John O’Rourke, Ambassadeur/chef de la délégation de l’Union européenne en Algérie / «Abolition de la peine de mort : Des raisons d’espérer»

John O’Rourke, Ambassadeur/chef de la délégation de l’Union européenne en Algérie

La célébration de la Journée européenne et mondiale contre la peine de mort le 10 octobre de chaque année est une occasion pour faire le bilan des efforts et du chemin parcouru par les défenseurs de la cause abolitionniste.

Et nous ne pouvons que nous réjouir en constatant l’avancée de ce courant au niveau mondial, confortée, en décembre 2018, par l’appui d’une majorité de pays à une résolution de l’ONU relative à un moratoire sur l’application de la peine de mort dans l’objectif de l’abolir.

Selon le rapport annuel de l’ONG Amnesty international sur la situation de la peine de mort dans le monde, en 2018, on a enregistré le nombre d’exécutions le plus faible depuis 10 ans (sans compter la Chine). Sur le continent africain, plusieurs pays ont entrepris des actions en faveur de l’abolition de la peine capitale.

Le Burkina Faso et le Bénin l’ont ainsi supprimée de leur code pénal, alors que la Gambie a décrété, début 2018, un moratoire officiel sur les exécutions. Cette même année, moins de 10% des exécutions dans le monde ont eu lieu sur ce continent.

Aujourd’hui, la majorité des pays dans le monde ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique. Pourtant, près de 700 personnes ont été exécutées l’année dernière. Des chiffres qui nous rappellent l’ampleur de la bataille qui reste à mener au nom du respect de la dignité humaine.

Une entreprise difficile mais loin d’être impossible. Souvenons-nous du long combat contre l’esclavage, 4 siècles de lutte, qui se poursuit encore aujourd’hui. Conformément aux valeurs énoncées dans la Convention européenne des droits de l’homme, l’Union européenne joue un rôle de premier plan dans la lutte contre la peine de mort dans le monde, faisant de son abolition une partie intégrante de sa politique extérieure.

A ce titre, elle soutient, dans les pays non abolitionnistes, les organisations de la société civile qui font un travail de sensibilisation, comme elle encourage les Etats membres à prendre des mesures faisant obstacle au commerce de biens susceptibles d’être utilisés lors des exécutions.

Nous saluons le moratoire sur les exécutions que l’Algérie applique depuis 1993, ainsi que la baisse notable des peines capitales prononcées ces deux dernières années (27 en 2017 contre 1 en 2018). L’appui de l’Algérie à la résolution 62/149 de 2008, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies et portant moratoire sur la peine de mort, la rapproche du consensus mondial autour du principe d’abolition.

Au-delà de son inhumanité, l’effet dissuasif de la peine capitale n’a jamais été démontré, et son caractère irréversible produit, en cas d’erreur judiciaire, l’effet contraire à l’idée même de la justice.

Considérée loin des logiques politiques ou religieuses, l’abolition de la peine de mort ne constitue ni un déni de justice ni un appel à l’impunité. C’est l’aspiration légitime à une justice humaine dans laquelle le respect du droit intangible à la vie n’est pas sacrifié au nom de la sentence exemplaire. Car, disait Desmond Tutu, prix Nobel de la paix en 1984, «il n’y a pas de justice dans le fait de tuer au nom de la justice».


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