Crise libyenne-règlement: une convergence de vues grandissante sur la solution politique

28.06.2020

  ALGER- La tendance à la convergence des points de vue autour d’une solution politique à la crise en Libye s’accélère tant au niveau international que régional à mesure que les efforts diplomatiques s’intensifient en vue de ramener la paix dans le pays en proie à des violences depuis 2011.

Le dernier signe de convergence autour du processus politique en Libye a été observé lorsque le président du Conseil présidentiel du gouvernement d’entente nationale libyen (GNA), reconnu par l’ONU, Fayez Al Sarraj, et la représentante spéciale et chef par intérim de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), Stéphanie Williams, ont abordé lors de leur rencontre samedi à Rome les derniers développements de la situation en Libye et les efforts de l’ONU visant à y reprendre le processus politique.

Les deux responsables ont exprimé leur accord sur la nécessité de reprendre le processus politique en Libye « sur la base des conclusions de la Conférence de Berlin et de la résolution 2510 du Conseil de sécurité, en vue de parvenir à un règlement global en Libye à même de préserver la souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et l’unité de ce pays », a indiqué un communiqué du GNA.

Al-Sarraj qui s’est entretenu également avec Giuseppe Conte, a mis l’accent sur « l’impossibilité de résoudre militairement la crise libyenne », soulignant la nécessité « de travailler sur une voie politique qui assure la stabilité conformément au résolutions du Conseil de sécurité et aux résultats de la Conférence de Berlin ».

Dans cette optique, l’Union européenne (UE) a une nouvelle fois rappelé son attachement au règlement de la crise libyenne dans le cadre « du processus mené par les Nations Unies » et suivant les recommandations de la Conférence de Berlin sur la Libye.

Et, en même temps, à quelques jours d’intervalle, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a déclaré:  » (…), sans aucun doute, que toute guerre entre Libyens est une guerre perdue. Il ne peut y avoir de véritable vainqueur, seulement de lourdes pertes pour la nation et son peuple, qui souffrent déjà du conflit depuis plus de neuf ans ».

La MANUL a souligné qu’une « solution politique » à la crise en Libye reste à portée de main et qu’elle demeure, « comme toujours », prête à organiser un processus politique pleinement ouvert et dirigé par les Libyens ».


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A ce titre, la MANUL appelle les parties libyennes à s’engager « rapidement » et de manière « constructive » dans les pourparlers de la Commission militaire mixte afin de parvenir à un accord de cessez-le-feu durable. « Les pourparlers de la Commission militaire mixte doivent s’accompagner d’une mise en œuvre ferme et du respect de l’embargo des Nations Unies sur la Libye récemment renouvelé », a souligné la mission.

La mission onusienne rappelle à « toutes les parties en Libye la nécessité de respecter l’état de droit, le droit international relatif aux droits de l’homme et le droit humanitaire pour protéger les civils et les infrastructures civiles, y compris les établissements de santé, les écoles, les centres de détention, en particulier à la lumière de la pandémie de Covid-19 ».

Aussi, au nom de l’Union africaine (UA), le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine (UA), Smaïl Chergui a affirmé, la semaine dernière, que « l’UA soutient et encourage toute initiative fondée sur le dialogue et la réconciliation nationale, susceptible de parvenir à une solution définitive de la crise ».

A ce propos, le Commissaire à la paix et à la sécurité estime que l’initiative algérienne de règlement de la crise en Libye, compte tenu de sa qualité de membre dans le Comité de Haut Niveau ainsi que dans le Groupe de Contact de l’UA sur la Libye, « dispose de tous les atouts de la réussite ».

La réussite de l’approche algérienne s’explique, selon M. Chergui, par « l’adoption par l’Algérie de la solution politique pour la crise libyenne, une solution respectant la volonté du peuple libyen, son unité et sa souveraineté territoriale, c’est-à-dire à travers un dialogue inter-libyen mené par les Libyens eux-mêmes ».


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29.06.2020

     Un cessez-le-feu rapide ou l’embrasement

par Abdelkrim Zerzouri

Le cessez-le-feu en urgence ou la guerre totale en Libye ? Tous les ingrédients sont réunis pour que les masques tombent et révèlent les vrais visages des principaux acteurs étrangers engagés, jusque-là, dans une guerre par procuration en Libye. La communauté internationale appelle vainement à un cessez-le-feu en Libye depuis des années, mais les appels insistants et pressants pour un cessez-le-feu rapide, lancés ces derniers jours par les pays membres de l’UE, les Etats-Unis, la Russie et l’Egypte, ainsi que l’ONU, sonnent comme une mise en garde au Gouvernement d’union nationale (GNA), conduit El Sarraj, et à la Turquie, particulièrement, à la veille de la bataille de Syrte, qui semble déterminante pour la suite du conflit libyen. Que resterait-il, en effet, à l’autoproclamée armée nationale du maréchal Haftar et à ses soutiens, qui se comptent justement parmi les pays fervents défenseurs d’un cessez-le-feu « maintenant et tout de suite », si cette ville tombe entre les mains du GNA et des combattants engagés par la Turquie ? Maintenant, tout se joue presque contre la Turquie, qui s’est attirée les foudres des principales forces de l’Otan et de l’Egypte, ennemi juré de la Turquie d’Erdogan depuis la chute de l’ancien président Mohamed Morsi. L’Egypte ne permettrait jamais à Erdogan de dépasser la ligne rouge de Syrte. Al Sissi l’a clairement fait savoir ces derniers jours. Ainsi que d’autres pays, qui partagent la même vision, et qui se comptent parmi les soutiens du maréchal Haftar, qui ne veulent pas laisser la Libye sous la domination turque. Les enjeux géostratégiques et économiques sont effectivement énormes. On voit bien que les affres endurées par le peuple libyen ne sont, malheureusement, pas le seul souci qui fait bouger ces pays appelant à un cessez-le-feu urgent, qui ne semble du reste pas trop intéresser le GNA et la Turquie, décidés plus que jamais à lancer une offensive militaire contre la ville de Syrte. Une ville qui tomberait comme un fruit mûr sans l’appui militaire sur le terrain des opérations de la part des pays qui veulent freiner l’avancée du couple GNA-Turquie, comme l’Egypte, la France, l’Allemagne, les Etats-Unis et la Russie, qui joue un jeu des plus ambigus en Libye. Un partage de rôle qui rappelle dangereusement le scénario syrien ? La comparaison qui revient souvent dans les analyses des spécialistes n’est pas fortuite. En tout cas, cette effervescence diplomatique autour du dossier libyen est porteuse du meilleur comme du pire. D’espoir pour instaurer un cessez-le-feu durable en Libye et du pire que représenterait une action militaire d’envergure internationale sur le sol libyen.


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