Mahmoud Abbas à Alger : le pied de nez de Tebboune à Mohammed VI

 
Le Président de l’Autorité palestinienne a effectué une visite de trois jours en Algérie. La présence de Mahmoud Abbas a permis de définir l’agenda du prochain sommet de la Ligue arabe qu’accueillera Alger et d’envoyer des messages au Maroc. Le dirigeant palestinien est reparti à Ramallah avec une aide financière de 100 millions de dollars.
La présidence algérienne a activé le niveau protocolaire officiel le plus élevé pour accueillir Mahmoud Abbas. Dimanche 5 décembre 2021, le Président Abdelmadjid Tebboune a fait tonner 21 canons en recevant le Président de l’Autorité palestinienne. Durant cette visite de trois jours, Mahmoud Abbas a eu plusieurs entretiens avec son homologue qui lui a décerné la médaille des amis de la révolution algérienne. La cérémonie a été marquée par un échange de bons procédés puisque le Président algérien a reçu l’Ordre de l’État de Palestine « en considération de son leadership et de sa direction clairvoyante à l’échelle nationale, arabe et internationale et en reconnaissance de son rôle dans la consécration de l’engagement perpétuel et du soutien permanent des dirigeants et du peuple algérien, au peuple palestinien et à sa cause juste ainsi que dans la consolidation des liens de fraternité algéro-palestiniens« .
Un engagement que le gouvernement algérien a concrétisé par la remise d’une aide financière de 100 millions de dollars et par l’octroi de 300 bourses à des étudiants palestiniens.

Retour algérien au Moyen-Orient

Au-delà des aspects protocolaires, cette visite de Mahmoud Abbas marque le retour de l’Algérie dans le dossier palestinien. Durant l’ère Bouteflika, la diplomatie algérienne avait marqué une certaine distance avec cette question au point de faire presque oublier que l’indépendance de l’État de Palestine a été proclamée à Alger un certain 15 novembre 1988. La tenue du prochain sommet de la Ligue arabe le 22 mars 2022 à Alger consacre donc ce retour sur la scène du Moyen-Orient. Contacté par Sputnik, Hakim Boughrara, professeur en sciences de l’information et analyste politique, explique que cette visite de Mahmoud Abbas vise à définir conjointement l’agenda de cette rencontre multilatérale.
« Les Algériens sont fidèles à cette tradition de non-ingérence dans les affaires intérieures. Partant du principe que le dossier palestinien sera le principal point inscrit à l’ordre du jour de ce sommet, ils ont donc décidé de discuter préalablement avec les premiers concernés. L’avis de Mahmoud Abbas, en sa qualité de premier responsable politique de l’Autorité palestinienne, est important pour définir la feuille de route de ce sommet. Les deux parties ont certainement évoqué les derniers développements dans ce dossier, notamment la question de la normalisation des relations avec Israël décidée par plusieurs États arabes », indique-t-il.
Drapeaux de l'Algérie et du Maroc - Sputnik France, 1920, 26.11.2021

Afrique

Média israélien: « Les soldats marocains se disent prêts au combat contre l’Algérie »

En accueillant Mahmoud Abbas, les Algériens ont également adressé un message à leurs voisins marocains qui ont récemment fait le choix de la normalisation avec Israël. « L’Algérie a voulu marquer les esprits quelques jours seulement après la visite du ministre israélien de la Défense au Maroc et la signature de l’accord stratégique en matière de défense et de renseignement entre Rabat et Tel-Aviv« , note Hakim Boughrara.
Durant trois jours, les responsables algériens n’ont pas hésité à mettre en avant la constance de l’engagement envers la cause palestinienne dans la pure tradition de la célèbre phrase du Président Houari Boumediene: « l’Algérie est avec la Palestine, oppresseuse ou opprimée« .
Sauf que cette vision est loin de faire l’unanimité au sein des États membres de la Ligue arabe, notamment auprès de ceux qui se sont inscrits dans les Accords d’Abraham. La tâche des diplomates algériens dans les coulisses du prochain sommet s’annonce ardue.
« Malgré la vague de normalisation avec Israël, les responsables algériens ont l’ambition de réunir les pays arabes autour de la question palestinienne afin de trouver une solution à ce conflit. À mon avis, les Algériens veulent un sommet rassembleur en faisant que la cause palestinienne serve d’unité fondamentale au sein de la Ligue arabe, au-delà du fait que des pays se soient inscrits dans les Accords d’Abraham. C’est un challenge qui s’annonce particulièrement difficile à relever car les dirigeants arabes ne semblent pas conscients de la situation en Palestine et du danger que représentent les nouvelles colonies israéliennes », estime Hakim Boughrara.
Les diplomates algériens sont sur le pied de guerre sous le commandement de Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères. Ils devront faire face à une intensification des actions israéliennes et de leurs alliés arabes à mesure qu’approchera la tenue du sommet de la Ligue arabe afin d’éviter un consensus sur la question palestinienne.


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