Les écrivains algériens décrient le 5e mandat : La marche du siècle, en avant

L’auteur de l’Attentat et de Khalil, Yasmina Khadra, dans une tribune dans le Nouvel Obs exprime son adhésion totale à la volonté de la vox populi grondant et marchant pacifiquement contre l’ignominie d’un pouvoir – jouant la montre – gérontologique et jurassique, jurant avec une majorité juvénile, le mandat de trop (c’est trop) – du ras-le-bol. Yasmina Khadra salue la maturité, le civisme et autre clairvoyance forçant le respect.

«Ce mouvement n’embrase pas l’Algérie, il l’illumine. Il était prévisible, souhaité, mais la longue convalescence d’un peuple qui a subi le terrorisme deux décennies durant faisait craindre la démission. Voir les Algériens prendre conscience des dangers qui menacent leur nation me rassure.

Il était temps ! Par moments, on ne voyait plus le bout du tunnel. Les traumatismes de la guerre djihadiste ont été tellement profonds que le peuple algérien a choisi la tranquillité au détriment de sa renaissance, laissant un régime délinquant s’adonner à tous les excès en toute impunité…

Ils réalisent surtout que le pays leur échappait, et avec lui le devenir de leurs enfants. Leur sursaut d’indignation s’inscrit dans la volonté inflexible. Les apparatchiks vont tout faire pour éviter de rendre compte de leurs méfaits devant les tribunaux et préserver leurs fortunes blasphématoires…»

«Le régime n’a pas de plan B»

L’Orient-Le Jour a repris exhaustivement l’intervention de Kamel Daoud vendredi sur les ondes de la radio française RTL. Kamel Daoud a apporté un insight (éclairage) sur la phénoménale manifestation des Algériens ayant investi toutes les rues d’Algérie pour protester contre le 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Et surtout soutenant la dignité, la conviction et la résolution de toute une population, de tout un peuple contre la 5e dimension d’un mandat… d’arrêt (stagnation et immobilisme) gériatrique. Et ce, sans complexe ni appréhension.

Car le peuple a fendu l’armure du mépris et de l’humiliation à son endroit. «Le principal changement, c’est le fait que les gens n’ont plus peur. Ce qu’on appelle communément le mur de la peur a été cassé et c’est extraordinaire de sentir cette sorte de frisson, d’enthousiasme, cette sorte de joie… Les gens ne se sentent plus terrorisés, et je choisis bien mon mot…

Je pense que l’écrasante majorité des Algériens ne reculeront plus… Mais d’un autre côté, le régime n’a pas de sortie de secours, pas de plan B pour le moment, et la tentation de la violence est là… La volonté évidente (du régime) de terroriser les Algériens et de les immobiliser par ce chantage, soit nous, soit le chaos, soit nous, soit la guerre civile.»
«Arrêtez donc la télé et sortez dans la rue»

Dans une tribune au Parisien, le romancier Boualem Sansal, l’auteur du Serment des barbares, 2084 : la fin du monde ou encore Le Train d’Erlingen ou la métamorphose de Dieu, il dépeint la situation prévalant en Algérie tel un long, interminable et élastique épisode d’une série (noire) qui dure et perdure depuis 57.

Il ouvre sa tribune par des questions : «Que se passe-t-il en Algérie ? On se pose la question. Je l’entends sur tous les médias. Que ne dit-on pas ? Moi, j’aurais simplement répondu qu’il ne se passe rien, c’est la routine, la guerre continue, toujours la même, avec ses mystères et ses douleurs, et des trahisons à la pelle. Avec les mêmes acteurs, et quelques nouveaux par-ci par-là. C’est un peu Games of Thrones.

Le vieux président qui refuse de mourir et de céder la place au suivant pour de nouvelles aventures… Qu’y a-t-il de nouveau pour qu’on parle tant aujourd’hui de la série algérienne, et ce, dans tous les pays ? C’est la peur, quoi d’autre. Il y a dans l’air un je-ne-sais-quoi qui donne à penser aux téléspectateurs que la série va bientôt s’arrêter. On se pose des questions devant sa télé, pendant que le générique défile sur une musique d’épopée.

Plus d’argent, la fatigue des acteurs, l’usure des choses, le danger de l’addiction et, pire, celui de voir la fiction se transformer en réalité ? Tout ça à la fois. C’est vrai que 57 années à voir cette série, c’est fou. Arrêtez donc la télé et sortez dans la rue, c’est là que ça se passe ! La guerre continue. Elle pourrait bien cette fois s’achever en apothéose et entrer dans la légende.»

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