Turquie / Cavusoglu : « Nous avons une ligne rouge au sujet de Chypre »

Selon le ministre turc, la Turquie n’exclut aucune option relative à la question chypriote

Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a affirmé que la Turquie et les Chypriotes turcs ont des lignes rouges concernant Chypre.

Cavusoglu s’est exprimé sur Chypre lors de la conférence de presse conjointe organisée à Ankara avec son homologue monténégrin Srdjan Darmanovic.

Selon le ministre turc, la Turquie n’exclut aucune option relative à la question chypriote, ce qu’elle a d’ailleurs réitéré à plusieurs reprises.

Cavusoglu a souligné que les négociations doivent se focaliser sur des résultats et que le document-cadre des négociations doit être clair et net.

« Il existe des lignes rouges sensibles et indispensables pour nous et les Chypriotes turcs. Parmi celles-ci, les plus importantes sont l’égalité politique, la participation active et la présidence tournante. Il faut en définir clairement les contours et les exclure de tous débats » a-t-il déclaré.

« La Turquie a toujours soutenu les solutions, a relevé le ministre turc. Les prochaines négociations doivent se focaliser sur une solution et avoir un cadre net, pour qu’elles ne soient pas à nouveau sans succès, ce que, ni la Turquie ni la partie chypriote turque ne pourront supporter. Il n’y aucun sens à lancer des négociations juste pour dire que nous l’avons fait. »


L’impasse diplomatique à Chypre (étude)

La diplomatie est définie dans la littérature internationale comme l’art de résoudre les questions par le dialogue et les méthodes pacifiques
L'impasse diplomatique à Chypre (étude)

La diplomatie est définie dans la littérature internationale comme l’art de résoudre les questions par le dialogue et les méthodes pacifiques. Les Etats confrontés à des questions bilatérales ou multilatérales dans le système international, tentent de les résoudre par diverses voies diplomatiques sans avoir recours à la guerre. Toutefois, il n’y a aucune garantie ni règle en diplomatie qui indique que toutes les questions peuvent être résolues. Parfois celles-ci peuvent aboutir à une solution, parfois non. Cependant, il faut apprendre à vivre avec les problèmes en les acceptant. Certaines questions n’ont aucune solution. Même si c’est rare, certains Etats peuvent tenter de résoudre par la guerre, les questions qu’ils n’ont pu résoudre par la voie diplomatique. A titre d’exemple, la question chypriote est une question qui n’a pu aboutir à une solution, tandis que le litige entre Taïwan et la Chine est une question n’ayant aucune solution. Pour ce qu’il est de l’invasion du Koweït ordonné par Saddam, c’est une question qui n’a pu être résolue par la diplomatie, mais par la guerre.  

Pour revenir à la question chypriote, la Conférence sur Chypre qui a duré 10 jours à Crans-Montana, en Suisse, n’a abouti à aucun résultat tout comme les initiatives similaires précédentes. Les préparatifs de cette conférence remontent à mai 2015, date de l’élection de Mustafa Akinci à la présidence de la République turque de Chypre du Nord. Par conséquent, pour comprendre la diplomatie concernant Chypre, il faut analyser le processus de négociations diplomatiques de ces deux dernières années.

Dans le cadre du processus lancé en mai 2015, la Conférence de Genève (Suisse) a eu lieu le 12 janvier 2017. Aucune entente n’a pu être établie dans les limites de « la réalité » et de « la cohérence ». D’après la presse grecque et chypriote grecque, la partie chypriote grecque ne veut en aucun cas la présence des soldats turcs ni le titre de garant de la Turquie. Par ailleurs, les Chypriotes grecs n’ont pas souhaité assurer un compromis concernant la représentation équitable en matière d’administration, ainsi que le partage de la puissance et des terres.

Une seconde réunion importante sur Chypre a eu lieu le 15 février à Lefkosa. Lors des pourparlers, Nikos Anastasiadis a réclamé d’une part la célébration de « l’Enosis » dans les écoles chypriotes grecques, et de l’autre, a saboté les efforts diplomatiques en se retirant des négociations. La dernière réunion en date sur la question chypriote, c’est-à-dire la Conférence sur Chypre, a débuté le 28 juin à Crans-Montana, en Suisse et a duré 10 jours.  D’après les informations parues dans la presse locale et étrangère, l’approche rigide et inconciliable adoptée par les Chypriotes grecs au sujet « des terres » et du « titre de garant », a été la cause principale de l’obstruction des pourparlers. Malgré toutes les démarches du conseiller spécial de l’ONU pour Chypre, la partie chypriote grecque s’est obstinée à réclamer le retrait des soldats turcs de l’île et le retour dans les zones turques de 92.000 Chypriotes grecs, dont la plupart ne sont même plus en vie. D’autre part, la partie chypriote grecque a dévoilé à la presse des documents et informations concernant les pourparlers, pour en faire un instrument de politique interne, portant ainsi ombrage au processus diplomatique.

Du point de vue politique et diplomatique, les demandes de la partie chypriote grecque montrent leur intention « d’Enosis ». Ces demandes reviennent d’une part à écarter la Turquie, et de l’autre, à assimiler les Turcs sur l’île. Dans leurs déclarations, le président Recep Tayyip Erdogan et le chef de la diplomatie Mevlut Cavusoglu ont souligné que les pourparlers avaient été obstrués en raison de l’approche négative et hypocrite des Chypriotes grecs malgré l’attitude constructive et positive adoptée par la partie turque pour une solution durable et équitable à Chypre.

Quand seule une partie déploie des efforts lors des négociations, cela engendre une « impasse diplomatique ». Pourtant la diplomatie en elle-même définie le processus d’entente mutuelle mené dans le cadre des principes de réciprocité et de justice. La diplomatie ne peut aboutir à un résultat que si elle est menée dans le cadre de ces principes de base. Les négociations sur Chypre se sont ainsi laissé prendre dans une spirale diplomatique en raison des causes citées précédemment en lien avec la patrie chypriote grecque. Le seul moyen de sortir de cette spirale est de développer une feuille de route ou de s’habituer au fait qu’il n’y aura pas de solution.


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