Algérie / Loi sur les hydrocarbures : le Pr. Chitour déplore l’absence d’une stratégie énergétique nationale

Le moment est mal choisi pour discuter de la loi sur les hydrocarbures. C’est l’avis du directeur du laboratoire de valorisation des hydrocarbure à l’Ecole polytechnique d’Alger , Chems Eddine Chitour.

Invité de la rédaction de la chaine 3, Le pr Chitour est catégorique “une loi qui engage l’avenir du pays” ne peut être bâclée. “Ce n’est pas le moment”, a-t-il affirmé ajoutant qu’“elle n’a pas lieu d’être” aujourd’hui”.

Le Pr. Chems Edddine Chitour dans un entretien à la Chaine 3

Déplorant la fuite en avant du pouvoir, le professeur Chitour rappelle que le secteur de l’énergie “qu’un sous-ensemble d’une stratégie globale visant à développer le pays”. Il souligne que la voie choisi par le Gouvernement indique clairement que nous ne engageons pas sur ce chemin.

Soulignant que le déficit financier de l’Algérie se creuse d’année en année, se situant, cette année, autour des 68 à 70 milliards de dollars, l’invité de la radio nationale observe que, d’ici 2021 à 2022, nous épuiserons nos réserves de change, le prix du baril de brut, prévient-il encore, ayant peu de chance de regagner des sommets pour permettre de rééquilibrer le budget.

Le Professeur Chitour constate, d’autre part, que si le pays en est arrivé à ces extrémités, c’est parce que, dit-il, il a perdu ses capacités “d’innovation” et manque de savoir faire, “bradés” à partir des années 80. Une politique, explique-t-il qui ne visait que d’acheter “la paix sociale”.

Pour lui, “il est impossible” d’avoir des marges de manoeuvres d’ici deux à trois années, avec comme perspective, un “retour au FMI” et ses conséquences inévitables sur le front social.

Invitant les politiques à tenir un langage de vérité, il affirme que les hommes politiques “ne disent pas la vérité” aux Algériens, notamment en les prévenant que “nous allons droit dans le mur”, que l’Etat vit au dessus de ses moyens et que nous avons une mentalité de pays riche, alors que nous ne “produisons rien”.

Concernant le projet de levée d’importation de véhicules de moins de 3 années, le professeur Chitour rappelle, qu’alors que le monde va vers une “neutralité carbone”, alors que nos faiseons fi de ces nouvelles réalités économiques autour de nous.

Tout comme l’erreur relative aux activités de montage de véhicules en Algérie, dans lesquelles, rappelle-t-il, 15 constructeurs sont engagés, il aurait été préférable, selon lui, lui, d’avoir importé des véhicules en l’état qui auraient couté 1,8 milliards de dollars, au lieu “des 3,5 milliards de dollars”.

La solution aurait consisté, commente-t-il, à mettre “tout à plat”, à “définir une stratégie pour savoir où veut-on aller”. L’Algérien, ajoute-t-il, a d’abord besoin d’une politique des transports. Si des nationaux, poursuit-il, possèdent de 6 à 7 millions de véhicule, une grande majorité parmi eux attendent toujours qu’on veuille développer une telle politique.

Pour rappel, la loi de Finance de 2020, l’avant projet de loi concernant les hydrocarbures, la levée des restrictions sur les investissements étrangers et celle relative à la levée de l’interdiction d’importation de véhicules de moins de 3 ans, figurent parmi les points appelés à être examinés, ce dimanche, par le Conseil des ministres.


Lire :

>> DOCUMENT : Le texte de l’avant-projet de loi sur les hydrocarbures


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