Menace nucléaire : quel est l’arsenal de la Russie, comment peut-il être utilisé ?

      Vladimir Poutine a mis en alerte la dissuasion nucléaire russe. A quoi correspond-elle ? Qui peut ordonner son déclenchement ? Une seule chose est vraiment sûre : la Russie est la première puissance nucléaire mondiale.

Par La rédaction avec AFP
Vladimir Poutine lors de l’annonce de la mise en alerte des forces de dissuasion de l’armée russe dimanche. Capture d’écran.

Face à la résistance ukrainienne depuis le déclenchement de l’invasion et aux sanctions internationales, le président russe Vladimir Poutine a déclaré dimanche avoir ordonné de « mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat », déclenchant les plus vives protestations occidentales. Bluff, jeu dangereux ou fuite en avant ? Nul ne le sait.

Coup de projecteur sur l’arsenal nucléaire de la Russie, son organisation et les craintes qui l’entourent  :

Plus de 6000 ogives nucléaires russes

La Russie est la puissance équipée du plus grand nombre d’armes nucléaires avec, au 1er janvier 2021, 6255 ogives nucléaires contre 5550 pour les Américains, selon les estimations de l’Institut de recherche international pour la paix de Stockholm (Sipri). Mais, avant l’annonce de Vladimir Poutine ce week-end, les Américains avaient de leur côté plus d’ogives déployées : environ 1800, contre environ 1600 pour les Russes. Celles-ci sont utilisables très rapidement car elles sont d’ores et déjà placées sur des missiles ou situées sur des bases avec des forces opérationnelles.

Infographie Visactu.

Derrière les Etats-Unis et la Russie, les autres puissances nucléaires ne jouent pas dans la même cour : toujours selon le Sipri, la Chine dispose de 350 ogives nucléaires et la France 290 (dont 280 déployées), le Royaume-Uni 225, le Pakistan 165, l’Inde 156, Israël 90 et la Corée du Nord une cinquantaine.

Qui peut ordonner le feu nucléaire en Russie ?

Vladimir Poutine « a l’autorité de déclencher » le feu nucléaire, au terme de la Constitution russe, détaille Pavel Podvig, un expert russe indépendant. Mais la transmission de l’ordre et son authentification passent par le ministre de la Défense et le chef d’état-major. En l’occurrence respectivement Sergueï Choïgou et son bras droit Valeri Guerassimov.

« A quel point d’autres peuvent faire partie du processus, on n’en sait rien. Ils ne peuvent mettre leur veto, mais il y a une certaine forme de collégialité », explique Pavel Podvig. Le président ne dispose pas d’un bouton sur son bureau, le processus n’a rien d’automatique et il demeure impossible de prévoir la réaction de chaque intervenant d’un bout à l’autre de la procédure, notamment de l’armée russe.

« Je ne suis pas sûr que toute l’armée soutienne Poutine. Ils (les militaires) ne sont ni fous ni fanatiques. Mais nous ne pouvons deviner si l’armée exécutera un ordre d’utiliser l’arme nucléaire », assure Pavel Louzine, un expert de l’armée russe travaillant à Moscou pour le centre de réflexion Riddle.

Une doctrine à géométrie variable

Dans un article paru jeudi dans le Bulletin of the Atomic Scientists, les experts Hans Kristensen et Matt Korda rappelaient que Vladimir Poutine avait validé en 2020 une doctrine nucléaire, avec quatre cas justifiant l’usage du feu : des tirs de missiles balistiques contre la Russie ou un allié, l’usage d’une arme nucléaire par un adversaire, une attaque contre un site d’armement nucléaire russe ou une agression mettant en jeu « l’existence même de l’Etat ». Or, rien de tout cela, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, ne semble pouvoir justifier la mise en alerte du dispositif nucléaire russe annoncée dimanche.

Selon les deux experts, « les responsables russes ont fait de nombreuses déclarations qui semblent aller bien au-delà de la doctrine publiée ». La modernisation de l’arsenal suggère que celle-ci « va plus loin que la dissuasion élémentaire et vers des stratégies de combats régionaux ou même d’armes destinées à provoquer la terreur ».

Lundi, les Etats-Unis ont affirmé n’avoir détecté aucun changement dans la posture nucléaire russe. « Je ne pense pas que nous ayons vu quoi que ce soit de concret (…). En tout cas pas encore », a déclaré à des journalistes un haut responsable du Pentagone.

Une modernisation à marche forcée

Selon les experts, Moscou a effectué ces dernières années une modernisation à marche forcée de ses forces nucléaires, afin de remplacer les armes de l’ère soviétique par des systèmes plus récents. Selon la Campagne internationale pour abolir l’arme nucléaire (ICAN), prix Nobel de la paix en 2017, la Russie a dépensé en 2020 quelque huit milliards de dollars pour « fabriquer et entretenir ses forces nucléaires ».

En décembre dernier, le ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu, a assuré que les armes et équipements modernes représentaient désormais 89 % de l’arsenal nucléaire russe.

Si vous vous arrêtez une seconde, vous prenez immédiatement du retard

« Il est absolument inacceptable de rester inactif », avait prévenu Vladimir Poutine en décembre 2020 lors de la réunion annuelle du Conseil du ministère de la Défense. « Le rythme du changement dans tous les domaines essentiels pour les forces armées est exceptionnellement rapide aujourd’hui. Ce n’est même pas un rythme de Formule 1, c’est un rythme supersonique. Si vous vous arrêtez une seconde, vous prenez immédiatement du retard », avait-il lancé, selon le compte-rendu fait par le Kremlin. « Notre armée et, surtout, notre triade* nucléaire ont atteint le niveau qui garantit la sécurité de la Russie », s’était-il félicité.

*La triade nucléaire représente les moyens de lancer une arme nucléaire, à savoir l’aérien, le terrestre et le maritime. Les États-Unis et la Russie disposent des trois vecteurs, tandis que la France n’utilise que les sous-marins et les avions.

Officiellement, « une guerre nucléaire ne doit jamais être menée »

Malgré ses menaces et sa modernisation nucléaire, la Russie a signé, il y exactement deux mois, une déclaration conjointe avec les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Chine, France et Grande-Bretagne) pour prévenir la guerre nucléaire et éviter les courses aux armements.

« Nous affirmons qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée. Compte tenu des conséquences de grande ampleur qu’aurait l’emploi des armes nucléaires, nous affirmons également que celles-ci, tant qu’elles existent, doivent servir à des fins défensives, de dissuasion et de prévention de la guerre. Nous sommes fermement convaincus de la nécessité de prévenir la poursuite de la dissémination de ces armes », disait ce texte, dont on retrouve la trace sur le site du Kremlin


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                  La sourde guerre

                                                     par El Yazid Dib

  « Il n’y a plus de sourds dont les oreilles, volontairement ou non, sont assez fermées pour ne pas entendre le cri de l’humanité contre la guerre ». Frederick Passy

Il n’est d’aucune intention d’avoir une propension à défendre l’un des deux blocs. Ils sont assez grands et majeurs pour le faire. Seulement une réaction paraissant en toute vraisemblance juste et dialectique s’élève pour affirmer que devant un mépris ou un orgueil ; l’on ne peut demeurer de marbre. L’histoire nous raconte qu’Hitler à été façonné par l’humiliation qu’avait subie son pays lors de la grande guerre et les conditions décadentes imposées par le traité de Versailles. Poutine pourrait être dans la même situation. Après le démembrement de la grande union des Républiques soviétiques, par la glasnost et la perestroïka de Gorbatchev; la Russie s’est sentie démunie et en perte de vitesse dans la course du leadership mondial. Et c’est ainsi l’horreur avait été la conséquence criminelle pour des millions de personnes. S’en est suivi, après la défaite du nazisme, un autre nazisme géopolitique qui prenait pour nom le partage du monde. La conférence de Yalta commençait à voir naître la guerre froide. L’effort d’installer la menace sur la tête de l’autre battait froidement son plein. Poutine, pourtant d’origine ukrainienne dit-on ; essaye de rééquilibrer ce partition revue à la baisse par le dernier secrétaire général du polit-bureau de l’ex-redoutable parti communiste.L’on peut voir une frange de population, bien habillée, des enfants jouets en mains bien emmitouflés marcher avec sourire et s’entendre dire qu’ils fuient l’Ukraine. Des immeubles en partie délabrés et s’entendre dire que les habitants sont dans des abris fuyant les bombardements. C’est l’Ukraine, dit-on avec exaspération et émotion accablée d’humanisme qui est envahie, attaquée, pilonnée par une Russie expansionniste.

Toutes les guerres commencent par la propagande et la volonté de s’employer à assujettir les yeux et les tympans des autres. Ceux qui écoutent et regardent sans filtre analytique ou qui le font d’un angle d’obédience idéologique. Pour les médias Russes, la Russie ne fait qu’aider et assister les Républiques qui se sont détachées de l’Ukraine dans le Donbass. Pour les occidentaux c’est une invasion ! Drôle de communication si l’on ne comprend pas la différence qui fait les frontières entre la propagande et l’information. En Irak, Afghanistan, Libye, Syrie, Yémen…c’était quoi alors ? Une opération de démocratisation ? Une intervention pour les droits de l’homme ? Ah oui ces pays baignent maintenant dans un paradis …y compris la Palestine.

«Une image vaut mille mots» dit-on. Elle circule sur les réseaux et tous les satellites montrant la désolation, les effets de bombardements, leurs impacts et les commentaires narratifs sont diamétralement opposés. Dans les lives de tous les correspondants locaux directs l’on peut entendre une respiration difficile, une angoisse et un ton fort alarmé. La seule démarcation qui les particularise est la désignation à bon escient ; qui est la victime, qui est le bourreau. Tout se clarifie à l’auditeur ou au spectateur, suivant la direction du commentateur, pour ce qui est de la borne à laquelle est attaché l’émetteur. Les chaînes occidentales sans exception, appuyées par celles des royaumes du golfe font de Poutine, l’envahisseur, le conquérant, le méchant, le mal-aimé. De CNN à Eljazira à Elarabiya, le coupable de cette tragédie, le guerrier aventurier, le nouveau Tsar est vite repéré. Seule une chaîne russe qui commence à obtenir un énorme audimat est RT émettant en plusieurs langues. Elle aussi défile des images émises à partir du Donbass et décrivent par la même intensité émotive les affres dont sont victimes les citoyens et les afflictions infligées en Ukraine aux russes et aux pro-russes. La chaîne RT (Russie ce jour) aurait déjà, en Australie subit une coupure de couverture. Les autres, au rythme où vont les événements ne vont pas tarder à se voir zappées. Et la aussi le cosmos médiatique, hégémonique continuera à aspirer mettre sous son aile tous les avis qui lui sont contraires ou discutables. Voyez-vous là, le respect de la liberté d’expression, le droit à la différence ?

Des manifestations contre cette guerre s’organisent notamment dans les capitales occidentales. A Paris l’on scande «nous ne pouvons pas vivre heureux au moment où des gens meurent». Noble sentiment si ce n’était sa partialité. Pourtant chaque jour énormément de gens meurent, qui de guerre, qui d’occupation de territoires, qui de spoliation de droits, qui de famine, qui de noyade, qui de … C’est dire encore qu’un réfugié est préalablement identifié non pas par un besoin irrésistible de vivre et ne pas mourir innocemment sous les bombes mais par ou une appartenance raciale ou un référent cultuel et culturel. Parfois c’est la racine géo-continentale qui prime. Un européen est mieux loti surtout en rapport à un africain. «Nous avons un rôle essentiel : la solidarité indispensable et l’obligation morale d’accueillir des réfugiés de guerre » parlant de l’Ukraine ; a déclaré le maire d’une ville française. Il semble que les réfugiés ne sont pas inscrits à la même enseigne. Il y a ceux d’une semaine, d’un semestre, il y a ceux qui le sont depuis 1948. Parmi ceux-là, y a des réfugiés ad vitam. Leur retour est plus qu’un mythe et l’on n’en parle pas.

La solidarité sélective fait des siennes dans les rapports internationaux. Elle ne se manifeste pas de la même manière et agit selon le coefficient matriciel. Un blocage de comptes bancaires russes outrepasse la symbolique de la sanction et se transforme en acte de solidarité. Google en privant les internautes actifs russes des dividendes générées par ses réseaux tient à marquer là une action solidaire. A un moment, les nôtres se limitaient à faire des communiqués de dénonciation, de réprobation sans effets agissant sur la partie dénoncée. Nous, nous avons, des années condamné l’impérialisme, le sionisme, l’ingérence étrangère avec toute la fermeté de la littérature. Pas plus, si ce n’est une décision d’octroi de quelques dons. Oui, question de facultés et de pouvoir dans les moyens hélas. Par contre l’occident fait sienne l’Ukraine sous la houlette de l’OTAN qui craint de perdre une position hautement stratégique dans la dernière reconfiguration du monde que Poutine veut brouiller. On recommence le jeu du partage. Y a trop d’inégalités, juste à voir ces sanctions qui pleuvent sur sa tête. De la fermeture de l’espace aérien à celle des transactions commerciales, aux pipes gazier, ils croient pouvoir l’étouffer. Même le sport s’en est mêlé les pieds et les filets. La FIFA est entrée dans le terrain de la guerre et tel un arbitre vendu a brandit un carton rouge à une équipe qui par attaque veut inscrire des buts et par défense faire éviter à l’adversaire de pénétrer dans la zone dangereuse des 18 mètres. Même le CIO s’est entremêlé dans une action dépravant ses vertus universelles en déclarant retirer tous ses titres à Vladimir Poutine. La Finlande décide d’envoyer des armes aux ukrainiens et la Suisse, quant à elle, ce pays supposé neutre s’est empressé de «prendre en leur intégralité les sanctions contre la Russie prise par l’Union européenne». C’est clair, non ? Au moins ça se clarifie davantage. Isoler toute volonté qui gênerait le projet de suprématie exclusive du bloc de l’Ouest sur toute la planète et la Russie ne demande que la démilitarisation de son voisin.

Cette guerre a aussi ses portées sémantiques selon l’angle d’appréciation. Un combattant algérien durant la guerre de libération était un rebelle, un fellaga chez le colonialiste français qui se faisait passer pour un faiseur de civilisation. Un résistant palestinien est un terroriste dans le jargon outre Atlantique. Ainsi dans une même personne ou position chacun y lit la face qui lui convient le mieux, celle qui arrange son « invasion » ou son «intervention ». De la liberté, la démocratie, l’islam, le terrorisme, les droits de l’homme ; tous les mots n’ont pas toujours le même sens. Chacun donc veut que l’on comprenne les choses au sens qu’il veut leur donner. A coup de matraquage on arrive à admettre le tout come l’unique vérité et c’est là où l’on trouve la propagande et l’intoxication régner en maître.

Les réfugiés du Donbass vont en Russie de peur de mourir par les tirs des ukrainiens et les réfugiés ukrainiens vont en Pologne pour les mêmes raisons. V’là le paradoxe phénoménal de la transhumance humaine. La souffrance des peuples est un véritable enjeu de guerre et un bon ordre du jour pour la propagande. Dans les deux écrans antagonistes l’on voit les mêmes enfants, les mêmes visages parfois hébétés parfois insensibles. Tout dépend du l’ingénierie de la mise en production de l’image. Décors extérieurs, effets spéciaux et un instrumental sentimentalisé de surcroit finiront par créer l’adhésion, la compassion et l’anathème envers l’autre. C’est dire que chacun s’essaye à démontrer le martyr le plus meurtri et le fautif le plus criminel que l’autre. Cependant dans ces écrans, il n’y a pas assez de ces enfants qui se mouchent, qui n’ont pas d’eau, yeux hagards, tout en pleurs gisant encore sur un sol extra-européen. Il n’y a pas que l’Ukraine qui fait le canevas diabolique des acteurs jouant à la course vers la domination du monde. On en donne l’extrême attention contrairement aux autres menées et vécues ailleurs. Toutes les guerres restent inacceptables. Ce sont les peuples avec la diversité de leur ethnie, religion ou géographie qui en pâtissent le plus à l’avantage des profiteurs et créateurs de crises. Il ne peut y avoir de la réceptivité pour les uns et de l’insouciance pour les autres. Un bébé ukrainien sent la faim et le froid au même titre que le palestinien ou le yéménite. C’est ainsi à travers la vigueur d’une communication parfois virulente, si présente, dévorante, envahissante que l’on tente bien d’expliquer et d’interpréter une guerre alors que ce sont les peuples qui la subissent sans défense ni mot à dire. Que des soupirs, de l’errance et le désespoir permanent.

Il est à constater avec beaucoup d’amertume que les parties en conflit veulent imposer chacune ses idéaux. Tous leurs médias sont mobilisés dans le seul but de faire prévaloir leurs raisons, leur logique de guerre. L’union européenne avec tous ses démembrements, ses États est mise en branle pour œuvrer à casser tout ce qui est russe ou s’y apparentant. Ces pays qui semblent sacraliser le droit à la liberté d’expression, le droit à l’avis contraire sont subitement devenus fébriles au moindre point positif pro-russe, le qualifiant d’un «bourrage de crâne», tel que me gratifiait un lecteur virtuel européen sans qu’il n’entende ma réaction toute gentille et subtile lui conseillant d’aller «déconstruire les clichés qui lui sont déjà inculqués par les autres chaines» et que si la chaîne RT fait de la propagande que font donc les autres ? Ils n’ont pas tardé, en finalité à l’interdire d’antenne et de diffusion. Votre serviteur en a fait les frais juste à avoir commenté une publication européenne blâmant au nom de cette fameuse liberté d’expression, cette interdiction, cette censure injustifiable.

En vérité Poutine n’a directement aucun problème majeur avec son ancienne annexe, l’Ukraine. Tout le proéminent problème est avec les États-Unis, un peu moins avec l’Europe, cette vieille dame. C’est une affaire telle démontrée plus haut de sécurité territoriale. L’Ukraine n’est que le socle sur lequel veut se reposer toute la batterie offensive Atlantique. Ainsi, l’Amérique acceptera-t-elle l’installation de missiles ou base avancée russes au Mexique ou dans ses alentours ? L’affaire historique de la baie des cochons et le blocus de Cuba sont assez significatifs. Si toute l’Europe s’est levée comme une seule entité effarouchée, ce n’est qu’une récupération de l’histoire sous un autre angle. Depuis la seconde guerre mondiale où elle avait été l’âtre de tout le malheur causé par l’Allemagne nazie, tout en se voyant exclue de ce mythique partage du monde entre les trois principaux alliés ; elle n’a pu accepter le modèle qui s’est tracé alors. La France en était out. Elle n’a pas mené de guerre, elle l’avait subie, de surcroit avec une collaboration qui lui est restée en travers de la gorge de son histoire. Vichy était une honte pour le peuple français résistant. Son pouvoir officiel était occupé à la tâche de tuer ceux qui voulaient respirer l’indépendance et la liberté en Afrique du Nord. Ceci est connu et reste inoubliable.

En tous les cas la situation est instable et provoque inlassablement de l’inquiétude. Les pourparlers n’auront rien à résoudre au vu de la pertinence du conflit. Aucun des deux camps n’est apte à des concessions au-delà d’un seuil minimal. La souveraineté de l’Etat ukrainien et la sécurité vitale de la Russie, deux points d’achoppement sont différemment interprétées. Quoique l’Ukraine ne fait office que de prolongement terrestre à l’Amérique usant placidement d’une Europe incapable de s’affranchir de son complexe nord-ouest. Cette guerre donc, une énième ne sera ni d’une froideur d’apparence ni de chaleur aux champs de bataille. La bataille persistera à être sourde des deux cotés. Personne n’entend l’autre de la même oreille. C’est la sourde guerre.


          L’armée russe occupe la première centrale nucléaire ukrainienne

                                     par R.N.

  L’armée russe occupe depuis vendredi la plus grande centrale nucléaire ukrainienne, où des bombardements dans la nuit ont fait craindre une catastrophe, au neuvième jour de l’offensive.

Dans le sud de l’Ukraine, Zaporojie, plus grande centrale nucléaire d’Europe, touchée dans la nuit par des frappes d’artillerie russe selon les Ukrainiens, a été le théâtre d’un incendie. Cet incendie a contribué à l’angoisse grandissante des Occidentaux face à un conflit qui embrase désormais tout le pays, avec une liste de plus en plus longue de villes bombardées, au neuvième jour de l’invasion russe.En début de matinée, le régulateur ukrainien a cependant indiqué que le feu, qui avait touché un laboratoire et un bâtiment de formation, avait été éteint et qu’aucune fuite radioactive n’avait été détectée.

«Le territoire de la centrale nucléaire de Zaporojie est occupé par les forces armées de la Fédération de Russie. Le personnel opérationnel contrôle les blocs énergétiques et assure leur exploitation en accord avec les exigences des règlements techniques de sécurité d’exploitation», a ajouté le régulateur.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a confirmé que les niveaux de radioactivité restaient inchangés sur le site de la centrale, qui fournit une grande partie de l’électricité du pays, et affirmé qu’aucun équipement «essentiel» n’a été endommagé.

Son chef, Rafael Grossi, s’est dit prêt à se rendre en Ukraine pour négocier une solution afin de garantir la sécurité des sites nucléaires. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui réclamé un renforcement des sanctions occidentales contre Moscou après cette attaque. «L’attaque contre une centrale nucléaire démontre le caractère irresponsable de cette guerre et la nécessité d’y mettre fin», a déclaré le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, avant une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance à Bruxelles. Zaporojie, située sur le fleuve Dniepr à environ 550 km au sud-est de Kiev, a une capacité totale de près de 6.000 mégawatts, assez pour fournir en électricité environ quatre millions de foyers. Elle a été inaugurée en 1985, quand l’Ukraine faisait encore partie de l’Union soviétique. Le 24 février, des combats avaient déjà eu lieu près de l’ancienne centrale de Tchernobyl, à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, désormais aux mains des troupes russes.

«Un enfer»

Ailleurs dans le pays, l’Ukraine a notamment accusé Moscou jeudi d’avoir bombardé une zone résidentielle et des écoles à Tcherniguiv, au nord de Kiev, faisant 33 morts. Des combats s’y poursuivaient vendredi, selon les Ukrainiens. La situation est aussi devenue «un enfer» à Okhtyrka, et «critique» à Soumy, deux villes à quelque 350 km à l’est de Kiev, selon les autorités locales. Quant au port stratégique de Marioupol, au sud-est, où le maire accusait jeudi les forces russes de vouloir instaurer «un blocus», les autorités régionales indiquent ne disposer d’»aucune communication».

Dans des déclarations à la télévision russe jeudi, le président Vladimir Poutine n’a donné aucun espoir d’apaisement. «L’opération militaire spéciale se déroule strictement selon le calendrier, selon le plan», a-t-il affirmé. Il a salué le courage des soldats russes qui combattent contre «des néonazis» et «des mercenaires étrangers» qui utilisent les civils comme «boucliers humains». Moscou a toutefois subi un nouveau revers diplomatique avec le vote, vendredi matin, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à une écrasante majorité, d’une résolution en faveur d’une commission d’enquête internationale sur les violations des droits humains et du droit humanitaire en Ukraine. La résolution a été adoptée par 32 votes pour, 2 contre (Russie et Erythrée) et 13 abstentions.

Couloirs humanitaires

On ignorait pour l’instant si les «couloirs humanitaires», que des négociateurs russes et ukrainiens se sont mis d’accord jeudi pour organiser, se mettaient en place. Ces négociateurs s’étaient retrouvés à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, après une première tentative lundi, dans l’espoir d’obtenir une trêve. «Malheureusement, il n’y a pas encore les résultats escomptés pour l’Ukraine. Il n’y a qu’une solution pour organiser des couloirs humanitaires», a déploré après les discussions un membre de la délégation ukrainienne, Mikhaïlo Podoliak. Plus de 1,2 million de réfugiés ont déjà fui le pays, selon l’ONU.


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