«L’Algérie avant tout !»

Les chefs de partis doivent cesser d’appeler le peuple au boycott. New Press

Par Nacer Achour – Nous nous sommes toujours fixé la règle d’or suivante : en écrivant, nous ne faisons que notre devoir de contribuer, selon nos moyens, au débat qui puisse permettre à tout un chacun d’avancer sur les questions essentielles. Par questions essentielles, j’entends ici la situation qui prévaut, non pas dans certains pays musulmans, qui nous préoccupe également, mais dans le nôtre, surtout.

Le patriote turc, palestinien, syrien, libyen ou yéménite est soucieux, tout naturellement et avant tout, de la situation qui prévaut chez lui, dans sa patrie. Nous parlons ici de patriote et de patrie, des mots qui ont presque disparu du lexique d’un grand nombre de nos compatriotes. Des mots avec lesquels nous avons le devoir de renouer pour les inculquer à nos enfants, sans complexe aucun. Le rôle de l’école, c’est aussi ça.

Il est regrettable de constater que nous avons régressé énormément. Beaucoup de valeurs qui faisaient notre fierté d’être Algériens ont carrément disparu mais il s’agit, encore une fois, de ne pas revenir et s’arrêter sur les constats qui ont été faits et que certains continuent à faire. A mon humble avis, il s’agit pour chacun de nous aujourd’hui, et plus que jamais, de songer à se poser d’abord les bonnes questions.

–          Qu’est-ce que j’ai fait ou que pourrai-je faire pour mon pays ?

–          Quel est le moyen le moins coûteux qui nous permette de rétablir la confiance entre le peuple et ses dirigeants ?

–          Quel est le meilleur moyen qui nous permette d’ouvrir une nouvelle page et songer, peuple et dirigeants, à mettre véritablement le pays sur la voie du développement dans tous les domaines ?

–          Quel est le meilleur moyen de sortir de ce cercle vicieux où l’absence de communication ne fait que creuser le fossé entre le peuple et ses dirigeants.

Le retour d’Ahmed Ouyahia sur la scène politique et médiatique a ceci de positif dans le sens où il nous permet de nous dire qu’il est possible de communiquer avec le peuple et avec le langage que celui-ci comprend. Nous avons besoin également de montrer au monde qui nous regarde que nous avons aussi des hommes d’Etat qui veillent, même dans ces moments difficiles que nous traversons, sur la maison Algérie et qui conduisent les affaires en dépit de la maladie du chef de l’état.

Ma conviction aujourd’hui, quand on connaît l’état de déliquescence qui règne dans le monde, y compris au niveau des pays dits développés qui n’arrivent pas à définir une politique extérieure et même intérieure cohérente, sur le pied de guerre pour certains, en pleine crise économique pour d’autres, sans parler de l’état de guerre civile larvée en Turquie, de la violence que subissent les Kurdes, les chiites, les Syriens, les Yéménites et nos frères et voisins libyens et de l’instrumentalisation sans limite de l’islamisme radical à l’effet de détruire des pays souverains en Afrique comme au Moyen-Orient. Ma conviction, donc, est que, et là je m’adresse spécialement à une frange particulière des Algériens, peuple et dirigeants, le moment est à l’apaisement, à la réflexion, à la communication, à l’autocritique, à l’optimisme et, surtout, à l’union pour poursuivre la construction d’un Etat fort et souverain.

L’Algérie doit être au-dessus de toutes les considérations, et comme l’avait si bien dit feu Slimane Amirat : «Si je devais choisir entre l’Algérie et la démocratie, je prendrais l’Algérie.»

Je ne connais pas d’autres moyens que le verdict des urnes pour trancher définitivement la question de légitimité. Les hommes politiques, à l’intérieur ou à l’extérieur du pouvoir, les chefs de partis doivent cesser d’appeler le peuple au boycott et prendre part aux élections. C’est le seul moyen de mesurer leur poids politique réel dans la société.

La Constitution doit clairement et définitivement interdire l’utilisation de la religion à des fins politiques, et les mosquées doivent retrouver leur vocation première : un lieu de piété et de prière. Certaines chaînes de télévision qui font dans l’apologie de l’extrémisme religieux doivent être surveillées de très près. La sérénité doit prévaloir pour permettre au pays de sortir des zones de turbulence et amorcer le grand virage vers la stabilité.

Le gouvernement se doit de tenir un discours rassurant, crédible et convaincant, tout en menant une politique sociale et économique à même d’offrir des perspectives d’avenir et de redonner l’espoir à la frange la plus importante de la population qui est notre jeunesse.

L’école ne doit pas être en reste ni un lieu de conflits et l’université doit cesser de produire des diplômés sans aucun niveau ni bagage intellectuel. Le citoyen doit pouvoir également jouir de la possibilité de se soigner dans un environnement saint, respectueux du malade et le justiciable de la possibilité de faire confiance à la justice.

L’administration doit se débarrasser de ses lenteurs et ses pesanteurs. Internet doit être généralisé tout en étant surveillé. Le citoyen doit avoir le droit d’accès à l’information en temps réel, comme cela se fait sous d’autres cieux…

Ce sont là quelques mesures à notre portée pour peu qu’il y ait une volonté politique sincère chez les décideurs.

N. A.

(*) Ecrivain.

PS : Ce texte a été publié une première fois par Algeriepatriotique en septembre 2015.

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