Le terrorisme est un mode de gouvernance des sociétés occidentales

 Rédigé par Réveil Communiste

Le terrorisme est devenu un mode d’être des sociétés occidentales depuis 30 ans. Il s’agit de la part des groupes terroristes, mais aussi de la part de gouvernants qui les combattent avec tant de mollesse, et qui les utilisent aussi quand ils veulent déstabiliser d’autres pays (Syrie, Libye, etc.), d’une stratégie dont le but est de déposséder les peuples de leur histoire, de les rendre craintifs, impuissants et passifs, et de rendre impossible ou même carrément illégitime la lutte sociale.

Le terroriste est l’adversaire idéal pour les pouvoirs du capitalisme pourrissant, dont on peut dire que s’il n’existait pas il faudrait l’inventer. Et la paranoïa collective qu’il engendre lui permet de gouverner en état d’exception permanent, utilisable à des fins de répression anti-sociale.

Selon les cas, les attentats aveugles qui rompent la continuité historique et provoquent la sidération des masses depuis les années 1980 peuvent refléter réellement l’agenda de leurs auteurs revendiqués ; ou bien ils peuvent provenir de crétins sanguinaires manipulés par des secteurs du pouvoir et de l’État ; ou ils peuvent n’être que de pures et simples provocations où il n’y a pas l’ombre d’un participant authentique.

Nous ne le saurons pas assez rapidement pour faire de la vérité sur le terrorisme une arme politique efficace. Mais nous en saurons assez pour poser comme principe : lorsqu’ils prétendent lutter contre le terrorisme, ils mentent !

Il y a bel et bien des provocations terroristes qui trouvent leur origine dans les services secrets des États qui sont censés les combattre. Mais d’une manière plus générale, même si tout ce que les médias nous disaient était vrai, ce qui serait très surprenant, il n’en resterait pas moins que le terrorisme est devenu le mode de gouvernement global de l’Occident, de ses politiciens et de ses médias (et les grands médias étant devenus enfin ce « quatrième pouvoir » qu’ils ont toujours rêvé d’être ; mais bien loin d’être en aucune façon « contre pouvoir », ils se chargent de donner à la terreur son éclat maximum). Le terrorisme est un substitut à l’histoire, et il convient au capitalisme car il n’y rien que le capitalisme redoute autant que la roue de l’histoire. Le terrorisme comme procédé pour figer l’histoire en cela a remplacé en 2018 la guerre de masse de 1918 !

La renaissance régulière et permanente de menaces terroristes spontanées qui participeraient sans le savoir au fonctionnement normal de l’ordre social du capitalisme à son « nouvel âge » , et à son jeu de pouvoirs, de réseaux et de médias, condamne de manière bien plus radicale le système capitaliste le plus actuel (celui « des nomades », « du partage », « du care« , de la technologie, de la pseudo-créativité et des bonnes actions) dans sa structure, dans son ensemble et à l’échelle mondiale, que l’existence pourtant avérée de certains complots ourdis dans les cercles dirigeants, par la CIA, d’opérations « false flag » etc. Le capitalisme tardif porte en lui le terrorisme, qui fait partie de son concept, et quand il veut lutter contre lui, il ne fait que l’alimenter.

Il faut prendre garde au fait qu’en dénonçant les complots bien réels ourdis par certains secteurs de la gouvernance capitaliste, sans disposer de preuves formelles, qui sont fort difficiles à réunir comme on s’en doute, on risque de se gaspiller beaucoup d’énergie, de favoriser un secteur de la bourgeoisie contre un autre, suivant le schéma du Watergate, et lui donner le beau rôle. Sachant aussi que certaines dénonciations de complots sont des règlements de compte internes aux pouvoirs, et que d’autres sont des « hoax » forgés précisément dans le but de discréditer les médias alternatifs de gauche qui les relaient.

La meilleure réponse au terrorisme et à ceux qui s’en servent, c’est une certaine indifférence devant ce mauvais spectacle sanguinaire, et c’est l’intensification de la lutte sociale la plus terre-à-terre, pour son droit, son salaire, son logement, son emploi ; la meilleure défense contre le terrorisme en France aujourd’hui, c’est de lutter contre le capitalisme qui ne respecte aujourd’hui plus aucune limite éthique, sans se laisser dévier de sa route ! Le terrorisme n’a pour fonction que de nous maintenir passifs.

Cette défense est aussi la lutte concrète pour défendre la paix et instaurer le socialisme, dans un réseau international d’un type nouveau, qui transcende les clivages et les haines communautaires entretenues par la bourgeoisie. Cette lutte comporte le soutien critique aux États qui luttent objectivement et effectivement contre l’impérialisme et ses terroristes dans la mesure où ils sont directement menacés : Chine, Russie, Iran, Venezuela, etc. Et bien sûr, la Syrie.

La seule réponse aux complots de la bourgeoisie est de lutter pour son renversement.

GQ, 29 novembre 2015, relu le 12 octobre 2019

PS1 : Ce qui précède vaut pour le terrorisme aveugle, et non pour le terrorisme ciblé, qui est la pratique de base de la CIA, qui a pour but l’extermination des cadres révolutionnaires, et de ceux des groupes terroristes qui ont échappé à son contrôle. Dans ce cas il faut au contraire exiger impérativement le passage en jugement des coupables, cela fait partie de la lutte judiciaire qui est un des aspects de la lutte du mouvement ouvrier depuis son origine.

PS2 : Le détournement par un attentat de type fasciste (c’est à dire aveugle, visant les gens ordinaires dans leur vie quotidienne) de la date symbolique du 14 juillet (2016) entre parfaitement dans le schéma mentionné ci-dessus, celui d’une captation de l’histoire pour en déposséder le peuple, au profit de cliques terroristes et/ou politiques, et de leurs médias.

PS3 : Le titre d’origine de novembre 2015 a été modifié : le concept postmoderne de « gouvernance » qui dilue les responsabilités, à la manière dont procède la titrisation des obligations pourries en bourse, s’applique parfaitement à la chose terroriste. « Gouvernement » ferait penser à tort que le pouvoir est monolithique dans la pratique de la terreur et contrôle tout à la manière décrite dans le mauvais roman de Georges Orwell, 1984. Ce qui n’empêche pas les exceptions dans les cas de gouvernance particulièrement grossière.


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