Rencontre à Alger de Mahmoud Abbas et le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh : Une poignée de main qui dérange.

      Au moment où les militaires israéliens, ceux-là même qui cassaient du Palestinien, paradaient à Rabat sous le regard sot du Makhzen, Alger répondait par une réconciliation entre Palestiniens.

Dans une rencontre historique intervenant après un froid de plusieurs années, le président palestinien Mahmoud Abbas et le chef du bureau politique du mouvement Hamas, Ismaïl Haniyeh se sont serré la main en guise de réconciliation à l’initiative du président Abdelmadjid Tebboune. Cette poignée de main, intervenant en marge des festivités du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, n’est pas passée inaperçue dans la presse israélienne qui est allée dans ses commentaires jusqu’à supputer sur une probable implantation du Hamas palestinien en Algérie. Fadaises et manipulations, car la vraie inquiétude d’Israël est ailleurs. Cet affolement s’explique d’abord par l’imposant défilé militaire de l’armée algérienne, le 5 juillet dernier, à l’occasion du 60e anniversaire de l’Indépendance. Cette inquiétude est d’autant plus grande puisqu’elle tient à un élément stratégique très important: c’est que le lieu d’approvisionnement de l’armée algérienne en matériel militaire, la Russie et la Chine, échappe totalement au lobby juif ou à son influence, contrairement à la France et aux États-Unis d’Amérique. Forte par son armée, l’Algérie s ‘affranchit dès les premiers mois de son indépendance, le 5 juillet 1962, des contingences extérieures. De même qu’elle se refuse de s’ingérer dans les affaires intérieures des autres pays, elle n’accepte nullement qu’on lui dicte ses positions ou qu’on s’ingère dans ses affaires internes quel qu’en soit le prix. Sous la botte sioniste, Rabat accueille avec fanfare et tajine de hauts responsables militaires israéliens.

Parade israélienne à Rabat
Le chef des Forces de défense israéliennes, le lieutenant-général Aviv Kochavi, celui-là même qui cassait du palestinien, paradait, lundi dernier, à Rabat et en novembre dernier, le ministre de la Défense, Benny Gantz, a signé un protocole d’accord avec son homologue marocain, le premier accord de ce type entre Israël et un État arabe. Au moment où les militaires israéliens, ceux-là même qui cassaient du palestinien, paradaient à Rabat sous le regard sot du Makhzen, Alger répondait par une réconciliation entre Palestiniens. Un initiative qui n’est destinée à ne déranger aucun autre État, mais qui s’inscrit dans le cadre d’une démarche cohérente de l’Algérie qui n’a eu de cesse de soutenir la Palestine. Ce n’est pas un fait nouveau mais une position constante et inébranlable de la diplomatie algérienne qui n’a jamais manqué à son devoir de soutenir les causes justes. N’a-t-elle pas, multiplié les appels au dialogue dès le déclenchement de la crise libyenne en 2011? L’Algérie ne s’est-elle pas déployée dans la crise malienne jusqu’à parvenir, en mars 2015, à un accord historique, «l’Accord d’Alger» entre les différentes parties en conflit dans cet autre pays frontalier? N’e s’est-elle pas fait un devoir d’appeler à la réconciliation entre les parties yéménites tout en rappelant les principes de sa politique étrangère, fondée sur la non-ingérence dans les affaires des pays tierces? C’est la même démarche, la même doctrine qui guide l’Algérie dans le cas du Sahara occidental. Depuis le début du conflit, l’Algérie a toujours plaidé pour un règlement par la voie pacifique de dialogue entre les deux parties au conflit, Maroc et Front Polisario. Le but étant de parvenir à l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations unies.

Alger ne veut gêner personne
Que dire encore de la guerre entre l’Iran et l’Irak-Iran (1980-1988) où l’Algérie s’est fortement investie pour la paix au point de perdre un de ses plus illustres diplomates dans le crash d’un avion, le ministre des Affaires étrangères Mohamed-Seddik Benyahia. Doit-on oublier la libération en 1980 de 52 otages américains, détenus pendant plus d’un an à Téhéran, grâce à une médiation algérienne, suivie des accords d’Alger entre les Etats-Unis et l’Iran sur cette affaire? Cette action pour la paix et la réconciliation de la diplomatie algérienne a également trouvé son sens dans le conflit territorial entre l’Érythrée et l’Éthiopie, en contribuant à la conclusion de l’accord de paix entre ces deux pays en 2000. Après une décennie de léthargie et de quasi-absence et d’invisibilité au plan international, l’Algérie s’en va la reconquête diplomatique. Elle se redéploie sur le continent africain et arabe, tout en poursuivant son rôle de médiation. C’est l’une des priorités que s’est fixée le président Abdelmadjid Tebboune dès son arrivée au pouvoir. Il fait ressourcer cette diplomatie en donnant du tonus à l’action de son ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra.

Sur la même lancée, Tebboune a décidé de la création de sept postes d’Envoyés spéciaux, chargés de conduire l’action internationale de l’Algérie sur sept axes d’efforts essentiels reflétant ses intérêts et priorités. Il s’agit de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, des questions de sécurité internationale, des questions africaines, en particulier de la géostratégie de l’espace sahélo-saharien et de la présidence du Comité de suivi de l’application de l’Accord d’Alger sur la paix et la réconciliation au Mali, la communauté nationale établie à l’étranger, la diplomatie économique, les pays arabes et les grands partenariats internationaux. Désormais, il y a un pilote dans l’avion et l’Algérie n’est plus ce pays plongé dans le cauchemar des turbulences sociales, politiques et économiques. Elle est redevenue audible et visible. Dès lors, le président Abdelmadjid Tebboune décide qu’il est temps de lancer le second étage de la fusée. L’Algérie n’a pas seulement à restaurer son image. Mieux, elle doit jouer pleinement le rôle d’envergure qui a toujours été le sien sur le continent africain et dans le Monde arabe.


 

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