La mort lente d’un prisonnier politique palestinien, en grève de la faim depuis 3 mois

Ce prisonnier de l’arbitraire israélien est totalement absent des radars des médias occidentaux, mais ne doutons pas que s’il était détenu en Chine, en Russie, à Cuba, en Iran ou même en Turquie, personne n’ignorerait son nom.

Par Tamara Nassar, le 26 octobre 2020

Source : Electronic Intifada

Traduction : lecridespeuples.fr

Graffiti of a patient on a hospital bed refusing a plate of food

Peinture murale en l’honneur du gréviste de la faim palestinien Maher al-Akhras dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de Gaza, le 21 octobre.

Trois mois après le début de la grève de la faim de Maher al-Akhras, un expert des droits de l’homme des Nations Unies demande sa libération immédiate.

Al-Akhras reste gravement malade. Il a protesté contre son emprisonnement sans chef d’inculpation par Israël en refusant toute nourriture pendant plus de 90 jours.

 

 

Pour la 92e journée consécutive, le prisonnier Maher Al-Akhras de Jénine poursuit sa grève de la faim illimitée, en refusant le maintien de sa détention administrative, malgré une grave détérioration de son état de santé (Twitter).

Une vidéo diffusée par les médias locaux cette semaine montre des Israéliens harcelant la famille d’al-Akhras à l’intérieur du centre médical de Kaplan dans le centre d’Israël et menaçant de le tuer :

 

 

Des colons attaquent la famille de Maher Al-Akhras captif à l’hôpital de Kaplan, les menaçant de mort, la nuit dernière (vidéo Twitter).

Les Israéliens peuvent être entendus chanter une chanson nationaliste juive (« Israël vivra ») et crier « Nous allons vous vaincre ».

L’épouse de Maher Al-Akhras, Taghrid, a déclaré à l’agence de presse palestinienne Safa que leurs enfants et la mère de son mari se trouvaient dans le couloir à l’extérieur de sa chambre lorsqu’ils ont été « attaqués » par des colons.

Safa a déclaré que les Israéliens ont également scandé qu’al-Akhras est un « terroriste » qui mérite d’être tué. Le personnel de sécurité israélien a observé tout cela sans rien faire fait pendant que la famille d’al-Akhras était victime d’abus dans les couloirs de l’hôpital.

Vendredi, Michael Lynk, le rapporteur spécial de l’ONU dans les territoires palestiniens occupés, a déclaré que les médecins qui ont examiné al-Akhras « indiquent qu’il est sur le point de souffrir d’une défaillance d’organe majeure », ajoutant que « certains dommages pourraient être permanents. »

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Lynk a appelé Israël à libérer « immédiatement » al-Akhras à moins d’avancer des preuves de violation de la loi « qui seraient acceptables dans n’importe quel État démocratique ».

Israël accuse al-Akhras d’être membre de l’organisation politique et de résistance du Jihad islamique palestinien, ce qu’al-Akhras nie.

Israël considère pratiquement toutes les organisations palestiniennes comme « terroristes », ce qui signifie que toute personne politiquement active peut être la cible d’arrestation.

Le Rapporteur spécial a également appelé Israël à abolir sa pratique de la détention administrative, car c’est « un anathème dans toute société démocratique qui respecte l’état de droit ».

En vertu d’ordonnances de détention administrative, Israël peut détenir des individus sans inculpation ni jugement indéfiniment, et les détenus ne sont pas autorisés à prendre connaissance des éléments retenus contre eux.

En septembre, Israël détenait 350 Palestiniens en détention administrative, dont deux députés.

Libération refusée

Al-Akhras, 49 ans, père de six enfants, est originaire de la ville occupée de Silat al-Dahr, en Cisjordanie, près de Jénine.

Israël l’a emprisonné à plusieurs reprises et il a passé un total de cinq ans dans ses prisons.

Les forces israéliennes l’ont de nouveau arrêté le 27 juillet et lui ont remis un ordre de détention administrative de quatre mois qui peut être renouvelé indéfiniment.

Al-Akhras a immédiatement commencé à refuser la nourriture.

Israël n’a porté aucune accusation contre lui et il n’a pas été jugé, même devant les tribunaux militaires israéliens, où le taux de condamnation des Palestiniens est de près de 100%.

Son avocat, Ahlam Haddad, a demandé à plusieurs reprises à la plus haute cour d’Israël de libérer al-Akhras.

La Haute Cour a systématiquement rejeté toutes les requêtes, insistant pour qu’Al-Akhras reste emprisonné jusqu’à la fin de son ordonnance de détention administrative le 26 novembre, bien que le tribunal ait admis qu’il ne représentait aucune menace en raison de son état de santé.

Croix-Rouge « neutre »

Dans la première déclaration depuis qu’al-Akhras a lancé sa grève de la faim, le Comité international de la Croix-Rouge s’est dit « sérieusement préoccupé » par l’état de santé « critique » d’al-Akhras.

Il a ajouté qu’il « ne soutient ni ne préconise une grève de la faim » en tant qu’organisation humanitaire.

Au nom de sa position auto-déclarée « neutre », la Croix-Rouge a laissé au prisonnier, à ses représentants et aux « autorités compétentes » la responsabilité de « trouver une solution qui évitera toute perte de vie ».

Pompeo défend Israël

Lors d’une conférence de presse la semaine dernière, un journaliste a demandé au secrétaire d’État américain Mike Pompeo de commenter la grève de la faim d’al-Akhras.

« Il en est à son 87e jour de grève de la faim. Il est sur le point de mourir », a déclaré Arikat du journal palestinien Al-Quds à Pompeo.

 

 

Pompeo a refusé de s’exprimer sur le cas d’al-Akhras ou sur la détention administrative en général, mais a affirmé que les Etats-Unis estiment qu’ « Israël a le droit de se défendre et de prendre les décisions appropriées dont il a besoin pour sa propre sécurité, et nous continuerons à le défendre ».


 

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