Lettre de remerciements de l’ambassadeur d’Italie aux algériens : «Tout ira bien»

Très chers amis algériens,

Pasquale Ferrara, ambassadeur d’Italie à Alger

L’Italie s’est trouvée, malgré elle, parmi les premiers pays du monde à mener une bataille nouvelle et, jusqu’à il y a quelques semaines, difficile à imaginer. C’est toutefois une bataille que nous menons non seulement pour nous, mais pour tout le monde : nous nous trouvons en effet devant une pandémie, comme l’OMS l’a déclaré officiellement le 11 mars.

Nous avons fait des choix difficiles mais responsables. Tout d’abord, la transparence maximale : nous n’avons pas minimisé ni caché aucune information. Et puis, la rigueur maximale, avec des mesures extrêmement sévères pour limiter la diffusion du nouveau coronavirus. Le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Ghebreyesus, a reconnu que l’Italie a fait des pas «courageux» et qu’elle est en train d’agir «énergiquement» pour protéger non seulement elle-même, mais le monde entier.

Déjà le 31 janvier, au lendemain de la confirmation des deux premiers cas dans notre pays, le gouvernement italien a déclaré l’état d’urgence. Ces deux premiers cas concernaient un couple de touristes étrangers, immédiatement hospitalisés en isolement dans un établissement de santé d’excellence absolue, l’institut Spallanzani de Rome, et déclarés guéris le 26 février.

Le 18 février, nous avons découvert, cependant, que le virus avait commencé à se propager dans certaines communes de la Lombardie, dans le nord du pays. L’origine de ce «foyer» n’est pas claire, mais malheureusement son ampleur était déjà assez vaste et il n’a pas été possible de le contenir immédiatement. Des mesures de plus en plus incisives se sont rendues nécessaires. Le 23 février, dix commune du nord de l’Italie ont été déclarées «zone rouge» et elles ont été placées sous contrôle strict, avec interdiction d’entrée et de sortie.

A partir du 9 mars et jusqu’au 3 avril, il a été imposé à tous les Italiens de ne pas quitter la maison, si ce n’est pour se rendre au travail, pour des raisons de santé ou pour des nécessités objectives (comme pour les achats de produits alimentaires).

Toutes les écoles et les universités sont fermées, ainsi que, à partir du 12 mars, toutes les activités commerciales «non essentielles» (à l’exception des activités telles que les pharmacies et les supermarchés). Toutes les manifestations publiques ont été annulées, y compris les manifestations religieuses. Les bureaux publics et les usines de production restent ouverts, mais ils observent de nombreuses et précises précautions.

Il a été exigé d’éviter de voyager aussi bien en Italie qu’entre l’Italie et l’étranger.

Des contrôles stricts sont effectués à l’aéroport, au départ comme à l’arrivée, par les autorités italiennes et les compagnies aériennes sur ceux qui doivent nécessairement voyager.

Nous essayons de limiter les désagréments pour les citoyens algériens : par exemple, ceux qui avaient déjà un visa d’entrée délivré après le 1er février et expirant avant le 30 juin se sont vu proposer de reporter le voyage au second semestre 2020, sans frais supplémentaires et sans avoir à demander un nouveau rendez-vous, mais simplement en intégrant la documentation présentée à l’origine.

Nous sommes convaincus que nous réussirons cette épreuve la tête haute. Les Italiens, comme tous les peuples méditerranéens, sont souvent représentés par ceux qui ont des préjugés et nourrissent des stéréotypes, comme désorganisés, indisciplinés, peu fiables.

En réalité, le peuple italien fait d’énormes sacrifices – sociaux, économiques, humains – avec une grande maturité au nom du bien commun, et pour protéger les personnes les plus vulnérables. Le système de santé italien est parmi les meilleurs dans le monde : dans toute l’Italie, il y a plus de 27 000 structures de santé publique (fonctionnant sur la base des principes guides de «l’universalité, l’équité, la solidarité»), nous sommes à la pointe du diagnostic de haute technologie, nous avons l’un des meilleurs réseaux nationaux pour les transplantations d’organes, et nous sommes le premier fabricant de médicaments de l’UE.

Tous les médecins, infirmières et opérateurs de santé italiens font preuve de dévouement absolu et d’extrême professionnalisme ces jours-ci. En outre, notre Protection civile représente l’excellence internationale en situation d’urgences.

Chers amis, un jour Aldo Moro, assassiné en 1978 par les Brigades rouges, a dit : «S’il était possible de dire sautons ce moment et allons directement à demain, je pense que nous serions tous d’accord pour le faire. Mais ce n’est pas possible. Aujourd’hui, nous devons vivre, aujourd’hui c’est notre responsabilité. Il s’agit d’être courageux et confiant en même temps. Il s’agit de vivre le temps qui nous est donné de vivre avec toutes ses difficultés.»

Si nous surmontons ce défi, ce sera aussi grâce à une collaboration internationale. C’est précisément en ce moment d’extrême difficulté que des manifestations fortes et généreuses de proximité et d’amitié de nos frères algériens sont arrivées. De la part des autorités, mais aussi de la part de tous les segments de la société : des jeunes qui nous envoient quotidiennement des messages de solidarité aux médecins spécialistes qui ont proposé d’aider notre pays. «Les moments difficiles nous montrent de vrais amis» et l’Italie ne l’oubliera pas.

Le Premier ministre, S. E. M. Giuseppe Conte, a encouragé tous les Italiens par ces mots : «Nous restons plus éloignés aujourd’hui pour nous étreindre demain. Arrêtons-nous aujourd’hui, pour courir plus vite demain.» Un hashtag devenu très populaire en Italie dit : «Tout ira bien.» Nous y croyons et nous travaillons sans relâche pour cela.

Pasquale Ferrara,  ambassadeur d’Italie à Alger


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