L’Algérie va attaquer France 24 en justice pour des «propos haineux» et convoque l’ambassadeur de France

Alger a vigoureusement protesté auprès de l’ambassadeur de France contre les «propos mensongers» tenus sur France 24 par un consultant lundi 30 mars, indique un communiqué du cabinet du chef de la diplomatie qui précise qu’une action en justice sera intentée contre le média.

Après les déclarations tenues lundi 30 mars sur la chaîne publique France 24 par le chercheur au Centre des affaires internationales de Barcelone (CIDOB) Francis Ghilès à l’égard de l’Algérie, le ministre algérien des Affaires étrangères Sabri Boukadoum a convoqué l’ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, pour lui faire part des «vives protestations» de son gouvernement contre les «propos mensongers, haineux et diffamatoires» tenus par l’intéressé, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères dont Sputnik a reçu une copie.

«L’ambassadeur de France en Algérie a été convoqué [le] 31 mars 2020, par Monsieur le ministre des Affaires étrangères qui lui a fait part des vives protestations de l’Algérie suite aux propos mensongers, haineux et diffamatoires à l’égard de l’Algérie et de ses autorités tenus tout récemment sur un plateau d’une chaîne de télévision publique française», informe la note.

«Tout en demandant à l’ambassadeur de France en Algérie de porter ces protestations aux plus hautes autorités de son pays, le ministre des Affaires étrangères a déploré que cette chaîne persiste dans son dénigrement systématique de l’Algérie au moment où tous les efforts doivent converger vers la lutte contre la pandémie du Covid-19», souligne le document.

Dans le même sens, le ministère indique que l’ambassade d’Algérie à Paris «a été instruite à l’effet d’intenter une action en justice contre cette chaîne de télévision et l’individu auteur des propos injurieux à l’égard de l’Algérie», conclut le communiqué.

Qu’a dit Francis Ghilès?

Souvent invité sur France 24 pour s’exprimer sur les questions relatives aux pays du Maghreb, M.Ghilès, d’origine juive algérienne, accuse les autorités d’Alger de mauvaise gestion de la crise sanitaire du Covid-19 et d’avoir réservé des privilèges sanitaires aux militaires et aux membres du gouvernement au détriment de la population. Il affirme que ce n’est pas la Chine qui a envoyé des aides à l’Algérie, mais la société de construction publique CSCEC, qui a réalisé d’importants projets dans le pays, qui a fait don de 450.000 dollars [455.000 dollars selon l’agence officielle Chine Nouvelle qui ne fait aucune mention de la société CSCEC, ndlr]. Il souligne par ailleurs que cette aide a été détournée au profit de l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja à Alger «pour soigner les hauts gradés de l’armée».

https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=PP–M7bKWc4&feature=emb_logo

Interrogé par Sputnik, l’ex-colonel des services de renseignement algériens Abdelhamid Larbi Chérif assure que «l’équipe médicale chinoise arrivée en Algérie et constituée de médecins et d’experts en santé publique s’est effectivement déplacée à l’hôpital d’Aïn Naâdja dans le but de former le personnel médical aux méthodes de lutte contre le Covid-19». Il précise qu’après «elle s’est déplacée dans tous les hôpitaux d’Alger, de Boufarik et de Blida pour exécuter la même mission».

L’ex-haut gradé a ajouté que l’équipe chinoise allait également former à Alger des médecins et des infirmiers venus des quatre coins du pays, avant de démentir catégoriquement «son assignation uniquement à l’hôpital de Aïn Naâdja».

Francis Ghilès a aussi évoqué le procès «expéditif» intenté contre l’activiste politique, «l’avocat» Karim Tabbou [qui en réalité a une licence en économie de l’Université de Tizi Ouzou et ex-député (2012-2017), ndlr] et le prix faramineux de la Grande mosquée d’Alger [10 milliards de dollars, selon lui, et près de 3 milliards de dollars selon les autorités, ndlr], avant de s’attaquer frontalement au Président Abdelmadjid Tebboune. Il affirme qu’il a été mal élu car «les trois quarts des algériens n’ont pas voté pour lui».

Interrogé sur le cas de Karim Tabbou, M.Larbi Chérif estime que ce dernier a dans son discours de Kherrata clairement lancé un «appel à l’insurrection à l’intérieur de l’armée», chose pour laquelle il a été condamné à un an de prison ferme.

https://www.facebook.com/ElmahroussaDZ/videos/450581065720559/?t=2&v=450581065720559

Francis Ghilès a été journaliste au Financial Times de 1981 à 1996. Il écrit actuellement pour plusieurs journaux internationaux dont Le Monde, The Wall Street Journal, El Pais et Le Monde Diplomatique. Il réalise par ailleurs des analyses auprès de différents instituts comme le Peterson Institute et CSIS à Washington, l’IFRI et l’IPEMED à Paris, le Royal Institute of International Affairs et The International Institute of strategic studies à Londres et le Konrad Adenauer Stiftung de Berlin.

https://fr.sputniknews.com/maghreb/202004011043447362-lalgerie-va-attaquer-france-24-en-justice-pour-des-propos-haineux-et-convoque-lambassadeur-de-france/


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-Commentaire-

France 24 et la polémique de trop !

Au journaliste de France 24 qui le questionne sur la situation au  Maghreb, Algérie, Tunisie, Maroc causée par l’évolution de la pandémie du coronavirus Francis Ghilès, chercheur affilié au centre de relations internationales à Barcelone se lance dans une attaque virulente contre Alger et Pékin. 

Tout en réduisant son analyse de la situation au Maghreb,  à une comparaison entre la gestion de la crise par Alger et Tunis en oubliant Rabat il lance, hystérique, une offensive déplacée, en ces temps de coronavirus contre le Président Tebboune et le pouvoir algérien. Sans s’essouffler, ce qui est une chance pour une personne âgée, en ces temps de corona, il s’en prend de plus belle contre nos amis venus d’Asie se trompant sur les montants du marché de la grande mosquée d’Alger, la profession de Karim Tabou, la provenance et la destination de l’aide chinoise. Sans aucune compassion pour toute cette population inquiète et souvent livrée à elle-même par des autorités dépassées il se complait à remuer le couteau dans la plaie, exacerber la rancœur et tenter d’accentuer la zizanie. Au passage, il se prend le tapis entre les pieds, avec des estimations ahurissantes.

Il est clair que la percée chinoise, en ces temps de corona, effraie l’Europe et l’Occident en général. Et si les Chinois réussissaient la prouesse de sauver une partie des Africains ? Qu’adviendrait-il de notre place en Afrique ? se disent-ils. 

Le rêve chinois fait de l’ombre au rêve américain ! L’idéal extrême-oriental gagne du terrain sur l’idéal occidental. Malgré les apparences, il semble plus humain !     

Le Ministère des Affaires étrangères n’a pas tardé à ruer dans les brancards, à demander des explications à l’ambassadeur de France et à vouloir attaquer France 24 en justice.

Une réaction démesurée, pour ce qui n’est que l’avis d’un chercheur probablement aigri et sûrement frustré pour quelque raison que ce soit, affilié à un centre d’études internationales, probablement mandatée par un quelconque quidam ou tout simplement pensant à tort, défendre ainsi, les intérêts de la France.

Mais dans cette diatribe lancée par M.  Francis Ghilès, il y a un enseignement à tirer : l’expérience  de la fermeture des marchés de gros par nos amis tunisiens qui sont revenus sur cette décision et les ont rouverts. 

Pour faciliter le confinement et encourager la population à diminuer les déplacements, il faut fluidifier les approvisionnements en denrées alimentaires et encourager les livraisons comme le décrivait un marchand ambulant en fruits et légumes sur les ondes de la chaîne 3 hier matin. 

Auteur : L. M.


-Communiqués-

Algérie-France : Francis Ghilès réagit à la polémique

« des aides chinoises »

Très critiqué en Algérie après ses déclarations faites sur une chaîne française, Francis Ghilès avait provoqué la convocation de l’ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, par le ministère algérien des Affaires étrangères. Ce jeudi 2 avril, le chercheur et analyste politique a tenu à réagir à travers un communiqué rendu public.

Après avoir soulevé un tollé en Algérie, Francis Ghilès a tout d’abord tenu à rappeler avoir exercé, en tant que journaliste, dans ce pays (1975-1995). Ceci l’avait aidé à comprendre ce “pays complexe qu’est l’Algérie”, révèle-t-il.

Il ajoute, à ce propos, que « l’Algérie n’est pas un pays facile à comprendre, ni parfois même à aimer mais j’y ai forgé au cours des décennies, des amitiés indéfectibles. Une fois qu’une Algérienne ou un Algérien vous accorde sa confiance, c’est pour toujours. Ceci vaut pour les nombreux amis personnels comme pour d’autres qui étaient et sont de hauts cadres des sociétés nationales, de l’armée ou de la sécurité ou des entrepreneurs privés », explique-t-il. D’ailleurs, il cite son « incomparable mentor en la personne de Mohamed Yazid qui fut le représentant du FLN auprès des Nations Unies à New York pendant la guerre de libération nationale ».

« J’ai aussi critiqué la politique de la France vis-à-vis de l’Algérie »

En outre, Francis Ghilès n’a pas caché qu’il n’avait « jamais ménagé (ses) critiques, il est vrai, vis-à-vis de l’Algérie mais aussi de ses voisins immédiats ». Néanmoins, il rappelle avoir récemment « critiqué la politique de la France vis-à-vis de l’Algérie », tout en relatant également le jour où « un conseiller du Président français me rappelait mes origines: mon arrière-grand-père était l’imam de Tizi Hibel ( village situé dans la commune d’Aït Mahmoud, daïra de Beni Douala, dans la wilaya de Tizi Ouzou, ndlr) et j’en ai toujours été très fier », affirme-t-il. L’analyste politique affirme également avoir « critiqué les pays qui ont mené l’intervention occidentale en Libye, et plus d’une fois, ces dernières années, j’ai dit qu’il fallait que ces pays prennent plus en considération les intérêts stratégiques de l’Algérie », avance-t-il.

Par ailleurs, le chercheur au Centre des relations internationales à Barcelone avoue avoir commis « parfois des erreurs, mes jugements ont parfois été défaillants ». Néanmoins, il estime le fait qu’on le « soupçonne d’être un espion au service de je ne sais qui me fait sourire ». Et de conclure : « Ma moitié anglaise me fait songer à l’adage  “on ne prête qu’aux riches”».

Rappelons que Francis Ghiles avait déclaré durant une émission de “France 24″, diffusée lundi, que “l’aide médicale chinoise a été envoyée à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja dès son arrivée”. Des propos jugés « mensongers, haineux et diffamatoires » par l’Algérie. D’ailleurs, l’ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, a été convoqué par le ministre algérien des Affaires étrangères. En outre, l’ambassade d’Algérie à Paris « a été instruite à l’effet d’intenter une action en justice contre cette chaîne de télévision et l’individu auteur des propos injurieux à l’égard de l’Algérie ».


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