Algérie / Louisa Hanoune accable les nouveaux dirigeants : «Le régime qui s’est imposé par la force ne peut être source de changement»

Récemment libérée après un long séjour «arbitraire» en prison, Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a présidé mardi la première réunion du bureau politique de sa formation.

La leader du PT n’a pas été tendre avec les nouveaux dirigeants qui n’ont, selon elle, amorcé jusqu’ici aucun changement. Pour Mme Hanoune, le régime est toujours là, avec ses institutions illégitimes, produit de la fraude, du népotisme et de l’argent sale.

La leader du PT estime que le peuple n’est pas dupe et que le régime qui s’est imposé par la force, contre la volonté de son peuple mobilisé pacifiquement durant une année, ne peut être source de changement et il ne peut rompre avec les pratiques du passé tout en les utilisant pour se maintenir.

Le bureau politique du PT doute qu’il y ait une réelle volonté de lutter contre la corruption dès lors que la «prétendue» lutte contre ce phénomène est réduite au jugement de quelques symboles du régime et de l’oligarchie, qui ont exercé le pouvoir politique et économique sur une période donnée, et de surcroît, elle est menée avec une tapageuse campagne qui ne vise qu’à disculper le système, source de cette corruption et de toutes les dérives totalitaires.

«Non, la corruption, la rapine, le pillage des ressources et des deniers publics ne sont pas le simple fait de ces quelques personnes, c’est le fait d’un système qui a institutionnalisé toutes ces pratiques et les a érigées en modèle politique et économique. Mais cette campagne de propagande, menée notamment sur les grands médias publics, n’est pas arrivée à duper l’immense majorité du peuple», note le bureau politique du PT.

A l’inverse, explique le parti dirigé par Louisa Hanoune, le musellement de la presse publique et privée, l’instrumentalisation de la justice, la fermeture du champ politique, les attaques contre les partis et le multipartisme, l’interdiction des activités politiques et des réunions publiques dévoilent le véritable visage du régime, le même que celui qu’il prétend combattre.

«La nouvelle République basée sur la justice à laquelle le régime veut nous faire croire n’a jusqu’ici amorcé aucun changement.

Même s’il a fait libérer plusieurs détenus, la répression se poursuit toujours avec de nouvelles arrestations et condamnations de plusieurs détenus politiques et d’opinion», s’indigne le parti, qui pense que le régime qui a bradé la principale richesse du pays, les hydrocarbures, en contrepartie de la caution des puissances étrangères pour ses plans de maintien, ne peut pas prétendre défendre la nation, sa souveraineté, car la souveraineté politique du pays est conditionnée par la souveraineté du peuple sur ses richesses, son sol et son sous-sol.

«Aucun Algérien attaché à l’indépendance ne peut accepter que soit appliquée la nouvelle loi sur les hydrocarbures élaborée par l’ancien gouvernement. Nouvelle Algérie ? Nouvelle République ?

Vers quel avenir va nous mener la nouvelle Algérie dont la principale richesse, les hydrocarbures, qui fait vivre ses citoyens est bradée au profit des multinationales de pétrole, dont les cinq majors, de l’aveu du ministre de l’Energie, ont collaboré directement à l’élaboration de la nouvelle loi», s’est interrogé Hanoune.

Le bureau politique du PT a exigé la libération de tous les détenus politiques et d’opinion. Il a exprimé, par ailleurs, sa solidarité avec les enseignants du primaire et a dénoncé l’instrumentalisation de la justice dans le conflit opposant le Personnel navigant commercial (PNC) d’Air Algérie qui a décidé que la grève était illégale et qui a ouvert la voie à la suspension de plusieurs d’entre eux.

Le parti a demandé la réintégration des PNC suspendus et l’arrêt de l’utilisation de la justice pour remettre en cause le droit fondamental de grève et de négociation.

Le PT reste convaincu que le moyen démocratique permettant à tous de participer à l’édification de la deuxième République rompant avec le système en place passe par la mise en place démocratique d’une Assemblée nationale constituante souveraine qui aura comme tâche principale la rédaction d’une Constitution qui prenne en charge toutes les revendications et exigences de la révolution.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *