Actualités / AU FIL DES JOURS

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Actualités 

-La presse du jeudi 13 juin rapportait que la Cellule de traitement du renseignement financier (Ctrf), relevant du ministère des Finances, a reçu pas moins de 1 300 déclarations de soupçon relatives au blanchiment d’argent entre 2017 et 2018… On nous dit aussi que les dossiers (si le cas de soupçon est confirmé) sont transmis à la justice qui doit alors se proncer sur l’affaire. De quoi remplir des milliers de pages de chroniques judiciaires… Et pourtant, il a fallu attendre tout un mouvement populaire de ras-le-bol pour voir enfin des dossiers (bien qu’encore en nombre limité) dépoussiérés. Entre-temps, plusieurs dizaines de mds usd avaient joué les «filles de l’air», laissant, aujourd’hui, tout un peuple de «sans dents» fantasmer sur une récupération des sommes détournées. Il est sûr que l’opération de «recouvrement des avoirs illicites» placés à l’étranger (note : 148 milliards/an pour l’Afrique, soit 25% du Pib ) prendra des années et des années, que seules quelques «miettes» seront récupérées et n’en profiteront que les banques étrangères et les «couvertures». 

– La Cour des comptes n’a pas transmis de rapports détaillés sur la mauvaise gestion des deniers publics sur demande du Parquet général concernant des dossiers en suspens durant la période 2009-2019, indique cette institution dans un communiqué du 13 mai 2019. Réagissant à des informations diffusées par des médias concernant une «prétendue transmission de rapports détaillés sur la mauvaise gestion des deniers publics sur demande du Parquet général concernant des dossiers en suspens durant la période 2009-2019», la Cour des comptes «décline, en conséquence, toute responsabilité vis-à-vis d’informations qui n’émanent pas officiellement de ses services habilités à le faire», a précisé la même source. Instituée en 1976, la Cour veille à l’utilisation régulière et efficiente des fonds publics, la promotion de la transparence dans la gestion des finances publiques et le renforcement de la lutte contre la fraude. Elle est dotée de 170 magistrats et de 45 vérificateurs financiers. Sur quelque 10.000 comptes publics existant en Algérie, la Cour traite en moyenne 600 comptes/an au niveau de ses huit chambres nationales et neuf chambres territoriales. 

– A vrai dire, j’ai toujours eu pour la presse du Burkina Faso et ses journalistes la plus grande admiration. Toujours en état de veille intellectuelle. Toujours curieux de ce qui se fait de bien et de mieux ailleurs pour l’adapter, le corriger et d’adopter. Je me souviens quand une délégarion était venue à Alger pour seulement savoir ce qui se faisait (91-92) au niveau de notre Conseil supérieur de l’Information… une institution originale. Par la suite et jusqu’ici, ils se retrouvent bien loin devant. Idem pour ce qui conscerne la presse en ligne. Ainsi, leur ministère de la Communication et des Relations avec le Parlement a organisé un atelier de validation de la charte de la presse en ligne suivi de la formation des acteurs, du 26 au 29 juin 2019. 

Un ensemble de 12 articles censés aider les journalistes à respecter les règles de l’éthique et de déontologie, les rendre plus professionnels, renforcer la confiance entre les lecteurs et leurs sites préférés… 

Au Burkina Faso, les statistiques donnent un peu moins de 4 millions d’utilisateurs réguliers d’Internet. Dont plus d’un million sont abonnés à Facebook. «Les habitudes d’utilisation de ces plates-formes numériques sont illustratives de leur importance: parmi les contenus recherchés sur le Net, l’information vient en premier, suivie de l’emploi, des jeux de hasard. L’audience des sites d’informations est donc loin d’être négligeable», a-t-il conclu. 

On déplore cependant que certains usagers, observateurs, et même certains décideurs politiques, confondent allègrement médias en ligne et réseaux sociaux. D’où la nécessité pour le journaliste de se professionnaliser davantage afin de marquer la différence et de gagner la confiance du lectorat, ainsi que les dérives de certains de leurs animateurs, qui se livrent parfois à des injures, à de la diffamation, qui portent atteinte à la vie privée, qui violent le droit à l’image, ou qui publient des informations erronées. Peu de moyens mais beaucoup de volonté…de bien faire. 

-La compagnie nationale de transport aérien Air Algérie va lancer sa propre chaine de télévision, annonce-t-elle, sur sa page Facebook. Sans préciser la date de lancement de sa chaine, ni son contenu. La thématique principale de la future chaine sera consacrée à «la vulgarisation des sujets importants en faisant appel à des experts en avion» souligne un journal, ajoutant qu’elle «ne fera pas appel à la sous-traitance externe». Est-ce vraiment utile ? Sera-ce rentable en ces temps de disette financière ? Ceci dit sauf s’il y a mauvaise information, la dite chaîne n’étant en fait qu’un service de productuion et/ou de diffusion de programmes en interne (destinés aux voyageurs). 

– Montpellier (France/Hérault) : Un jeune homme de 21 ans, un franco-marocain de nationalité française, électricien de profession, détenteur du permis de conduire depuis quatre mois, circulant à une vitesse manifestement excessive, cause la mort d’une mère de famille de 42 ans, et blesse grièvement son bébé et lègèrement la sœur de 17 ans. 

Le conducteur a nié être un supporter de l’équipe d’Algérie, dont les fans fêtaient jeudi soir la qualification pour les demi-finales de la Coupe d’Afrique des Nations. Il a affirmé aux enquêteurs ne pas s’intéresser au football : s’il était à bord de son véhicule ce n’était pas pour célébrer la victoire algérienne mais pour»se rendre chez une amie», a-t-il déclaré. Et pourtant. Il a fallu qu’une source proche de l’enquête (peut-être, mal-intentionnée) présente le jeune homme vendredi matin comme un supporter des «Fennecs» pour que la presse (française) continue à s’en tenir à cette thèse…décidemment la plus facile à faire avaler à une opinion publique quelque peu excédée par les démonstrations objectivement bruyantes des Algériens de France. 

Citations 

– Nous aussi, avons notre jungle, ce royaume impitoyable et rocambolesque où les barons du système, des continuateurs rentiers, des jeunes loups sans foi ni loi, des commis d’un Etat politisé où les services publics sont partisans ou «souteneurs», donnent à voir une cuisine indigeste… (Kamel Bouchama, «L’exil fécond». Essai © Juba Editions, Alger 2011) 

-Libéralisme sauvage, entreprises et biens de l’Etat vendus au dinar symbolique, démantèlement profitable du socialisme. Le ver corrupteur met à l’épreuve sa satiété légendaire. Partout. Dans les cimetières où la démographie galope. Dans les chambres fortes où la canaille règle ses comptes ( Aicha Kassoul, «Le pied de Hanane», Roman © Casbah Editions, 2009) 

– Equilibre de la corruption. A l’instar de l’équilibre de la terreur, les corrompus s’entendent à la dissuasion mutuelle : je te tiens par la barbichette, tu me tiens par la barbichette (Redha Malek, «L’empreinte des jours», Essai © Casbah Editions, 2013) 

– Le mal qui ronge les dictatures est curieusement le même que celui qui menace la démocratie : la corruption (Moncef Marzouki, «L’invention d’une démocratie. Les leçons de l’expérience tunisienne», Essai © Média Plus, 2013) 

Archives brûlantes 

Jeudi 16 août 2012 : – Chronique de Hamid Guemache (La Tribune, France. Extraits) : « L’Algérie s’enfonce dans l’immobilisme. Depuis les législatives du 10 mai dernier, le temps s’est figé dans le pays quasiment à l’arrêt. Absent depuis le 16 juillet dernier, le président Abdelaziz Bouteflika a fait mardi soir sa première apparition publique lors de la célébration d’une fête religieuse (ndlr : La «Nuit du Doute», 27e jour du mois de Ramadhan ). Son absence a suscité des interrogations sur son état de santé chancelant depuis 2005. Même des ministres ne savaient pas où il était parti ! Commentaires: Le gouvernement gère les affaires courantes : La présidence de la République n’a pas soufflé un mot sur l’éclipse de Bouteflika qui a laissé le pays livré à lui-même dans un contexte social tendu marqué par des émeutes contre les coupures d’électricité. Un pays qui n’est plus gouverné : L’Etat cède du terrain chaque jour aux délinquants et barons de l’économie parallèle qui ont transformé le pays en un vaste marché à ciel ouvert. Trois mois après les législatives du 10 mai, l’Algérie donne l’image d’un pays qui n’est plus gouverné ! Le chef de l’Etat reste sourd aux appels ! Et les réformes politiques qu’il avait annoncées en avril 2011 dans la foulée des révoltes arabes sont au point mort. La révision de la Constitution, l’ouverture de l’audiovisuel au privé, la dépénalisation de l’acte de gestion pour les managers publics et privés, la relance de l’économie et la lutte contre la bureaucratie et la corruption sont restées en l’état de promesses ! 

Jeudi 13 juin 2019 : Dans un entretien accordé au quotidien «l’Expression», le Pr Addi Lahouari estime que «la société a évolué et l’armée aussi». Mais, dans le fond, il n’a guère changé d’opinion. Pour lui, la «démission de Bouteflika n’a pas changé le système car le régime algérien repose sur le pouvoir réel de l’armée et non sur le pouvoir formel des civils qu’elle désigne pour les fonctions électives». Il révèle aussi que «Bouteflika n’avait pas l’autorité que la propagande du Drs lui prêtait. Entre mille exemples, je vous cite celui-ci », dit-il : « le colonel Ait Mesbah (ndlr : Sadek), alors chef du Protocole (ndlr : en fait Directeur de la Sécurité présidentielle, celle rapprochée) à la Présidence a donné une gifle mémorable («une gifle méritée», ajoute-t-il) à Saïd Bouteflika. Deux mois après, il été promu général»… et mis à la retraite. 


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