Actualités / AU FIL DES JOURS

par Belkacem Ahcene-Djaballah

ACTUALITES

1 / -L’hebdomadaire français «L’OBS» (ancien «Nouvel Observateur») a publié récemment (n° 2855 du 25 juillet) un article sur les «ministres, hauts fonctionnaires et grands patrons algériens» qui «investissent depuis des décennies dans les plus beaux quartiers de la capitale française… là où le prix du mètre carré atteint les 15 000 euros. Avec des montages minutieux et des prête-noms impossibles à relier formellement aux bénéficiaires effectifs (dont les noms, désormais connus, parsèment les réseaux sociaux). «L’oligarchie sur Seine». Pour la plupart dans la pierre, c’est-à-dire des apparts qui, aujourd’hui, sur un marché en hausse, valent de «l’or». Des «biens mal acquis», sous l’œil complice des autorités étrangères, achetés avec de l’argent sale, issu de la corruption en particulier ? Il est sûr que très peu sont simplement le fruit de nombreuses années de travail. Mais attention, nous dit-on, l’argent sorti illégalement n’est pas nécessairement «sale». Il est parfois seulement «non déclaré» aux autorités algériennes. Et pour cause : la loi interdit «la constitution d’avoirs monétaires, financiers et immobiliers à l’étranger par les résidents à partir de leurs activités en Algérie». Et punit toute infraction de deux à sept ans de prison. Cela veut dire tout simplement qu’en dehors de toute preuve concrète de corruption lors de la passation de marchés en Algérie, c’est-à-dire dans le cadre des «activités»… et que Paris-chic «valant bien quelques années à El Harrach… et même l’indignité nationale pour la famille et ses descendants», il sera difficile (sinon impossible) de récupérer l’argent «exporté». 

A noter que les «grandes fortunes» algériennes ne limitent pas leurs investissements immobiliers à la France. L’Espagne, Londres, Dubaï, Genève, Montréal … On parle même d’investissements en Ukraine … Il est vrai, aussi, que cela a commencé bien avant la venue des Boutef’… qui ont permis «l’industrialisation» de la chose. 

2 / Fin juillet, le ministre kényan des Finances est mis aux arrêts par la justice de son pays, avec son numéro deux le secrétaire principal du ministère. 

Le responsable, à la tête du département depuis 2013, est accusé de malversations financières. Lors d’une conférence de presse, les autorités judiciaires kényanes avaient annoncé que le responsable serait inculpé pour corruption dans le cadre d’une affaire liée à la construction de deux barrages. 

Prévus pour être réalisés notamment par le groupe italien CMC Di Ravenna, pour un montant de 46 milliards de shillings (environ 445 millions $), les deux projets auraient fait l’objet de détournements de fonds. 

Ce mandat d’arrêt, le premier du genre dans un pays miné par la corruption, intervient dans le cadre d’une longue enquête qui avait poussé le ministre Rotich à nier publiquement toute accusation de malversations en mars dernier. 

»Une vingtaine d’autres fonctionnaires, dont un Italien, directeur de CMC Di Ravenna, devrait être également arrêtée. 

Le Hirak africain en bonne voie ? 

3 / Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui a lancé en grande pompe un «sondage»auprès des étudiants portant sur l’adoption (en fait l’«amélioration» ) de la langue anglaise dans l’enseignement universitaire à la place du français, a dû être déçu par le résultat. La moisson a été presque insignifiante. 

En effet, en plus d’être un sondage qui est loin de répondre aux critères méthodologiques, sur un total d’un million 700.000 étudiants recensés à la rentrée 2018-2019, seuls 90.418 ont participé au «sondage» du ministère sur le choix entre l’anglais et le français. 

Le ministre a publié ce mercredi les résultats de cette consultation sur sa page Facebook en précisant que 94,4% des votants ont approuvé par un «Oui» la suppression du français et l’adoption de l’anglais tandis que 6,5% ont votés «non». 

Mais au-delà de ce taux (94,4%) d’opinion favorable qui peut paraître impressionnant contre les 6,5% d’étudiants opposés à l’option, il reste dérisoire quand on le rapporte aux «bataillons» qui peuplent les universités algériennes dont l’effectif frise les deux millions. Il va sans dire que pas moins de 110.000 nouveaux étudiants sont attendus à la prochaine rentrée universitaire. 

Un «vrai-faux» sondage, pour imposer une option lourde de conséquence qui n’est fondée sur aucune donnée objective ? Du n’importe quoi (devant finir dans les «poubelles universitaires») pour «marquer» (à l’image de certains animaux) un «passage» qui ne peut être qu’«éclair». 

CITATIONS : 

-Au bout du compte, à quoi ont servi tous ces «wilayistes», chefs et combattants, qui sont tombés par dizaines et dizaines de milliers, sinon à libérer l’Algérie totale. Les vivants, parmi lesquels certains se sont retrouvés plantons des responsables de la onzième heure, ne demandaient rien que le respect de leur dignité et de la mémoire de leurs compagnons morts pour elle (Mohamed Teguia, «L’Algérie en guerre», Mémoires © Opu, 1981) 

– Il n’y pas que l’Etat qui crée l’impensable : les sociétés conditionnées par une longue politique d’oppression vont devenir, elles aussi, des agents de maintien et de renforcement de l’impensable ou de l’impossible (Mohamed Arkoun, «La construction humaine de l’Islam. Recueil d’entretiens avec Rachid Benzine et Jean-Louis Schlegel», © Hibr Editions, Alger 2012) 

– Il y a des gens qui se croient obligés d’en donner (les conseils). On les écoute par politesse, en songeant qu’ils feraient mieux de s’en donner à eux-mêmes (Feraoun Mouloud, «La terre et le sang». Roman © Enag Editions, Alger 2012). 

– Nous les Arabes, on est les champions de la corruption. On est aussi doués dans la pratique de la corruption que dans sa condamnation (H’mida Ayachi, «Dédales. La nuit de la grande discorde», Roman © Editions Barzakh, Alger 2016). 

ARCHIVES BRÛLANTES : 

-«Alger, dans les années 1960, c’était mieux que Woodstock»… c’est ce qu’affirme Elaine Mokhtefi (que l’on a connue sous le nom de Klein : Elaine Mokhtefi est neìe en 1928 aÌ New York. Elle s’est marieìe aÌ un ancien membre de l’Armeìe de libeìration nationale algeìrienne (ALN) devenu eìcrivain, Mokhtar Mokhtefi, deìceìdeì en 2015) dans son récent ouvrage «Alger, capitale de la révolution. De Fanon aux Black Panthers». 

À partir de ses années parisiennes – en pleine guerre d’Algérie – et pendant deux décennies, alors jeune militante américaine, a épousé celle de la cause algérienne. Le combat la mène à New York, au siège des Nations Unies avec la délégation du FLN ; à Accra, aux côtés de Frantz Fanon pour le congrès de l’Assemblée mondiale de la jeunesse ; à Alger, enfin, où elle atterrit en 1962, quelques semaines après l’indépendance. Elle y restera jusqu’en 1974. Journaliste, interprète et organisatrice efficace, elle assiste, remplie d’espoir, aux premiers pas de la jeune république, accueille les Black Panthers en exil et participe à mettre sur pied le Festival panafricain d’Alger. Ses mémoires témoignent de l’effervescence des luttes anti-coloniales des années 1960, vécue dans l’intimité des grandes figures de l’époque – Ben Bella, Castro, Eldridge Cleaver -, dans une ville qui a gagné avec sa liberté des allures de capitale de la révolution mondiale. Une histoire fascinante, qu’Elaine Mokhtefi raconte avec une passion et une conviction intactes. Un trésor d’informations historiques mais il se lit comme un roman. Commentaires de presse (française) : «Le livre est agrémenté de photos qui permettent de plonger encore plus dans une époque bouillonnante»… «Elaine Mokhtefi donne un nouveau souffle à cette époque fascinante où la face du monde a été métamorphosée par le soulèvement et les idéaux des peuples opprimés»… «Dans Alger, capitale de la révolution, la journaliste et traductrice américaine raconte ses souvenirs de l’Algérie devenue le centre de la révolution mondiale au lendemain de l’indépendance. Frantz Fanon, Black Panthers en exil, Timothy Leary, Fraction armée rouge …»… «La journaliste américaine Elaine Mokhtefi, devenue à la faveur des événements une «Pasionaria» de la cause algérienne, arrivée à Alger dans un moment d’effervescence qu’elle ne pouvait soupçonner et prise dans le tourbillon de l’histoire». 


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