L’ambassadrice algérienne en Espagne affirme – Immigration : «L’Algérie est un pays de destination»

par Moncef Wafi

L’ambassadrice algérienne en Espagne, Taous Feroukhi, a rappelé, hier, aux partis extrémistes européens que plus de 80% de l’immigration subsaharienne restent en Afrique. Lors d’un événement informatif organisé par l’ «Executive Forum» à Madrid, la diplomate algérienne a souligné que l’Algérie est un pays de destination pour l’immigration clandestine puisqu’elle enregistre 400 arrivées quotidiennes d’immigrés clandestins à travers sa frontière avec le Mali. En novembre dernier, le directeur responsable du dossier de la migration, au ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Hacen Kacimi, avait indiqué que 3.500 migrants, issus de 24 pays africains, sont enregistrés, par semaine, aux frontières algériennes. 

Taous Feroukhi a, également, déclaré qu’il fallait s’attaquer aux causes de l’immigration clandestine, une approche partagée par l’Algérie et l’Espagne, a-t-elle affirmé. A ce propos, elle a averti que l’immigration irrégulière encourageait d’autres phénomènes négatifs tels que le terrorisme et la criminalité transnationale organisée qui affectent la stabilité interne de l’Algérie et sa cohésion sociale. En avril dernier, Kacimi avait affirmé que «les migrants africains constituent une menace pour la sécurité et la stabilité du pays». Lors d’une conférence de presse tenue au centre d’aide sociale, à Dely Ibrahim, il avait annoncé le rapatriement de 37.000 migrants nigériens, entre décembre 2014 et novembre 2018, dont 1.095 femmes et enfants. Ces derniers versés dans la mendicité, à partir de 2013 et 2014, étaient exploités par des réseaux criminels nigériens et l’argent récolté servait, notamment à l’acquisition d’armes, avait-il expliqué. Et justement, face à ces réseaux, Hacen Kacimi a rappelé le rôle de la justice et des services de sécurité qui s’emploient à leur éradication, précisant que nombre de ces réseaux criminels du Niger, spécialisés dans la traite humaine, ontt été démantelés à Alger, Tizi-Ouzou, Béjaia et Oran. Mais l’épicentre de ces réseaux est localisé dans les wilayas du Sud, donnant l’exemple de la commune d’In Guezzam, dans la wilaya de Tamanrasset où l’Armée nationale populaire (ANP) a arrêté plusieurs de leurs membres, ainsi que la commune de Bordj Badji Mokhtar, dans la wilaya d’Adrar où, rappelle-t-il, des quantités d’armes de guerre ont été saisies. 

Cette localisation géographique met en lumière les connexions qui existent entre le grand banditisme et les groupes terroristes dénoncées, depuis toujours, par les autorités algériennes. L’ambassadrice algérienne a, aussi, plaidé pour la promotion du Plan d’investissement étranger approuvé par l’Union européenne, en 2017. «L’exécution du plan devrait être accélérée pour aider à l’enracinement des populations en Afrique subsaharienne», a-t-elle déclaré. Elle a expliqué que les principales préoccupations de l’Algérie concernent les frontières avec la Libye et le Mali, qui s’étendent sur plus de 3.000 km. Enfin, elle a mis en exergue l’excellente coopération avec l’Espagne sur les questions de migration et a nié que l’Algérie soit un pays de transit. «Nous sommes un pays de destination», a déclaré Feroukhi, qui a déploré que le phénomène de l’immigration clandestine soit un «pain béni pour les extrémistes en Europe». 


Migrants subsahariens : Tayeb Louh répond aux critiques

Algérie « n’a pas fermé » ses frontières aux migrants et aux ressortissants étrangers issus des pays africains, a assuré vendredi à Kigali (Rwanda), le ministre de la Justice, Tayeb Louh, rapporte l’agence officielle.

L’Algérie « œuvre à concilier la nécessité de protéger ses frontières et de sécuriser le pays avec le devoir de solidarité envers les frères africains, notamment les ressortissants des pays voisins », a expliqué le ministre, à la 2e réunion de l’Union Africaine (UA) sur « la migration, les réfugiés et les personnes déplacées », qui se tient les 20 et 21 octobre 2017 à Kigali.

M. Louh a salué la politique adoptée dans le domaine de la migration par le président Abdelaziz Bouteflika qui n’a eu de cesse de mettre l’accent sur la solidarité et l’aide aux migrants et aux réfugiés en l’Algérie issus de pays africains, notamment voisins », en donnant des instructions pour « le respect des droits et de la dignité de ces ressortissants étrangers ».

Le ministre a expliqué l’approche algérienne globale sur la problématique de la migration, fondée sur le traitement des causes radicales liées essentiellement au sous-développement, à la pauvreté, au chômage, aux crises politiques, aux conflits armés et au terrorisme ».

Il a lancé un appel à tous les pays africains pour réguler et organiser les flux migratoires dans le but de « tirer profit de leurs effets positifs et faire face à leur impact négatif à différents niveaux, notamment à travers la lutte contre les réseaux de trafic de migrants et de traite des humains, dans le respect de la dignité et la protection des droits des victimes ».

Le ministre de la justice a salué les efforts consentis par la commission, le département des affaires politiques et le département des affaires sociales, pour l’élaboration des textes de loi soumis à l’examen, tout en souhaitant parvenir à un consensus en vue de sortir avec des textes de référence qui « tiennent compte de toutes les positions exprimées et des intérêts de chaque pays ».

Mardi, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) a lancé un appel afin que l’Algérie « mette en place un système de protection effectif pour les réfugiés, et cesse les rafles, enfermements arbitraires et expulsions collectives des migrants vivant sur son sol ».

Le 10 juillet, le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel a déclaré que l’Algérie était en train de prendre « des mesures urgentes » pour faire face au phénomène de la migration qui « menace la sécurité nationale ».

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