La fin du monde d’avant | Géopolitis

        L’année 2022, un air de Guerre froide? Pas du tout, assure le politologue Bertrand Badie. Selon lui, les relations internationales sont entrées dans une nouvelle ère, celle de la multiplication des partenaires au détriment des alliances géopolitiques pérennes.

Invité : Bertrand Badie, professeur émérite Science Po Paris Présentation : Jean-Philippe Schaller

« L’Histoire n’offre jamais d’allers-retours, elle n’offre que des allers simples », glisse en préambule Bertrand Badie. Il brise d’emblée le mythe de l’éternel recommencement. Une analyse au cœur du dernier ouvrage qu’il co-dirige avec Dominique Vidal. « Le monde ne sera plus comme avant » (Ed. Les liens qui libèrent, 2022) montre comment rivalités et alliances suivent une logique bien différente du siècle dernier. Pour beaucoup d’experts, la guerre en Ukraine a été perçue comme un retour à l’affrontement de deux blocs, entre l’Est et l’Ouest. Le professeur émérite à Sciences Po Paris y voit au contraire un phénomène totalement « inédit ». « Il n’y a plus rien qui ressemble aujourd’hui à la Guerre froide, dit-il. La Guerre froide, c’était un affrontement idéologique. Les idéologies ont pratiquement disparu. La Guerre froide, c’était deux blocs. Il n’en reste qu’un, le bloc occidental. Et en face il y a la Russie, avec la Corée du Nord et la Syrie, ce n’est pas véritablement un bloc.

Autrefois ces blocs se regardaient tels des chiens de faïence. Aujourd’hui l’interdépendance entre tous les Etats, y compris entre la Russie et l’Europe est énorme. » – « Unions libres » – La guerre en Ukraine a été selon lui le révélateur d’une conception nouvelle des relations internationales, de ces partenariats entre Etats qui se nouent et se dénouent au gré des crises et des intérêts. « Au lieu de nouvelles alliances, se créent des connivences de circonstances, c’est-à-dire des effets d’aubaine, qui ressemblent à des unions libres. Vous passez une journée avec Erdogan, une autre avec le roi Salmane, une troisième avec Monsieur Xi Jinping et une quatrième avec le roi du Maroc », explique Bertrand Badie. Une tendance à la multiplication des partenaires qui contraste avec « la rigidité du carcan otanien » et qui profite surtout au président russe Vladimir Poutine, selon le politologue : « Faute de bloc pour le soutenir, il sait jouer de ces différentes alliances. (…) C’est un oxygène pour cet homme, au moment où il est isolé du monde par le jeu des sanctions. »

Au sommaire: 00:00 Nouvelle donne mondiale 01:55 L’Arabie saoudite et la Turquie, une diplomatie d’équilibristes 05:42 Bertrand Badie: « Il n’y a plus rien qui ressemble aujourd’hui à la Guerre froide » 13:00 L’Europe fragilisée un an après le début de la guerre en Ukraine 15:35 Bertrand Badie: « Les guerres de demain, ce sont des guerres d’incompréhension » 23:10 En 1974, le président algérien Houari Boumediene dénonce l’ordre économique international


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