniennes, celle-ci ne présentera jamais les atouts stratégiques de Djibouti. Est-il judicieux d’y avoir installé Al-indien (le patron des forces maritimes françaises de l’océan Indien) ? Celui-ci ne serait-il pas plus opérationnel depuis Djibouti ou même embarqué ?

Plus que jamais, le grand jeu djiboutien pèse sur l’avenir de la mer Rouge, et conjointement sur ceux de la péninsule arabique et de la Corne de l’Afrique.

Outre un renforcement de la base militaire de Djibouti et d’une présence significative en augmentation des sociétés françaises, le merveilleux Institut français dirigé avec maestria par Louis Estienne pourrait favoriser – à terme – l’amorce d’un observatoire de la Corne. Il en est question et c’est, en tout cas, l’un des vœux que l’ont peut formuler lorsqu’on appareille de Djibouti pour l’océan Indien, tellement vital pour la défense, la sécurité et les intérêts de la France.

REFLEXIONS DE MER

L’un des bonheurs de la haute mer – outre le fait d’être libéré des réseaux numériques et de leurs aliénations débilitantes – est que les nouvelles ne sont pas immédiates, parvenant ainsi aux marins avec plus de vérité… Dans cet ordre d’idées, la décision désastreuse du président des Etats-Unis d’entériner l’occupation israélienne du plateau du Golan – le 22 mars dernier – en dépit des nombreuses résolutions des Nations unies qui dénoncent les annexions territoriales imposées par Tel-Aviv depuis la guerre de juin 1967, n’est pas une surprise. Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump n’a cessé de soutenir inconditionnellement son électorat évangéliste inconditionnellement pro-israélien, en faveur de la colonisation et de l’annexion de nouveaux territoires palestiniens.

Dernièrement, les autorités de Tel-Aviv – coutumières du viol du droit international – ont empêché la bonne tenue d’une manifestation culturelle organisée par le Consulat général de France de Jérusalem à laquelle devaient participer plusieurs associations palestiniennes. Il est vrai que lorsque Netanyahou entend prononcer le mot « culture », il sort son revolver… Et, il n’est pas surprenant non plus que ce criminel de guerre soit l’un des premiers visiteurs du nouveau président brésilien Bolsonaro.

Ce dernier vient de se précipiter aux Etats-Unis pour se prosterner devant son mentor Donald Trump afin de signer des contrats de coopération militaire, tout particulièrement en matière de recherches et d’industries spatiales. L’étrange Bolsonaro a vendu aux Américains les services de la base brésilienne de vols spatiaux au détriment de son homologue franco-européenne de Kourou en Guyane. Le populo-fasciste brésilien veut clairement refaire du Brésil un satellite nord-américain…

Et Donald Trump a toutes les raisons d’être ravi de cette nouvelle collaboration brésilienne alors qu’il finalise la mise en œuvre d’un nouveau « plan Condor » : à partir de Panama et de la Colombie faire tomber Lula et Dilma Roussef au Brésil (c’est fait !), remettre la main sur la Venezuela, le Chili et les pays andins (c’est en cours !). Entre la résurgence de l’impérialisme américain le plus bête et méchant et les délirs de domination planétaire de la Chine, nous voilà condamnés à être inventifs, clairs et courageux.

A ce propos, impossible de clore notre escale djiboutienne sans citer encore la conclusion du manuel stratégique des colonels de l’armée de l’air chinoise Qio Liang et Wang Xiangsui1 : « pour la guerre hors limites, la distinction entre champ de bataille et non-champ de bataille n’existe pas. Les espaces naturels que sont la terre, la mer, l’air et l’espace sont des champs de bataille ; les espaces sociaux que sont les domaines militaire, politique, économique, culturel et psychologique sont des champs de bataille ; et l’espace technique qui relie ces deux grands espaces est plus encore le champ de bataille où l’affrontement entre les forces antagoniques est le plus acharné. La guerre peut être militaire, paramilitaire ou non militaire ; elle peut recourir à la violence et peut être aussi non-violente ; elle peut être un affrontement entre militaires professionnels ainsi qu’un affrontement entre les forces émergentes principalement constituées de civils ou de spécialistes. Ces caractéristiques marquent la ligne de partage entre la guerre hors limites et la guerre traditionnelle, et elles tracent la ligne de départ des nouvelles formes de guerre ».

Les deux compères ajoutent : « en outre, il est urgent que nous élargissions notre champ de vision concernant les forces mobilisables, en particulier les forces non militaires. A part diriger l’attention comme par le passé sur les forces conventionnelles, nous devrions porter une attention spéciale à l’emploi des ‘ressources stratégiques’ intangibles comme les facteurs géographiques, le rôle historique, les traditions culturelles, le sentiment d’identité ethnique ainsi que le contrôle et l’utilisation de l’influence des organisations internationales ».

On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas ! Bonne lecture et bonne semaine.

Richard Labévière
01 avril 2019

1 Qio Liang et Wang Xiangsu : La Guerre hors limites. Editions Payot&Rivages, 2003

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Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 01-04-2019

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